Chapitre 9 l’essentiel sur la stratification sociale
Au sens strict, la stratification est plus qu’un simple classement mais renvoie à l’idée d’une hiérarchie. On
classe les individus sur une échelle ascendante de pouvoir, de prestige, de situations (revenu, patrimoine). Ces
groupes peuvent être définis par la loi (dans certaines sociétés, les individus n’ont pas les mêmes droits), ou
par les faits. En France, les individus sont égaux en droits mais pas dans les faits.
Les analyses en termes de classes sociales ont une portée plus théorique : mettre à jour les rapports sociaux
qui structurent la société et révéler les contradictions, antagonismes et rapports de domination entre
groupes sociaux
I- Le classement des Professions et Catégories socioprofessionnelles (PCS) dans
quelle mesure cet outil nous permet-il d’analyser les différences sociales ?
A- Comment la nomenclature des PCS classe les actifs ?
Créateur de l’Outil : INSEE. Il fixe les principes de construction de cette classification et explique
pourquoi il propose ce type de classement
Les principes de classement
Principe général : homogénéité sociale d’une catégorie
Homogénéité rapportée explicitement à la notion de groupe social extrait document 13 p 98 (Hatier)
« Personnes susceptibles - d’entretenir des relations personnelles entre elles,
- d’avoir des comportements et attitudes analogues,
- se considérer comme appartenant à la même catégorie,
- d’être considérées comme appartenant à la même catégorie par les autres »
(code des métiers) INSEE
Plusieurs critères de classement. Cet outil fonctionne de façon hiérarchique seulement pour les salariés (il
classe les salariés des moins aux plus diplômés)
Critères discriminants : ayant
permis le classement
Caractéristiques de la PCS qui découlent de
ces critères de classement
Agriculteurs
exploitants
indépendants = les agriculteurs sont des
chefs d’entreprise
secteur primaire
souvent faible niveau de diplôme, groupe
masculinisé, peu nombreux, patrimoine important
(propriété du matériel de production et des
terres)
Artisans,
commerçants,
chefs
d’entreprise
Indépendants = chefs d’entreprise
Secteur secondaire et tertiaire
On y trouve les petits patrons (moins de
10 salariés) et les autres
Niveau de revenu moyen mais une moyenne peu
révélatrice (mélange de catégories très diverses)
Cadres et
professions
intellectuelles
supérieures
Haut niveau d’étude : professions
libérales + cadres…
Niveau important de responsabilité
Cette catégorie mélange des salariés et
indépendants (les hauts niveaux d’études).
Haut niveau de consommation et de revenu. Fort
capital culturel et social
Professions
intermédiaires
Niveau d’étude moyen : techniciens,
travailleurs sociaux, professions de
secteur de la santé…
Catégorie de salariés dont avec quelques groupes
d’indépendants (infirmières libérales)
Niveau de consommation et de revenu moyens
Niveau de capital culturel et social moyen
Employés
Salariés de faible niveau d’études
Activité d’exécution- non manuelle
Niveau de revenu proche.
Parmi les niveaux de consommation les plus bas
Ouvriers
Salariés de faible niveau d’étude
Activité d’exécution – de type manuelle
2) Intérêt et limites de la grille (ou nomenclature) des PCS
Quel est l’intérêt d’un tel outil ?
Les limites de la grille des PCS
Cet outil permet de repérer rapidement les
différences entre les différentes catégories
sociales sur un sujet => montre les inégalités dans
plusieurs domaines selon l’origine sociale.
L’intérêt de cet outil est de comparer les
différentes catégories socioprofessionnelles. Et
donc de montrer les différents modes de vie des
actifs par rapport à leurs salaires et leurs
niveaux d’étude.
Cet outil nous a permis de souligner les inégalités
entres les différentes catégories tout en
sachant, que chacune de ses catégorie présente
une certaine homogénéité dans les revenus,
pratiques de consommation.
