BRGM BRGM AGENCE REGIONALE PAYS-DE-LA-LOIRE 10, rue Henri Picherit 44300 NANTES ANAH AGENCE NATIONALE POUR L'AMELIORATION DE L'HABITAT 9 boulevard des Capucines 75002 PARIS Tel : 40.37.15.15 Fax : 40.74.82.12 ENTRETIEN ET RESTAURATION DP PATRIMOINE ARCHITECTURAL RESUME DES RESULTATS DE LA PHASE TYPOLOGIE DES ALTERATIONS R 31607 PAL 4S 90 J.D. MERTZ-* - P. VERZIER- BRGM Pays de la Loire - 10 rue Henri Picherit 44300 NANTES CRITT MATERIAUX - 19 rue St Junien 67300 SCHILTIGHEIM -2- R ES Ü M E Les bâtiments construits en pierres calcaires tendres de nombreuses villes de l'ouest présentent des dégradations et des altérations regroupées sous le terme "maladies de la pierre". Cette dégradation des bâtis et des façades qui ne sont pas classées ou inscrites implique de mettre en oeuvre des techniques d'entretien de restauration, qui doivent être adaptées aux problèmes et techniques posés, aux capacités financières des gestionnaires des immeubles et aux caractéristiques de la propriété des immeubles considérés. Dans patrimoine le domaine bâti, les de l'entretien connaissances et de acquises la réhabilitation du par l'expérience des architectes et des artisans sont nombreuses, mais ces connaissances sont souvent difficilement environnements. Par extrapolables ailleurs, des à d'autres laboratoires ont matériaux ou développé des connaissances à caractère fondamental qui sont parfois très en amont ou difficilement accessibles aux utilisateurs. L'Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat a décidé contribuer au financement et à la réalisation d'un programme de de travail élaboré par l'association Nantes Renaissance et le BRGM dans le cadre de l'Institut Atlantique de Génie Urbain (IAGU). Ce programme a pour but de mettre à la disposition des praticiens les connaissances et expériences leurpermettant d'intervenir leplus efficacement sur le bâti en pierre de taille. L'étude présentée dans ce rapport s'insère dans ce cadre. La première phase de ce travail première a pour objet l'établissement d'une (c'est l'objet du présent rapport), l'établissement de diagnostics sur de la région. se décompose en deux parties ; la typologie des altérations la deuxième partie est consacrée des bâtiments de différentes à villes -3- Cette première partie du travail (Typologie des altérations) a basée sur des relevés, des descriptions de façades et des d'échantillons de pierres, joints et mortiers sur 15 bâtiments été prises répartis sur 6 villes. Les méthodes analytiques employées ont été : . des analyses pétrographiques et minéralogiques au microscope optique polarisant . des analyses par diffraction des rayons X sur poudre brute . des analyses au microscope électronique à balayage couplées à des micro analyses X Villes concernées : Blois, Château-Gontier, Châtellerault, Chinon, Nantes et Saumur. L'étude montre que les altérations rencontrées sont les suivantes : L'encroûtement : c'est un processus d'agglomération de particules. L'origine peut être chimique (cristallisation de gypse) ou organique (présence de mousses et lichens). La dissolution : il se produit une dissolution par l'eau de pluie. Ce type important que d'altération le ruissellement est d'autant est faible ou que plus fréquent 1'imbibition de et la pierre est importante. La désagrégation sableuse : l'eau joue également un rôle important, la dissolution roche finit par libérer les grains des éléments minéraux de la matrice rocheuse. Au les grains sont libérés, donnant un aspect sableux. de la toucher, -4- Le débit en plaques : des plaques entières de la pierre se détachent, ce type de dégradation est lié à la cristallisation de sels au sein de la pierre (sulfates, chlorures de sodium, e t c . ) . L'ampleur des dégradations dépend : . de la nature (composition chimique et minéralogique) des pierres calcaires employées . des mortiers et joints employés lors de la mise en oeuvre . de 1'orientation et exposition des façades. Dans la deuxième partie de l'étude les diagnostics détaillés porteront sur les sujets suivants : - l'impact utilisées. Nous à différentes échelles des nous attacherons à mettre techniques de nettoyage en évidence les causes de corrosions observées sur des bâtiments nantais (7 place Royale, 11 place Royale et rue Couëdic) ; - l'analyse du mécanisme de débit en plaques des tufféaux (centre commercial des Halles à Château-Gontier) ; - 1 'étude des corrosions engendrées par la cristallisation de sels (Eglise Saint Jacques à Châtellerrault) ; - les problèmes d'adhérence et d'accrochage mortier-tuffeau d'un point de vue minéralogique, chimique et physico-chimique (6 quai Charles VII à Chinon) ; - les causes des répartitions et concentrations de particules (fer, plomb) sur une façade fortement exposée à la pollution urbaine (Hôtel de Ville à Saumur). -5- SOMMAIRE page RESUME 2 INTRODUCTION 6 1 - OBJECTIF DE L'ETUDE REALISEE 8 2 - CADRE DE L'ETUDE 8 3 - METHODE DE TRAVAIL 10 4 - DESCRIPTION DES CRITERES DE SELECTION DES BATIMENTS .. 10 5 - PRINCIPAUX RESULTATS OBTENUS 11 5.1 - L'encroûtement 11 5.2 - La dissolution 12 5.3 - La désagrégation sableuse 12 5.4 - Le débit en plaques 13 -6- INTRODUCTION Le patrimoine architectural en pierre dégradation progressive du fait des Ces altérations regroupées calcaire est soumis à altérations des pierres de sous le terme une taille. générique "maladies de la pierre" ont des origines variées. Ces altérations concernent les bâtiments anciens qui donnent à une ville et à une région son caractère architectural. La dégradation des bâtis et des façades oeuvre des techniques d'entretien et adaptées aux problèmes techniques implique de mettre de restauration, qui doivent en être posés, aux capacités financières des gestionnaires des immeubles et aux caractéristiques de la propriété des immeubles considérés. Dans patrimoine le domaine bâti, les de l'entretien connaissances et de acquises la réhabilitation du par l'expérience des architectes et des artisans sont nombreuses, mais ces connaissances sont souvent difficilement extrapolables à d'autres matériaux ou environ- nements. Par ailleurs, des laboratoires ont développé des connaissances à caractère fondamental qui sont parfois très en amont ou difficilement accessibles aux utilisateurs. L'Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat a décidé de contribuer au financement et à la réalisation d'un programme de travail, élaboré par l'association Nantes Renaissance et le BRGM dans le cadre de l'Institut Atlantique de Génie Urbain (IAGU). Ce programme a pour but de mettre à la disposition des praticiens les connaissances et expériences leur permettant d'intervenir le plus efficacement sur le bâti en pierre de taille. L'étude présentée dans ce rapport s'insère dans ce cadre. -7- Le programme se decompose en 3 phases (définies dans le point 2 "Cadre de l'étude". Les résultats obtenus dans les différentes étapes du programme feront l'objet d'un maximum de diffusion auprès des villes concernées, à travers des rapports, des publications et des réunions d'information. -8- 1 - OBJECTIF DE L'ETUDE RFALISEE Dresser une typologie des principales altérations observables les bâtiments construits en pierre de taille dans les villes dans concernées par cette étude. 2 - CADRE DE L'ETUDE Le présent première étape rapport d'un synthétise programme de les informations travail obtenues qui comprend trois de la phases principales. PHASE I : Caractérisation des pathologies et diagnostics sur des bâtiments en pierres calcaires tendres. Cette phase comprend d'une part une typologie des dégradations observées sur les bâtiments (objet du présent rapport), d'autre part des diagnostics détaillés sur ces bâtiments pour définir les causes des dégradations observées. Cette phase du programme de travail va permettre de sélectionner les types de dégradation sur lesquels porteront les phases ultérieures. -9- PHASE II : Etude des spécifications des matériaux, joints et enduits L'objet de cette phase des cations complémentaires aux normes risation appropriée des travaux sera de existantes, permettant une caracté- matériaux, mis joints, enduits, produits de définir des spécifi- en oeuvre substitution, de (pierres, taille, consolidation et de protection...). PHASE III : Techniques d'entretien et de préservation Pour cette existantes seront phase du programme, les étudiées. L'objectif sera différentes d'évaluer techniques les méthodes existantes, d'en définir leur champ d'application et d'ouvrir des nouvelles à la recherche dans ce domaine. voies -10- 3 - METHODE DE TRAVAIL Cette étude de la relevés, des typologie des altérations a descriptions de façades et été basée sur des prises d'échantillons des de pierres, joints et mortiers sur 15 bâtiments répartis sur 6 villes. Les méthodes analytiques employées ont été : . des analyses pétrographiques et minéralogiques au microscope optique polarisant . des analyses par diffraction des rayons X sur poudre brute . des analyses au microscope électronique à balayage couplées à des micro analyses X Villes concernées : Blois, Château-Gontier, Châtellerault, Chinon, Nantes et Saumur. A - DESCRIPTION DES CRITERES DE SELECTION DES BATIMENTS Les bâtiments sélectionnés en étudiés liaison dans avec le les cadre de services cette étude techniques ont des été villes concernées et correspondent aux critères suivants : . ils présentent des symptômes de dégradation (plus ou moins accentués) . ils sont représentatifs (au sens statistique) du point de vue architectural et du point de vue de la nature des pierres et des joints employés. -11- Sont inclus également : . des bâtiments qui, du fait de restaurations successives peuvent présenter une forte hétérogénéité dans la nature des pierres (exemple Tuffeaux "blancs", "jaunes", etc.. et/ou Sireuil, Tercé, Chauvigny, etc.. . des bâtiments, sur lesquels des restaurations de façades ou des traitements ont été réalisés relativement récemment, et pour lesquels on dispose d'une information sur le type de traitements effectués, les dates et l'historique des travaux. 5 - PRINCIPAUX RESULTATS OBTENUS Quatre types d'altérations ont été constatés sur l'ensemble des immeubles et bâtiments étudiés. 5.1 - l'encroûtement : c'est un processus particules. (cristallisation de gypse) ou d'agglomération de L'origine organique peut (présence être de chimique mousses et lichens). Les encroûtements ont étudiés mis à part été observés dans ceux qui avaient été la plupart des récemment bâtiments traités. Les encroûtements apparaissent plus particulièrement sur les parties humides de la façade qui sont protégées phénomène est plus bâtiment de du ruissellement de l'eau de pluie. Ce particulièrement observable dans l'Hôtel commercial des Halles de Ville de Saumur, sur la la façade Nord façade de Château-Gontier où, bien que peut du du centre fréquente, elle est marquée par des tapissages noirâtres à la surface des pierres. L'Eglise Saint Jacques à Chatellerault présente également encroûtements et des colonisations de mousses dans les parties moins des -12- pentues de l'édifice. formation de gypse Les encroûtements d'origine ont été remarqués l'iimmeuble 6 quai Charles VII à sur le chimique, liés à bâtiment principal Chinon, ce sont les parties la de saillantes qui présentent les encroûtements de gypse les plus importants. 