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III- Les β-bloquants et l'hypertension artérielle
Le traitement de l'hypertension artérielle par les β-bloquants est présenté comme le
traitement de choix avec les diurétiques. Pratiquemment tous les β-bloquants (sauf sotalol) ont une
indication et une AMM pour l'HTA essentielle. De nombreuses études ont démontré qu'ils
diminuent la morbi-mortalité de l'HTA.
Rq : Les β-bloquants sont des anti-hypertenseurs et non pas des hypotenseurs.
A- Mécanisme de l'effet anti-hypertenseur des
β- bloquants
Cet effet dépend du blocage des récepteurs adrénergiques β1 uniquement (et non pas
β2). Le mécanisme n'est pas univoque et fait intervenir plusieurs actions:
la baisse du débit cardiaque qui résulte des effets inotropes et chronotropes négatifs
la diminution de la contractilité qui entraîne une diminution du volume d'éjection (surtout à
l'exercice), d'où la baisse de la pression artérielle systolique
la diminution de la production de rénine qui entraîne une diminution de la production
d'angiotensine II (puissant vasoconstricteur)
probable diminution du tonus sympathique par une action centrale (pour les β-bloquants
liposolubles qui franchissent la barrière hémato encéphalique).
le rôle du blocage des récepteurs β2 pré-synaptiques (impliqués dans la libération de
Noradrénaline) a été évoqués mais les β-bloquants β1 sélectifs ont la même efficacité anti-
hypertenseur que les non-sélectifs.
Remarque: Une grosse controverse existe à l'heure actuelle sur les β-bloquants en 1ère intention.
En effet , le traitement de l'HTA a profondément évolué au cours des 40 dernières années et ceci
suite au développement de nouveaux agents anti-hypertenseurs ( inhibiteurs de l'enzyme de
conversion, les bloqueurs des récepteurs AT1 de l'angiotensine,...) . Egalement grâce à la meilleure
compréhension du bénéfice thérapeutique apportée par l'abaissement tensionnel en terme de
prévention cardio-vasculaire.
L'utilisation des β-bloquants dans l'HTA a fait l'objet de méta-analyses (analyse
rétrospective de plusieurs études cliniques) qui ont montré que si les β-bloquants diminuent le
risque de morbi-mortalité , leur effet protecteur (surtout en ce qui concerne les AVC) est plus faible
que celui des anti-hypertenseurs d'autres classes càd les diurétiques , les IEC , les artans (bloqueurs
des récepteurs AT1 de l'angiotensine) , les antagonistes calciques . De plus, l'attention a été attirée
sur le rôle des β-bloquants associés aux diurétiques dans l'apparition d'un diabète de type II.
Les résultats ont amené en 2006 les anglais, les canadiens, les suédois à recommander l'exclusion
des β-bloquants en 1ère intention ( voir en 2èm ou 3èm pour les britanniques) dans le traitement de
l'HTA non compliquée. L'indication en cas de maladie coronaire associée est conservée par tous.
Actuellement, on est en attente des directives européennes concernant le traitement de l'HTA en
1ère intention par les β-bloquants.