souvent plombé par les mauvaises annonces ou les communications
intempestives de l’entreprise, censée gérer l’impossible hiatus entre
l’exigence court-termiste des investisseurs et le tempo toujours très
long de la découverte scientifique. En tête, le décès des quatre
patients implantés – des malades en phase terminale - lors de la
première vague des essais cliniques, puis un reportage télévisé très
critique - pointant notamment un marché surévalué pour la prothèse
(100.000 malades en insuffisance cardiaque terminale en Europe et
aux Etats-Unis, selon Carmat) - avaient largement contribué à miner le
cours de Bourse.
Cette fois, c’est la perspective d’une prochaine commercialisation qui
enflamme les marchés. Alors que la première vague d’essais,
entamée en 2013, sur quatre malades, tous décédés, concernait des
personnes atteintes d’insuffisance cardiaque en phase terminale, cette
seconde vague élargit l’échantillon à des patients, précise Carmat,
« éligibles à la transplantation dont la probabilité d’obtenir un greffon
est très faible ». Une subtile nuance qui assouplit de facto les
critères… et surtout les taux de survie des patients. Carmat a obtenu
mi-juillet l’autorisation de mener cette étude sur 20 à 25 patients suivis
à 180 jours dans dix centres d’Europe. Si elle est concluante,
l’entreprise pourrait alors obtenir le marquage CE de son cœur, étape
préalable à sa mise sur le marché en Europe.
A ce jour, selon Carmat, aucun des quatre décès n’a révélé une
défaillance à proprement parler de sa prothèse. Dans une note
publiée ce matin, le courtier Gilbert Dupont se voulait optimiste,
qualifiant la nouvelle étude de « prometteuse ». « Nous sommes
convaincus que l'essai pivot initié au second semestre 2016
confirmera la supériorité incontestée du cœur artificiel Carmat le plus
physiologique du marché », écrit-il. Enthousiaste, la Bourse n’en reste
pas moins prudente. Il y a cinq ans, Carmat promettait la
commercialisation de son cœur artificiel pour… 2013. Depuis, le cours
de Bourse a été divisé par cinq.