Préparation au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2004 - Dossier pédagogique. 5
successifs du gouvernement.3 Partisan de la lutte à outrance, il demeure fidèle à l’accord
franco-britannique du 28 mars 1940 interdisant la conclusion de toute paix séparée et à
l’alliance anglaise. Il mise sur l’Angleterre, alors que le gouvernement français installé à
Bordeaux estime qu’elle va être battue et qu’il vaut mieux traiter avec l’Allemagne avant
l’Angleterre, de peur qu’elle n’obtienne un traitement de faveur.
L’Appel (cf. Fiche 1)
Il manifeste une volonté claire. C’« est un acte de raison en même temps qu’un acte de foi.
C’est le rendez-vous réfléchi d’un homme et de son destin. Rien d’improvisé dans sa
démonstration : elle est le fruit de dix ans de réflexion et de luttes ».4
Le général de Gaulle s’oppose à Pétain sur l’analyse de la défaite qui n’est pour lui que le
résultat d’erreurs tactiques : « Ce sont les chars, les avions, la tactique de nos ennemis qui ont
surpris nos chefs au point de nous amener où nous en sommes aujourd’hui.. ». Il ne
culpabilise pas le peuple de France. Il refuse l’humiliation de la défaite et l’armistice au nom
d’un nationalisme intransigeant. La France n’est pas seule : « elle peut faire bloc avec
l’empire britannique.. » et dispose d’atouts, un empire, une flotte. Il a, contrairement à ses
contemporains une vision prophétique du conflit : « Cette guerre n’est pas tranchée par la
bataille de France, cette guerre est une guerre mondiale. » Il en conclut :« Quoi qu’il arrive
la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »5 .
L’Appel est d’abord un geste militaire, une invitation à poursuivre la lutte, et non un geste
politique. Il s’adresse aux officiers, aux soldats, aux ingénieurs et aux ouvriers. Pourtant, le
terme « Résistance » va entrer dans le vocabulaire de l’histoire de la France pendant la
Seconde Guerre mondiale.
Quelques rares journaux ont malgré les risques encourus reproduit l’Appel, La Montagne, Le
Petit Marseillais, en deuxième page. Il n’a eu qu’un faible écho en France ; le désastre et les
quelques 8 millions de Français sur les routes expliquent qu’ils n’étaient pas à l’écoute d’une
radio étrangère.
Jusqu’à ce qu’il ait connaissance des conditions de l’armistice, Churchill interdit à de Gaulle
d’annoncer la création d’un comité national. Parce qu’il ne veut pas rompre les relations
diplomatiques avec le gouvernement de Vichy, Churchill reconnaît a minima, par un
communiqué du 28 juin, le général de Gaulle comme « le chef en ce pays de tous les
Français libres où qu’ils soient, qui se rallient à lui pour soutenir la cause alliée ».
Des débuts difficiles
Son premier acte est militaire plus que politique : il veut lever une légion de volontaires mais
le résultat est limité voire décevant. En juin 1940, 30 000 hommes environ sont en Grande-
Bretagne. Près de 200 bâtiments de guerre (du cuirassé à la vedette), 135 navires de
commerce (du pétrolier au petit caboteur) ont gagné les ports anglais avec à leur bord 19 000
militaires de l’armée de terre et de la marine nationale et quelques 2 500 passagers civils
auxquels s’ajoutent les équipages des bateaux marchands, 2 500 hommes, quelques centaines
de pêcheurs du Boulonnais, du Cotentin, de Bretagne ou de Vendée, avec leurs familles6. Il y
a parmi eux, les 113 hommes de l’Ile de Sein, ralliés le 24 juin - le plus âgé a 60 ans, le plus
3 Christine Levisse-Touzé, « Les chefs militaires face à la défaite, p. 645 à 642.
4 Jean-Louis Crémieux-Brilhac, op. cit., p. 48.
5 Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t.1., L’Appel, Paris, Plon, p.267.
6 Jean-Louis Crémieux-Brilhac op. cit p. 186-187