Selon la banque d'Espagne, l'endettement des entreprises et des ménages atteint aujourd'hui
218 % du PIB. Avec la récession, les faillites d'entreprises se multiplient, le chômage enfle et
les acteurs ne peuvent plus rembourser leurs crédits.
Les banques espagnoles ont ainsi, dans leur bilan, pas moins de 184 milliards d'euros de
mauvaises dettes. Le secteur financier, indispensable au financement de la croissance, doit
donc être renfloué - à hauteur d'une somme qu'on estime entre 40 et 80 milliards d'euros -
même si cela a de quoi scandaliser le grand public. »
LE MONDE | 09.06.2012 Par Claire Gatinois avec Sandrine Morel (à Madrid)
Pourquoi l’Espagne a-t-elle pu emprunter beaucoup d’argent ? A qui ?
Qu’en a-t-elle fait ?
Pourquoi cela a-t-il pu conduire à un boom économique ? Faites un schéma.
Pourquoi cela a-t-il pu conduire à uns crise ? Faites un schéma.
Expliquez le titre de l’article : Un miracle économique qui masquait de profonds déséquilibres.
Essayez d’en trouver un autre.
(L’Espagne a vécu au dessus de ses moyens ; une histoire qui commence bien et se termine
mal ; des excès et des gaspillages...)
2 / Nous vivons dans une société en mutation
Population, famille, relations hommes-femmes, immigration, rapports de génération, école,
travail, logement, santé, consommation, loisirs, valeurs, etc. Beaucoup de caractéristiques
de nos vies modernes se sont transformées depuis deux siècles et plus récemment.
L'industrialisation du XIXe siècle a entraîné le développement de l'urbanisation, de
l'exode rural, la naissance de la classe ouvrière. Tout l'édifice social s’en est trouvé
bouleversé. L’individu qui travaillait dans sa famille et était fortement attaché à un village et à
sa religion s'affranchit des contraintes traditionnelles (famille, religion, village), il est
désormais salarié et peut vivre en travaillant pour une entreprise distincte de son foyer. Les
femmes aussi vont se mettre à travailler en dehors de leur foyer et acquérir ainsi davantage
d’autonomie. L’Etat va enfin par la Sécurité Sociale garantir au plus grand nombre une
retraite et des soins. La famille n’est dès lors plus le lieu unique de l’emploi et de la sécurité
matérielle. Cela libère l’individu de certaines obligations familiales (se marier, obéir au
père...).
Les individus peuvent être moins soumis à la surveillance rapprochée de la famille et des
voisins et appartenir à des cercles sociaux multiples.
• La société moderne fait l'éloge de la réussite individuelle (surtout économique) et de
« l'épanouissement personnel » (multiplier les expériences, développer ses capacités). Il
s'agit avant tout d'être soi, de vivre pour soi, de se réaliser soi-même. Il y a presque un devoir
d'individualisme, «parce que je le vaux bien» nous dit une certaine publicité. L’individu
devient la référence centrale de la société.
• L'individu supporte de moins en moins que ses choix lui soient dictés par ses parents, ou les
institutions. L'aspiration à l'autonomie est grande, comme l'illustre le mouvement
d'émancipation des femmes. Leur place dans la famille n'est plus restreinte à leur fonction de
mère, d'épouse, ou de fille. Les femmes revendiquent le droit à une identité sociale propre qui
ne se réfère pas à des statuts imposés.
• La religion est de moins en moins influente, que l'on en juge par la baisse du sentiment
d'appartenance ou par celle de la pratique.
• Cet individualisme croissant interroge le lien social. L'individu se libère de l'emprise des
institutions, s'affranchit parfois des normes et des règles collectives pour effectuer ses propres