5.2 - La dissolution : il se produit une dissolution par l'eau de pluie. Ce type d'altération et important que le ruissellement est pierre est importante. Ce type de parties de l'édifice ou l'eau est d'autant plus fréquent faible ou que 1'imbibition de phénomène est donc accentué dans ruisselle moins rapidement et dans la les les régions où la pluie est fine et fréquente (crachin) car la part d'eau de pluie qui ruisselle est plus faible. Des altérations de ce type ont été observées dans la presque totalité des édifices étudiés. 5.3 - La désagrégation sableuse : l'eau joue également un rôle important, la dissolution des éléments minéraux de rocheuse. Au la roche finit toucher, les par libérer grains sont les grains de libérés, donnant la matrice un aspect sableux. Cette altération est dans la plupart des cas la résultante de l'action combinée du débit en plaques et de la dissolution avancée. Ce phénomène est facilement observable sur l'immeuble 6 quai Charles VII à Chinon. Cet immeuble présente aussi des dégradations liées à des contrastes des caractéristiques chimiques et physiques des mortiers et des pierres mises en oeuvre. Cette altération est observable sur certains tuffeaux mis en oeuvre dans la construction de l'Eglise Saint Jacques à Chatellerault. -13- 5.4 - Le débit en plaques : des plaques entières de la pierre se détachent, ce type de dégradation est lié à la cristallisation de sels au sein de la pierre (sulfates, chlorures de sodium, etc...). La cristallisation provoque une augmentation de volume. Les contrastes fissuration dans de température les endroits peuvent les plus de sels. Dans favoriser une fragiles, les fissures créées peuvent être des lieux où se produit cristallisation également certains ainsi de manière privilégiée la cas le gonflement, par humidification, des argiles (de type montmorillonite) présentes dans les tuffeaux, pourrait provoquer des fissures et des débits en plaques. Le débit en plaque prononcé a été noté sur les tuffeaux du centre des Halles à Château-Gontier mais également dans l'Eglise Saint Jacques à Chatellerault et dans la façade de l'immeuble 6 quai Charles VII. Dans l'immeuble du 51 rue Porte plaques apparaît Côté à Blois l'altération par débit en sur le bandeau du bâtiment. Les analyses chimiques montrent la présence de gypse dont la cristallisation est probablement à l'origine de l'altération. La façade de l'Eglise St Saturnin à Blois présente des desquamations en particulier sur les tuffeaux blancs. L'étude réalisée a montré que l'eau constitue le principal vecteur de l'altération et que l'ampleur des dégradations dépend . très directement : . de la nature (composition chimique et minéralogique) des pierres calcaires employées . des mortiers et joints employés lors de la mise en oeuvre . de 1'orientation et exposition des façades. -14- La deuxième partie de cette première phase de 1'étude va consister à établir un diagnostic détaillé sur quelques bâtiments, où les différents types de dégradation peuvent être analysés. Ce diagnostic dégagera d'une part les causes précises de ces dégradations et d'autre part les recommandations sur les traitements préventifs et curatifs applicables. Les thèmes suivants seront étudiés : - l'impact à différentes échelles des techniques de nettoyage utilisées. Nous nous attacherons à mettre en évidence les causes de corrosions observées sur des bâtiments nantais (7 place Royale, 11 place Royale et rue Couëdic) ; - l'analyse du mécanisme de débit en plaques des tufféaux (centre commercial des Halles à Châtean-Gontier) ; - 1'étude des corrosions engendrées par la cristallisation de sels (Eglise Saint Jacques à Châtelleranlt) ; - les problèmes d'adhérence et d'accrochage mortier-tuffeau d'un point de vue minéralogique, chimique et physico-chimique (6 quai Charles VII à Chinon) ; - les causes des répartitions et concentrations de particules (fer, plomb) sur une façade fortement exposée à la pollution urbaine (Hôtel de Ville de Sauinur). A N N E X E DETAIL DES DESCRIPTIONS DE BATIMENTS i OBJET Le développement des altérations subies par les matériaux pierreux naturels ou artificiels correspond à une perturbation de l'état d'équilibre entre les matériaux mis en oeuvre et leur environnement. En fonction des contextes géographique, climatique et textural, l'altération des matériaux, c'est-à-dire la perte de matière initiale, s'explique par : - des propriétés intrinsèques des matériaux minéralogiques, physico-chimiques) ; (caractères pétrographiques, - des conditions particulières de l'environnement créées par la situation du bâtiment (urbaine, ...), l'exposition spécifique des matériaux sur le bâtiment et les variations climatiques ; - des modifications apportées à la surface des matériaux par des dépôts aériens (origine externe) ou par des paragénèses minérales (origine interne) induites par des percolations acqueuses. La typologie des altérations correspond ainsi à la mise er. évidence des formes mais également des facteurs responsables de la corrosion des matériaux en oeuvre. VISITE P R E A L A B L E : VILLES ET B A T I M E N T S C O N C E R N E S La visite préalable comprend un descriptif des édifices et des prélèvements in situ appropriés . Elle a été effectuée du 20 au 2S Juin 1990 sur un échantillonnage initial d'une quinzaine de bâtiments proposés par les Services Techniques des villes concernées, à savoir * .Vantes : - * Chàteau-Gontier : - le Centre Commercial des Halles ; - le Manoir de la Touche * Châtellerault : - l'Eglise Saint Jacques ; - l'Hôtel de Ville, boulevard Blossac * Chinon : - 6 Quai Charles VII ; - 32/34 quai Jeanne d'Arc immeuble 7 rue Couedic / 7 place Royale ; immeuble 11 place Rovale ; rue Crébillon / place Royale ; rue Saint Pierre / 19 rue Matheiin Rodier ; 1 rue de Strasbourg 3 * Saumur : - Hôtel de Ville, place de la République ; - Bâtiment d e la Bourse d u Travail, 18 rue Cendrière * Blois : - Eglise Saint-Saturnin ; - I m m e u b l e 51, rue Porte-Cote La sélection des bâtiments a été effectuée en tenant compte des critères suivants : diversité des situations rencontrées : bâtiments dégradés, nettoyés o u déjà partiellement restaurés ; représentativité des édifices d u point d e vue architectural ; diversité des formes et des mécanismes d'altérations ; diversité pétrographique et texturale des matériaux naturels o u artificiels classiquement utilisés à l'échelle régionale. M E T H O D O L O G I E ET TECHNIQUES ANALYTIQUES En plus d'une description des types et des localisations des altérations sur les bâtiments retenus, nous avons procédé à des prélèvements spécifiques qui ont été traités par diverses techniques d'études appropriées selon la nature des renseignements souhaités. Il s'agit essentiellement : * d'analyses pétrographiques et minéralogiques au microscope optique polarisant. Elle sont effectuées sur des lames minces qui sont des tranches d e matériaux (pierre o u mortier) coupées puis usées jusqu'à des épaisseurs voisines d e 30 u . m . Certaines d'entre elles ont été réalisées sur des échantillons dont le milieu poreux a été préalablement imbibé par des résines colorées. Ces préparations permettent : - u n e identification optique des différents minéraux ; - u n e étude des caractères morphologiques et de la configuration structurale des minéraux ; - u n e discrimination d e la répartition des phases minérale et porale. d'analyses par diffraction des rayons X sur poudre brute. Son principe est basé sur l'existence d'une relation entre la longueur d ' o n d e des rayons diffractés et la distance des plans réticulaires représentatifs des m i n é r a u x présents. L a diffractométrie des rayons X est u n e m é t h o d e qualitative, voire semi quantitative d e détermination des minéraux pour des teneurs supérieurs à 4 o u 5 %. Pour des quantités inférieures, les pics diffractés caractéristiques des phases minérales se confondent avec le bruit d u fond. L'interprétation des spectres obtenus est donc liée à la quantité mais surtout à la représentativité d e la p o u d r e analysée. Cette technique a été utilisée en particulier sur les produits d'altération échantillonnés (pulvérulence de pierre, efflorescences...). 4 d'analyses au microscope électronique à balayage (M.E.B.) microanalyses X. couplées à des Le microscope électronique à balayage permet d'effectuer non seulement une étude morphologique d'une plage minérale dans une g a m m e de grossissement comprise entre 1 et 50.000 fois, mais aussi des microanalyses chimiques globales ou ponctuelles des éléments qui entrent dans la composition des minéraux cristallisés. DESCRIPTION D'ALTERATION A. DES BATIMENTS ET INVENTAIRE D E S TYPES Les bâtiments de la ville de Nantes Le choix de la ville de Nantes a porté sur cinq habitations particulières situées dans le centre ville. Les quatre bâtiments sélectionnés place Royale et rue de Strasbourg présentent une architecture similaire. Le soubassement, d'une hauteur de 50 à 80 centimètres est surmonté par une entresol aménagé en commerces, séparé du premier étage par une balcon continu. Sur celui-ci reposent deux étages (rue de Strasbourg) ou trois étages (place Royale). Chaque fenêtre est soulignée d'une petit entablement qui est surmonté d'un médaillon travaillé. L'édifice rue Rodier est d'architecture plus simple. Il comprend un entresol mais également trois étages dépourvus de balcon ou de médaillon sculpté. Chacune de ces maisons présente des particularités, à l'origine de cette sélection : * Rue Rodier : le bâtiment est en presque totalité revêtu d'un épais crépis ; * Rue de Strasbourg : cet immeuble est constitué de calcaire de Richemont et de Tuffeau. Entièrement ravalé en 1966-1967, il est aujourd'hui encrassé par les suies et les poussières atmosphériques ; * 11 et 12 place Royale : ces bâtiments, en calcaires de ¿.-¿ZlrcMtet Sireuil, ont récemment été nettoyés sur toute leur surface par une technique de lavage (eau sous pression) ; * 7 place Royale : ce bâtiment en Richemont, Sireuil et Tuffeau, vient d'être nettoyé par une technique dite de g o m m a g e (micro-sablage humide) et localement par brossage ; * Enfin, l'immeuble rue du Couedic, dont la face Ouest donne place Royale, est caractéristique de l'état initial des trois bâtiments précédents avant restauration. L'étude des quatre bâtiments situés place Royale, permettra de juger du choix de chaque technique de nettoyage sur les différents types de pierre. O 1. Inventaire des catégories de pierres Les soubassements sont toujours constitués d e granite. L'entresol des habitations place Royale et rue de Strasbourg est en calcaire d e Richemont, blanc jaunâtre (avec des concentrations orangées), bioclastique et présentant u n bon poli. Les étages des bâtiments rue Couedic et 11-12 place Royale sont constitués d ' u n calcaire très bioclastique, grossier à patine grise (Sireuil). C e dernier est également utilisé pour les pierres d'angles et les encadrements de fenêtres d e l'édifice Rue Rodier. Les pierres en parement des édifices situés 7 place Royale et rue de Strasbourg sont constitués par u n Tuffeau tendre, fin, à patine jaunâtre. Certains moellons isolés ont été remplacés par des calcaires plus durs (Sireuil *¿f ¿éZpoûx) selon la dureté apparente des différentes pierres, il apparait u n e certaine logique dans leur agencement en fonction de leur situation sur le bâtiment. 