Questions pour des champions en réanimation 505
Dans la littérature cardiologique, la variable indépendante est cette fois le volume en
abscisse, et la pression est la variable dépendante en ordonnée, puisque le cardiologue
s’intéresse initialement au volume d’une cavité (pris comme indice de précharge). Dans
ce format, la pente de la relation obtenue entre volume et pression, ∆P/∆V a les unités
d’une élastance, ou inverse de la compliance. La droite représentant une structure souple
(proche de l’axe des volumes) est à élastance faible (faible rigidité), ce qui correspon-
drait dans le schéma de gauche à une compliance élevée (grande distensibilité). C’est par
exemple le format classique des courbes pressions volume ventriculaires, permettant de
décrire une élastance diastolique minimum (traduisant la distensibilité ventriculaire en
diastole), et une élastance maximum (prise comme indice d’inotropisme).
Si l’on considère maintenant non plus des systèmes inertes mais des tissus biologi-
ques (comme une oreillette ou une alvéole pulmonaire), les élastances mesurées sont
non linéaires (Figure 3). A partir d’un certain volume, la structure devient rigide, de
telle sorte que des augmentations ultérieures de volume s’accompagnent d’élévations
importantes de pression. En pratique clinique, il est difficile d’appréhender dans notre
esprit de telles relations non linéaires. Le paramètre «élastance» étant représenté par
toute la courbe (c’est-à-dire) l’évolution des relations pression-volume selon une large
gamme de valeurs), il est plus simple d’envisager l’élastance comme linéaire, lors de 2
situations : une première où la structure envisagée est très distensible, et une deuxième
situation où celle-ci devient très rigide.
Si l’on considère maintenant les oreillettes, il faut tenir compte de la contrainte
spécifique que peut imposer le péricarde. Cette enveloppe fibreuse ne paraît apparem-
ment pas avoir de fonction bien nette puisque le péricarde peut être congénitalement
absent sans grandes perturbations physiologiques. Cependant, il peut exercer en phy-
siologie un certain degré de contrainte cardiaque, et en pathologie entraîner des signes
cliniques particuliers (tels le signe de Kussmaul ou le pouls paradoxal), ou des désor-
dres hémodynamiques graves dans les cas de tamponnade ou de péricardite constrictive.
Les propriétés élastiques particulières du péricarde font que le degré de contrainte
qu’il exerce augmente avec le volume intracardiaque. La relation pression-volume
péricardique est curvilinéaire : pour de faibles volumes intracardiaques, le péricarde
est relativement distensible, mais devient extrêmement peu compliant à partir d’un
certain degré de distension (genou de la courbe), de telle sorte que de faibles augmen-
tations ultérieures de volume intrapéricardique s’accompagnent d’élévations importantes
de pression (Figure 3). Ainsi, au fur et à mesure que le tissu péricardique est étiré, les
fibres de collagène peu compliantes seront progressivement mises en jeu à la place des
Figure 2 : Compliance et élastance
Pression
Volume
∆V/∆P = Compliance
Volume
Pression
∆P/∆V = Elastance