IP/09/959 Bruxelles, le 18 juin 2009 Aides d’État : la Commission autorise la France à octroyer 33 millions d'euros en faveur du programme de R&D « Carmat » pour le développement d'un cœur artificiel La Commission européenne a décidé de ne pas soulever d’objection en vertu des règles du traité CE sur les aides d’État à l’égard de l'octroi par la France d'un soutien financier de 33 millions d’euros au programme de recherchedéveloppement (R&D) intitulé « Carmat». La société chef de file Carmat S.A.S., avec l'appui de quatre partenaires industriels et d'un grand nombre de PME sous-traitantes, sera chargée de concevoir et développer un cœur artificiel totalement implantable, ainsi que ses systèmes d’alimentation en énergie électrique et de télédiagnostic. A l'issue de son examen, la Commission a conclu que le programme était compatible avec l'encadrement R&D de l'UE (voir IP/06/1600). En particulier, il pallie une défaillance de marché et aura un impact positif surtout dans le secteur de la santé publique, sans modifier significativement les conditions concurrentielles. Neelie Kroes, Commissaire chargée de la concurrence, a déclaré : « Grâce à ce programme particulièrement novateur, l'Europe pourrait disposer d'ici quelques années d'un cœur artificiel implantable, qui améliorera significativement l'espérance et la qualité de vie de milliers de patients. Je suis ravie de pouvoir approuver une aide qui permettra le développement d'un tel projet, dont les effets positifs seront de loin supérieurs aux éventuelles distorsions de concurrence induites par l’aide.» Le programme Carmat vise les malades souffrant d'insuffisance cardiaque avancée, qui ne sont pas éligibles à la transplantation et ont épuisé les possibilités médicamenteuses. L’insuffisance cardiaque avancée constitue l'une des principales problématiques de santé publique qui affecte plusieurs millions de personnes dans le monde. C'est un état physiopathologique où une anomalie de la fonction cardiaque réduit la capacité de contraction des ventricules qui deviennent incapables d’assurer un débit sanguin compatible avec les nécessités métaboliques de l’organisme. En d'autres termes, le cœur ne remplit plus alors sa fonction de "pompe". Hormis la transplantation cardiaque, qui ne peut répondre à tous les besoins en raison du nombre limité de greffons et de ses contre-indications pour un grand nombre de patients, il n'existe pour l'heure aucun traitement médical pour les malades souffrant d’insuffisance cardiaque avancée. Le programme de R&D Carmat s'étendra sur une durée de cinq ans et représente un total d'environ 74 millions d'euros de dépenses éligibles pour le calcul de l'aide. Le soutien public, d'un montant de 33 millions d'euros, bénéficiera en premier lieu à Carmat S.A.S., chef de file du projet (31 millions d'euros, dont 14,5 millions sous forme d'avances remboursables). Cette aide constitue un cas d'application du régime N121/2006, approuvé par la Commission le 19 juillet 2006 (voir IP/06/1020). Le 7 janvier 2009, la France a notifié l'aide de 31 millions d'euros destinées à Carmat S.A.S., les autres partenaires recevant des aides de moindre envergure et n'étant, de ce fait, pas soumis à l'examen individuel. Le programme Carmat aura d'importantes retombées positive sur la santé publique. Le coût du traitement de l’insuffisance cardiaque avancée avec le cœur Carmat devrait être significativement inférieur à celui de la transplantation cardiaque. En outre, le cœur Carmat devrait offrir une qualité de vie supérieure au patient, du fait de l'absence de traitements immunosuppresseurs lourds, tout en lui permettant une mobilité accrue et, dans certains cas, un retour à la vie active. A ces effets bénéfiques pour la société s'ajoutent des effets liés à la diffusion des connaissances, qui aura des retombées positives pour d'autres applications que celles développées par Carmat SAS, par exemple pour l’utilisation médicale de matériaux biosynthétiques. Par ailleurs, le simple jeu du marché n'aurait jamais suscité spontanément un tel investissement dans ces technologies hautement risquées et dont l'issue est très incertaine. Enfin, les distorsions de concurrence induites par le soutien public demeureront limitées en raison du montant réduit de l'aide au regard des dépenses de R&D totales du secteur et de la faible part de marché envisagée par le bénéficiaire (7,3%). Au surplus, la présence de solutions complémentaires et le fait que, en cas de succès, Carmat contribuera à créer un marché nouveau, permet de garantir que les concurrents continueront à investir dans le secteur. La version non confidentielle de la décision sera publiée dans le registre des aides d'État sous le numéro N 5/2009 sur le site internet de la DG Concurrence, une fois que tous les problèmes de confidentialité auront été résolus. Le bulletin d’information électronique, intitulé "State aid Weekly e-News", donne la liste des dernières décisions relatives aux aides d'État publiées au Journal officiel et sur le site internet. 2