Allocution de Pierre CASTAGNOU Maire du 14 arrondissement 64

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Allocution de Pierre CASTAGNOU
Maire du 14ème arrondissement
64ème anniversaire de l’appel du Général de Gaulle
Vendredi 18 Juin 2004
Madame la Secrétaire Générale du Comité d’Entraide de la Légion d’Honneur,
Monsieur le Président du Comité d’Entente,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Associations d’Anciens Combattants
et Victimes de Guerre,
Monsieur le Président du Souvenir Français,
Mesdames et Messieurs les Anciens Combattants,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mes Chers Concitoyens,
« La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre ».
Il y a 64 ans, le 18 juin 1940 au soir, une voix lance depuis Londres le premier
appel à la résistance. Cette voix, qui allait symboliser le refus de la soumission,
est celle du Général de Gaulle.
La Wehrmacht vient d’écraser l’armée française. C’est la débâcle et le chaos.
Tout vole en éclats sous le choc de l’invasion allemande. Le pouvoir politique
a démissionné. Les Français ont pris le chemin de l’exode. Le pays est
désorganisé. La France est effondrée.
Le drapeau nazi flotte sur Paris. Le maréchal Pétain, pourtant encore auréolé de
sa victoire à Verdun 27 ans plus tôt, passe par les exigences exorbitantes et
humiliantes d’Hitler, qui assouvit ainsi son désir de revanche né de la défaite
de l’Allemagne en 1918.
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Comment ne pas évoquer cette dégradante cérémonie de la clairière de
Rethondes dans l’Oise, où Hitler parada devant de grands drapeaux ornés de
sinistres croix gammées, avant de recevoir, dans le célèbre wagon, le général
français chargé de signer l’acte d’armistice ?
François Mauriac écrira : « La France se retrouve au bord d’un abîme
d’humiliations ».
La France est effondrée. La France est asservie. Mais la France n’a pas dit son
dernier mot. Malgré leur faible écho immédiat, les paroles prophétiques,
comme le dira André Malraux, mais aussi pleines d’espérance prononcées par
ce général, inconnu de l’immense majorité des Français, sont les premiers pas
de notre pays vers la reconquête de sa dignité et de sa liberté.
Dans l’appel qu’il lance d’un petit studio de la BBC, de Gaulle fait montre
d’une lucidité historique qui tranche avec l’aveuglement du régime de Vichy. Il
prend la mesure de la guerre. Il pèse le rôle des puissances dans ce conflit qui
va devenir un conflit mondial. Tandis que le régime qui se prétend la « vraie »
France n’en finit pas de se soumettre à l’envahisseur, de Gaulle se tourne vers
l’Angleterre et son Empire, vers l’immense industrie des Etats Unis
d’Amérique, nos futurs alliés. Des alliés qui traitèrent longtemps avec
méfiance, voire parfois avec mépris, cet homme, éphémère Sous-secrétaire
d’Etat à la guerre dans le gouvernement de Paul Reynaud, et qui prétendait
parler au nom de la France.
Bien peu de Français entendent ce jour là le futur chef de la France libre
exhorter ses compatriotes à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre
l’Allemagne nazie et conquérante : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la
résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. », proclame-t-il.
Quel courage, quel défi et quel message d’espoir de la part d’un simple général
de brigade, isolé, qui a rallié Londres sans hommes ni moyens ! Vichy va
bientôt le dégrader et le condamner à mort.
Les Français seront bien plus nombreux à prendre connaissance par la
suite de son fameux message écrit. Cet appel sera suivi d’autres, toujours à la
radio de Londres et tout au long de ce mois de juin 1940, où le Général de
Gaulle s’adressera tour à tour à l’armée française, au peuple de France et même
au Maréchal Pétain, dénonçant l’armistice comme un « asservissement ». Ils
seront tous imprégnés de la même conviction, de la même foi en l’avenir, de la
même certitude de la victoire.
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Sûr de lui, confiant dans les Français et guidé par une certaine idée de la
France, Charles de Gaulle entrevoit dès le 18 juin, à l’apogée de l’Allemagne
hitlérienne, les grandes lignes de cette victoire. Ce jour là, de Gaulle entre
brusquement dans l’histoire. Il choisit son destin et décide de celui de la
France.
L’homme du 18 juin fut aussi celui qui sut unifier la résistance en créant
le Conseil National de la Résistance à l’origine de grandes réformes sociales et
progressistes, telle la sécurité sociale, qui ont façonné notre pays et dont il faut,
pour l’essentiel, préserver aujourd’hui les acquis. Il le fit grâce à l’action de ses
délégués en France occupée, au premier rang desquels Jean Moulin, lui aussi
destitué par le gouvernement de Vichy et qui mourut héroïquement en 1943
après avoir été torturé par les nazis. L’homme du 18 juin fut, en outre, celui
qui, le 4 juin 1944, a transformé, à Alger, le Comité Français de la Libération
en gouvernement provisoire de la République Française, dont il réussit à
imposer l’autorité à Churchill et Eisenhower, et qui permit, dès le 14 juin – soit
huit jours après le débarquement en Normandie –, aux premières parties de la
France libérée d’être placées sous l’administration des autorités républicaines
et non américaines.
Là encore, en quelques heures, en quelques jours, le destin de la France
basculait du statut de simple pays libéré à celui de nation victorieuse.
Nous célébrons aujourd’hui l’appel du Général de Gaulle qui, ce 18 juin 1940,
a su incarner la France en lui donnant, au plus fort des épreuves, une voix, une
volonté, une espérance.
Par delà nos divergences partisanes – naturelles dans une démocratie –, le
combat mené alors par cet homme appartient à notre histoire commune, celle
de la France républicaine, celle d’un peuple qui lutte pour sa liberté et son
honneur, celle d’une nation qui choisit son destin.
L’appel du 18 juin du général de Gaulle est et restera l’un des grandes
dates de l’histoire de notre pays, et aussi de l’Europe.
Nous avons le devoir de perpétuer son souvenir afin qu’il serve
d’exemple aux nouvelles générations.
Vive la République ! Vive la France !
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