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du phénotype obèse. Ces observations ont été également démontrées chez l’homme 3, confirmant le rôle du
microbiote intestinal dans la régulation du métabolisme énergétique et le développement de l’obésité.
Plusieurs études ont observé que certaines populations bactériennes, tel que Akkermansia muciniphila,
Methanobrevibacter smithii et Christensenellaceae sont moins abondantes chez les sujets obèses 4,
néanmoins il reste difficile de relier certaines bactéries à des effets bénéfiques ou néfastes. Les recherches
portent désormais sur les mécanismes moléculaires d'interaction entre ces bactéries commensales et l'hôte
et sur le ciblage du microbiote comme nouvelle alternative thérapeutique. Le microbiote semble affecter le
métabolisme énergétique en agissante par différents mécanismes, tel que la libération de métabolites
pouvant initier l’inflammation (tel que le LPS), ou la production d’acides gras chaines courtes (AGCC) jouant
un rôle crucial dans l’extraction de l’énergie, mais également dans le contrôle de la satiété. Le microbiote
joue aussi un rôle primordial dans le métabolisme du cholestérol et des acides biliaires.
Les probiotiques sont, selon l’OMS, des « micro-organismes vivants qui, ingérés en quantité suffisante,
confèrent des effets bénéfiques pour la santé de l’hôte ». Leur utilisation connait depuis quelques années un
essor important en santé humaine et animale. Les bactéries lactiques, microaérophiles, notamment des
lactobacilles et bifidobactéries sont les plus utilisées comme probiotiques depuis déjà quelques années,
cependant elles présentent certaines limites. L'intérêt pour les bactéries commensales et leurs propriétés a
conduit au concept de probiotiques de nouvelle génération, a priori plus adaptés au tractus digestif et
capables de mieux exprimer les fonctions d'intérêt dans cet environnement. A. muciniphila, a été
utilisée avec succès chez la souris dans différents modèles d’obésité. Faecalibacterium prausnitzii, bactéries
commensales déficientes chez les patients souffrant de maladie de Crohn, possède d’excellentes capacités
anti-inflammtoires. Cependant l’utilisation de telles bactéries du fait de leur extrême sensibilité à l'oxygène,
reste difficile pour une production à l’échelle industrielle.
Nous proposons dans ce projet d’isoler et caractériser des bactéries commensales microaérophiles à
partir de microbiote humain (fécès), de tester leur robustesse en procédés et leurs fonctionnalités pour
développer des probiotiques de nouvelle génération plus proches des contraintes industrielles actuelles. Ce
travail permettra non seulement de développer de nouvelles approches thérapeutiques mais également
mieux comprendre le rôle fonctionnel de ces microorganismes chez l’hôte et en particulier l’impact sur les
fonctions métaboliques et immunitaires. Ceci sera complété par une approche métagénomique qui
permettra d’identifier les fonctions de gènes appartenant à des groupes orthologues conservés pour la
majorité des individus et les plus représentés au niveau du tube digestif, avec un ciblage pour les gènes
codant des protéines de surface et/ou excrétées. Les souches et clones sélectionnés seront caractérisés à
l’aide de modèles in vitro pour identifier leurs propriétés bénéfiques potentiels, notamment dans le contexte
de l’obésité et du syndrome métabolique. Nous évaluerons notamment leurs propriétés immuno-
modulatrices, leurs capacités à restaurer (ou perturber) la barrière intestinale, à induire des peptides anti-
microbiens (PAM) importants pour le façonnage du microbiote et les conséquences sur le développement
d’une inflammation de bas grade associée au syndrome métabolique 5. Nous nous attacherons également à
évaluer la capacité des souches/clones à activer les voies impliquées dans le contrôle de la prise alimentaire
(satiété) 6 et de la différenciation adipocytaire. Ceci sera complété par une approche in vivo chez la souris
soumise à régime hypercalorique. Nous évaluerons l’impact de l’administration des souches et/ou clones les
plus intéressants (Top 7 suite à l’étude in vitro) sur les perturbations immunitaires et métaboliques et la
modification de la composition du microbiote.
Etat du sujet au sein des équipes d’accueil
Le projet proposé est un projet collaboratif qui sera réalisé en étroite collaboration entre notre équipe (Equipe
bactéries Lactiques et Immunité des Muqueuse BLIM, CIIL, Institut pasteur de Lille, CNRS UMR8204) et
l’équipe « Interaction des Firmicutes avec l’Environnement (IFE, UMR1319 MICALIS, INRA-AgroParisTech,
Jouy-en-Josas). L’étudiant(e) en thèse sera en co-tutelle entre les deux équipes.
L’équipe BLIM a une longue expertise dans les applications santé des bactéries lactiques avec un intérêt
particulier pour l’étude de leurs propriétés anti-inflammatoires, conduisant à la sélection de souches très
prometteuses dans le contexte des maladies inflammatoires chroniques intestinales. Plus récemment, le
groupe de Corinne Grangette s’est intéressé à sélectionner des souches capables de protéger des souris de
l’obésité induite par un régime hyperlipidique, mettant en évidence leurs capacités à réduire la prise de
poids, l’insulino-résistance, la stéatose hépatique et les perturbations métaboliques associées, notamment
en bloquant le recrutement de macrophages et l’inflammation au niveau du tissu adipeux, en restaurant la
dysbiose du microbiote et en activant des récepteurs aux AGCC 7. Dans ce contexte, le groupe a développé