une constipation terminale avec dyschésie rectale et
manœuvres digitales et à une procidence vaginale
postérieure responsable d’une pesanteur périnéale.
Manifestations de la constipation terminale
La constipation terminale se définit comme une anoma-
lie de l’évacuation rectale alors que la sensation de
besoin est conservée. Quatre symptômes permettent de
quantifier le syndrome ODS (obstructed defecation
syndrome). Ils conjuguent à des degrés variables :
–efforts prolongés d’évacuation (associés parfois à
des saignements ou des douleurs) ;
–sensation d’évacuation incomplète (avec selles frag-
mentées) ;
–recours à des suppositoires ou des lavements éva-
cuateurs ;
–nécessité de manœuvres digitales (par contre,
appui vaginal ou périnéal voire intrarectal) pour aider
à la défécation.
Tous ces symptômes doivent faire rechercher un anisme
et/ou une anomalie de la statique rectale (rectocèle
et/ou prolapsus rectal interne, intriqués dans la moitié
des cas) [10] voire un mégarectum. Une constipation
de transit avec raréfaction des selles et selles dures doit
être systématiquement recherchée.
Les deux symptômes les mieux corrélés à la rectocèle
sont l’apparition récente d’une évacuation rectale
incomplète et fragmentée et la nécessité de recourir à
des manœuvres digitales par contre appui sur la paroi
vaginale postérieure [11-13]. Les manœuvres périnéa-
les évoquent plus un périnée descendant et les manœu-
vres intrarectales, le refoulement d’un prolapsus rectal
interne.
Cependant, la rectocèle peut également se manifester
par une pseudo-incontinence avec évacuation retardée
et inopinée de billes fécales ou de simples souillures
séquestrées dans la poche de rectocèle. Elle peut être
associée à une vraie incompétence sphinctérienne en
cas d’atteinte neurogène ou traumatique ancienne du
sphincter anal.
Manifestations
de la procidence vaginale postérieure
La colpocèle postérieure est responsable d’une impres-
sion de pesanteur périnéale avec tuméfaction vaginale
qui affleure ou dépasse la vulve. Cette tuméfaction
apparaît plus volontiers à rectum plein lors des efforts
défécatoires. Elle peut se manifester en position
debout, en particulier en fin de journée et devenir
douloureuse et se réduit en position couchée. Il faut
alors évoquer une possible élytro-entérocèle, c’est-à-
dire une symptomatologie de hernie péritonéale du
cul-de-sac de Douglas dans l’espace rectovaginal. Elle
est rarement responsable de dyspareunie.
L’examen d’une rectocèle
en consultation de proctologie
Suspecté à l’interrogatoire, le diagnostic de rectocèle
est confirmé par un examen clinique qui doit être un
examen dynamique et en poussée. Lors de l’examen
proctologique en position genu pectoral, la rectocèle
est réduite. Il faut donc l’évoquer lorsque l’on constate
un prolapsus rectal antérieur sus-jacent à un éventuel
prolapsus hémorroïdaire. Ce prolapsus antérieur cor-
respond en poussée à l’inversion rectoanale d’une
rectocèle. L’anuscopie permet également d’évaluer le
volume du rectum, la coexistence d’un prolapsus rectal
interne circonférentiel, la longueur du canal anal et
l’existence d’une pathologie anale hémorroïdaire ou
fissuraire associée. Le toucher et l’inspection de la
marge anale recherchent un signe éventuel de rupture
sphinctérienne (disparition des plis radiés, amincisse-
ment de la distance anovulvaire), une hypotonie (anus
béant) ou au contraire une contraction paradoxale du
sphincter à la poussée. L’examen proctologique permet
également d’évaluer le degré de descente périnéale et
recherche une ballonnisation périanale à la poussée
continue. Le diagnostic de rectocèle ne peut être
confirmé que par un examen en position gynécologi-
que pour testing périnéal. Lors de cet examen, l’inspec-
tion estime la distance anovulvaire, recherche une
béance vulvaire en particulier en regard d’une cica-
trice d’épisiotomie. Lors de l’effort de poussée, la
colpocèle atteint ou dépasse la vulve. Elle peut être
associée à un prolapsus vésicovaginal et à une incon-
tinence urinaire d’effort. Il peut être nécessaire de
réduire la cystocèle pour découvrir la rectocèle ou
inversement. Le prolapsus du col vaginal (en piston) ou
du dôme vaginal (après hystérectomie) peut être
médian ou accompagner un prolapsus antérieur ou
postérieur. On cote la tonicité de chaque releveur en
demandant à la patiente une contraction lors du tou-
cher vaginal. Il est indispensable de faire un toucher
combiné rectal et vaginal pour analyser la cloison
rectovaginale. Il aide à détecter une destruction du
noyau fibreux central, à juger la pronfondeur de la
rectocèle en la crochetant. Il permet surtout, après effort
de poussée ou de toux, de palper une éventuelle
entérocèle sus-jacente à la rectocèle.
La constatation d’un prolapsus urogénital associé ou
d’une dysurie oriente vers une consultation de gynéco-
logie en l’absence de suivi régulier et nécessite la
demande d’un examen urodynamique. L’examen uro-
dynamique permet de dépister une incontinence mas-
quée par l’effet « pelote » de la rectocèle qui est
souvent associé dans le cadre des asynergies
abdomino-pelviennes synchrones [14]. Il paraît très
utile de colliger les données de l’examen clinique sur
des schémas. Ces schémas, expliqués à la patiente, lui
Hépato-Gastro, vol. 14, n°5, septembre-octobre 2007 361
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