
Certains patients experts sont formés par les associations de patients (40 heures-attestation de niveau 1),
d’autres formés aux côtés des soignants dans une faculté de médecine (40 heures, DU, Master). La
formation, les acquis en termes de savoir, les rôles et les compétences de terrain diffèrent et un équilibre
reste à trouver entre ces patients-experts et les soignants pour bâtir l'éducation thérapeutique de demain.
Pour faire émerger un nouveau métier dans une organisation déjà complexe, il est nécessaire de clarifier le
rôle, la place du patient expert, d’organiser et d’encadrer les formations.
Actuellement, d’après la loi, les programmes ETP peuvent impliquer des patients dans la conception à
l’animation des ateliers. Les programmes d'ETP peuvent être coordonnés par une personne mandatée par
une association de patients agrée. Pour information, selon les chiffres du ministère de la santé, seulement
0.8 % des programmes sont portés par des associations de patients. Le ministère n’a aucune statistique
concernant l’implication de patients dans la mise en œuvre des programmes. La loi parle d’associations de
patients, pas des patients experts. La posture de patient expert demeure pour l’heure une posture
universitaire. Il s’agirait d’apporter aux patients d’apporter un plus, une innovation au système de soins, en
complémentarité avec les soignants et en complémentarité avec les associations de patients.
Un acteur complémentaire et formé avec les soignants
Les soignants peuvent innover avec « l'expertise profane » des patients-experts. L’éducation thérapeutique
du patient par des patients experts permet d’humaniser le soin et d’apporter une expérience, un soutien et
un accompagnement aux patients atteints de maladies chroniques. Les professionnels de santé apportent
leurs compétences de soin, les associations de patients apportent de la visibilité aux malades et aux
maladies, les patients experts doivent faire le lien et aider les patients à mieux vivre.
Le patient expert est un acteur de l’éducation, son rôle se situe en complément du soin. Il ne substitue pas
au soin, il est un acteur de l’éducation. C’est une interface, un collaborateur, un partenaire, un acteur
innovant se situant aux cotés des soignants dans le système de santé. Il apporte un rôle social, une
expertise dans l’organisation des soins et une pédagogie. Il ne travaille pas sur la qualité des soins mais sur
la qualité de vie, le mieux-être ses missions spécifiques sont différentes des soignants. Avec la connaissance
à la fois profane et riche d'expérience de sa pathologie, de son vécu et d’un capital social « qualité de vie »
avec une formation adaptée et qualifiante (avec les soignants, comme celle du DU de l’université des
patients), le patient-éducateur n’a pas un rôle de soignant, mais un rôle de santé, d’aidant social et
d’éducateur. L’éducation thérapeutique demande des techniques éducatives spécifiques appropriées et
autres techniques de relation d’aide centrées sur la personne.
Pour prétendre à cette fonction, le patient expert doit connaître :
le mode de vie des patients et les différents modèles liées à la maladie
les compétences de l’éducateur pédagogue (écoute active, entretien motivationnel, ingénierie
pédagogique et en animation…)
l’organisation et du fonctionnement sanitaire de santé (réseaux de santé, planification, droit des
usagers…), la politique associative et les associations de patients
Une place à trouver entre les professionnels de santé et les représentants des usagers
Ce que certains ont pris l’habitude d’appeler « patient expert » est à bien différencier des représentants des
usagers. Pour autant, cette traduction littérale des experts patient anglo-saxon ne renvoie en France à
aucune réalité, aucune place actuelle, aucun métier. Ce rôle est encore à définir, à encadrer à développer…
Pour se démarquer parmi les soignants et les associations, il faudrait un métier reconnu. Au Royaume-Uni,
aux Etats- Unis, aux Pays-Bas et au Canada, les formations en éducation ont donné lieu à une
professionnalisation du métier. Pour pouvoir exercer, les éducateurs canadiens doivent obtenir
l’agrément/certificat national en suivant une formation continue et un examen. Au Royaume-Uni, il est
possible d'accéder aux formations en ETP, sans pré-requis médical ou para-médical. En Allemagne, aux Pays-