page 1/2 info 5/2013 l l e u t ak Bactéries anaérobies : tester aussi leur résistance ! Les bactéries anaérobies représentent toujours une problématique particulière en médecine vétérinaire. Lors de suspicion d’infections à anaérobies, des examens bactériologiques ciblés restent indispensables. Il faut tenir compte du fait que leur recherche n’est en routine pas réalisée; celle-ci doit être demandée à part au laboratoire car c’est une procédure longue et coûteuse nécessitant des techniques inhabituelles. En effet, leur culture, en général difficile et lente, impose des réensemencements successifs sur des milieux de culture sélectifs. Ainsi, la patience du praticien attendant l’antibiogramme est rudement mise à l’épreuve (durée d’analyse pouvant aller jusqu’à 14 jours). Sont présentés succintement ci-dessous les bactéries anaérobies strictes d’importance clinique en médecine vétérinaire.Leur classification est basée sur leur morphologie et la coloration de Gram. 1 .Bacilles sporulés à Gram négatif Bacteroides fragilis - B. du groupe fragilis Fusobacterium sp. Prevotella sp. Porphyromonas sp. 2. Bacilles (non) sporulés à Gram positif Clostridium sp. Actinomyces sp. (non sporulés) Propionibacterium sp. (non sporulés) 3. Coques à Gram positif Peptostreptococcus sp. Généralités / Les maladies Les anaérobies sont rarement rencontrés en monoculture,il s’agit en règle générale d’infections polymicrobiennes associant des anaérobies strictes à des aéro-anaérobies facultatives. L’ infection est la plupart du temps d’origine endogène, à l’exception de certaines clostridioses, car ce sont des commensaux naturellement présents au sein de la flore endogène de l’hôte. Les anaérobies ne vivent jamais dans les tissus sains mais d’ordinaire associés à d’autres micro-organismes producteurs d’oxygène au sein des muqueuses des cavités naturelles (digestive,buccale, génitale). Certaine des espèces présentes possèdent des facteurs de virulence tels que adhésines, toxines et enzymes et peuvent entraîner, lors d’ altération de la barrière muqueuse (chirurgie, blessure),un processus infectieux dans les tissus voisins, seuls ou en compagnie d’ aérobies. De telles infections opportunistes sont décrites dans tous les organes et appareils. En voici quelques exemples. L’espèce Bacteroides fragilis resp. les Bacteroides du groupe fragilis peuvent se trouver en quantité importante à l’état physiologique au niveau du tractus intestinal. Cette espèce peut toutefois provoquer des infections intra-abdominales, génitales et de plaies, des péritonites, abcès du cerveau, septicémies. Les Fusobacterium sp., une famille très importante en médecine vétérinaire, sont largement répandus et responsables d’ inflammations suppurées nécrotiques. Sont également décrites des mammites d’été, pneumonies, et infections mixtes des onglons. Prevotella sp. appartient à la flore bucco-pharyngée et génitale mais peut aussi causer des infections dans l’abdomen et le tractus respiratoire. Porphyromonas gingivalis est un agent réputé de parodontite et de suppurations odontologiques (mâchoire) et pharyngées, tant chez l’homme que chez l’animal. Dans des co-infections avec des bactéries Gram positif sont souvent rencontrés Peptostreptococcus, Actinomyces et les clostridies. Un exemple d’affection: les kératites ulcéreuses. En 2008, Scarlett et col. isolèrent chez des chiens des anaérobies dans 14 % des cas. Plus récemment,dans des kératites ulcéreuses chez l’homme et le cheval ont aussi été identifiés des anaérobies, jusqu’à 13 % des cas chez le cheval (Plummer et col.). Prévalence des anaérobies Depuis novembre 2012, chez différentes espèces (chien, chat, cheval, rongeur), le laboratoire de bactériologie de LABOKLIN a isolé des anaérobies sur 242 prélèvements d’origine variée: plaies (12,4%),abcès (29,8 %) et di- LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68548 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.de page 2/2 vers (57,8 %). En tête de liste des isolats arrive le groupe Bacteroides (69,8 %), puis Fusobacterium (9,9 %). La répartition des espèces est détaillée sur le graphique 1 ci-après. Profil de résistance des anaérobies (n=242) sensible intermédiaire résistant Anaérobies 2012-mars 2013 (n=242) e in ac ox Pr ad pi m A da lin C ofl ci lli yc m ic ox m A ne e in e ill ne in G . Pé ni ci /C ox A m ip Im lli la èm én id ét ro n M vu e az ol e divers Graphique 2: Profils de résistance des anaérobies isolées (n=242) Graphique 1: Répartition des espèces bactériennes isolées L’ antibiothérapie des infections à anaérobies Apprécier l’activité des anti-infectieux sur les anaérobies est problématique, techniquement difficile et coûteux. Une appréciation adéquate de la sensibilité des bactéries aux antimicrobiens disponibles est donnée par la CMI (Concentration Minimale Inhibitrice) pour chaque couple bactérie/antimicrobien testé. Ainsi, depuis environ un semestre, LABOKLIN utilise pour déterminer les CMI une méthode de microdilution en bouillon, le Micronaut -S anaérobies MIC (Sekisui Virotech). Dans le graphique 2 sont rassemblés les résultats des antiobiogrammes de cette série de 242 prélèvements. L’amoxicilline + ac.clavulanique présente véritablement une bonne efficacité (89,3 %), suivi loin derrière par la pradofloxacine et l’imipénème, ce dernier étant de recours exceptionnel car faisant partie de la réserve hospitalière humaine. Il est à noter que des molécules éprouvées comme la pénicilline et le métronidazole montrent ici un taux de résistance élevé. Au vu des délais particulièrement longs nécessaires à l’isolement puis à l’identification des anaérobies, les infections seront la plupart du temps traitées en l’absence de documentation bactériologique. Baser un traitement uniquement sur des données issues d’études rétrospectives sans recourir à un antibiogramme peut conduire à un échec thérapeutique. L’antibiothérapie probabiliste mise en place sans attendre les résultats des tests de résistance pourrait aussi favoriser dans le futur l’émergence de multirésistances, phénomène déjà bien connu chez les Staphylocoques méti-R SARM/SPRM et les Entérobactéries BLSE. LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68548 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.de