Reflexions pour l`action

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Bulletin d’information et de débat
Mai 2008
N °0001
UN DEBAT SUR LA VIE COMMUNAUTAIRE
ous Voici en communauté, certes nous venons tous d’origine diverse mais nous y
sommes parce que nous sentons la vocation de devenir religieux, de vivre en
N
communauté ou d’êtres prêtres. A chaque repas nous débattons sur des sujets
divers et ceci au hasard ; cependant nous n’avons jamais osé poser une question qui
a rapport avec la vie en communauté. Un tel sujet est pour certains un tabou, pas
question d’en parler à table ou en présence de nos supérieurs. Pourquoi donc ?
Franchement nous ne le savons pas. Mais dans ce petit texte nous comptons faire
d’une pierre deux coups. En premier lieu nous voudrions partager notre conception
de la vie communautaire, religieuse et fraternelle; d’ailleurs nous vivons tous en
communauté et nous y sommes pour réfléchir, tout en restant en communication avec le
Rédempteur, Jésus le Christ, sur l’orientation de notre vie chrétienne. Une telle
activité, nous l’appelons très souvent <<cheminement>>.
En second lieu, nous l’écrivons dans l’objectif de nous afficher non en tant qu’homme
de parole, plein de projets, mais en tant qu’homme qui est capable de lier la pensée à
l’action.
Dans un premier moment, nous allons vous présenter une partie intitulée :
« Communauté ou Uniformité ». Ensuite nous verrons la dichotomie qui traverse
cette vie. Cette dichotomie est : Frères ou partenaires. Certains d’entre nous
peuvent se trouver dans cette confusion (Parler de frère ou de partenaire en
communauté). Nous nous souvenons d’une histoire pareille. C’est l’histoire de deux
jeunes hommes qui évoluaient avec d’autres jeunes dans un même espace de
formation1, l’un des deux, un jour appela l’autre : « Mon frère …».
D’une voix
mécontente, l’autre lui répond : « Hey, ici, il n’y a pas de frère. Je ne suis pas ton frère,
nous n’avons pas le même père et mère, d’ailleurs c’est un hasard si nous nous
trouvons ici ». Combien est frustrante une telle réponse ! Dans ce cas peut-on parler
de frères ou de partenaires en ce qui nous concerne ?
1
L’espace de formation est communautaire. Le notre père est, quotidiennement, récité.
Cette dichotomie nous laisse voir l’aspect psychologique de la vie en groupe. Pour
cela étudions la psychologie de l’individu et du groupe. Nous entendons par
psychologie l’étude du comportement et des attitudes de l’être humain.
Quand nous agissons dans l’intention de montrer notre supériorité, avons-nous
raison ? Mais ne serait-il pas plus intéressant de dialoguer, négocier, de développer
une relation de frère avec l’autre ? Une personne qui se comporte ainsi, a-t-il tort ?
Nous espérons que ces lignes ne vous choqueront pas et qu’en peu de temps l’un de
nos confrères nous fera une réponse. Ainsi, le débat règnera dans le silence, le calme,
tout comme le suggèrent nos supérieurs quand nous voulons faire du bruit a table.2
Communauté /uniformité
ous vivons dans un groupe puisque nous sommes plus que deux. Bergeron nous dit
qu’il y a groupe quand il y a deux personnes ou plus qui ont en commun quelque
chose et en général, ce quelque chose peut être les objectifs.3Quand nous parlons
de communauté, cela signifie que, puisque nous vivons en groupe nous formons
aussi une communauté. Mais les objectifs que nous estimons avoir entre nous,
Nimpliquent-ils pourtant une vie d’uniformité ? Quand nous étions à l’école, a
l’exception de certaines écoles, on nous exigeait l’uniforme. Ce fut un moyen de nous
mettre ensemble, de faire paraître une certaine ressemblance. Le mot ressembler est
semejanza, « ser Parecido » en Espagnol, c’est donc le paraître.
En vivant sur le même toit avec l’autre, nous devons comprendre qu’il n’est pas
question de créer le « Parecido » mais la communauté avec pour objectif de vivre à
l’écoute de Jésus en prière, dans le cheminement afin de comprendre la vie spirituelle
des fondateurs et de la vivre en tant que religieux. En fait cette vie de communauté
fait-elle de nous des frères ou des partenaires ?
FRÉRES/PARTENAIRES
2
A table, souvent nous débâtons. Le débat est labyrinthique au départ et les réponses sont
potentiellement un labyrinthe. Pour éviter toutes formes de « kakofoni » mettons sur papier nos idées et
argumentons-les.