Il permet d’identifier les grandes lignes de
fractures entre les groupes sociaux dans notre
société : ex le statut socioprofessionnel demeure
aujourd'hui un élément essentiel pour classer les
individus (la profession, son statut, le niveau
d’étude…)
A- Un outil qui présente certaines imperfections
Cet outil ne montre pas les détails de chaque catégorie
sociale : est-ce que les résultats sont strictement les
mêmes pour toute la PCS concernée ?
Pourquoi cela ? cf texte n°22 p 103 : la transformation
de la nomenclature en 1982 a fait que la catégorie des
employés a gonflé. Certes, elle rassemble pour
l’essentiel des professions peu ou pas qualifiées mais
comprend maintenant les policiers et militaires et les
personnels de services aux particuliers (ménage…). Du
coup, le groupe des employés n’est pas forcément très
homogène en termes de consommation ou d’habitudes
culturelles. Par ailleurs, se sent-on « un employé » ?
B- Une grille qui ne permet pas d’observer certaines
inégalités : en fonction âge, du sexe, du quartier
d’origine, du risque de connaître le chômage…
La grille classe les professions et non les individus qui
les occupent. Une personne très qualifiée peut occuper
un emploi d’employée.
Population totale
INACTIFS
A
C
T
I
F
SALARIES
NON SALARIES
Secteur
secondaire et
tertiaire
Secteur
primaire
Très
qualifiés
Qualifiés
Travail non
manuel
Travail
manuel
Peu qualifiés
II- La France : fin ou retour des classes sociales ?
2.1- Qu’est ce qu’une classe sociale ?
Karl Marx, 1818-1883.
Les 3 critères qui définissent une classe sociale selon Marx
-une même place dans le processus de production (propriétaire des moyens de
production ou non)
-des intérêts communs et des modes de vie semblables
-conscience de ces intérêts communs et mobilisation collective pour les
défendre=conscience de classe et lutte des classes.
Les deux premiers forment la classe « en soi » = du point de vue de l’observateur.
Les 3 forment la classe « pour soi ».
Pour Marx, il y a deux classes principales qui s’opposent (dans la lutte) dans la société industrielle.
Pour Marx, la lutte des classes est au centre de la société car c’est autour d’elle que se construisent les
classes sociales (prolétaires/bourgeois). Dans l’approche marxiste, le critère économique est central (place
dans les rapports de production) pour définir les classes sociales. Ce sont des groupes réels, qui possèdent
une unité, une cohésion, souvent même une conscience de classe.
Dans cette approche, les comportements individuels sont en partie orientés par les structures sociales dans
lesquelles les individus sont intégrés car il y a une forte reproduction sociale. On parle alors d’analyse holiste.
Weber, Max (1867-1920)
Autre vision héritée d’un autre sociologue fin 19-début 20ème siècle . Pour Weber : la
dimension économique est un aspect de différence sociale mais c’est aussi la différence
de prestige et de pouvoir qui distingue les individus les uns des autres. Là aussi le
phénomène de la domination d’un groupe sur un autre est essentiel. Pour l’analyse de la
société contemporaine : dans cette même vision, analyse de Max Weber.
Pierre Bourdieu (1930-2002)
Cf document 29 p 106
Pour Pierre Bourdieu, les groupes sociaux se distinguent selon leur niveau de capital
économique, culturel et social.
Le capital économique : il représente l’ensemble des ressources économiques de
l’individu, ses différents revenus, patrimoine…
Le capital culturel : il est approché par le niveau de diplôme, la durée des études de
l’individu.
Le capital social : il est composé du réseau de sociabilité de l’individu, c'est-à-dire
l’ensemble des relations mobilisables en cas de besoin.
Certains groupes sont très bien dotés en capital économique, culturel et social (les grands bourgeois),
d’autres seulement moins bien en capital économique mais fortement en capital culturel (les enseignants)…
Document : êtes-vous un(e) bourgeois(e) ?
1- Capital économique
Possédez-vous un portefeuille de valeurs mobilières (actions,
Sicav, …) ?
Disposez-vous d’au moins une personne à temps plein pour vos
besoins domestique ?
En plus de votre résidence principale, disposez-vous d’au moins
deux autres résidences ( lieux de villégiature, ou pied-terre
dans de grandes villes) ?
