mieux, pourquoi la certification Flo-Cert a été remise en cause, à plusieurs reprises,
concernant des coopératives exportant des produits labellisés Max Havelaar.
Quel que soit le mode de vérification et de sanction qui sera mis en oeuvre, sa
privatisation comporte le risque de laisser aux seuls acteurs économiques privés (les
sociétés d'audit) la charge de la vérification, voire de la sanction des questions liées
au travail. Or, les sociétés d’audit manquent d'indépendance au plan économique
puisqu'elles sont rémunérées par ceux qu'elles jugent. Cela représente donc un
obstacle majeur à une vérification indépendante.
Par conséquent, seul, un système de vérification financé ou mis en œuvre par un
organisme public peut posséder potentiellement deux conditions qui sont
indépendance et action à large échelle. Cependant, actuellement, les pouvoirs publics
manquent parfois d’indépendance, lorsqu’ils sont inféodés aux acteurs économiques
dominants ou plus ou moins corrompus. Les ONG et les syndicats s’approchent
quelque peu des critères d’indépendance minimum, mais ils ne peuvent exercer une
vérification indépendante réelle sur une large échelle, en l’absence de financement
conséquent.
Dans le cadre des projets pilotes de commerce éthique, la campagne Clean
Clothes Campain, des sociétés d'audit sont financées par les pouvoirs publics et
contrôlé par des ONG. Ce dispositif tripartite pourrait remédier aux limites des
dispositifs de la seule régulation privée.
Finalement il existe d’un côté des labels qui affirment être rigoureux (Max
Havelaar, Step), mais qui ne le sont pas véritablement, par manque de vérification
vraiment indépendante et d’un nombre d’audits insuffisants.
Ainsi pour tenter de pallier à ces différents obstacles, la Fédération internationale du
commerce Equitable (IFAT) et Minga. Cependant, l’indépendance, n’est pas complète
non, plus dans ce système de contrôle fondée sur l’auto-évaluation, le contrôle croisé et
le contrôle externe à la filière, par tirage au sort ou lorsqu’un problème apparaît. En
effet, tous les acteurs sont membres d’un même filière. Si trop de produits ou de
producteurs ne recevaient plus « la garantie », tous seraient en péril économiquement.
De plus, cela demande du temps, et ni les producteurs, ni les vendeurs ne disposent de
suffisamment de temps pour effectuer un contrôle annuel.
Dans ces conditions les consommateurs risquent à terme de rejeter le commerce
équitable, s'ils estiment que les labels ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. En
l'absence d'un dispositif de vérification vraiment indépendant, le développement des
labels paraît donc condamné à l'échec. Sauf si les consommateurs ne sont pas trop
regardants.
C’est pourquoi à moyen terme le commerce éthique et équitable (en tout cas
comme action de démocratie économique participative) risque de perdre sa
crédibilité, donc sa force principale qui se fonde sur la confiance, la transparence, la
croyance en l'indépendance et l'impartialité des labels.
Logique d'interpellation contre logique humanitaire ou économique
Sans y prêter attention, une organisation (une association) peut changer de rôle à
son insu. Perlas s’inspire de Gramsci (1929) pour définir ce qu’est la société civile.
Ainsi, selon Perlas (2001), le premier pouvoir des associations elles celui des idées.
Dans la perspective de N. Perlas elles devraient donc se limiter à un rôle
d'interpellation ou de propositions d'idées nouvelles avec les acteurs économiques et