L`effet maximal après administration de salicylate est

Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Par Gorette Dos Santos
Médecin généraliste
Tous les AINS ont des propriétés anti-inflammatoires, antalgiques et antipyrétiques.
Ils ont tous à des degrés divers des effets secondaires quelle que soit la voie
d’administration. Les AINS sont utilisés au long court comme traitement
symptomatique de rhumatismes inflammatoires chroniques (polyarthrite
rhumatoïde…), de certaines arthroses douloureuses et invalidantes, en traitement
de courte durée en rhumatologie (arthrites microcristallines, affections abarticulaires :
tendinites…, pathologie rachidienne : lombalgies…, poussées aiguës d’arthrose), en
traumatologie, en urologie (colique néphrétique), en gynécologie (dysménorrhée).
Quand ils sont utilisés en thérapeutique d’appoint notamment en ORL (otites,
sinusites..), en stomatologie, leurs risques, en particulier lorsqu’il existe un processus
infectieux concomitant, doivent être évalués par rapport au bénéfice attendu.
Les AINS peuvent être divisés en plusieurs familles.
Le choix d’un médicament doit faire intervenir l’indication, l’efficacité, la tolérance et
les risques.
I- Généralités en prenant l’aspirine pour type de description :
propriétés antalgique et anti-inflammatoire :
L’aspirine est dès 1g par jour (et 300mg par prise), un bon antalgique sur des
douleurs d’intensité faible ou modérée. Après une dose unique et analgésique, son
effet dure 2 à 6 heures, selon les sujets. La composante anti-inflammatoire de
l’aspirine n’apparaît qu’à partir de 3g/j et est nette à partir de 4 à 5 g/j.
Les AINS n’ont pas d’action curative, en rhumatologie, ils permettent une nette
amélioration de la fonction altérée et globalement la qualité de vie du malade mais ils
ne limitent pas la progression des lésions articulaires.
effet antipyrétique :
Chez les enfants, la dose efficace utilisée est de 10mg/kg (par voie orale) toutes les
4 à 6 heures. L’effet antipyrétique apparaît au bout d’une heure et dure en moyenne
quatre heures.
effet sur l’hémostase :
L’administration d’aspirine allonge le temps de saignement par inhibition de
l’aggrégation plaquettaire. Cet effet est modéré parfois nul chez des sujets normaux
alors qu'il peut être intense chez les hémophiles et les sujets atteints de la maladie
de Willebrand. L'acide salicylique, par lui-même, ne modifie pas le temps de
saignement et semble donc pouvoir être utilisé chez les malades précédemment
cités. L'effet de l'aspirine est patent dès la dose de 150 mg/j par voie orale, 50 mg
par voie intraveineuse. Après une prise orale, l'effet apparaît dès la deuxième heure
et dure de 2 à 7 jours. Ce temps correspond approximativement à la durée de vie
des plaquettes. Les autres AINS, à des degrés divers, inhibent l'agrégation
plaquettaire, par inhibition réversible de la cycloxygénase. Par conséquent, leur
durée d'effet dépend essentiellement de la vitesse à laquelle l'AINS est éliminé de
l'organisme
Autres AINS :
dérivés salicylés : diflunisal
dérivés indoliques : indométacine, sulindac
pyrazolés (phénylbutazone, oxyphenbutazone…) : très efficaces mais effets
indésirables fréquents (rétention hydrosodée, réactions d'hypersensibilité en
particulier cutanée) et graves (toxicité hématologique)
oxicams : piroxicam : une seule prise quotidienne mais ininterresssant dans les
douleurs aiguës et transitoires, ténoxicam : utilisé à la dose quotidienne unique
de 20 mg, isoxicam (syndrome de Lyell)
propioniques : bonne tolérance digestive, effets secondaires graves rares,
efficacité dans la polyarthrite rhumatoïde et dans la spondylarthrite ankylosante.