2- Capital familial et social
Connaissez-vous les prénoms de vos arrières-grands
parents ?
Pendant l’enfance, avez-vous passé des vacances en
compagnie de cousins et cousines dans des maisons de
famille ?
Participez-vous à des dîners au moins deux fois par semaine
( comme hôte ou comme invité) ?
Etes-vous assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune ( ISF) ?
Possédez-vous des biens mobiliers ou immobiliers à l’étranger ?
Etes-vous membre d’un cercle auquel vous auriez été
présenté par des parrains ?
Avez-vous des membres de votre famille qui soient de
nationalité étrangère.
3- Capital culturel
Etes-vous élève ou ancien élève d’une grande école permettant
d’intégrer un grand corps de l’Etat ?
Enfant, vos parents vous emmenaient-ils dans les musées de
manière régulière ?
Allez-vous au théâtre, au concert ou à l’opéra au moins une fois
par mois en moyenne ?
Achetez-vous des œuvres d’art ou des antiquités ?
Parlez-vous au moins deux langues étrangères
4- Capital symbolique
Etes-vous dans le Bottin Mondain ?
Des rues, à Paris ou ailleurs portent-elles le nom de membres
de votre famille ?
Votre famille dispose-t-elle d’une maison de maître dans un
village ?
Etes-vous membre actif d’une société caritative ?
Etes-vous membre de la Légion d’honneur ?
M et M Pinçon, sociologie de la Bourgeoisie ,repères
2.2- La France est-elle une société de classe ? (sujet de type dissertation)
Observer la société comme constituée de classes sociales, c’est observer :
- les groupes dont les membres connaissent des situations sociales communes en termes de revenus
ou de niveaux de formation générale
- des groupes dont les membres partagent une culture commune. Du coup, possibilité d’avoir des
relations (voisinage, fréquentation des mêmes lieux de loisirs ou de travail ;..)
du coup, sentiment d’appartenir à une même classe sociale (= conscience de classe)
- que les groupes peuvent être mobilisés pour maintenir la position sociale de ses membres ou
l’améliorer.
Une introduction rédigée
Depuis l'après deuxième guerre mondiale il y a une indéniable
réduction des inégalités de niveau de vie, de niveau de consommation,
d'accès à l'école, à la santé, aux loisirs et médias, à la culture… Mais
depuis les années 1980, on assiste à un arrêt puis/ou à une reprise des
inégalités précédemment nommées. On assisterait donc à un retour
objectif des classes sociales. Pourtant le sentiment d'appartenance à une
classe sociale n'a jamais été aussi faible comparé à la reprise des
inégalités. La question est de savoir si cette conscience de classe va se
reformer, comment et quand. Avons-nous changé d'époque (le temps de
Karl Marx serait terminé). Notre société salarisée (90% des actifs sont
des salariés), qui connaît une consommation de masse, uniformisée par les
médias…, ne se penserait plus en termes de classes sociales Ainsi, nous
montrerons tout d’abord que depuis les années 50, la société semble moins
structurée en termes de classes sociales. Puis, nous verrons comment des
clivages sociaux persistent ou et même réapparaissent depuis les années
80 et comment les phénomènes de reproduction sociale peuvent continuer
à exister.
I- Depuis les années 50, la société semble moins structurée en terme de classes sociales
A- La société dans son ensemble voit son niveau et ses conditions de vie s’améliorer
B- Le sentiment de classe est moins présent
II- Pourtant, les phénomènes de reproduction sociale peuvent continuer à exister.
C- les clivages sociaux persistent dans la société
D- Les phénomènes de reproduction sociale peuvent continuer à exister.
En terminale, vous repartirez de ces réflexions et vous travaillerez sur les problématiques suivantes :
- la société française aujourd’hui connaît-elle de la mobilité sociale ?
Des éléments de la
définition d’une classe
sociale sont apportés
La problématique est
présentée = le
questionnement qui va
guider la dissertation
Annonce des deux
grandes parties
Eléments de cadrage,
pourquoi la question se
pose aujourd’hui ?
- La société connaît-elle une tendance à la moyennisation ou à la polarisation.
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