2. Localisation des altérations - Techniques de nettoyage a. 7 rue Couedic D e u x types de dégradations prédominent sur ce bâtiment orienté Est-Ouest. - Les encroûtements noirs : composés d ' u n agglomérat de suies et de poussières atmosphériques, ils se développent sur toutes les surfaces abritées et protégées des pluies fouettantes. Ils apparaissent ici : . Sur toute la surface de l'entresol, avec une épaisseur croissante dans les zones hautes directement sous le balcon. . Sous les appuis de fenêtres et l'avancée de la toiture. . Sur toutes les surfaces situées en retrait par rapport aux panneaux c o m m e les encadrements de fenêtres. L'encrassement y forme une croûte millimétrique qui se d e s q u a m e de son support pierreux. La nouvelle surface est claire, pulvérulente. Sur la face Ouest directement exposée aux pluies, les zones encroûtées sont nettement moins étendues qu'en face Est. - Les lessivages : sur les surfaces soumises aux pluies fouettantes o u ruissellantes, les lessivages provoquent une dissolution de la pierre qui se caractérise par une teinte claire exempte d'encrassement et par des irrégularités de surface. Ils apparaissent : . dans les zones de ruissellement des pluies s'écoulant des larmiers de part et d'autre des appuis de fenêtres. . Sur les éléments en saillie, exposés aux pluies fouettantes (balcon, corniche, médaillons). . E n face Ouest, le lessivage affecte les parements verticaux (à l'exclusion des zones situées sous-abri) e m p ê c h a n t le développement de l'encroûtement noir. - La première assise d u premier étage, en calcaire de Sireuil, est située dans la zone de rejaillissement des eaux de pluie depuis le balcon : elle est revêtue d'un mince tapis de mousses. ö Analyses : Sur ce bâtiment, nous avons effectué une analyse par diffraction des rayons X d ' u n grattage d'encroûtement noir superficiel (sur un calcaire de Richemont). Les principaux composants sont : - Le gypse en proportion très importante, - la calcite et u n peu de quartz, représentatifs de la composition de la pierre. b. 11 et 12 place Royale (face nord) Ces édifices ont été entièrement nettoyés par une technique de lavage à l'eau sous pression. E n de nombreux endroits, il persiste une coloration grisâtre de la pierre, qui témoigne d'un encrassement profond d'origine atmosphérique. A l'image d u bâtiment voisin, situé 7 rue Couedic, ces zones encrassées sont localisées d'une part sous les appuis de fenêtres, les corniches, le balcon et la toiture, et d'autre part dans les petites cavités de la pierre : celles-ci traduisent l'hétérogénéité de texture d u calcaire de Sireuil. La technique de lavage utilisée n'a pas le m ê m e impact sur toutes les catégories de pierres. Les moellons en Sireuil ne présentent pas à l'oeil n u de modification de leur surface. La surface des moellons en ¿-ci*-o<i¿ est quant à elle granuleuse et irrégulière ; les débris bioclastiques, plus durs, apparaissent en relief. La pression d'eau utilisée (sans doute justifiée pour obtenir u n nettoyage acceptable de la façade) semble à première vue trop élevée pour une pierre tendre de type Richemont. - Analyse au microscope électronique à balayage : Aspect de surface d'un échantillon de calcaire de Sireuil lavé : Bien qu'à l'oeil nu, la technique de lavage n'affecte pas la surface des moellons en Sireuil, les plages de calcite présentent des figures de dissolution orientées. Clichés au microscope électronique à balayage (grossissement x 199 et 2550). c. 7 place Royale - (face Est) C e bâtiment, qui comporte trois catégories de pierres, (Richemont, Sireuil et Turïeauï, est en cours de restauration. Sur sa façade principale, une nouvelle technique de nettoyage est utilisée : le g o m m a g e . Cette technique, appliquée sur les trois types de pierres de dureté différente, ne provoque à l'oeil nu, aucun désordre sur les moellons en Sireuil ou en Richemont. Toutefois, la pression excercée semble trop élevée pour le nettoyage d'une pierre tendre c o m m e ie tuffeau, dont la surrace est localement rugueuse, voire pulvérulente. 8 Analyse au microscope électronique à balayage Aspect de surface d'un échantillon de calcaire de Richemont (comparé à un morceau de Richemont en cassure fraîche) :; v ; -1.' :728X 28KU HD = 38HM • • ^ W ^ ; - : - 5 8 ü i i .... :.-., . ::... S=00000 P=08000 — ÍREPA ¿RITT MATERIAUX ASPECT EN CASSURE FRAICHEI $ r SSOÍ728X í; 28K0 H0 = 3BMM ^ = 00000 P-00081 r ; :"; •• • •:-.-.- : • ;--^v;;^y*59uif IREPA* CRITT MATERIAUX TEXTURE SURFACE G O M M E E ^ * •-£*& gommé :::-=F-.'-'î •; - ? l Lr.--:: \ôQ; ~r -:. r F.-.ii: Wy\i -it'.1 -. • • : - -..TÍi • fi ¡ -, •; : ' v ö ; 0 .- r*; z.-Li'i j fi • _ _ _ . . , A. _ :-;-:'.; •:,-i lZz = ICMPEE H.'jOO F:-= IS' "•'EM' : - r ' h L V : c j L - í'}.- ; : J .<-:V z í0 0 : i '•• : JFF-iZS 10.!} .•• -i : -. ? T. : '0 0 . 7'<: D - . A I ' =i I. flA 10 .0 > T . 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Seule l'assise de base du premier étage, en Sireuil, rendue humide par les rejaillissements d'eau depuis le balcon, est colonisée par des mousses. Ces encroûtements sont localisés dans toutes les zones humides et abritées des pluies, et celles situées en retrait par rapport aux parements. 10 Les encadrements de fenêtres sont revêtus d ' u n e croûte noire millimétrique qui évolue par desquamation. L a nouvelle surface est claire, tendre et poudreuse. Les dissolutions affectent essentiellement les surfaces localisées de part et d'autre des appuis d e fenêtres, soumises aux pluies ruissellantes des larmiers. L'exposition particulière des pierres aux agressions naturelles o u urbaines apparait être ici u n facteur responsable important d u développement des altérations. • Analyse par diffractométrie Diffraction des rayons X d ' u n fragment d'encroûtement noir superficiel sur tuffeau. E S : 0.6203 t*: d < 5,608 •< : 33-1161 * Si02 Quartz low syn ¡thêta M ¡Lii 4774. Linear» L 0.59 CuJiai*2 i !• I I l 1 II 3 11 Les principales phases minérales mises en évidence sont la calcite, le quartz, l'opale cryptocristalline, composants essentiels du tuffeau. Le gypse, résultat d'une cristallisation de SO2 atmosphérique et de calcium in situ, est présent en grande quantité. e. Rue Rodier-(face Nord et Est) Le bâtiment rue Rodier est entièrement recouvert d'un crépis grossier de couleur gris à gris foncé, datant de 1970 en face Nord, et de 1975 en face Est. Ce crépis apparemment sain, ne présente jamais de dégradation importante ; toutefois dans les zones abritées des pluies, un encroûtement noir se développe sur les encadrements des fenêtres en Sireuil (en retrait par rapport au parement) ainsi que sous les appuis des baies. Sur l'encadrement du portail en tuffeau, l'encroûtement se desquame sur une grande surface de sorte que la pierre sous-jacente apparait pulvérulente. De part et d'autre des fenêtres, le crépis est lessivé par ruissellement d'eau canalisée depuis les appuis. Le soubassement en granite est humide et est colonisé par des mousses. Sur la face Nord, au-dessus du soubassement, une surface d'environ 4 m 2 est revêtue d'un crépis de teinte plus claire. Ces variations de texture des crépis peuvent être attribuées soit à une composition initiale différente, soit à une variation de la proportion des composants. - Analyses pétrographiques Nous avons procédé à une observation en microscopie optique de deux lames minces : un crépis d'aspect gris foncé présent sur la majeure partie du bâtiment ; un crépis d'aspect plus clair localisé en face Nord. La nature minéralogique de la charge de ces deux crépis est similaire : grains de quartz et de feldspath de taille millimétrique. Cependant, la matrice du crépis "clair" est essentiellement composé de chaux : elle apparait sombre en lumière naturelle et brune en lumière polarisée. La matrice du crépis "foncé" est composé par un liant mal cristallisé, de nature alumino-silicatée englobant de petit cristaux quartzeux. Les différences de teinte de ces crépis peuvent donc être attribuées en partie au moins, à des compositions minéralogiques matricielles différentes. Des trois techniques de nettoyage employées (lavage, lavage et brossage, g o m m a g e ) , le g o m m a g e nous semble être moins agressif et donc mieux adapté à la restauration des pierres calcaires en oeuvre. Toutefois, les pressions utilisées sur le bâtiment 7 Place Royale semblent être un peu fortes sur une pierre tendre et aussi peu compétente que les tuffeaux. 12 JL Les bâtiments de la ville de Château-Gontier 2. Le Centre Commercial des Halles Contexte architectural Construites à l'époque médiévale, les Halles ont été entièrement remaniées à la j fin d u XIX e siècle pour faire place à un édifice cossu bâti essentiellement en pierre de tuffeau. Les halles s'étendent dans une direction Est-Ouest sur une cinquantaine de mètres de longueur. Elles comprennent un rez-de-chaussée et un sous-sol aménagés en petits commerces ainsi que deux étages au moins partiellement habités. Sur les faces extérieures du bâtiment, le rez de chaussée et le premier étage présentent des moellons appareillés sous la forme d'une série de dix voûtes dont l'extrados est en tas de charge ou en crossettes. Ces voûtes "par panneaux accolés", sont caractéristiques d'un architecture de type roman et constituent la plus grande surface des murs. Les baies d u premier étage se situent à l'intrados de chaque voûte ; elles apparaissent légèrement en retrait par rapport à la surface principale de la façade. U n cordon (bandeau) continu parcourt toutes les façades de l'édifice et détermine ainsi une limite nette à mi-hauteur entre les styles de mise en oeuvre des pierres des deux étages. Sous la corniche sommitale, les moellons du m u r sont lisses ; les parements sont verticaux tandis qu'en dessous du cordon, les pierres qui constituent les voûtes sont toutes assemblées en bossage à onglet. Les façades principales Nord et Sud du bâtiment, sont au point de vue architectural, très comparables mais non identiques ; les différences s'exercent notamment sur la taille des voûtes, sur l'existence de moulures situées dans la partie centrale de la façade Sud et sur la présence d'un petit fronteau qui surmonte une baie de la face Nord de l'édifice. Si ces différences peuvent ponctuellement accentuer le développement d'un type de dégradation, elles restent s o m m e toute minimes dans leurs effets. Nature et agencement des pierres en oeuvre Bien que les pierres originelles du soubassement soient généralement cachées par des placages, on distingue aisément que les deux premières assises de l'édifice sont constituées de pierres de différentes natures. Ce sont des grès jaunes très silicifiés, des granites, des pierres verdâtres présentant une texture de roche eruptive ou encore des calcaires durs et bien cimentés. Dans les parties plus élevées, certaines pierres en bossage sont des calcaires fins micritiques de couleur bleu-gris à éléments bioclastiques. Ces pierres, toujours plus dures et plus denses que les tuffeaux sus-jacents ont été utilisées de façon presque systématique jusqu'à une hauteur de 1 à 1,50 mètre. . Les principales formes d'altération des pierres en oeuvre L'altération des .pierres de différentes façades des Halles affectent essentiellement les parements en tuffeau. La base de l'édifice a été en plusieurs endroits restaurée remplacement par des pierres saines et/ou ragréage) de sorte que les effets des dégradations ne sont plus observables. 