LE
TATONNEMENT EXPÉRIMENTAL
processus
universel
d'apprentissage
Les exigences
de
notre
modeste Edu-
cateur soumis à des impératifs
d'abord
pédagogiques me font
une
obligation
de
mettre
fin à cette rubrique.
Ce-
pendant,
de
l'avis
de
quelques cama-
rades
et
de quelques professeurs,
il
serait intéressa
nt
de poursuivre cette
comparaison
entre
la psycho-pédagogie
de
Freinet
et
les psychologies
qu'étayent les théories
le
s plus mo-
dernes
du
comportement
(cybeméti-
que, pavlovisme, behaviorisme, psy-
chologie comparée).
C'est
avec quel-
que
regret, je l'avoue, que je dois
supprimer
l'article relatif
au
choc
et
refoulement,
l'un
et
l'autre
apparais-
sant comme le point
de
contact
et
le
point
de
clivage
entre
les psycholo-
gies matérialistes
et
les psychologies
mythologiques de plus
ou
moins gran-
des
((
profondeurs n
...
Tout
spécialement,
il
y aurait
intérêt
à pousser plus loin la correspondance
entre
les mystérieux mécanismes des
no fO
Élise
FREINET
êtres vivants
et
les mécanismes fa-
briqués
par
l'homme
et
de déduire
de cette correspondance des méthodes
relevant des sciences exactes. Il y
aurait
dans
cette voie
un
approfon-
dissement véritable
de
la critique des
psychologies,
en
remettant
en
cause
et
en procès -
par
une
matérialisation
des mécanismes mathématisés -les
démarches mêmes
qui
engendrent
des
psychologies mythologiques
qUt
s'igno-
rent.
La
notion
de
refoulement
par
exemple,
peut
être
matérialisée
par
l'analogie
qui
existe
entre
le dérègle-
ment
des mécanismes artificiels rétro-
actifs
et
le
dérèglement
du
système
nerveux :
dans
les
deux
cas, mêmes
chaînes
de
feed
-back détraquées, im-
puissantes à corriger
l'erreur
et
aussi,
même
énergie prisonnière qui
toume
sur
elle-même sans retrouver
son
chemin.
Revenant,
par
intUttwn, à la grande
dialectique
de
contradiction
de
la
tâtonnement
expérimental
31
Nature,
Freinet
matérialise
par
des
ima
ges sensibles le
phénomène
de
l'é
ne
rgie refoulée,
désorientée:
l
'eau
du
torrent
pr
i
sonnière
du
barrage,
bute
co
ntr
e l'obstacle, «
il
y a
choc,
arrêt plus
ou
moin
s bruyant et
déchique
-
tant
de
l'élan i puis
après
un
moment
d'inquiétude et d'indécis
ion,
le flot
re-
foulé reflue sur lui-
même
dans
un
re-
mous
tourbillonnant.
Il
se
produit
alors,
en
même
temps
que
le retour sur
so
i,
une sorte
de
vide,
de
creux,
que
le
coura
nt
met plus ou
moins
longtemps à
combler
se
l
on
la hauteur
de
l'obstacle.
L'individu
est
de
même
refou
lé par
w1
obstacle anormal qu'
il
n'a
pas
pu
sur
-
monter.
Il
a
la
sensation d'un trou qui
se
creuse
bru
s
qu
ement
en
lui,
comme
un
manque
de
pui
ss
ance
consécutif à
l'
éc
h
ec
momentané
et
qu'il devra
combler
par l'appel urgent à
des
forces
neu-
v
es
n (
r).
Car
ici en
co
re la
supér
iorit
é
de
la
cyberné
tiqu
e vivante s
ur
la cyberné-
tique
artificielle, c
'e
st
qu'elle
peut,
par
tâtonnement,
retrouver
des
chaî-
nes
de
feed-back
de
sauvetage
en
mob
ilisa
nt
so
n énergie
pour
tailler
une
br
èc
he
dans
l'
obstacle.
La
brèche
est
un
acte
réussi
de
grande
impor-
tance
: cc
Il
se
produira d
ésor
mais
dans
tout l'organi
sme
une tendance à utili
se
r
cette
brèche
et l
es
possibilités qu'elle
offre pour réaliser
sa
destinée.
>>
Ces images si s
im
ples
qu
e nous
pro
-
po
se
Frei
n
et,
et
dont
par
intuition
nous
sentons
gl
oba
l
ement
la dialecti-
que
d'antagoni
smes, ne
so
nt
pas
des
raisons
simp
li
stes
d'explication. E
ll
es
son
t
en
fait,
au
cent
re
des
problèm
es
les
plu
s aigus
de
la
phi
losophie la
(r) Essai
de
psychologie
sensible
( Ed.
