Préparation au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2004 - Dossier pédagogique. 1
Concours National de la Résistance et de la Déportation
Année scolaire 2003-2004
« Les Français Libres »
Dossier pédagogique
Dossier proposé par :
- la Fondation de la Résistance
- la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
Avec le concours documentaire et rédactionnel :
- du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon
- du Mémorial Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean
Moulin Ville de Paris
- du Musée de la Résistance Nationale de Champigny
NB : Ce dossier est destiné à une utilisation dans un centre de documentation et nécessite un
poste informatique connecté à l’Internet
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Avertissement
Ce petit dossier, accessible gratuitement sur le site Internet de la Fondation de la
Résistance (http://www.fondationresistance.org) ne prétend pas aborder
l’ensemble des questions liées au thème du Concours National de la Résistance
et de la Déportation de cette année scolaire 2003-2004, « Les Français Libres ».
Il est destiné à encourager un travail de groupe, en bibliothèque ou dans un
centre de documentation, autour de certaines thématiques liées au sujet.
Qu’il s’agisse des travaux individuels sur table ou des devoirs collectifs, il est
nécessaire d’élargir le thème à tous les aspects de la France Libre : vous
trouverez à la suite de cette brève introduction une liste des sujets qui peuvent
être abordés.
Dans ce dossier nous proposons quelques pistes méthodologiques : contexte
et chronologie, définir ce que sont que les « Français Libres », utiliser la
presse associative, retracer des parcours biographiques, insister sur la
diversité des engagements, les valeurs et les motivations.
Sommaire
Quelques pistes thématiques autour des Français Libres
Les débuts de la France libre
Rappel chronologique : L’Empire colonial français fin 1940
Fiche 1 : Affiche « A tous les Français » : description de « L’Appel aux
armes » du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle
Fiche 2 : Les colonies ralliées à la France libre : Mission de la Délégation
en Afrique noire, 6 août 1940
Fiche 3: Les Français Libres. Origine de la France libre, diversité des
engagements
Fiche 4 : Tract anglais lancé par la RAF en France, 19 juillet 1940
Fiche 5 : Ordre adressé par le général Legentilhomme, Q. G. de Djibouti,
à ses troupes le 18 juin 1940
Fiche 6: Agent d’un service de la France Libre. Un exemple à travers la
presse associative
Fiche 7 : Création, activités et composition d’un réseau
Fiche 8 : Document. L’exil en Angleterre à travers le texte d’un écrivain
Fiche 9: Un Français Libre déporté : Raymond Fassin
Fiche 10: La Déclaration du général de Gaulle aux mouvements de
Résistance parue dans la presse clandestine (avril-juin 1942)
Fiche 11 : Le parcours d’Henri Mathey, engagé dans les FAFL
Bibliographie indicative
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« LES FRANÇAIS LIBRES »
Quelques thèmes
Ø La France libre : définitions, contexte, chronologie
Ø Les Français Libres : les réseaux de la France combattante
Ø Les Français Libres : groupes, et combattants (FAFL, FFL, FNFL)
Ø Les Français Libres : Londres et les comités français libres à l’étranger
Ø La France Libre et la Résistance intérieure : liens, représentations et
attentes
Ø Des Français Libres : biographies, parcours et témoignages
Ø Les médias de la France Libre : presse et radios
Ø Exil, internement, évasions, liaisons
Ø De Gaulle, le gaullisme
Ø L’Empire, les ralliements, les combats de l’Empire
Ø Débarquements et Libération
Ø Les gouvernements en exil
Ø Littérature de l’exil, les artistes exilés
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Les débuts de la France libre
LE GENERAL DE GAULLE ET LES DEBUTS DE LA FRANCE LIBRE
(article paru dans le n°2 de la Revue historique des armées de l’année 2000
sur « l’année 1940 »)
par Christine Levisse-Touzé,
directeur du Mémorial du maréchal Leclerc de
Hauteclocque et de la Libération de Paris et du
Musée Jean Moulin (Ville de Paris),
directeur de recherche associé à l’Université
Paul Valéry de Montpellier.
En juin 1940, beaucoup de Français croient la guerre terminée. L’Appel lancé le 18 juin par le
général de Gaulle depuis les ondes de la BBC, trente heures après l’allocution de Pétain
demandant à cesser le combat, est un des premiers refus. Le général de Gaulle condamne
l’armistice et choisit Londres, estimant que ne rien ne peut plus être tenté à Bordeaux, même
si l’exil est mal perçu dans l’idéologie républicaine.
S’il est inconnu de la plupart des Français, ses théories militaires novatrices (Vers l’armée de
métier, 1934) lui ont ouvert certains cercles politiques. Le Président du Conseil, Paul
Reynaud, a soutenu ses idées sur l’arme mécanisée et la réforme de l’armée. Le colonel de
Gaulle s’est distingué à la tête de la 4ème Division cuirassée au combat de Montcornet le 17
mai. Paul Reynaud le nomme sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre dans
le gouvernement remanié le 5 juin, il est l’un des trois plus jeunes généraux de l’armée
française. Il a été promu général de brigade à titre temporaire le 1er juin, ce qui fait écrire à
Léon Blum dans le Populaire, le 8 juin 1940, « ses théories ont reçu des événements une
éclatante et cruelle consécration (..). Ce qui appartient en propre à M. de Gaulle, c’est la
conception (..) de l’unité mécanique (..) Il a ainsi dégagé les éléments théoriques et
techniques d’une formule de guerre nouvelle. »1 Après le Conseil suprême interallié du 13
juin, Reynaud l’envoie à Londres pour obtenir des navires. Arrivé le 16, de Gaulle constate un
sincère empressement anglais à renforcer les moyens. Il a sur la suggestion de Jean Monnet,
convaincu Churchill de lancer le projet d’une union franco-britannique. Mais ni Churchill, ni
de Gaulle ne nourrissent grande illusion sur la réussite de l’opération.