13 L'altération des tuffeaux peut se regrouper en quatre grandes catégories, qui présentent des formes spécifiques : - une altération d'origine biologique qui correspond au développement localisé de mousses et/ou de lichens. Cet encroûtement organique s'exprime par u n tapissage noirâtre à la surface des pierres. Les zones affectées par ce type de dégradations sont p e u nombreuses. Elles se localisent au niveau de !a tablette d u bandeau qui sépare le premier d u second étage ainsi que dans la plupart des zones o u le taux d'humidité reste élevé (zones humides en retrait) ; - u n e pulvérulence d e certaines pierres induite par des ruissellements fréquents et par conséquent, des dilatations hydriques importantes ; les pierres affectées par ce type de dégradations se localisent à l'aplomb des protections défectueuses en zinc qui coiffent certaines parties d u bandeau principal o u des petits bandeaux situés sous les appuis des baies d u 2 è étage (façade Sud) ; - u n efissurationde certaines pierres liée soit à une déstabilisation localisée de l'édifice, soit à u n contraste de dureté pierre / mortier trop élevé ; - u n e exfoliation pelliculaire d e la face externe des tuffeaux. Cette forme d'altération, d e loin la plus importante, traduit le mécanisme de "débit en plaque". Le détachement d e petites plaques de tuffeaux est d'autant plus prononcé que les pierres sont plus exposées (chaîne d'angle, pierre en saillie et en bossage). Les parements verticaux en tuffeau situés au dessus 'du bandeau d u premier étage sont moins exposés mais sont cependant atteint par cette forme d e dégradation. Le développement des plaques sur cet édifice apparaît lié en partie à l'exposition particulière des pierres et donc à leur m o d e d e mise en oeuvre. M a i s d'autres facteurs favorisent leur développement ; nous retiendrons en particulier : - la cristallisation de sel en profondeur ; u n encroûtement superficiel d'origine atmosphérique pour partie (gypse et suie); la multiplication des cylces d'imbibition/séchage qui induit d'importantes distensions thermiques o u hydriques néfastes à la cohésion des matériaux. Analyse des pierres altérées et des produits d'altération Cinq prélèvements ont été effectués sur ia face Ouest de l'édifice. U n échantillon de plaque de tuffeau a été étudié en microscopie optique tandis que des plaques et des efflorescences prélevées à la base des plaques o u des mortiers de jointoyage, ont été analysées par diffractométrie et analyse chimique. 14 L'échantillon de plaque de tuffeau présente, en section transversale, une multitude de fissures discontinues, parallèles entre elles et à la surface de la pierre. Elles ont une épaisseur constante proche de 300 u m . Le feuilletage de la roche ainsi créé est très pénétratif et s'exprime sur une épaisseur d'au moins 1 c m . Bien que l'on ne détecte pas de minéraux d'altération dans les fissures, les diffractogrammes nettent en évidence : des minéraux constitutifs du tuffeau : calcite, quartz, opale ou tridymite, muscovite, glauconite et des argiles de type nontronite ou montmorillonite. des minéraux d'altération : gypse (sulfate de calcium). Dans les efflorescences et certains encroûtements, on détecte en outre des sels solubles riche en sodium (thénardite et eugsténite). L'origine d u sodium qui entre dans la composition de ce produits est encore incertaine. Château-Gontier : Les Halles Légende Photo 1 Photo 2 Aspect d u développement des fissures. Encroûtement gypseux et pulvérulence d u tuffeau sous la corniche sommitale. Granulante superficielle de la pierre induite par un débit en plaque. Analyse d'ensemble de la constitution chimique de surface d'un tuffeau altéré et représentatif du bâtiment. Figure 3 ss: V> < ß.ß208 tw: UMJnJ ki*:' jwV'AH U A ^ V ^ W - J u ,1; U: i il x : 2 the ta y : 3553. Linear 5.880 8.5Ö CuKal+2 33-1161 * Si02 Quartz low syn Ç?_>C-î # j.M¿í> 7-8025 Í KA12Si3A1018<0H>2 Muscovite H syn 34-0842 Q (Ca,Mg)0.5Fe2<Si, Al)4018<0H)2.xH20 Nontronite A il M _m i 3 tfö. ut?«/ 1 Le Manoir de la Touche Bâti au X V e siècle, ce manoir est un bâtiment pittoresque accolé aux Ursulines. Orienté S V V - N E , l'édifice est en cours de rénovation, notamment sur ses façades extérieures donnant sur la rue du Général Le monnier (fig. 1). Figure 1 : Plan de situation du Manoir de la Touche. L'édifice s'ordonne autour d'une cour rectangulaire fermée d'une vingtaine de mètres de longueur et d'une dizaine de mètres de largeur. Les deux façades principales intérieures sont donc orientés N W et SE. La tour adossée dans la partie Sud Ouest de la cour présente quant à elle, cinq faces très différemment orientées. Le développement des altérations comparable sur chacune des faces, tend à montrer le rôle mineur joué par le paramètre exposition. Il s'agit sur cet édifice d'un problème de matériau dont la diversité pétrographique explique l'essentiel des désordres observés. Nature et agencement des pierres en oeuvre Les murs du Manoir sont constitués par des schistes micacés sombres (briovériens ?), des calcschistes denses et foliés, des orthomylonites et des quartzites dont la taille oscille entre 5 et 50 cm. Toutes ces pierres sont assemblées par un mortier épais à base de chaux qui semble avoir été utilisé indifferement en tant que mortier de pose ou de crépissage. Parallèlement à ces pierres de genèse différente qui constituent tous les parements, les jambages des baies, les chaînes d'angle et les éléments sculptés sont tous en tuffeau de couleur jaune clair. Les pierres de tuffeau, partiellement prétaillées sur une de leurs faces pour recevoir le crépis, témoignent d'une technique architecturale spécifique (fig. 2). surface prêt enduit tutïeau d'angie Figure 2 : C o u p e schématique de l'agencement pierre-mortier L'état d'altération des matériaux Les types d'altération des pierres d u Manoir sont diverses et d e corrèlent aisément avec d'une part la nature des matériaux employés et d'autre part leur localisation. Les ardoises d u toit Le toit de l'édifice est d'une manière générale, en assez mauvais état. D e nombreuses mousses se développent sur la couverture en ardoise malgré une pente m o y e n n e supérieure à 40°. La croissance des mousses laisse supposer u n état de surface rugueux, poreux et/ou perméable. Les ardoises peuvent donc être considérées c o m m e u n matériau au moins partiellement saturé d'eau pour permettre l'évolution de cette altération biologique. Les pierres de tuffeau Habituellement peu encrassés, les tuffeaux subissent d u fait d e leur localisation des ruissellements intenses. E n plusieurs endroits (jambages des fenêtres...), le tuffeau apparait particulièrement clair par perte de sa patine superficielle. Les ruissellements d'eau entraînent et lessivent toutes les poussières agglomérées en surface. Ainsi, les eaux d e lessivage s'enrichissent et se chargent au fur et à mesure que le ruissellement progresse. Les solutions finales, généralement acides, sont donc d'autant plus agressives que le support pierreux est moins siliceux. C'est pourquoi les tuffeaux essentiellement carbonates, sont plus altérés et plus corrodés que les quartzites ou les schistes. M ê m e à l'échelle macroscopique, les lessivages sont visibles et atteignent u n stade avancé d e dissolution. Les parties de tuffeau en relief, plus exposées aux pluies, sont les plus fortements dissoutes et corrodées : le tuffeau présente alors u n aspect superficiel rugueux par dissolution préférentielle de sa matrice carbonatée au profit des bioclastes calcitiques. Ces derniers, plus durs, apparaissent en relief. Les mortiers à la chaux Ces matériaux ont été utilisés aussi bien en tant que mortier de pose o u mortier d e crépissage. Macroscopiquement, on distingue cependant des variations de leur teinte qui témoignent soit d'une quantité variable de chaux qui entre dans leur composition, soit de la mise en oeuvre de plusieurs générations de mortiers. 17 Sur la facade intérieure Sud-Est, on observe d'ailleurs des superpositions. Les analyses microscopiques montrent que ces mortiers sont constitués d'une phase granulaire incluse dans un liant matriciel à base de chaux. Les mortiers mis en oeuvre ne présentent pas de couches successives de différentes granulométries. Le granulat a une distribution granulométrique très étendue (40 u m à 3 m m ) . Tous les grains sont disjoints et représentent moins de 40 % du mortier en volume. Les minéraux qui entrent dans la composition du granulat sont des grains de quartz ou de quartzites souvent anguleux, des plagioclases et de feldspaths potassiques. Ces derniers sont fréquemment épigénisés par des minéraux phyliteux (séricite ?) sur lesquels se concentrent des oxydes et des hydroxydes de fer. C'est pourquoi certains grains ont une couleur rouille, ce qui confère au crépis une teinte d'ensemble jaune-ocre. Le liant matriciel, finement cristallisé, est donc très abondant. En plus des nombreux macropores millimétriques dispersés dans la matrice, il se développe un réseau de microfissures qui interconnecte les pores. Ces fentes d'ouverture naturelles ont vraisemblablement permis une bonne carbonatation d'un liant ; cependant, elles sont tellement abondantes qu'elles engendrent une perte de cohérence du matériau. L'abondance des fissures est telle que, m ê m e en l'absence de mesures pétrophysiques précises, le seul examen microscopique suffit pour expliquer la faible résistance et la friabilité du mortier. Ces matériaux, poreux et perméables, doivent être considérés c o m m e des milieux favorables aux migrations de fluide et donc aux dépôts éventuels de sels. C'est sans doute la raison majeure de l'extrême développement d u cloquage de plaques de mortier observées en maints endroits sur les diverses façades du Manoir. Les plaques de mortiers, épaisses de 0,5 à 3 cm, s'expriment d'abord par une boursoufflure puis par le détachement d'une plaque qui peut atteindre 50 cm de longueur. Conclusion Les principaux types d'altération rencontrés sur ce bâtiment sont, en plus d'une altération biologique qui s'exprime par le développement de mousses : des ruissellements et des lessivages de toutes les façades verticales qui provoquent une dissolution plus prononcée des pierres tendres (tuffeau) que des pierres plus compactées. L'absence de chenaux d'évacuation au niveau du toit est également à l'origine du lessivage du crépis sous jacent; une alimentation continue en eau des matériaux du soubassement. Les remontées capillaires depuis le sol s'expriment sur une hauteur quasiconstante de 0,5 à 1 m . Dans ces zones, les migrations de fluide par la base des murs sont favorisées par les rejaillissements d'eau de pluie depuis le toit et par la présence au sol d'une intense végétation qui implique un milieu confiné à humidité élevée ; '". «KU* = it •t i) 3 • ._•(_ ¡M 'i.A---' 18 un encroûtement gypseux sur toutes les faces de la tour. L'uniformité des onglets centimétriques de gypse sur ces différentes façades suggère une origine atmosphérique du SO2. un cloquage et un détachement de plaques de mortier dont l'origine peut être attribuée à la combinaison de plusieurs facteurs : une adhérence mortier/support insuffisante due en partie au moins à la composition des mortiers utilisés ; - un contraste de porosité et de perméabilité important entre les matériaux ; - des dilatations hydriques et thermiques variables selon la composition des matériaux ; des migrations d'eau et des cristallisations salines localisées à l'interface pierre-mortier. C'est dans ces zones de discontinuité que l'on détecte la plus grande quantité de gypse (cf. figure 3). Etant donné la diversité de la nature des supports, l'intérêt de ce bâtiment devrait mener à une recherche spécifique des mortiers les plus compatibles avec les différents matériaux pierreux. Château-Gontier : Manoir de la Touche Légende Photo 1 Photo 2 Photo 3 Localisation des remontées capillaires depuis le sol Vue de la tour et des zones de ruissellement depuis le toit Aspect des plaques de mortier Analyse minéralogique par diffraction X d'une pulvérulence de tuffeau sous le crépis. ÇL Les bâtiments de Châtellernult 1. L'église Saint Jacques Construit au Xle siècle, l'édifice est une église de type roman qui a subi de nombreuses restaurations au milieu du XIXe siècle. Grossièrement synétrique, la partie centrale de cette église présente une nef revoûtée du XlIIe siècle qui est supportée par huit piliers centraux assez massifs. 