1950),
page 57·
32
tlito
nn
e
ment
expér
im
enta
l
plus
moderne
s'appuyant,
comme
le
fait
Freinet
sur
un
concept
d'éne
.rgie
an
tagonis
te
dans
l
equel
cc
l'énergie
(peut)
se
reto
urner contre elle-même
et qui implique
la
pos
sibilité
du
feed-
back d'équilibrer certa
in
es
forc
es
par
d'autr
es
qui s'y opposent
>>
, (p. 1 8o).
Cette
cit
at
i
on
empruntée
au
li
vre
re-
marquable
de
Stéphane
Lupasco
:
L'énergie
et
la
matière (r) co
nd
ense à
e
ll
e seule
d'
in
nombrab
les rités
dé-
vel
oppées
dans
quelque
tro
is
cent
cinquante
pages à
l'
appui
du
phéno-
mène
de
vie.
Le
point
central en
est
:
le passage de la potentialité
d'un
système
à l'actualisatio
n,
c'est-à-d
ire
à
l'utili
sat
ion
de
forces
nouv
elles
équi-
libr
ant
par
feed-back les forces
dan
-
ger
eusement
compromises
.
Pour
Frei-
net,
l'
eau
qui
ch
erche
une
issue,
c'est
la potentialité ; la
br
èc
he
c'est
l'actualisation, la finalité r
et
rouv
ée
.
<<
La
finalité
abso
l
ue,
écrit
P.
de
Lati
l,
est
commune à
tous
l
es
effecteurs
ou
systè-
m
es
d'eff
ec
teur
s.
Elle
est
la
recherche
d'un point d'équilibre entre leurs effets
et l
es
facteurs int
ernes
ou
exte
rn
es
qui
donnent
ces
effets.
>>
Sur
un
plan sensible
et
familier,
Fre
in
et
démontre
ju
sq
u'à
l'
évidence
ces
id
ées-forces
qui
sont
la sève
nouni
ci
ère
d'un
e
psycho
logie
sc
ien-
t
ifiq
ue
dan
s l
aque
ll
e les
donné
es de
la science la p
lu
s neuve et
de
l'intui-
tion
humaine
restée vierge
de
toutes
com
prom
issions
de
scientismes, se
re-
joindront.
Il
nous
faut revenir s
ur
deux
aspects
esse
nti
els
de
cette
géniale
question
de
systèmes
an
tagonistes : la causalité
et
la l
ogique
qui
ne
so
nt
séparées
que
pou
r la facilité
de
l'expli
cation
mais
(r)
julliard éditeur.
no
ID
qui,
en
fait,
sont
incluses
dans
le
même
dynamisme
de
vie, ce
dynamis
-
me
même
que
Freinet
prend
comme
fil
conducteur
et
qu'il
pose co
mme
préambul
e nécessa
ire
à s
on
livr
e Essai
de
psychologie
sensible
: Le
sens
dyna-
mique
de
la
vie
(chap
.
Il).
Stéphane
Lupasco,
approfondissant
ses
co
nn
ai
ssa
nces
sùr
le
systè
me
vital
en
arrive
à
<<
une
causalité
qui
implique
que
chaque
cause
po
ssède
une
cause
antagoniste,
que
chaque
ph
é
nomène
im
-
plique
un
phénomèn
e antagoniste qui
lui
es
t
co
nstitutivement
lié,
ce
n'est
qu'une te
fiè
CAUSALITE
D'ANTAGONISME
qui
peut
donner
nai
ssa
n
ce
à
des
sys
tèm
es
,
l
es
justifier et l
es
pr
évo
ir
logiquem
ent )
),
P. de
Latil
parle, lui,
de
cau
salité
fonctionnelle
en
s'inscrivant
contre
cc
l'
in-
tangibilité
du
prin
c
ip
e causal )
),
<<Le
principe
de
causalité,
ba
se
cla
ss
iqu
e
de
la
pen
sée,
s'é
nonc
e
cla
ss
iqu
eme
nt : TouT
CE
QUI
COMMENCE
D'EXISTER
A
UNE
c
AusE.
Parce
que
le
principe
de
raison
suffi
sa
nte
se
formule
(en
prenant
le
texte de Leibnitz)
<<
JAMAI
S
RIEN
N'
ARRI-
VE S
AN
S
QU'IL
Y
AIT
UNE
CAUSE,
OU
DU
MOINS,
UN
E
RAISON
DETERMINANTE,
))
(p. 1 42) (Intelligence artificielle).
