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Climat et “transition juste”
Les syndicats sont-ils du bon côté de l’histoire ?
La “transition juste” est un concept porté par le mouvement syndical. C’est à la faveur de la mobilisation des
syndicats que ce concept de transition aménagée est mentionné dans l’Accord climat de Paris à la CoP21. Qu’en
est-il de cette exigence à la veille de la CoP22 à Marrakech ? “Il n’y a pas d’emplois sur une planète morte”.
Pourtant la transition énergétique, nécessaire pour la sauvegarde de la planète, ne pourra pas se faire sans un
bouleversement économique révolutionnaire. Les conséquences sociales peuvent être terribles en absence d’un
accompagnement des hommes et des femmes qui sont appelés à être “expulsés” par millions des circuits de
travail liés, en particulier, aux énergies fossiles. Pour les syndicats, dont la Confédération syndicale
internationale (CSI), le fait de mentionner cette question dans le préambule de l’accord uniquement pose déjà
un problème. “Des impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois
décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national”, est-il écrit.
C’est, pour ces organisations du monde du travail, plus près de la langue de bois diplomatique que d’un
engagement. Tout le problème est comment imposer cette affirmation de l’accord sur le terrain d’autant que le
mouvement syndical est lui-même divisé. Selon Annabella Rosemberg, conseillère politique pour la CSI
internationale, citée par Novethic : “À la CSI, nous partons du principe qu’il n’y a pas d’alternative au fait que le
respect de l’environnement doit être au cœur de la transition. Mais le mouvement syndical ne s’engage pas le
cœur léger. Cela va entraîner la disparition de certains secteurs emblématiques de la lutte syndicale comme le
mouvement minier, qui a été au cœur des luttes sociales. Les mineurs se sont battus pour améliorer les
conditions sociales des ouvriers, bien au-delà de leur propre secteur : ils ont notamment été en pointe de la
lutte anti-apartheid... L’Histoire n’a jamais été tendre avec ceux qui négocient. Cela pèse aussi sans doute dans
la façon dont certains syndicats appréhendent aujourd’hui les négociations climatiques. Cela pourrait conduire
le mouvement syndical à être du mauvais côté de l’Histoire.” Philippe Pochet, directeur de l’Institut syndical
européen, cité par le même organe ajoute : “Cela ne prend pas sur le terrain.” De nombreux acteurs du débat
sur le climat pensent que prendre en compte l’aspect social de la transition implique trop de délais
supplémentaires pour l’action climatique sans compter ce “fameux terrain” dominé par la logique du gain
financier à court terme. En tout état de cause, depuis la CoP21, les choses ne semblent pas avoir vraiment
bougé.