Actualite
´s
Togo Helicobacter pylori et cirrhose
L
’ulce
`re duode
´nal est l’une des principales complications observe
´es chez les
cirrhotiques, et l’infection par Helicobacter pylori est tre
`s fre
´quente chez les
populations de faible niveau socio-e
´conomique. La pre
´valence d’H. pylori chez
les patients cirrhotiques est variable selon les auteurs. Aussi e
´tait-il inte
´ressant
d’e
´tudier les principales le
´sions œsogastroduode
´nales constate
´es en endoscopie
digestive chez les patients cirrhotiques. Une e
´tude a e
´te
´re
´alise
´e dans le service
d’he
´pato-gastro-ente
´rologie du CHU de Lome
´, concernant la pathologie
inflammatoire, l’ulce
`re gastroduode
´nal et la gastropathie d’hypertension portale,
en rapport avec l’infection par H. pylori. Cette e
´tude a e
´te
´effectue
´e pendant
douze mois sur 103 patients a
ˆge
´s de plus de 15 ans (soixante-six hommes et
trente-sept femmes, avec un sex-ratio H/F de 1,78), hospitalise
´s pour une
cirrhose confirme
´e par le bilan clinique, biologique, e
´chographique et
endoscopique avec biopsie. L’a
ˆge moyen des patients e
´tait de 50,1 ans (allant
de 29 a
`79 ans), la tranche d’a
ˆge de 45 a
`54 ans e
´tant la plus repre
´sente
´e.
L’e
´tiologie des cirrhoses e
´tait une he
´patite B (59 %), une he
´patite C (15 %) ou
une intoxication e
´thylique (25 %). Ces patients avaient rec¸u un traitement
traditionnel (74 %) ou des anti-inflammatoires non ste
´roı
¨diens (56 %), tout en
consommant re
´gulie
`rement de l’alcool. L’indication de la fibroscopie e
´tait
motive
´e par des e
´pigastralgies (37 %), une hypertension portale (35 %) ou des
he
´morragies digestives hautes (28 %). Le motif de consultation a e
´te
´une
augmentation de volume de l’abdomen (70 %), des œde
`mes des membres
infe
´rieurs (60 %) ou une he
´morragie digestive haute. La fibroscopie a re
´ve
´le
´
la pre
´sence de varices œsophagiennes (43 %), une gastrite hypertensive
(34 %), une gastropathie fundique (12 %), un ulce
`re de l’antre (10 %), un ulce
`re
de la face poste
´rieure du bulbe (9 %) ou de la pointe du bulbe (7 %). Une biopsie
ae
´te
´effectue
´e chez vingt-deux patients ; seize se sont re
´ve
´le
´es positives
(onze patients avaient un ulce
`re gastroduode
´nal et cinq avaient une gastropathie
antrale) (Lawson-Ananissoh LM et al.,Med Afr Noire 2015; 62: 159-64).
Ainsi, H. pylori ae
´te
´identifie
´chez 73 % des patients ayant effectue
´une biopsie.
Divers auteurs ont rapporte
´une fre
´quence d’H. pylori plus basse chez des
patients ayant une hypertension portale que chez ceux n’en ayant pas. Par
ailleurs, la pre
´valence de l’ulce
`re gastroduode
´nal e
´tant plus e
´leve
´e chez les
cirrhotiques que dans la population ge
´ne
´rale, l’hypertension portale serait
responsable de le
´sions de la muqueuse digestive (hypoperfusion et hypo-
oxyge
´nation), ce qui favorise la formation d’un ulce
`re. Certains auteurs ont
remarque
´que la pre
´valence de l’infection a
`H. pylori e
´tait faible chez le patient
cirrhotique se
´ve
`re, alors que celle de l’ulce
`re est e
´leve
´e. Les traitements
traditionnels, a
`base d’e
´corce et de feuilles de plantes me
´lange
´es a
`de l’alcool,
seraient un facteur favorisant des alte
´rations gastroduode
´nales. Les diffe
´rents
travaux effectue
´s dans ce domaine pre
´cisent que l’ulce
`re gastroduode
´nal est
fre
´quent chez le patient cirrhotique, alors que l’infection a
`H. pylori yest
relativement faible ; l’hypertension portale serait un facteur favorisant de l’ulce
`re
plus marque
´qu’H. pylori.Cettee
´tude montre la fre
´quence des pathologies
inflammatoires et ulce
´reuses chez les patients cirrhotiques, associe
´es aux
traitements traditionnels et a
`l’infection par H. pylori . &
P. Boure
´e
doi: 10.1684/mst.2015.0531
Australie Péritonite à Pasteurella multocida
Pasteurella multocida est un germe a
`Gram-ne
´gatif, agent responsable d’une
zoonose, transmise par les chiens et les chats. C’est un coccobacille qui fait
partie de la flore normale de l’oropharynx de 55 % des chiens et de 90 % des
chats. L’infection humaine survient habituellement apre
`s une morsure, une
griffure ou encore un le
´chage par un de ces animaux familiers, mais parfois aussi