Cette
affirmation
de
cau
se
initiale
qui
es
t à l
'o
rig
ine
de
tant
de
co
ntrov
erses
philosophiques,
fait
sou
rir
e le
prati
-
cien
h
ab
itu
é à veiller de
pr
ès à la
mi
se en
tr
a
in
et
à
l'
exéc
ution
de
sa
besogne.
Inévitabl
eme
nt
les c
ho
ses
so
nt
pour
lui
, beau
co
up
plu
s
compli-
quées,
car
loin
de
s'e
n
remettre
à
une
se
ule cause, il
doit
veiller à
tous
les
facteurs
de
la co
ntin
ge
nce su
scep-
tibles
d'influer
s
ur
le
développement
et
la réu
ss
it
e
de
so
n
tr
avail.
Ainsi, le
paysan
sait,
par
intuition
et
par
expé
ri
ence
à la fois,
donn
er à
c
haqu
e facte
ur
influa
nt
s
ur
la ge
rmi
-
nation
de
ses
seme
nces le
quoti
e
nt
le
plus
favorable : il sait
que
les
gra
ines
no
to
doivent
être
jeunes,
saines,
lection-
es,
conservées
à
l'obscurité
et
au
sec;
que
le
sol
qui
va les
recevoir
doit
ê
tre
meubl
e,
aéré,
ni
trop
humide
ni
trop
sec
et
avoir
une
composition
fa
vorable
à
un
e c
ulture
donné
e ;
que
la gt·aine
doit
être
enfouie
ni
trop
profond
ni
trop
en
surface
;
que
la
chaleur
et
l'humidité
doiv
e
nt
être
ni
trop
pouss
ées ni
trop
raréfiées,
etc.
Tout
es
ces
causes
so
nt
caus
es
, aucune
n'
es
t
cause
en
s
oi
: la
seule
ritable
cause
est
la
conjonction
de
plus
ieurs
causes))
(1) (p. 143).
Il
fa
ut
lire les
écr
it
s
de
Mit
c
hourine
pour
co
mpr
e
ndr
e l
es
rai
so
ns
méti-
culeu
ses
qui
lui faisaient
app
orter
tant
de
so
in
s
et
de
pati
e
nt
es
so
llici-
tud
es
à
tous
·
ses
trav
aux.
Ain
si
pour
la s
imple
greffe à
éc
usson,
dix
pres-
cr
ipti
ons
garantissent
l'h
e
ur
eu
se
fi-
nalité
de
la greffe
et
so
nt
ca
us
es
co
ns
ub
sta
nti
ell
es
de
sa
réu
ssite.
Le de
rnier
conseil
es
t celui -ci :
<<Ne
jamais
po
ser
le couteau
au
so
le
il,
c
ar
la
lame r
éc
hauff
ée
d
essèc
he
l'
in
cis
ion.
))
Un
détail
qui
pa
sse
inaperçu
pour
l'
ama
te
ur
es
t facte
ur
causal pout•
le
praticien
émérite.
C'est
certa
in
eme
nt
parce
que
Freinet,
dès
so
n
enfance
a
été
un
pay
sa
n
co
n
sc
ienc
ieux
,
so
ucie
ux
du
re
nd
eme
nt
de
so
n travail,
se
nt
ant
la
co
mpl
ex
ité
d
es
faits
naturels,
qu'il
a
apporté
à
sa
tâche
d'éducateur
ce
tt
e richesse
de
facteurs
de
causalité
qui
exp
lique
<<le dynamisme
co
mpl
exe
de
l'action
vitale
))
(XIIe ch
ap
itr
e : la
comp
l
ex
ité
des
reco
ur
s-
b
arr
r
es
).
Dan
s
toute
l'
œ
uvre
psycho-pédagogi-
qu
e de
Fr~inet
que
rés
um
e Essai
de
Psyc
holo
gie Sensible,
il
ne s'
ag
it
point
de
cau
se
uniqu
e
déterminante
permet-
(1) Pierre de Latil.
tâtonnement
exJ:Iérima
ntal
33
tant
des déductions
de
syllogisme ;
il ne s'agit pas non plus
de
causes
multiples mais indépendantes, agis-
sant
comme
des facteurs
venus
les
uns
à la suite des
autres;
il
s'agit
de
facteurs électifs, réagissant les
uns
sur
les autres, inscrits dans des fonctions
causales
de feed-back hiérarchisés, dé-
te
rminant
le comportement de l'être.