3
BERGERON Jean-Louis et all. Les aspects humains de l’organisation, Editeur Gaëtan MORIN,
sl sd p154
Partenaire ! Que voyons nous en parlant de partenaire ? Quand il y a une alliance ou
une association entre deux ou plusieurs personnes qui se mettent ensemble juste pour
une affaire, dans ce cas là il est question de partenaire. Le mot frères est plus fort, car
l’autre quand il est pour vous un frère ce n’est pas une association pour faire mal à un
autre mais pour le bien. Avec le connecteur logique « ou » la proposition sera vraie si
et seulement si une des propositions principales est vraie ou fausse.
Nous voulons aborder de cette manière le problème c’est pour vous faire voir qu’une
fois que nous partageons quelque choses en groupe en vue de faire grandir l’ensemble
nous pouvons nous dire frère. Vous n’êtes pas du même avis que moi ? Alors vous
n’êtes pas chrétiens ? Et qui est Jésus pour vous ? Quel sens a pour vous le « notre
père » que nous récitons ensemble ? Si nous disons le même « notre père » c’est
évident que nous avons le même père et si nous avons le même père, nous ne pouvons
êtres des partenaires mais des frères.
Enfin il est bien de savoir que l’autre est un frère mais ce serait mieux de lui dire sans
tromperie « mon frère ». Cependant, même si il est notre frère et qu’il se trouve sous le
même toit que nous, il ne sera jamais comme nous, car nous sommes tous naturellement
différents l’un de l’autre, c’est ce qui explique la normalité des différences qui se
posent au niveau de nos caractères, de nos comportements et autres.
LA PSYCHOLOGIE : INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE
vant d’aborder cette partie, prenons le temps de définir ce mot : attitude. Le mot
attitude, pour reprendre CRUCHON, dans son « sens classique de la
psychologie dynamique, est celui d’une disposition habituelle à réagir en face de
certaines situations. Cette disposition, poursuit l’auteur, qui est en grande partie
A
déterminée par des causes affectives, est aussi le fruit du tempérament, de
l’intelligence et pratiquement engage toute la personnalité. » 4
4
CRUCHON Georges. Initiation a la psychologie dynamique, coll. siècle et catholicisme, Mame, sl
1963 p339
Laissons de côté l’intelligence pour parler du tempérament qui est un élément affectif
formant la personnalité de l’individu. La vie en communauté est faite d’individus et
chaque individu indistinctement à une personnalité propre donc un tempérament qui le
diffère des autres membres de l’ensemble. Sur le plan individuel, nous sommes donc
psychologiquement différents. C’est, en effet, cette différence qui nous pousse à ne
pas agir en uniformité. La règle de vie Spiritaine le stipule clairement dans l’article 1
et 31.1, que c’est la diversité qui rend forte la congrégation et qu’elle permet aussi de
créer Le « cor unum et anima una ». Ainsi en vivant en communauté nous devons
développer en nous la « différenciation », tout en restant lier aux valeurs et aux
principes qui font l’unité de l’Eglise. Car la « différenciation » est « un processus par
lequel l’humain acquiert un comportement de plus en plus articulé, réagit de façon
moins en moins massive et acquiert aussi une expression plus raffinée et plus adéquate
de ses facultés. »5. Et cette différence est importante pour l’individu et pour
l’ensemble dans lequel il évolue. C’est une exigence, pour que nous puissions forger
en nous une personnalité propre et créative.
Sur le plan collectif, sans nous rendre compte nous acquérions le comportement du
groupe. Ce comportement peut être appelé Ethique. L’éthique est religieuse, car
elle se repose sur les principes humanitaires et ces principes humanitaires impliquent
la réalisation d’une unité entre la foi en Dieu et le regard religieux sur l’homme. 6 De
plus ce que nous avons en commun est aussi un élément qui caractérise notre
psychologie collective. Un exemple : A la FICO7 nous nous sentons Spiritain et si
l’on parle d’un Spiritain nous avons le pressentiment d’être touché quand c’est en mal
et nous sommes contents si c’est du bien qu’on dit. Là nous avons une simple
explication de la manifestation de l’attitude de groupe, il y en a beaucoup d’autres.
Laissons-les pour un prochain débat.
Mr. Billy JACOTIN t.s
Séminariste spiritain
5
6
IBIDEM, p194
VERGOTE Antoine, Religion, Foi, Incroyance, coll. psychologie et sciences humaines, Bruxelles,
sd p309
7
FICO (Fraternité inter communautaire)
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