d’autres mammife
`res voire d’oiseaux. L’incubation est habituellement assez
courte (quelques heures). Il apparaı
ˆt ensuite une douleur au niveau de la plaie
qui devient e
´rythe
´mateuse et œde
´matie
´e, avec un e
´coulement se
´rosanglant
(souvent sur la main). Une lymphangite survient rapidement, avec des
ade
´nopathies satellites. Sans traitement, des complications sont possibles,
comme des arthrites, des phlegmons des gaines voire une bacte
´rie
´mie avec des
foyers secondaires. Le diagnostic est suspecte
´sur les ante
´ce
´dents re
´cents de
morsure ou de griffure, l’incubation rapide et l’intensite
´de la douleur par rapport
a
`une plaie relativement minime. Il est confirme
´par la mise en e
´vidence du
germe au niveau de la plaie et dans les he
´mocultures. Le traitement est base
´
sur l’amoxicilline ou les ce
´phalosporines. Le recours a
`la chirurgie est parfois
indique
´en cas de phlegmon des gaines. Les auteurs, australiens, rapportent
le cas d’une femme de 49 ans, hospitalise
´e pour des douleurs abdominales
diffuses, une fie
`vre et des frissons persistant depuis une semaine. Il s’agit
d’une cirrhotique connue, ayant inge
´re
´une bouteille de whisky chaque jour
pendant deux ans, mais ayant arre
ˆte
´quelques mois auparavant. Environ trois
semaines avant son admission, la patiente avait e
´te
´griffe
´ea
`la main gauche par
son jeune chat. La griffure e
´tait minime et avait cicatrise
´spontane
´ment en
quelques jours. A
`l’admission, elle e
´tait fe
´brile (38 ˚C) avec des frissons, une
de
´fense abdominale avec une sple
´nome
´galie de
´bordant le rebord costal de 7 cm,
une ascite et des œde
`mes des jambes. Elle ne pre
´sentait aucun trouble
neurologique localise
´. Le bilan biologique re
´ve
´lait une prote
´ine C-re
´active a
`
133 mg/L, une hyperleucocytose a
`23 000 GB/mm
3
, des tests he
´patiques
perturbe
´s bilirubine : 186 mmol/L, gGT : 120 U/L, une hyperalbumine
´mie :
19 g/L, une hyponatre
´mie : 120 nmol/L. Les he
´mocultures e
´taient ne
´gatives,
mais P. multocidaae
´tait isole
´e dans le liquide d’ascite et identifie
´e par les
galeries API. En fonction de l’antibiogramme, la patiente a e
´te
´traite
´e par
ampicilline et ceftriaxone. Malgre
´le traitement, l’e
´tat ge
´ne
´ral s’est de
´te
´riore
´avec
une ence
´phalopathie, une insuffisance re
´nale et des he
´morragies intestinales
ayant abouti au de
´ce
`s en six jours (Gunathilake R et al. Inf Dis Reports 2015; 7:42-
3). P. multocida est responsable de le
´sions cutane
´es, de troubles respiratoires et
d’atteintes oste
´oarticulaires. Chez les sujets immunode
´ficients, cirrhotiques,
diabe
´tiques ou atteints d’une affection chronique pulmonaire ou re
´nale,
l’infection peut se propager a
`l’abdomen, a
`l’endocarde ou aux me
´ninges et
e
´voluer vers une septice
´mie. Une pe
´ritonite avec ascite est rarement observe
´e
avec ce germe. Aussi, une infection ge
´ne
´ralise
´e par P. multocida est toujours a
`
craindre en cas de contexte e
´thylique apre
`s une simple griffure d’animal,
justifiant un pre
´le
`vement local et une mise sous antibiothe
´rapie imme
´diate. &
P. Boure
´e
doi: 10.1684/mst.2016.0560
Inde Balantidium coli dans les urines
La balantidiose est une affection parasitaire tre
`s fre
´quente chez les porcs et due
a
`un protozoaire cilie
´,Balantidium coli. Cette affection est cosmopolite, mais
avec une pre
´valence plus e
´leve
´e dans les zones chaudes et humides d’Afrique,
d’Ame
´rique du Sud, d’Asie et du Pacifique. Outre le porc, qui en est le principal
re
´servoir, B. coli colonise le gros intestin d’un grand nombre de mammife
`res,
dont les bovins, les moutons, les chevaux ou encore les singes. Les facteurs
favorisants de l’infestation humaine sont le climat tropical, l’hygie
`ne alimentaire
de
´fectueuse et un contact e
´troit avec les porcs. Dans les pays islamiques comme
l’Iran, ou
`l’e
´levage du porc est interdit, la parasitose se maintient par les sangliers
qui contaminent le sol. B. coli se pre
´sente sous deux aspects : une forme
22 Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 26, N81 - janvier-fe
´vrier-mars 2016
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