C'est
parce que ces fonctions causales
témoignent, dans la continuité, des
liaisons
de
conjonction
et
de
dépen-
dance
que
la psychologie
de
Freinet
pe
ut
êt
re
dite
scientifique; cela
d'au-
tant
plus
et
d'autant
mieux qu'elle
s'affirme dans
un
pragmatisme sans
faille.
Nous
som
mes là, dans
un
dét
ermi-
nisme
permanent
qui ne laisse pas
de
place
au
hasard :
quand
«
tou
s
les
pions
sont
en
place
(on peut)
déclencher
le
mécanisme
et
tâcher d'en comprendre
les
loi
s,
ou
du
moins
le
sens
et
la portée »
(dix-huitième loi des reco
ur
s-
banièr
e,
p. 101, ancienne édition).
Car
c'est
bien
à
la
loi
qu'aboutit
Freinet
quand
il analyse causal
ement
les fonctions
antécédentes
et
les fonctions
d'actua-
li
sation, incluses dans
le
même sys-
tème
de
contradiction
dynamique
: la
puissance de
l'êtr
é aux prises avec
le milieu.
<<Ca
u
sa
lité
d'antagonisme>>
dit
Lupasco.
« Causalité fonctionnelle
»d
it
P. de
La
til.
Ces deux notions,
Freinet
les inclut
dans
les images démonstratives
d'une
vie
en
mouvement
inévitablement
et
en continuité la puissance
de
vie
affronte 1 'obstacle :
on
ne
peut
séparer
les fonctions de causalité des fonctions
d'actualisation des
buts
poursuivis : les
feed-back s'articulent,
se
renforcent,
se
èompliquent
au
fur
et
à mesure
que
les
tâtonnements
se mécanisent,
s'affinent, se multiplient
par
la per-
niéabilljé à l'exp
ér
ience.
34
tâtonnement
expérimental
« C'est
la
difficulté à trouver
une
tech-
nique
d'étude
de
l'être
en
mouvement,
la
relativité complexe
des
sultats
ob-
tenus, la commodité, au contraire
de
l'étude analytique
et
statique qui ex-
pliquent
les
tâtonnements
et
les
balbu-
tiements d'une psychologie
et
d'une
pédagogie
génétique
qui
se
détachent
lenten1ent
d
es
brumes
formelles
de
la
scola
s
tique
:
la
vie
n'est pas
un
état,
elle
est
un
devenir. » (
1)
Elle a sa
propre
logique
potentielle.
Freinet
rejoint ainsi
tout
naturelle-
ment
par
simple
bon
sens -devenu
méthode
de
constatation
et
de
décou-
verte -les conceptions les plus mo-
de
mes
de la
logique
d'antagonisme.
Stéphane
Lupasco écrit : « Tout événe-
ment
énergétique,
s'il n
'es
t pas
co
nstitu-
tivement
ou
définitivement statiq
ue,
s'il
est
un
dynamisme et afin d'en être un, ·
doit
passer
d'lill certain
degré
de
poten-
tialisation à
lill
certain
degr
é
d'
actuali-
sation,
et
pour
ce
faire,
un
événement
énergétique antagoniste
doit
initi
ale
ment
le
maintenir, par sa propre actualisation,
dans
cet
état potentiel,
et
se
potentialiser
à s
on
tour.
Freinet
exprime la
même
idée
par
la
simple
ima
ge
du
tonent
aux
prises
avec les obstacles
qui
obstruent
son
co
ur
s
et
dynamise
nt
son élan. Mais.
il
va
plus loin
que
cette logique dyna-
miqu
e
en
y incluant la
notion
de
recours
et
de
barrière
qui
décident
de
son
comportement
vers
une
finalité.
« Dans
ses
tâtonnements l'individu
me-
sure
et
exerce
non
seulement
ses
propr
es
possibilités, mais
il
essaye
aussi
de
s'accrocher au milieu ambiant
et
d
'y
avoir
re
c
ours
pour conquérir s
on
po-
tentiel
de
pui
ssa
nce.
( 1) Essai
de
psychologie
se
n
sib
l
e,
p. 6
( Ed.
1950).
no
10
Mais
le
milieu
est
plus
ou
moins
com-
plaisant, plus
ou
moins
docile,
plus ou
moin
s utile.