autres : diclofénac, tolmétine (sodique), fenbufène
II- Interractions :
- Anticoagulants :
Les anti-inflammatoires, et en premier lieu l'aspirine, augmentent le risque de
saignement sous traitement par parine ou anticoagulant oral. De plus, tout
anticoagulant peut favoriser les saignements digestifs secondaires aux lésions
muqueuses provoquées par les AINS. Les interactions les plus connues concernent
la potentialisation des effets des antivitamines K par certains AINS. (sous parine,
l’aspirine est interdite, les AINS à demi-vie longue à éviter, sous antivitamine K :
certaines associations sont interdites, telles la phénylbutazone et la warfarine,
d'autres associations ont été étudiées et semblent envisageables. Quoi qu'il en soit,
la surveillance biologique sera accrue à l'institution et à l'arrêt de l’AINS)
- sulfamides hypoglycémiants : hypoglycémie
- diurétiques et autres antihypertenseurs : les AINS peuvent antagoniser les effets
des diurétiques et des antihypertenseurs (bêta-bloquants, captopril, bumétanide,
prazosine…)
- pansements digestifs, cimétidine, alimentation : les interactions avec un pansement
digestif ou un antihistaminique dépend de l’anti-acide et de l’AINS utilisé.
L'alimentation est fréquemment associée à une diminution de la biodisponibilité des
AINS, dans les traitements en aiguë, l'effet antalgique risque souvent d'être moins
précoce et moins marqué.
- dispositifs intra-utérins : la prise d'aspirine (et d'autres AINS) semble diminuer
l'efficacité des dispositifs intra-utérins.
- autres interactions : lithium, digitaliques, halopéridol, méthotrexate, phénytoïne,
probénécide. Les concentrations plasmatiques de nombreux AINS sont
modestement diminuées par l'aspirine, l'association de l'aspirine à un autre AINS
peut accroître la toxicité digestive, de toute façon, il n'y a pas de raison
pharmacologique à associer deux AINS.
III- Incidents et toxicité :
Toxicité digestive :
La toxicité des AINS et de l'aspirine peut être représentée par des signes
fonctionnels banals (brûlures épigastriques, douleurs, nausées...), une atteinte de la
muqueuse gastrique (pétéchies, érosions, ulcères), un microsaignement, voire une
hémorragie digestive (basse ou haute) extériorisée. Il n’y a pas de corrélation entre
signes subjectifs et signes organiques.
Les formes rectales d'AINS sont fréquemment responsables d'irritation,
d'inflammation de la muqueuse, de ténesme et parfois de saignements. Les AINS
semblent également, par un effet systémique, favoriser la survenue d'ulcération
colique.
Il n'y a pas de relation évidente entre l'augmentation des effets indésirables et la
durée du traitement alors que l'accroissement de la toxicité digestive est liée de
façon constante à celui de la posologie pour un AINS donné. Les lésions de la
muqueuse digestive sont particulièrement fréquentes après administration en aiguë
d'aspirine (jusqu'à 100% des malades dans certaines études ne comportant pas
plus de 1 g d'aspirine par prise).
D'une manière générale, l'endoscopie montre que les « nouveaux » AINS sont
mieux tolérés que les anciens telles l'indométacine, la phénylbutazone et l'aspirine.
La survenue d'hémorragies digestives n'est pas limitée aux adultes, elle s'observe
aussi chez les enfants. Enfin, l'aspirine peut être, à tort, tenue pour responsable
d'hémorragie car certains sujets prennent de l'aspirine parce qu'ils souffrent de
signes associés à une hémorragie.
Ces médicaments agissent par la conjonction d’une action systémique, indépendante
de la voie d'administration, et d'une action locale
Toxicité rénale :
La fonction rénale peut être altérée chez les malades ayant une fonction au préalable
diminuée ou maintenue avec précarité :
- néphropathie aux analgésiques : due à l'abus d'antalgiques (fortes doses, pendant
des mois ou des années, de plus d'un antaIgique), peut se manifester par une
hématurie, une anurie, une hypertension artérielle.
- insuffisance rénale oligurique : terrain particulier : âge avancé, cirrhose avec ascite,
insuffisance cardiaque, déplétion hydrique et sodique (notamment due aux
diurétiques), chirurgie lourde, atteinte rénale préexistante (lupus, diabète, goutte).