19 V u e de l'extérieur, et n o t a m m e n t sur sa façade principale Ouest, cette symétrie est encore bien respectée : le portail central est flanqué d e deux petites colonnes engagées qui soutiennent elles-mêmes deux colonnades. Cette face est limitée à ces deux extrémités par deux contreforts. A u dessus d e la corniche (40e assise) qui constitue u n e limite architecturale nette (petit toit continu), une rangée de treize arcatures est répartie sur toute la largeur de la façade. Enfin, deux clochers identiques peu élancés et coiffés chaucun d'un fronteau, chapeautent cet édifice. Dans le détail, l'architecture de la façade et des nombreuses scuptures est assez complexe ; les pierres, dont il existe plusieurs variétés, sont exposées à des situations variées. Les dégradations des pierres en oeuvre Elles ont été observées sur différents moellons tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'église. * L'altération des faces extérieurs des pierres de la façade principale. Sur u n e hauteur de 2 à 3 m , les pierres des premières assises sont constituées par u n calcaire oolithique. C e calcaire dur, forme l'essentiel de la base de l'édifice et la plupart des figurines sculptées qui ornent la porte principale. Ces pierres sont affectées par u n léger encrassement (dépôts pelliculaires) sans grand d o m m a g e pour la pierre, tandis q u e d'autres éléments, plus exposés o u formant saillie, sont davantage émoussés, décapés voire usés. A u niveau d u contrefort et d u clocher Sud, le remplacement d e pierres de natures différentes (Richemont-Tuffeau) permet d'apprécier le c o m p o r t e m e n t d e ces pierres pour des conditions d'expositions comparables. Alors que la pierre de Richemont est seulement lissée dans les zones verticales de lessivage ou de ruissellement, les tuffeaux résistent moins et apparaissent pulvérulents. E n plus d u léger encroûtement des pierres constitué par u n a m a l g a m e de poussière et de sulfate de calcium, d'autres formes d'altération perturbent les surfaces visibles des pierres. Il s'agit : d'un encroûtement et d'une colonisation par des mousses, des surfaces suffisemment inclinées o u exposées. D a n s ce cas, les eaux d e ruissellements peuvent pénétrer dans la pierre et constituer u n e "réserve" d'eau nécessaire au développement d'organismes végétaux. Cette évolution traduit en fait u n état d'équilibre hydrique : ces zones particulières, bien illustrées dans les parties sommitales des contreforts, sont des zones humides o ù le ruissellement est insuffisant pour lessiver la surface. 20 d ' u n e désagrégation sableuse de certaines pierres de tuffeau. Cette détérioration des tuffeaux tendres s'exerce notamment dans toutes les parties o ù les eaux de ruissellements suivent des chemins préférentiels et sont donc "canalisées". C'est le cas de part et d'autre de la voûte centrale qui surmonte la porte principale ; un débit en plaque de la plupart des moellons de tuffeau. Sur la face principale Ouest, les zones atteintes par ce m o d e de dégradation correspondent aux zones o ù les variations thermiques sont les plus intenses (parties très exposées aux pluies et à l'ensoleillement) ; une alvéolisation des tuffeaux appareillés sur la face Sud de l'église. Cette forme d'altération, plus grave que les encroûtements gypseux, peut avoir diverses origines ; elle est généralement liée à la cristallisation de sels solubles véhiculés par des migrations capillaires. * L'altération des pierres à l'intérieur de l'église. Les pierres qui constituent les piliers ne sont pas toutes de m ê m e nature. Les pilastres sont formés par u n calcaire plus o u moins dur (Richemont) sur une hauteur de 2 à 6 assises, puis par u n tuffeau généralement assez sain. Ces pierres et les mortiers qui les assemblent sont en assez bon état ; cependant on observe u n e zone d'humidité (auréole blanchâtre) sur une hauteur de 40 à 70 c m de hauteur. A la base des piliers mais surtout sur les faces intérieures des moellons d u m u r s , o n retrouve ces m ê m e s formes d'altération liées à la présence d'une humidité excessive. Sur une hauteur de 1 m à 1,40m, les remontées capillaires depuis le sol sont à l'origine sur les calcaires durs de la base (Lavou, Richemont ?) d'un cloquage débutant. Ces cloques, plus o u moins circulaires et d'une taille comprise entre 1 à 30 m m de dimètre, forment des boursouflures éventrées qui laissent transparaître une poudre blanchâtre. Sur les tuffeaux, le p h é n o m è n e est encore plus m a r q u é ; le gonflement et le cloquage affectent n o n seulement la pierre mais également les mortiers de pose. Conclusion Les altérations qui affectent les calcaires en oeuvre sur l'église Saint Jacques correspondent aux grandes catégories d'altérations identifiées sur la majorité des bâtiments en Europe occidentale. Mis à part le gel dont les effets sont difficiles à individualiser sur ces pierres calcaires, on retrouve les dissolutions et l'ensemble des dégradations dont l'aspect varie selon : la dureté et les propriétés physico-chimiques des différentes pierres (Chauvigny, Richemont, Tuffeau et peut-être Lavou) ; les localisations particulières de ces pierres sur l'édifice ; 7fl ss: 0.0200 ,/V Í (J I i 1! r., M o :> ii.i.ii. f 2 í lit- í « y • .,'. o;i •; .i i Í; i 33-1161 « Si02 Quartz 11- I Ï•J LJA. '1554. Linear ;,«in low syn 7-0025 I "Kr'j 12S i 3 A101GÍ Oil > 2 Muscovite M b'jfi 8 . 5 0 CuKiil<2 t*: J Mill! ,L Vis £'. ÍV: ss: 8 . 6 2 0 0 tin: 3 . 5 5 C\x¥.c I i^v/K^l ¿ v LW ; WL, i"üV il if] i : 5. Ö98 u W^W.^itUWwJ' i u L Linear- ¿tisera M l:;i Uli i* 33-1161 * Si02"Quartz low syn "" " ' " " Na4Ca(S04)3>2H2O fussier.' te 9B ss: 8.58 CuKai*; il ,>~% i '\yfrf 0.8288 t«: 4 •] i v _ l 5. 398 : the ta y !7iB. b* Lineaï 33-1161 * M SiÔ2 Quartz low low'syn ü ¿ «uartz H a d HalifceSfn iciii h mmmmUiitmrM ¡»»o* ilionit( ' i 68.348; >u 4-U 21 la nature des agressions subies par les pierres. Sur l'église Saint Jacques, les agressions sont à la fois "externes" (lessivages, ruissellements, dissolutions) et "internes" (percolation de solutions chargées). A l'intérieur de l'église, les sels cristallisés dans la zone des remontées capillaires et identifiés aux rayons X , sont de la habite (chlorure de sodium), de la thénardite et de l'eugstérite (sulfate de sodium et de calcium). Dans l'ensemble, la répartition de ces sels est limitée aux parties basses du monument, tandis que le gypse se rencontre plus fréquemment sur de grandes surfaces à l'extérieur. Les raisons de cette répartition, et le rôle joué par les propriétés pétrophysiques des différents matériaux devraient permettre de justifier le développement de ces altérations. Eglise Saint Tacques Diffractogramme aux Rayons X Echantillon 7 A : Fragment de croûte gypseuse sur une pierre de tuffeau. Echantillon 8 : Pulvérulence blanchâtre, prélevée à l'intérieur de l'église à proximité de la porte principale Echantillon 9 B : Poudre prélevée à l'intérieur d'une alvéole sur un moellon de tuffeau (face Sud). 2. L'Hôtel de Ville L'ensemble du monument a été construit au XIXe siècle avec des calcaires régionaux d'âge, de nature minéralogique et de propriétés différentes (pierre de Chauvigny et Tuffeaux). Les pierres de la façade principale montrent des types et des degrés d'altération divers en fonction de leur situation sur le bâtiment. Mais c'est surtout l'analyse comparative de différentes façades entre elles qui permet d'apprécier l'impact d u paramètre "exposition" sur le développement des dégradations. Façade principale (Boulevard Blossac) Les pierres mises en oeuvre sur cette façade Ouest sont peu altérées malgré la diversité des situations créées par le jeu des bandeaux, des arcatures ou des consoles de la corniche sommitale. D'une manière générale, cette façade peu encrassée présente : des lessivages modestes des trois premières assises du soubassement, vraisemblablement induits par des percolations d'eau. Sur une hauteur d'1 m au dessus du sol, qui correspond à la hauteur de l'escalier central, on observe une zone plus claire où la pierre est lessivée. La limite supérieure marque la trace de la hauteur maximale atteinte par les remontées capillaires. Il n'a pas été décelé dans cette zone de dégradation due à la présence de sel ; 99 des ruissellements dont les effets sont d'autant plus importants que les pierres ont été préalablement fragilisés par d'autres altérations. Sur l'Hôtel de Ville, les désordres dus aux dissolutions résulte plus d'une absence d'entretien que d e la nature m ê m e des calcaires. C e défaut d'entretien existe en plusieurs endroits de la façade : le cordon situé entre le rez de chaussée et le 1er étage est fracturé et favorise les infiltrations d'eau ; les bandeaux sont recouverts par une protection en zinc inefficace. Ils constituent des zones o ù les eaux de ruissellement peuvent stagner puis réalimenter les pierres par capillarité ; au niveau d e la corniche sonmitale, plusieurs joints défectueux constituent des drains o ù se développent des dissolutions, faisant suite à des ruissellements excessifs. des encroûtements gypseux qui se développent dans les zones humides n o n lessivées. Ces formations se forment préférentiellement dans les parties abritées en retrait c o m m e la face inférieure d u balcon officiel. Les façades donnant sur l'Avenue Clemenceau Elles présentent les m ê m e s formes d'altération de celles observées sur la façade principale, mais s'en distinguent par l'ampleur des dégâts qu'elles provoquent. Les zones encroûtées et poussiéreuses affectent ici non seulement toutes les parties épargnées par les pluies fouettantes, mais s'étendent également sur certains parements verticaux. Ces zones s'organisent en fonction de la répétition et de la géométrie des différents éléments architecturaux (cf. figure ci-dessous). cornicixtí ^omnutaití limite intérieure île l'pncr.iispment baie Schéma d e l'agencement et de la disposition des zones encroûtées. 