Il
est
tantôt
recour
s,
tantôt
barrière,
le
plus
so
uvent
un
complexe
mélan
ge
des
deux. C'est
de
la
po
sition
et
du
j
eu
de
ces
recours-barrières,
qu
e
résulte,
en
finitive,
le
comportement
de
l'individu
vis
-à-vis du milieu.
·Ce comportement, c'est l'utilisation
de
la
brèche
ouverte dans l
'obs
tacle
qui en déci
de
: .« C'est dorénavant, au-
tour
de
cette
brèche,
de
cet outil
de
puissance
que
s'organisera tout
le
co
m-
portem
en
t individuel. Organisation sys-
tématique qui peut avoir d
es
avantages,
qui peut être
bén
éfiq
u
e,
mais qui ris
que
au
ss
i
de
nuire à la
so
lidité
de
la
cons-
truction humaine. Plus cette technique
de
vie
est
sc
mati
sée
, plus elle
est
frag
ile
et
dangereu
se
. Plus elle
es
t
différenciée et complexe, plus
elle
es
t
so
lide et
bénéfique.
))
(vingtième loi :
de
la Technique
de
Vi
e).
Dans
le ca
dre
des r
eco
urs
-barri
ères
,
Freinet
place la graine humaine dans
le vaste ch
am
p de la contingence.
Il y a
pp
o
rt
e la même conscience,
le même souci des f
onc
tion
s
de
ca
usa-
lités qu'il apporte à ses semences de
paysan, mises
en
terre
en
vue
d'un
rendement.
Un
e douzaine
de
consi-
dérants e
ntr
e
nt
en ligne de compte
pour
signifier l'antagoni
sme
êtr
e-
milieu
qui
s'éte
nd du maximum de pui
s-
sance de l'être, à l'échec total et
à la m
or
t. C'est ains
i,
mise en évi-
dence,
de
façon la plus sensible,
qu
e
Freinet
fait intervenir le vaste
phénomène cosmique de l'Entropie.
L'Entropi
e, cette myst
érie
use
INVOLU
-
TION
du
mond
e -
dit
Teilhard -qui
tend à reployer w1 peu plus, à chaque
in
stant,
su
r elle-m
ême,
dans le plural et
l'inor
ga
ni
et
le plus
probable,
la nappe
de
l'énergie
cos
miqu
e.
))
Ce vaste événement cosmique, Freinet
no
tD
le ramène aux dimensions
de
l'être
qui lutte pout· affirmei·
son
énergie
potentielle irréversible, face à
l'
obsta-
cle antagoniste et à la mort. La notion
d'ent
ropie
reprise par les cybe
rn
éti-
ciens, (désor
ga
nisation des systèmes)
par Stéphane Lupasco, (hétérogénéité
et homogénéité) par Pavlov, (inhibi-
tion) Frein
et
la repre
nd
inlassable-
ment dans ses images sensibles (le
tonent
obs
tru
é, la mare, les sea
ux
d'
eau, le voyageur s
ur
le quai, etc.)
pour signifier les dangers
d'immobi-
lisme et de nive
ll
ement
eu
éga
rd
à
l'énergie agissante
de
l'individu
qui
veut
vivre:
l'être
doit
acquérir llas-
ticité requise pour se
prêt
er à la
foi
s
à
l'
évolution
(vi
e) et à l'involution
(entropie) avec toutes les chances
de
la
vi
ctoire.
C'est
le jeu des r
ecou
rs
-
barri
ères
aidants, accaparants, rejetants :
«l
es
réactions
de l'individu
se
ront, sui-
vant l
es
cas
:
-à fixation provisoire
-d'abandon
-d'imatisfaction
-
de
refuge
L'échec total
qui
équivaut à la mort
n'est jamais a
cce
pté par l'individu
))
,
Je m'excuse de condenser
ab
usi
ve
me
nt
des notions nouvelles relevant
d'une
dialectique d
'an
tagonisme qui ouvre
tant
de
perspectives neuves et
d'où
naîtra
un
e psychologie matéria
li
ste
scientifique
d'
ant
i-hasard, rompant dé-
finitivement .avec
un
e psychologie my-
th
ologique, abstraite par pétition
de
principe, i
mp
liqu
ant
un
formalisme
in
évitable et
un
permanent reco
ur
s
au pastiche transcendant.
Combien, il nous faut regretter
que
Freinet, confiant dans son outillage
inte
ll
ectuel de praticie
n-th
éoricien
et
se colletant ha
rdim
e
nt
avec les faits,
n'ait pu
trou
ve
r le te
mp
s de justifi
er
ses initiatives et ses audaces,
en
pr
e
nant
tâtonnement
expérimental
35
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !