Journal Identification = NRP Article Identification = 0261 Date: July 20, 2013 Time: 9:59 am
REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
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Article de synthèse
pas encore validée. L’EDF est donc une échelle facile et
rapide à utiliser, très utile à visée diagnostique, mais elle
est insuffisante pour suivre l’évolution de la symptoma-
tologie lors d’un essai thérapeutique. Elle ne permet pas
non plus de différencier les formes apathiques des formes
désinhibées.
L’inventaire neuropsychiatrique
ou Neuropsychiatric Inventory (NPI)
de Cummings et al., traduit en franc¸ais
par Robert et al. [26, 27]
Le NPI est une échelle incontournable pour l’évaluation
des troubles psychocomportementaux. Cette échelle
est basée sur l’interrogatoire de l’aidant naturel. Elle
analyse 12 SCPD : idées délirantes, hallucinations, agi-
tation et agressivité, dépression, anxiété, exaltation de
l’humeur/euphorie, apathie/indifférence, désinhibition, irri-
tabilité/instabilité de l’humeur, comportement moteur
aberrant, sommeil, appétit/troubles de l’appétit. Sont éva-
lués leur fréquence (1 à 4), leur gravité (1 à 3) et le
retentissement (0 à 5) sur l’aidant. Le score pour chaque
domaine est le produit de la gravité multipliée par la fré-
quence. Le score total additionne chaque domaine ; il varie
de 0 à 144. L’étude princeps de validation a porté sur
40 patients ayant des troubles cognitifs de diverses origines
dont 20 patients Alzheimer [26]. De nombreuses études
ont fait suite dans la population Alzheimer notamment
[28, 29].
Cette échelle a été utilisée pour la première fois dans la
DFT par Levy et al. en 1996 [30], en comparant le score
de 22 patients DFT à celui de 30 patients présentant une
MA à un stade modéré des maladies. Cette échelle permet-
tait de discriminer DFT et MA pour 77 % des patients de
chaque groupe. Les patients DFT avaient des scores signifi-
cativement plus élevés pour la désinhibition et l’apathie que
les patients MA alors que ceux-ci avaient des scores plus
élevés pour la dépression. Le score total des patients DFT
étaient globalement plus élevé que celui des patients Alz-
heimer, et la majorité de leurs difficultés apparaissaient pour
les rubriques : apathie, désinhibition, euphorie et compor-
tement moteur aberrant. Pour améliorer sa validité, Rosen
et al. ont proposé le NPI-FTD en choisissant les cinq items
les plus spécifiques de la pathologie frontale : l’euphorie,
l’apathie, la désinhibition, le comportement moteur aber-
rant et les troubles du comportement alimentaires (NPI-cinq
items) [31]. Le NPI a été utilisé dans de nombreux essais
thérapeutiques [32-34] en évaluant les troubles comporte-
mentaux de la vf-DFT. Pour autant, il n’est pas très spécifique
puisqu’il n’a pas été développé pour cette pathologie.
Ainsi, certains symptômes très fréquents et évocateurs tels
que l’indifférence affective, les persévérations, les activités
compulsives ou l’impatience ne sont pas répertoriés. De
plus, nous avons récemment montré dans une étude ancil-
laire comportementale de la cohorte nantaise visant à tester
la mémantine [34], avec suivi prospectif de 49 patients, que
le NPI n’était pas un bon outil pour le suivi des patients
vf-DFT. Nous avons ainsi noté une absence de variation
significative des scores à deux ans, alors que cliniquement
les patients évoluaient [22].
Le Frontal Behavioral Inventory (FBI) [35]
Le FBI, conc¸u pour la DFT, a été proposé par Kertesz
et al. en 1997. Il s’agit d’un entretien semi-structuré
avec l’accompagnant dont la durée de passation est de
15 minutes environ. Cet inventaire comporte 24 items, divi-
sés en 12 items positifs (persévération, irritabilité, jovialité
excessive, troubles du jugement, comportement inadapté,
impulsivité, hyperactivité, agressivité, hyperoralité, hyper-
sexualité, comportement d’utilisation, incontinence uri-
naire) et en 12 items négatifs (apathie, aspontanéité,
indifférence affective, rigidité mentale, perte de la perspi-
cacité, négligence personnelle, trouble de l’organisation,
distractibilité, trouble de l’introspection, réduction du lan-
gage, apraxie verbale, main capricieuse). Le score du FBI va
de 0 à 72 [35, 36]. L’étude princeps a porté sur 12 patients
avec DFT confirmée neuropathologiquement, 16 patients
Alzheimer et 11 patients avec des troubles dépressifs. Le
cut-off proposé pour le diagnostic de vf-DFT était de
27/72. La sensibilité était de 93,9 % et la spécificité de
89,9 %. La reproductibilité inter-examinateur était égale-
ment bonne et les items négatifs fortement corrélés aux
formes apathiques. Les résultats de cette étude pilote ont
été confirmés en 2000 dans une étude rétrospective portant
sur 26 patients vf-DFT, 16 patients vasculaires, 38 patients
Alzheimer, 11 patients avec une aphasie progressive et
17 patients avec dépression. Dans l’étude de la cohorte
nantaise, nous avons montré que les items positifs étaient
corrélés au fardeau de l’aidant de manière significative et
que les items négatifs étaient corrélés aux fonctions cogni-
tives globales (MMSE et échelle de Mattis) [22]. Nous avons
utilisé une version traduite par nos soins (http://www.site-
greco.net/).
L’inventaire du syndrome dysexécutif
et comportemental (ISDC) [37, 38]
Il a pour but l’évaluation d’un syndrome dysexécu-
tif comportemental. Il comporte 12 domaines : réduction
des activités, troubles d’anticipation/organisation, désin-
térêt, euphorie, irritabilité, hyperactivité, persévération,
dépendance environnementale, anosognosie, confabula-
tions, troubles des conduites sociales et troubles des
conduites instinctuelles. La cotation est similaire à celle du
NPI avec tout d’abord une question préliminaire et en cas
de réponse positive, d’autres questions qui sont posées à
la suite. Comme nous l’avons vu précédemment, l’objectif
est de développer des outils dans toutes les pathologies
s’accompagnant d’un possible «syndrome frontal »ou de
troubles dysexécutifs. Il a été ainsi validé sur 461 sujets
ayant diverses affections – traumatisme crânien, accident
vasculaire cérébral, MA, etc. – mais chez aucun sujet avec
DFT. Une étude de validation est actuellement en cours
dans cette population.
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