23 Inversement, toutes les parties en relief (sculptures, médaillons) sont fortement corrodées et prennent une teinte claire caractéristique provoquée par la dissolution de leur surface. L'usure est généralement d'autant plus prononcée que ces éléments sont plus saillants et exposés : c'est le cas du cordon qui surmonte les quatre colonnes adossées de la face Sud, ainsi que de la plupart des sculptures du fronton. Ces désagrégations sont toutes liées à la présence de gypse. Ces altérations prolongent les dégâts provoqués par les plaques que l'on retrouve en parement et qui résultent de l'effet conjugué : de la cristallisation de sel (gypse) à la surface de la pierre ou à une certaine profondeur ; de dilatation hydriques et/ou thermiques. Le mécanisme de décollement de plaques est en effet attribué, pour partie, à la cristallisation de sel en profondeur entre l'imbibition et le séchage. Plus les conditions de séchage (ensoleillement) sont importantes, plus le front d'équilibre risque de se déplacer vers l'intérieur de la pierre, et engendrer le départ d'une plaque. C'est pourquoi m ê m e en l'absence d'un confirmation physique quantifiée, il est possible de justifier la présence des plaques sur les faces Sud de l'Hôtel de Ville par une exposition très différente. C'est la raison pour laquelle le mécanisme du débit en plaque est absent ou peu exprimé sur la façade principale Ouest (Boulevard Blossac) par rapport à la façade Sud de l'Avenue Clemenceau. Enfin, et bien que ce paramètre "exposition" soit important, il ne faut pas négliger pour autant l'effet des différences minéralogiques entre les pierres de Chauvigny et les Tuffeaux. Sur la face Sud, le soubassement est entièrement constitué de calcaire dur de Chauvigny jusqu'à une hauteur de 1,40 m . Le contact entre le calcaire dur et le tuffeau sus-jacent représente une zone de discontinuité mécanique. L'interface Tuffeau/Chauvigny conduit généralement au départ d'une plaque de tuffeau de 1 à 3 c m d'épaisseur. En microscopie optique, ces plaques de tuffeau se présentent c o m m e un arrangement peu compact formé par une matrice microporeuse carbonatée qui enserre des grains de quartz, de calcite spathique, de glauconite, de muscovite et de fragments bioclastiques. Bien qu'il n'y a pas de fabrique sédimentaire exprimée, les plaques sont induites par un réseau de microfissures orientées parallèlement à la surface de la pierre. Ces fentes serpentent aux joints des grains calcitiques microcristallisés et sont le siège de concentrations de goethite ou de minéraux opaques (pyrite). Le diagnostic des altérations de ce monument met donc en évidence deux facteurs majeurs : l'exposition des façades et la situation des pierres ; une certaine divergence des pierres mises en oeuvre dans leur comportement mécanique, hydrique et sans doute thermique. 24 Les bâtiments de la Ville de Chinon L'immeuble 32-34 Quai Jeanne d'Arc. Cet immeuble symétrique est situé sur la rive droite de la Vienne : sa façade principale exposée au Sud-Ouest présente au rez-de-chaussée trois commerces dont les parements des devantures sont des placages de briques ou de calcaires marbriers pisolithiques. En de rares endroits, on peut voir les pierres du soubassement qui sont constituées en partie au moins, en calcaire de Chauvigny. Le rez-de-chaussée est séparé du premier étage par un balcon qui court sur toute la façade. Cet immeuble à deux étages, comporte douze baies qui sont ornées par un bandeau. Ce bandeau à mi-hauteur, relie entre eux les sculptures et les médaillons qui coiffent les six baies d u premier étage, ainsi que les fronteaux qui chapeautent chacune des fenêtres du deuxième étage. Cette façade presque entièrement (?) constituée par des tuffeaux, est saine et propre. Elle est cependant dégradée par trois types distincts d'altération localisés uniquement au niveau des cordons et des jambages des baies. Il s'agit : de rejaillissements des eaux de pluies sur les plaques goudronnées qui protègent les dalles horizontales du balcon. Le rejaillissement des eaux et par suite, l'humidification des moellons pourraient être évités en augmentant la pente des plaques protectrices. Actuellement, l'alimentation des pierres en eau est telle qu'elle a rendue possible le développement de mousses qui confère à la pierre, un aspect superficiel noirâtre (cf. photo 1) ; d'un encroûtement gypseux (?) strictement localisé sur les faces inférieures des bandeaux des cordons ou des arcatures. Ces zones suffisemment en retrait par rapport au plan vertical de la façade, sont épargnées des ruissellements susceptibles de lessiver les croûtes. d'un débitage modeste de petites plaaues des moellons et surtout des jambages. Il est associé à une désagrégation sableuse des moulures les plus exposées aux ruissellements. Ces pierres sculptées (cf. figure ci-dessous et photo 2) en tuffeau se caractérisent par une surface d'exposition très élevée par rapport à leur volume ; elles sont donc soumises à des contraintes hygrométriques (cycles d'humidité et d'évaporation) plus marquées que les moellons en parement. Coupe schématique de la morphologie des moulures et des encadrements des baies. D'autre part, certaines d'entre elles montrent des indices de fissuration qui témoignent de l'effet néfaste des dilatations sur ce type de pierre. Avant d'envisager un éventuel traitement de ces parties friables, il serait nécessaire de procéder au préalable : à une élimination de l'ensemble des particules (poussières, sels...) quelle que soit leur origine ; à des tests spécifiques afin de vérifier notamment : * la capacité d'imprégnation du produit de traitement ainsi que son gradient de concentration (répartition) à l'intérieur de la pierre ; * qu'il n'engendre pas d'autres désordres (réactivité chimique, modification de la texture et des propriétés hydrodynamiques des pierres). Légende 32-34 Quai Teanne d'Arc Photo 1 . Rejaillissement des eaux de pluie et colonisation par des mousses. Photo 2. Dégradation modérée des bandeaux saillants. 26 2. L'Immeuble 6, Quai Charles VII Les locaux du bâtiment visité (Maison des syndicats) sont à l'heure actuelle occupés par un syndicat, par l'Agence de Développement et d'Urbanisme de Chinon ainsi que par l'antenne Chinonaise du P A C T d'Indre et Loire. Cet édifice du XVe siècle remanié au XVIe siècle, se compose de deux maisons accolées mais distinctes. Ayant une forme en U , cet ensemble présente dans sa partie centrale une cour intérieure ouverte au Sud sur le Quai Charles VII. Le premier bâtiment qui constitue la partie Est de l'ensemble, est une petite maison à un étage allongée selon une direction subméridienne. Le bâtiment principal est une construction plus recherchée : coté cour, une tourelle d'escalier à vis normalement hexagonale est adossée au milieu de la façade. Elle constitue une limite nette entre d'une part, l'aile occidentale de la maison qui comprend deux étages et d'autre part, la partie orientale qui ne présente qu'un étage. Cette partie, intéressante d'un point de vue architectural, présente un étage sous comble éclairé par deux lucarnes à meneaux cruciformes surmontées de petits frontons ornés. Le diagnostic n'a été effectué que sur les parements ouverts sur la cour. Description et typologie des altérations du premier bâtiment Ce corps de bâtiment a été rénové à plusieurs reprises. Construit exclusivement en tuffeau, il est actuellement dans un état de délabrement assez avancé. Les restaurations antérieures ont consisté en un recrépissage souvent important dont l'épaisseur peut atteindre 3 cm (cf. photo 1). Sur la façade Sud percée de trois baies, on observe la superposition ou la jonction de trois crépis qui laissent apparaître, par endroits, le tuffeau nu. O n distingue : - les restes d'un crépis originel qui persiste de part et d'autre des deux fenêtres du premier étage ; - un second crépis mis en oeuvre sur toute la partie inférieure droite (située la plus à l'Est) de cette façade (photo 1, A.) ; - un troisième crépis visible dans le coin inférieur gauche de cette m ê m e façade. D e teinte grise, ce crépis semble contemporain ou de composition voisine de celui observé sur une grande partie de la façade Ouest du bâtiment (photo 1, B.). 27 Les variations de teinte, l'aspect rugueux et la consistance de ces crépis témoignent de leur inadaptation sur les tuffeaux. Par exemple, le second crépis semble avoir été mis en place sans tenir compte des modes d'application traditionnellement recommandés : les jambages de la baie du rez-de-chaussée sont entièrement crépis et l'accrochage mortiertuffeau à l'interface est imparfait. Par ailleurs, l'appui de la fenêtre a été restauré (coffrage) avec un mortier visiblement très riche en ciment, et sans doute plus dur et plus compétent que le support pierreux (photo 1). Sur la face Ouest de ce bâtiment, les prélèvements effectués tant sur le tuffeau pulvérulent que sur le crépis, révèlent la présence de gypse. L'aspect grisâtre et les décolorations superficielles (cf. photo 2) suggèrent une modification profonde de la structure des crépis. Bien que nous n'ayons pas détecté d'autre sel que le gypse, leur présence est probable. - . >'}0 <-.•; ). ) ! Aspect des tablettes de gypse au M . E . B . (X 921) et microanalyse X associée. 28 • 299X Ä '29KU WD>28MM S'00000 P=00004 v 100UM-— • IREPA CRITT MATERIAUX FISSURATION DU TUFFEAU INDUIT PAR DEBIT EN PLAQUE Aspect des fissures dans u n tuffeau vues à faible grossissement (cliché M . E . B . ) Siège des plaquettes de gypse IQ ss: 8.6280 tu: 8.58 CuKaH-2 ^^wUüfU^^^>^k^?^f^^v^-rs^ < 5.80S x : 2 the ta y 752?. Linea? 33-lléi * Si02 Quartz ïou s'jn 33-8311 * CaS04.2H20 Gypsun. syn Spectre de diffraction X sur une plaque de tuffeau. Morphologie des altérations du bâtiment principal Les dégradations sont également très virulentes. D u fait de la diversité architecturale de mise en oeuvre des tuffeaux à proximité des lucarnes à meneaux (figures contournées, pose en lit et en délit ...), cette zone regroupe l'essentiel des types d'altérations connus : des encroûtements de gypse localisés sous les parties saillantes (cordon) ; des désagrégations sableuses qui résultent ici, de la mise à nue du substrat par décollement des plaques. A u niveau des jambages et des meneaux des lucarnes, il existe une gradation des altérations. Dans les parties hautes peu affectées par les ruissellements, les tuffeaux sont seulement encroûtés et donnent naissance à de petites plaques sous forme d'onglets. Sur les parties basses et inférieures des jambages, les ruissellements, logiquement plus intenses, peuvent soit se concentrer et déposer davantage de particules, soit évacuer ies plaques. C'est la raison pour laquelle la pierre apparaît claire et dans tous les cas pulvérulente. En plus des encroûtements, des plaques et des désagrégations sableuses, certains moellons de ce bâtiment sont fortement dégradés par un mécanisme de dissolution. Dans la partie Nord-Ouest de l'édifice, les dissolutions conduisent à une désagrégation spectaculaire sur une hauteur d'environ deux mètres : l'alvéolisation. 30 Le fait que ces alvéoles (cf. photo 3) se limitent seulement à certaines zones et à certains moellons, met en évidence l'importance de la situation et de la nature des pierres dans le développement des altérations. Dans le cas présent, les désordres sont induits par des remontées capillaires depuis le sol qui migrent jusqu'à une certaine hauteur. Cette hauteur dépend en partie des propriétés du réseau poreux des pierres. D'un point de vue génétique, les solutions chargées depuis le sol migrent par capillarité dans les pores de la roche. Les alternances d'imbibition et de séchage favorisent les transferts et à une certaine profondeur, la cristallisation de sels éventuellement dissous dans les solutions. La profondeur de cristallisation (dépôt) dépend également des caractéristiques physiques et hydrodynamiques des milieux poreux des pierres. Il ressort des prélèvements réalisés dans les alvéoles et analysés par diffraction, une très forte concentration de sel (halite) qui semble absente dans les autres zones dégradées du bâtiment. •3.5; uftê n. 