sans nul doute, transformeront encore les écrits scolaires, ne sont-elles pas dues à Freinet, à
sa trouvaille de l’imprimerie à l’école ?
L’étude du milieu
Tout cela est en somme connu et reconnu. Mais on doit aussi à Freinet l’ouverture de l’école
à son milieu environnant, les promenades-découvertes. Dans “ l’éducation du travail ” (1),
Freinet prône l’étude du milieu, cette pratique chère aux CEMÉA, qui existait déjà dans
l’expérience personnelle de Freinet. La “ glane ” d’observations, d’objets rencontrés au
détour d’un chemin ou lors d’une visite de ferme, sert de support, en classe, à des écrits, à
des dessins, à des observations scientifiques plus poussées, à des lectures documentaires
pour approfondir les connaissances venues de l’observation directe.
Ces pratiques ont été mises en valeur et officialisées lors de la période où les instructions
officielles prônaient les activités d’éveil. Bien que ce terme n’apparaisse plus dans les
instructions officielles françaises depuis 1984, bien des instituteurs et professeurs de
géographie continuent à les pratiquer, à se saisir de l’étude du milieu pour faire comprendre
aux enfants les problèmes d’environnement qu’ils soient ruraux ou urbains. On parle
beaucoup d’éducation à l’environnement comme s’il s’agissait d’une innovation
pédagogique récente. Or, toutes les pratiques qui sont liées à cette préoccupation
(perception, observation directe des phénomènes, explications scientifiques, actes de
protection) peuvent être trouvées dans les études des milieux que prônent à la fois les
Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active et Freinet. Cet aspect de la
pédagogie Freinet est moins connu que d’autres, mais il est riche d’avenir : la
compréhension du monde futur passe par la connaissance de notre planète, par les sciences
de la Terre, par la géographie dans toutes ses dimensions (sociale, historique, économique,
politique). L’étude du milieu est la propédeutique à cette géographie pluridimensionnelle
qui sera celle de l’avenir. Freinet avait le sens de la complexité, de l’interdisciplinarité. Dans
l’éducation d’aujourd’hui et de demain, ces deux caractéristiques de la connaissance et des
apprentissages intellectuels sont et seront nécessairement présentes.
Le tâtonnement expérimental
Un exemple de cette pensée soucieuse de complexité : le tâtonnement expérimental,
comme vecteur de l’apprentissage. Les théories actuelles de l’apprentissage parlent
d’anticipation, de retours de la pensée sur elle-même, de traitement des informations ; bref,
elles s’éloignent de plus en plus d’une conception linéaire de l’apprentissage où tout se
ferait par simple répétition des réponses adéquates à du stimulé. Le tâtonnement
expérimental, lui, n’est pas linéaire : il procède par essais et par erreurs corrigées, par une
série d’anticipations. Freinet avait très bien observé les tout premiers apprentissages : celui
de la marche, celui du langage. Il n’est que de regarder attentivement comment procèdent
les tout petits qui apprennent : ils imitent, certes, leur entourage mais cette imitation est
insérée dans une chaîne de tâtonnements. Se tenir debout, en s’appuyant des deux mains
sur celles d’un adulte, lorsqu’on a huit mois demande intelligence, volonté, tâtonnement,
expérience répétée. C’est là un premier tâtonnement qui sera suivi de mille autres. Les
tâtonnements permettant de comprendre les phénomènes physiques, s’ils sont plus
intellectuels et conceptuels, sont cependant de même ordre : ce n’est pas en récitant
quelques lignes sur la pression atmosphérique qu’on comprend ce qu’elle est et produit,