Elle est d'apparition précoce après le début du traitement (quelques jours).
- néphrite interstitielle d'origine immuno-allergique : un mois après le but du
traitement, guérison sans séquelle que dans 60 % des cas
- phrite interstitielle avec syndrome néphrotique : la fonction rénale se normalise
lentement mais constamment à l'arrêt de l'anti-inflammatoire.
En l'absence d'atteinte rénale, les AINS peuvent entraîner une rétention hydrosodée
(avec hyponatrémie). La rétention peut être à l'origine d'une hypertension artérielle
ou d'une décompensation cardiaque, chez des sujets prédisposés, en particulier les
enfants atteints de rhumatisme articulaire aigu avec atteinte cardiaque. La rétention
hydrique peut, à tort, faire croire à un saignement du fait de l'hémodilution qui en
résulte.
Toxicité hépatique :
Pratiquement tous les AINS peuvent entraîner des altérations des fonctions
hépatiques. La fréquence des atteintes est en moyenne faible mais varie avec le
médicament considéré ; le type de l'atteinte dépend également de l’AINS.
Les atteintes hépatiques dues à l'aspirine relèvent de dosage excessif, à l'exception
du cas particulier représenté par le syndrome de Reye. Ce syndrome survient chez
les enfants au décours d'une infection virale (grippe, varicelle) et associe notamment
une hépatomégalie, une encéphalopathie, une hypoglycémie. Il est d'étiologie
obscure et d'évolution souvent mortelle.
Grossesse et allaitement :
Les études sur l’animal ont mis en évidence un effet tératogène de l’acide
acétylsalicylique. Chez l’homme , au cours du 1er et 2ème trimestre, les résultats des
études épidémiologiques semblent exclure un effet malformatif de l’acide
acétylsalicylique. Il n’existe pas actuellement de données en nombre suffisant pour
évaluer un éventuel effet malformatif de l’acide acétylsalicylique lorsqu’il est
administré en traitement chronique au delà de 150mg/j.
En conséquence :
- pendant les 5 premiers mois : l’aspirine peut être prescrit en traitement ponctuel en
cas de besoin. Par mesure de précaution, il est préférable de ne pas l’utiliser en
traitement chronique au delà de 150mg/j
- à partir du 6ème mois : tout médicament à base d’aspirine est contre-indiqué
Dans l’espèce humaine, aucun effet malformatif n’a été signalé avec les AINS.
Cependant, des études épidémiologiques complémentaires sont nécessaire afin de
confirmer l’absence de risque. Au cours du troisième trimestre, tous les inhibiteurs de
synthèse des prostaglandines peuvent exposer :
- le fœtus à une toxicité cardiopulmonaire (hypertension artérielle pulmonaire avec
fermeture prématurée du canal artériel) et à un dysfonctionnement rénal pouvant
aller jusqu’à l’insuffisance rénale avec oligoamnios.
- la mère et l’enfant en fin de grossesse, à un allongement éventuel du temps de
saignement.
En conséquence , la prescription d’AINS ne doit être envisagée que si nécessaire
pendant les cinq premiers mois de la grossesse. En dehors d’utilisations
obstétricales extrêmement limitées, et qui justifient une surveillance spécialisée, la
prescription d’AINS est contre-indiquée à partir du 6ème mois.
Les AINS et l’acide acétylsalicylique passant dans le lait maternel, par mesure de
précaution, il convient d’éviter de les administrer chez la femme qui allaite.
Effets cutanés :
Tous les AINS peuvent être à l'origine de toxidermies, de gravité et de fréquence
variables. Globalement, au moins 1 à 3 % des malades traités par ces médicaments
ont des effets cutanés. Les éruptions, polymorphes ou monomorphes, constituent la
forme la plus fréquente, observable avec tous les AINS. Pour certains des AINS, les
éruptions ont une composante phototoxique. L'urticaire est la plus fréquente des
atteintes cutanées dues à l'acide acétylsalicylique. La réaction peut être associée à
d'autres manifestations évocatrices d'un mécanisme immuno-allergique (asthme,
angiœdème) mais elle est croisée entre divers AINS de classes chimiques distinctes
et survient en particulier chez les malades ayant un « asthme à l'aspirine ».
