Bilan d’imagerie des fractures articulaires de l’épaule
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- La classification AO/OTA est intéressante
et détaillée concernant les fractures arti-
culaires, récemment actualisée. Elle offre
une description détaillée non seulement
de la localisation et de l’orientation du
trait de fracture, mais aussi de sa position
exacte dans la cavité glénoïdale, sché-
matiquement divisée en 4 quadrants.
Cette donnée est intéressante puisqu’elle
oriente vers une voie d’abord antérieure
ou postérieure [1].
Il est dans tous les cas indispensable. Il doit
toujours comprendre une face et un profil, qui
posent le diagnostic et orientent d’emblée le
traitement. Les conditions de réalisation des
clichés aux urgences sont souvent difficiles
mais les critères de qualité doivent être res-
pectés pour ne pas méconnaître des lésions,
en particulier une luxation associée. La
concordance intra- et inter-observateur de la
classification des fractures est mauvaise quel-
le que soit la classification utilisée. Les raisons
sont multiples (difficulté des mesures de dé-
placement et d’angle, mauvaise visualisation
des fragments fracturés). Elle s’améliore toute-
fois avec l’expérience du lecteur [2].
Radiographie “classique” de face de
l’épaule
C’est un cliché de face antéro-postérieur
en double obliquité, ce qui signifie une rota-
tion du tronc de 45° vers le côté examiné et
une inclinaison du rayon de 25° vers le bas.
Ceci assure la tangence à la glène, permettant
de dépister une luxation, en particulier posté-
rieure, et de dégager l’espace sous-acromial.
Les clichés en rotation interne et externe, s’ils
peuvent être réalisés, permettent une meilleu-
re analyse des tubérosités.
Un cliché de face vraie en décubitus, ou
incidence de Railhac, peut s’avérer très infor-
matif et est très simple à réaliser en cas d’im-
potence fonctionnelle. Le patient est en décu-
bitus dorsal et le rayon vertical. Cette
incidence expose parfaitement la moitié laté-
rale de la clavicule, l’articulation acromio-
claviculaire, la scapula et le gril costal supéro-
latéral. Mais elle ne dégage pas l’interligne
glénohuméral (fig. 5).
Radiographie de profil de l’épaule
Le cliché de profil le plus simple à réaliser
en cas d’impotence fonctionnelle est le profil
de Lamy. Il permet également l’étude de
l’omoplate, en particulier de la coracoïde. Le
profil axillaire ne peut être proposé qu’après
avoir éliminé une fracture complexe sur le cli-
ché de face. Il peut être réalisé avec une faible
abduction en positionnant la cassette sur le
moignon de l’épaule et avec un rayon ascen-
dant. Il étudie la coracoïde, la morphologie
de l’acromion et la glène.
Autres incidences utiles en complément
L’incidence de Garth est particulièrement
utile en cas de luxation. Elle s’effectue en po-
sition assise ou debout, main posée sur
l’épaule controlatérale, bras en rotation mé-
diale. Le rayon directeur est incliné de 45° en
cranio-caudale. Elle montre 90 % des lésions
de Malgaigne et des lésions du rebord antéro-
inférieur de la glène.
Un profil d’urgence, patient penché en
avant en oblique antérieur, inclinaison podo-
craniale du rayon de 30 à 40° peut être réalisé
en cas de patient non mobilisable. Ce cliché
est utile pour évaluer le centrage de la tête,
rechercher les atteintes de la partie postéro-
latérale de la tête ou du bord antéro-inferieure
de la glène.
En cas de suspicion de fracture de la cora-
coïde, le bilan radiographique est souvent pris
en défaut. Les incidences les plus sensibles
sont le profil axillaire et une incidence de face
avec inclinaison céphalique de 45 degrés.
Les profils glénoïdiens ne sont pas réalisés
en urgence mais font partie du bilan à dis-
tance d’une luxation. Ils étudient le rebord
glénoïdien.
L’anatomie complexe de la scapula rend le
bilan radiographique simple souvent peu
contributif. On effectue des clichés centrés
sur l’omoplate de face et de profil strict.
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