'U-*-^.-* ."; "7 J "' 5-8623 * NaCl Halite syn 1Ä-J . J l .i I Diffractogramme de la nature des efflorescences dans une alvéole. 31 Conclusion Le diagnostic de la typologie des altérations sur ce bâtiment met en évidence deux aspects essentiels : une réelle incompatibilité entre les tuffeaux et les mortiers mis en oeuvre ; l'existence d'une relation étroite entre d'une part la nature et la répartition des sels sur l'édifice, et d'autre part le type de dégradation. ••? T B 32 E. Les Bâtiments de la ville de Saumur 1. L'Hôtel de Ville L'Hôtel de Ville se compose de deux bâtiments accolés : - un petit château datant d u XVI ème siècle comprenant des tourelles d'angles en encorbellement et des mâchicoulis trèfles ; - un bâtiment du XIX è m e siècle, symétrique et plus richement sculpté par des fenêtres à linteaux décorés d'un arc en accolade et encadrées de colonnettes à fûts torsadés. La face Sud a fait l'objet de récentes restaurations parmi lesquelles on note : - un bûchage et un grattage de la tour centrale et de la base de la tour Est; une hydrofugation de la façade du bâtiment le plus récent ; un remplacement localisé de quelques moellons. L'Hôtel de Ville est essentiellement constitué par un tuffeau de teinte beige, à concentrations orangées (fer) dispersées dans la matrice. Le soubassement du bâtiment du XIX è m e siècle est constitué par un calcaire micritique dur (calcaire de Beauce). Dans les parties plus hautes, la lucarne centrale ornementée a été entièrement restaurée par un calcaire de teinte grisâtre. Les colonnettes qui encadrent les fenêtres ainsi que toutes les sculptures ont surtout été remplacées par des pierres de Chauvigny. . Description des altérations de la face Nord * Le bâtiment édifié au XIX ème siècle regroupe sur une m ê m e façade les quatre formes principales d'altération et peut à ce titre, être considéré c o m m e un cas d'école. Les encroûtements inorganiques se répartissent sur toutes les surfaces épargnées par les pluies fouettantes ou ruissellantes (surfaces en retrait surfaces à l'aplomb des corniches, bandeaux ou éléments architecturaux en saillie). A la base du bâtiment, quelques croûtes noirâtres adhérentes à la pierre témoignent d'un ancien encroûtement aujourd'hui desquamé. Sur la partie centrale de la façade, les surfaces abritées sont revêtues d'un épais encroûtement noir. Cet encrassement de poussières atmosphériques se développe également sous les bandeaux continus qui séparent le rez-de-chaussée du premier étage, le deuxième étage de la partie sommitale ainsi que sous les arcs en accolade surmontant les fenêtres. JO Les encroûtements biologiques (mousses et lichens) se développent exclusivement sur les surfaces humides qui restent épargnées par les ruissellements. Cette situation se rencontre à proximité des bandeaux sous les arcs en accolades et sur les fleurons des montants qui encadrent la partie centrale de la façade. Les dissolutions affectent, à des degrés différents, tous les éléments architecturaux soumis aux ruissellements. C'est en particulier le cas des parties basales des jambages des baies qui apparaissent érodées ou rongées. Le débit de plaques s'exprime d'une part sur la partie inférieure de l'assise de base (en contact avec le soubassement construit en calcaire dur) mais surtout au niveau des deux étages médians. Les plaques sont bien développées entre le bandeau situé à la base du premier étage et les appuis de fenêtres, ainsi que sur les moellons qui surmontent les arcs en accolades. C e type de dégradation affecte préférentiellement les surfaces exposées au Nord Ouest. * Le bâtiment rustique du XVlème siècle est d'une architecture plus sobre et est constitué essentiellement de tuffeaux. La première assise, en contact direct avec le sol est grossièrement alvéolée. Située en retrait de plusieurs centimètres par rapport au plan moyen de la façade, elle est colonisée par les mousses. C o m m e le bâtiment voisin, cet édifice présente des encroûtements très importants et un débit de plaques qui s'exerce sur les moellons situés à l'aplomb de la toiture. Le château se distingue du bâtiment du XlX^ins. siècle par une alvéolisation développée sur les encadrements des fenêtres étroites situées dans les parties hautes de la façade. La spécificité de cette façade réside dans l'extraordinaire concordance entre d'une part la morphologie des altérations, et d'autre part leur situation sur la façade. A l'aplomb des encorbellements, le parement se caractérise par une alternance de zones claires lessivées par les eaux de pluies issues des corbeaux, et de zones sombres encroûtées, situées entres des corbeaux et à l'abri de l'encorbellement. A une hauteur d'environ 2 m du sol, une frange brune à noire s'étend sur toute la largeur de l'édifice (photo 1). Cette frange délimite plusieurs formes d'altérations et met en contact des pierres encrassées ou lessivées selon leur position par rapport aux corbeaux, avec une zone basale plus fortement corrodée. Cet horizon brunâtre est une zone d'accumulation : - de poussières d'origine atmosphérique agglomérées par les eaux de ruissellement ; - d'oxydes et hydroxydes de fer provenant en partie au moins, de la roche. Le fer vraisemblablement libéré par altération de la pyrite ou de la glauconie est drainé vers la surface par evaporation des eaux capillaires. 34 Ruissellement "—• Corbeaux Encroûtement Lessivage Zone d'accumulation O O <> <h Remontées capillaires Schéma de l'agencement des types d'altérations. Vue de face. Description des altérations de la face Est Cette partie de l'édifice, abritée des pluies par la proximité d'un immeuble est un m u r aveugle. A l'image de la façade Nord, on observe une zonation verticale des dégradations. La partie basse, profondément alvéolée et généralement cachetée par un encrassement noir très épais. Bien que corrodés, les joints apparaissent en relief ce qui traduit des différences de dureté et de comportement de ces matériaux (photo 2). Dans la partie médiane, l'alvéolisation et l'encrassement sont de moindre intensité. Enfin, la partie haute en avancée par rapport au parement est préférentiellement altérée par un débit de grandes plaques (photo 3). Description des altérations de la face Sud La face Sud du bâtiment du XIX è m e siècle a été entièrement rénovée. En plus de la persistance de quelques salissures dans certaines zones abritées, les pierres de tuffeau présentent : JO - une accentuation anormale de leur teinte originelle verdâtre ; - à leur contact avec les joints, de discrètes efflorescences blanchâtres réparties de manière uniforme de part et d'autre du joint. Ces désordres, surtout visibles au niveau de la tour adossée, pourraient être liés au traitement par hydrofugation. Résultat des analyses minéralogique, chimique et microscopique Les diffractométries X effectuées sur un échantillon de tuffeau révèlent la présence de calcite, de quartz, et d'une importante fraction d'opale crypto-cristalline. Les encroûtements noirs prélevés par grattage ainsi que les plaques de tuffeau sont constitués essentiellement de gypse (cf. diffractograme n° 4). Sur l'échantillon prélevé dans la zone d'accumulation de couleur noire (face nord), l'analyse qualitative par fluorescence X révèle de forte teneur en soufre mais également des taux non négligeables de fer, et dans une moindre mesure, de phosphore, de chlore, de sodium, de zinc et de plomb (cf. diffractogramme n° 5 et microanalyse associée). En microscopie électronique à balayage, nous avons analysé la surface d'une croûte noire qui est composée essentiellement de gypse. C e minéral se présente sous des formes aussi variées que des amas globuleux, des lentilles ou des cristaux trapus (photo 6) sans qu'il soit possible d'associer, dans l'état actuel de nos connaissances, leur morphologie à une phase génétique particulière. Observée au M . E . B . , la "zone d'accumulation" brunâtre est une surface façonnée par les lessivages sur laquelle cristallisent des plaquettes gypseuses (partie gauche de la photographie) et des agglomérats ovoïdes riche en fer (hématite ; partie centrale de la photographie). Conclusion La description des principaux types d'altération des façades non ravalées de l'Hôtel de Ville révèle : - que l'encrassement noir est considérablement développé sur la façade Est, tandis que sur la face Sud, les pluies lessivent le parement empêchant ainsi sa formation ; - que le débit de plaques affecte préférentiellement la face Sud. Aussi, ce m o d e de lésion apparait être ici intimement lié à l'exposition des moellons ; - d'une manière générale, une bonne analogie entre une forme de dégradation donnée et sa localisation spécifique sur l'édifice. 15 ss: 6.9288 t*: 9.59 CuKai+2 Hi ^ \wj 5. ees uu ,11 I I. II I I ! .Ill H i ! ill !III t " 2theta M : 6ü4b. Linear 38.888> 33-9311 * CaS04.2H20 Gypsum syn 5-0586 * CaC03 Calci te syn < 12.880 Rh + Conpton peaks Zn <rPb Sr X: 2the ta V : 18382. Linear CRITT MATERIAUX 43.968> t i 1 1 I i :L_ ! ii f.-. r J * i iL. <J '; ¡"; . 1 V 1 125 il: Kírr¡¿ ¡ I 0 ¡j I L» 'J 1: "! c- i ¡H ¿il i::". •i ¡S i -\ '¡•i •••i '•1 :."1J i i - . X A '.'•'W^U' : • LL FS= I iti 2K ! i » ¿_L'i '-,111! ( . : • • - • ! . - it •! I SI ¡ !i .