De retour, le 16 juin au soir, de Gaulle sent l’imminence de la formation d’un gouvernement
dirigé par le maréchal Pétain. Il est décidé à poursuivre la lutte. Officier sans troupe, il est
libre de ses mouvements. Le 17 juin au matin, il s’envole pour l’Angleterre avec son aide de
camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel, dans l’avion du général Spears, l’envoyé de
Churchill pour chercher des personnalités françaises susceptibles de continuer le combat.
Churchill l’autorise à parler à la BBC dans l’espoir de provoquer des ralliements de grandes
figures qui voudraient poursuivre la lutte. 2
De Gaulle n’a pas choisi Londres par hasard. Il a pu mesurer les difficultés de poursuivre la
lutte en Afrique du Nord faute de volonté politique comme il a pu constater les abandons
1 Cité par Jean-Louis Crémieux-Brilhac p. 45 dans La France Libre de l’Appel du 18 juin à la Libération,
Gallimard, 1996.
2 Jean-François Muracciole, Histoire de la France libre, PUF, Que sais-je ?, 1996, p.10.
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successifs du gouvernement.3 Partisan de la lutte à outrance, il demeure fidèle à l’accord
franco-britannique du 28 mars 1940 interdisant la conclusion de toute paix séparée et à
l’alliance anglaise. Il mise sur l’Angleterre, alors que le gouvernement français installé à
Bordeaux estime qu’elle va être battue et qu’il vaut mieux traiter avec l’Allemagne avant
l’Angleterre, de peur qu’elle n’obtienne un traitement de faveur.
L’Appel (cf. Fiche 1)
Il manifeste une volonté claire. C’« est un acte de raison en même temps qu’un acte de foi.
C’est le rendez-vous réfléchi d’un homme et de son destin. Rien d’improvisé dans sa
démonstration : elle est le fruit de dix ans de réflexion et de luttes ».4
Le général de Gaulle s’oppose à Pétain sur l’analyse de la défaite qui n’est pour lui que le
résultat d’erreurs tactiques : « Ce sont les chars, les avions, la tactique de nos ennemis qui ont
surpris nos chefs au point de nous amener où nous en sommes aujourd’hui.. ». Il ne
culpabilise pas le peuple de France. Il refuse l’humiliation de la défaite et l’armistice au nom
d’un nationalisme intransigeant. La France n’est pas seule : « elle peut faire bloc avec
l’empire britannique.. » et dispose d’atouts, un empire, une flotte. Il a, contrairement à ses
contemporains une vision prophétique du conflit : « Cette guerre n’est pas tranchée par la
bataille de France, cette guerre est une guerre mondiale. » Il en conclut Quoi qu’il arrive
la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »5 .
L’Appel est d’abord un geste militaire, une invitation à poursuivre la lutte, et non un geste
politique. Il s’adresse aux officiers, aux soldats, aux ingénieurs et aux ouvriers. Pourtant, le
terme « Résistance » va entrer dans le vocabulaire de l’histoire de la France pendant la
Seconde Guerre mondiale.
Quelques rares journaux ont malgré les risques encourus reproduit l’Appel, La Montagne, Le
Petit Marseillais, en deuxième page. Il n’a eu qu’un faible écho en France ; le désastre et les
quelques 8 millions de Français sur les routes expliquent qu’ils n’étaient pas à l’écoute d’une
radio étrangère.
Jusqu’à ce qu’il ait connaissance des conditions de l’armistice, Churchill interdit à de Gaulle
d’annoncer la création d’un comité national. Parce qu’il ne veut pas rompre les relations
diplomatiques avec le gouvernement de Vichy, Churchill reconnaît a minima, par un
communiqué du 28 juin, le général de Gaulle comme « le chef en ce pays de tous les
Français libres où qu’ils soient, qui se rallient à lui pour soutenir la cause alliée ».
Des débuts difficiles
Son premier acte est militaire plus que politique : il veut lever une légion de volontaires mais
le résultat est limité voire décevant. En juin 1940, 30 000 hommes environ sont en Grande-
Bretagne. Près de 200 bâtiments de guerre (du cuirassé à la vedette), 135 navires de
commerce (du pétrolier au petit caboteur) ont gagné les ports anglais avec à leur bord 19 000
militaires de l’armée de terre et de la marine nationale et quelques 2 500 passagers civils
auxquels s’ajoutent les équipages des bateaux marchands, 2 500 hommes, quelques centaines
de pêcheurs du Boulonnais, du Cotentin, de Bretagne ou de Vendée, avec leurs familles6. Il y
a parmi eux, les 113 hommes de l’Ile de Sein, ralliés le 24 juin - le plus âgé a 60 ans, le plus
3 Christine Levisse-Touzé, « Les chefs militaires face à la défaite, p. 645 à 642.
4 Jean-Louis Crémieux-Brilhac, op. cit., p. 48.
5 Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, t.1., L’Appel, Paris, Plon, p.267.
6 Jean-Louis Crémieux-Brilhac op. cit p. 186-187
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