TRIBUNE
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La Lettre du Sénologue - n° 10 - septembre 2000
Les auteurs démontrent qu’ils retrouvent, chez 80 % des
patientes sous tamoxifène, des kystes ovariens (contre 8,3 %
pour le groupe contrôle). Des irrégularités de cycle sont égale-
ment plus fréquentes dans le groupe traité (50 % contre
16,7 %), et des variations de taux hormonaux ont été enregis-
trées pour le 17ß-estradiol, avec des taux trois fois supérieurs à
ceux des témoins. Cependant, cette étude ne porte que sur un
cycle, et il n’est pas précisé si la symptomatologie devient
fonctionnelle ou s’il s’agit seulement d’une découverte écho-
graphique. Il n’est pas non plus précisé ce qu’il advient de ces
kystes ovariens quand on prolonge le traitement.
Autres études
Beaucoup d’études ont été présentées à partir d’un petit
nombre de cas isolés (35, 41-43).
PROPOSITIONS
Compte tenu de ces données sporadiques dans la littérature,
nous proposons un enregistrement prospectif des patientes non
ménopausées sous tamoxifène à l’aide du modèle de fiche ci-
joint (figure 1), qui collecte les données fonctionnelles, phy-
siques et biologiques à trois mois, six mois et un an.
Protocole
Sélection des patientes : toutes les patientes âgées de moins
de 50 ans, mises sous tamoxifène après un cancer du sein en
situation adjuvante, qu’elles soient non ménopausées ou en
aménorrhée induite par la chimiothérapie.
NB : si une patiente est en aménorrhée de moins d’un an après
la chimiothérapie, elle entre dans l’étude.
Critères d’exclusion : patientes ménopausées depuis plus
d’un an avant la chimiothérapie, patientes hystérectomisées
avec ablation des ovaires. On vérifiera qu’il n’existe pas
d’autres prises hormonales, telles qu’un traitement hormonal
substitutif de la ménopause, une contraception orale ou des
progestatifs isolés.
Posologie et modalités d’administration du traitement :
tamoxifène 20 mg, un comprimé tous les matins pendant 5 ans.
Si cette dose est difficilement supportée, notamment en raison
de problèmes digestifs ou de bouffées de chaleur, on peut la
répartir en deux comprimés de 10 mg (un le matin, un le soir).
Le protocole de surveillance prévoit un premier entretien avec
le médecin investigateur pour expliquer la raison de l’étude,
recueillir le consentement éclairé de la patiente et lui donner le
schéma d’étude. Les consultations à trois mois et à six mois
pourront être confiées au gynécologue habituel de la patiente,
qui sera informé du protocole et aura des fiches d’enregistre-
ment à remplir, qu’il transmettra au centre investigateur.
Associée à ces aspects gynécologiques, une recherche évaluant
la qualité de vie sera effectuée, avec un questionnaire validé.
Évaluation préthérapeutique : une consultation gynécolo-
gique en début de prise du tamoxifène est souhaitée. Elle a
pour but :
– de vérifier l’absence de pathologie ovarienne préexistante, de
type dysovulation ou kyste de l’ovaire,
– de proposer une contraception efficace, et d’informer des
risques tératogènes de la molécule.
Elle permet la réalisation d’un frottis s’il a moins de deux ans.
Si la patiente est en aménorrhée récente (postchimiothérapie
immédiate), un frottis vaginal peut être réalisé pour connaître
l’imprégnation hormonale.
Une échographie pelvienne complétera l’examen gynécolo-
gique afin de visualiser les ovaires. Cette échographie sera réa-
lisée de préférence en début de cycle si la patiente est toujours
réglée.
Surveillance : à trois mois, six mois et un an, consultation
gynécologique avec interrogatoire et recherche de signes fonc-
tionnels (bouffées de chaleur, algies pelviennes, anomalies des
cycles avec soit ménométrorragies soit aménorrhée, cépha-
lées...), de signes physiques (prise de poids, insuffisance vei-
neuse des membres inférieurs, paraphlébites ou autres...).
L’examen gynécologique recherchera une anomalie pelvienne.
Une échographie pelvienne sera également réalisée, à la
recherche d’anomalies de type dystrophie ovarienne, kyste
ovarien.
Une prise de sang sera effectuée au 10ejour du cycle, compre-
nant un dosage de la FSH et du 17ß-estradiol.
Les traitements, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux, seront
soigneusement consignés. Si certaines patientes arrêtent le trai-
tement, les raisons de l’arrêt seront explicitées.
CONCLUSION
Cette étude a été présentée à la Commission de recherche cli-
nique du Centre Alexis-Vautrin et a reçu son accord. Elle a été
soumise à l’examen du Comité consultatif de protection des
personnes se prêtant à des recherches biomédicales (CPPRB).
Elle a également été présentée à un certain nombre de centres,
qui se sont montrés intéressés et se sont proposés comme
centres investigateurs (centres anticancéreux, centres privés,
cabinets de gynécologie...). La liste n’est pas définitive.
Si cette étude vous intéresse, il suffit de contacter le
Dr Lesur au Centre Alexis-Vautrin (Tél. : 03 83 59 84 07).
L’avantage de cet enregistrement prospectif de patientes réside
essentiellement en l’observation en temps réel des effets
secondaires, souvent notés sporadiquement et rapportés de
façon non exhaustive. Cela permettra, sur 300 patientes, de
donner les pourcentages réels observés de celles présentant des
anomalies, ainsi que le pourcentage éventuel d’arrêts en raison
de ces effets secondaires. ■