•"• i t ». i •¡ , jj - - • )• 2. La Bourse du Travail - 18 rue Cendrière Cette habitation située dans le centre de la ville présente trois faces ouvertes sur l'extérieur dont deux ont été totalement rénovées. Il est ainsi possible de comparer la face Ouest originelle avec les faces Sud et Est qui ont été bûchées, revêtues d'un placage en tuffeau puis hydrofugées à deux reprises (1970 et 1980). Les plaques de tuffeau d'une dizaine de centimètres d'épaisseur, sont scellées par un système d'accrochage (chevilles, vis ...) en laiton. L'ensemble du bâtiment est composé de tuffeau à l'exception des pierres du soubassement, des encadrements des portes (moellons entiers) et des appuis de fenêtres qui sont en calcaire de Chauvigny. La face Ouest normalement plus arrosée que les autres façades, est assez logiquement peu encrassée. Elle est toutefois affectée par : - un débit en plaques très étendu notamment à proximité d'un épais ragréage au ciment gris au niveau du pignon ; - d'intenses dissolutions qui corrodent indifféremment les appuis de fenêtres et les joints de pose. Ces derniers apparaissent fréquemment en retrait de plusieurs centimètres ; - une fracturation de certains joints qui se poursuit dans la pierre. Les faces restaurées Sud et Est sont relativement propres, claires à l'exception du petit muret qui prolonge la face Sud vers l'Ouest. Celuici, coiffé par des dalles horizontales en tuffeau, est revêtu par un encrassement noir en grande partie exfolié (photographie 1). Directement sous les dalles, les eaux de pluie ruissellent à travers les joints ouverts ou défectueux ; sur un m ê m e moellon, il peut se développer côte-à-côte une mince pellicule de gypse lorsque le ruissellement est insuffisant pour l'évacuer, ou au contraire, une corrosion superficielle des pierres si le ruissellement est plus intense. Dans ce dernier cas, les moellons sont pulvérulents et creusés sur un centimètre de profondeur. Mis à part les dégradations des pierres situées à l'aplomb des dalles sommitales du muret, les parements verticaux de la façade Sud présentent : des salissures induites par le rejaillissement des eaux de pluies. A u niveau des appuis des fenêtres et de la première assise du soubassement, les pierres sont soumises à un taux d'humidité très élevé en surface, d'autant plus élevé que la pénétration de l'eau est normalement limitée d u fait de l'hydrofugation : l'agglomération de poussières diverses y est donc favorisée (photographie 2) ; - une modification superficielle de leur teinte originelle. Plusieurs moellons du pignon mais également la plupart des placages de la 2 0 è m e assise montrent une teinte grisâtre. Cette perturbation de surface qui se limite toujours à la forme rectangulaire des pierres, met en évidence la variabilité de leurs propriétés de surface vis-àvis de l'hydrofugation. D e plus, et à l'image des tuffeaux hydrofugés sur l'Hôtel de Ville, les pierres traitées semblent arborer une légère teinte verdâtre qui pourrait souligner l'inaptitude du produit de traitement au vieillissement ; cette hypothèse de travail reste à confirmer ; une désagrégation sableuse des tuffeaux favorisée par l'incompatibilité de structure des pierres assemblées. Elle s'exprime préférentiellement au contact des pierres de Tuffeau et de Chauvigny situées entre les deuxième et troisième assises ; le tuffeau est pulvérulent, rongé et creusé sur un à deux centimètres de profondeur (photographies 2 et 3). Conclusion Si le traitement par hydrofugation est efficace, ce qui reste à vérifier par des mesures in situ appropriées, il n'en demeure pas moins qu'il engendre des effets secondaires indésirables. Sur une période de dix ans, la présence des mousses et des lichens témoigne d'un milieu suffisemment humide pour permettre leur développement. La modification apparente de la teinte superficielle des tuffeaux -mais aussi des joints au mortier- met en évidence un vieillissement contestable de l'ensemble produit-tuffeau. La connaissance de la profondeur de pénétration et de la répartition d'un produit hydrofuge dans des milieux poreux aussi différents que les tuffeaux et les calcaires de Chauvigny devrait permettre d'argumenter du choix d'un traitement adapté. Immeuble 18 rue Cendrière Légende 1. Muret de la face Sud - Aspect des zones encroûtées et dissoutes. 2. Face Sud hydrofugée - Dégradations induites par le rejaillissement des eaux de pluie. 3. Face Sud - Détail de la corrosion du tuffeau tendre au contact de pierres de différentes natures. 4. Spectre de diffraction X - Pulvérulence de tuffeau prélevée au niveau du muret de la face Sud. 181 55: 0.0200 tW. Má x : 2tl¡£'ta y : 5. OHÖ :• •.•••:'•• * •'. ,^.o:'t >; . i U i t<.' • - m 33-1161 * Si02 Quartz low syr, 0.50 CuKal+2 btítatitóMnáí •*X^/ 5823. Linear* '¿tí.Vm) F. Les Bâtiments de la ville de Blois I. L'immeuble du 51 rue Porte-Côté La façade principale de cet immeuble d'habitation orientée au Sud, comprend un entresol surmonté par trois étages (cf. photo 1). La base de chaque étage est souligné par un cordon plus ou moins proéminant et continu. Cette façade présente une symétrie par rapport à un plan vertical médian qui révèle une certaine rigueur dans sa conception, tant au niveau architectural qu'au niveau de la nature des matériaux utilisés : . La baie centrale du 2 è m e étage, légèrement en avancée par rapport au parement, est enrichie d'un petit balcon en encorbellement, lui m ê m e flanqué de pierres en bossage à onglet puis de pseudocolonnes engagées et ornées de cannelures. Ces pierres assemblées en bossage déterminent également le m o d e de mise en oeuvre des dix assises du premier étage, à l'exception des parements lisses qui séparent les baies extérieures de chaque étage. . Plusieurs types de pierres composent ce bâtiment. Le premier étage est construit en un calcaire jaunâtre, homogène et assez tendre. A la base du deuxième étage -sur une hauteur d'un mètreil est surmonté par un calcaire grossier, plus compact et de patine grise claire tandis que les parements des étages supérieurs sont au moins pour l'essentiel construits en tuffeau. Dans son ensemble, la façade est peu dégradée. Les lésions observées coïncident généralement avec une "logique" d'exposition et de m o d e de mise en oeuvre des pierres. Ainsi, et de façon comparable aux désordres décrits sur l'Immeuble de la rue Jeanne d'Arc à Chinon, les dégradations consistent principalement en : - un encrassement localisé sur les parties humides épargnées par les lessivages : zones sous-jacentes de l'entablement, faces inférieures des bandeaux et des cordons. L'encrassement superficiel des pierres du 1er étage est davantage prononcé que celui des étages sus-jacents. C e fait d'observation est attribué à une moindre efficacité des lessivages, vraisemblablement due à la plus forte rugosité de la surface des calcaires de cet étage, ou encore à l'évacuation effective des eaux de ruissellement à partir du cordon (cf. photo 1 et 2) ; - un lessivage de la quasi-totalité des tuffeaux situes au second et troisième étage. Ces lessivages réduisent ou éliminent les éventuels encroûtements et restituent la teinte claire originelle de la pierre. Ils évoluent habituellement vers un phénomène de dissolution des tuffeaux qui se caractérise par une pulvérulence des surfaces : les cannelures qui bordent les fenêtres d u deuxième étage sont d'autant plus affectées qu'elles présentent un rapport d'exposition (surface/volume) plus élevé ; - u n débit en plaque faiblement exprimé sur les pierres d'angle mais prononcé au contact du bandeau qui limite le tuffeau d u calcaire sous-jacent gris et grossier (cf. photo 3). L'analyse diffractométrique des produits d'altération (plaque pulvérulente de tuffeau) met en évidence, une fois encore, la seule présence du sulfate de calcium (gypse). Cette situation, déjà décrite sur l'Hôtel de Ville de Châtellerault et sur l'immeuble rue Cendrière à Saumur, résulte d'une incompatibilité des pierres en oeuvre, tant au point de vue de leurs propriétés mécaniques (dureté, compétence) que de leurs propriétés hydrodynamiques (transfert de solutions aqueuses). 2. La façade principale de l'église Saint-Saturnin Située sur la rive gauche de la Loire, l'Eglise Saint Saturnin a été construite dans sa presque totalité au XVèmç. siècle. C e m o n u m e n t fut l'objet au cours des siècles passés, de nombreuses restaurations lui conférant une forte hétérogénéité : les façades Nord et Sud, en relativement bon état ont conservé leur sobriété architecturale originelle contrairement à la façade principale Ouest dont les trois portails s'identifient au style gothique flamboyant. Nature des pierres et des mortiers en oeuvre Le soubassement est constitué sur ses trois premières assises, par un calcaire de Beauce très compact de couleur gris clair. A u niveau du portail central ces pierres froides sont surmontées sur une hauteur moyenne de six assises par un tuffeau souvent très dégradé de couleur et de patine beige-ocre (tuffeau "jaune" ; cf. photographie 1, 2B). D u fait des restaurations antérieures, la quantité des tuffeaux jaunes sur le monument est considérablement réduite ; ces pierres sont encore fréquentes dans la partie basse des colonnades moulurées qui encadrent le portail central. Dans les parties susjacentes et jusqu'au gable, le tuffeau jaune est surmonté par un 40 tuffeau "blanc" à patine grise. A l'occasion d ' u n e récente restauration, les pierres des arêtes d u contrefort travaillé qui sépare le portail N o r d d u grand portail ont été remplacées par u n calcaire gris, h o m o g è n e et grisâtre (cf. photo 2). C e calcaire a été a b o n d a m m e n t utilisé pour différentes réfections et en particulier celles des contreforts. La diversité pétrographique des matériaux naturels utilisés se retrouve au niveau des mortiers. Trois générations de mortiers ont été identifiés : un mortier blanc (originel ?) dont le liant est à base de chaux ; un mortier plus grossier, rougeâtre dont la charge se compose de fragments de briques ou de tuileau ; u n mortier récent, très dur, au ciment silicate. Il n'existe pas de relation simple dans l'agencement des pierres avec les différents mortiers. Typologie des altérations La plupart des types de dégradations connus existe sur cette façade principale. Les encroûtements noirs affectent les archivoltes en retrait d u grand portail sous la forme d ' u n encrassement pelliculaire uniforme. Les dissolutions se concentrent sur les éléments architecturaux les plus exposés (corniche et dais ornant les contreforts) ; toutes les pierres ainsi soumises à des lessivages excessifs sont emoussées et usées. Les plaques se développent sur les parties basses de l'édifice : au contact d u calcaire de Beauce sur l'assise de base des contreforts S u d : les plaques d'épaisseur millimétrique sont alors indurées ; sur les colonnades en tuffeau qui encadrent les portails : la surface de décollement est alors tendre et poudreuse ; sur les parements verticaux de part et d'autre des archivoltes où la surface de décollement est également poudreuse et feuilletée. U n e facturation n o n négligeable se développe également sur les parties basses des colonnades qui encadrent le portail central. Si certaines des fissures résultent de cassures "volontaires", d'autres témoignent de distensions propres induites par le comportement thermique et/ou hydrique des matériaux (cf. photographie 3). Par rapport aux autres bâtiments visités, la façade Ouest de cette église est intensément dégradée par un encroûtement de mousses et de lichens. Le développement de ces organismes est tel qu'il n'est plus possible d'expliquer leur présence par la seule exposition des pierres bien que 41 les zones les plus affectées restent les surfaces faiblement inclinées, favorables à un meilleur "enracinement" des mousses (cf. photo 1). Spécificité des altérations Les analyses minéralogiques effectuées par diffraction des rayons X sur le tuffeau "blanc" (cf. photo 2 A ) et le tuffeau "jaune" (cf. photo 2 B) révèlent des compositions minéralogiques différentes : le tuffeau blanc (spectre 212 A ) comprend d u quartz et de l'opale cryptocristalline tandis que le tuffeau jaune (spectre 20) en est dépourvu. Ainsi, sur les tuffeaux de cette façade, il existe probablement une relation entre la teinte et la teneur en silice. S'il est prématuré d'associer pour des conditions d'expositions identiques, une quelconque dépendance entre la minéralogie et l'ampleur d'une dégradation donnée, il n'en reste pas moins vrai que les tuffeaux blancs présentent une desquamation parfois plus prononcée que celle des tuffeaux jaunes. Spectre de diffraction : 212A : tuffeau blanc ; photo 2.A. 20 : tuffeau jaune ; photo 2.B. 2ti¡eta y 3719. Linear 12-0264 D Hax<Al.H'j)2Si4018<0H>2.zH20 Honîwori1ioniti 5-8586 * CaC03.Calci te syn BBÜ J"ÜJ3C 33-1161 * Si02 Quartz low syn Siô2 T> < W M PIj é <? rijft 7-@025 I KA12Si3A1018<0H>2 Muscovite H ;nn 13-0259 Q Na8.3<Al, Mg>2Si4018<0H>2. xH20 Môntwori î loni te A