Les AINS peuvent, beaucoup plus rarement, être à l'origine de dermatoses
bulleuses : érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson, voire syndrome
de Lyell. Tous les AINS semblent pouvoir en être la cause (des demi-vies
d'élimination particulièrement longues pourraient être un facteur favorisant)
L'érythème pigmenté fixe, dont l'origine est toujours « médicamenteuse » a été
décrit avec les pyrazolés, le sulindac, les salicylés.
Les très rares cas de vascularite dues aux AINS associent des lésions cutanées et
des lésions viscérales (rein, foie...). Le pronostic peut être mauvais, en dépit de
l'arrêt de l’AINS et de l'institution d'une corticothérapie.
Enfin, l'indométacine aggrave les lésions des malades atteints de dermatite
herpétiforme.
Toxicité hématologique : atteintes médullaires d'une ou des trois lignées.
Effets broncho-pulmonaires :
La fréquence de ces réactions est faible parmi la population générale mais la
survenue d'un asthme à l'aspirine semble particulièrement élevée chez les sujets
allergiques, et en particulier les asthmatiques. Jusqu'à 20%, selon les études, des
asthmatiques sont intolérants à l'aspirine ou le deviennent, dans ce cas, l'intolérance
à l'aspirine peut revêtir les formes précitées parmi lesquelles l'asthme représente la
manifestation la plus fréquente. Chez les adultes sensibles à l'aspirine, on note la
fréquence d'une polypose nasale associée. Il y a prédominance féminine, aussi bien
chez les adultes que chez les enfants.
L'intolérance à l'aspirine est croisée avec tous les autres AINS à l'exception de
l'acide salicylique. Cette intolérance peut aussi, bien que plus rarement, être croisée
avec le paracétamol, et la tartrazine (ou E 102 : colorant présent dans de nombreux
médicaments et aliments).
Effets sur le système nerveux et les organnes sensoriels :
- atteinte auditive : les tintements d’oreille (et la baisse d'audition qui peut les suivre)
sont régressifs avec la diminution de la posologie ou son arrêt, et sont associés à
des concentrations plasmatiques d'acide salicylique supérieures à 200 µg/ml. Ce
signe clinique d'appel d'intoxication serait inexistant chez les malades ayant une
atteinte auditive préexistante. Les autres salicylés et de nombreux autres AINS
peuvent entraîner des tintements d'oreille voire une baisse de l'audition.
- atteintes oculaires :
. conjonctivites allergiques à l’aspirine
. le traitement prolongé par l'indométacine peut être responsable d'effets mineurs
non rares (vision floue, sensation de tension oculaire, douleur conjonctivale) et
exceptionnellement d'effets graves (rétinopathie)
. l'ibuprofène, dans les premiers mois du traitement peut être responsable d'une
amblyopie toxique
. ces deux médicaments peuvent aussi modifier la perception des couleurs
. conjonctivite, atteintes cornéenne, voire rétinienne ont été également rapportées
avec la phénylbutazone
. en revanche, le suivi ophtalmologique de malades traités en chronique pour des
atteintes rhumatismales par le naproxène, le kétoprofène ou le flurbiprofène n'a
pas mis en évidence d'atteintes oculaires.
Effets neurologiques
Pratiquement, tous les AINS ont des effets centraux, dont les plus courants sont les
céphalées et les vertiges.
D'autres troubles ont été décrits avec l'indométacine : vomissements, tremblements,
troubles psychotiques, névrite périphérique. Par ailleurs, la rétention hydrosodée
provoquée par les AINS peut, exceptionnellement, être responsable d'un tableau
d'hypertension intracrânienne. La survenue de convulsions, principalement dans le
cadre d'un surdosage, a été décrite pour la phénylbutazone, l'acide méfénamique,
l'indométacine (nourrisson allaité).
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