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Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01 - Janvier - février - mars 2014
Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation
57 % dans une étude récente)
[5]
. Il permet de “photo-
graphier” de façon objective l’importance des symp-
tômes, avant d’instaurer un traitement. Il a également,
enfin, une valeur d’évaluation de la motivation du
patient, voire peut avoir en lui-même une valeur dans
l’autorééducation
(6)
.
L’interrogatoire est aussi le moment de rassurer, d’ex-
pliquer l’état des connaissances actuelles sur le sujet
au patient. Cette étape, avec l’évaluation de la gêne, est
capitale pour adapter au mieux la prise en charge aux
besoins ressentis par le demandeur
(“patient related
outcomes”)
. Les notions élémentaires d’épidémiologie
peuvent être transmises au patient, comme l’innocuité
du syndrome, ainsi que la possibilité d’aggravation des
symptômes mais aussi de rémission spontanée
(7)
.
Deuxième étape : rechercher
desfacteurs éventuellement ignorés
susceptibles d’aggraver
l’hyperactivité vésicale
Les pathologies neurologiques ou périnéales associées
(prolapsus, hypertrophie bénigne de la prostate, insuf-
fi sance sphinctérienne, chirurgies associées) devront
être systématiquement recherchées.
Chez la femme, il est important de rechercher une
atrophie génitale pouvant être le témoin d’un déséqui-
libre hormonal. Ces dernières années ont apporté en
effet de plus en plus de preuves quant au rôle impor-
tant des traitements locaux dans l’amélioration des
symptômes urinaires, notamment ceux de l’hyper-
activité vésicale
(8)
.
Le rôle que pourraient jouer certains troubles endo-
criniens est également suggéré. Plusieurs éléments
sont en faveur d’une “fragilisation des systèmes de
régulation végétatifs” chez les patients porteurs d’un
syndrome métabolique par exemple
(9)
. Ces éléments
diffèrent peut-être suivant les ethnies. Une étude japo-
naise récente montrant qu’il existait peut-être un biais
d’analyse dans les différentes études sur le sujet, le
syndrome métabolique étant plus fréquent chez les
patients plus âgés
(10)
.
Si le rôle exact du “syndrome métabolique” doit encore
être confi rmé, celui de l’obésité (IMC>30) est régu-
lièrement souligné pour les troubles pelvi-périnéaux.
D’après les études sur le sujet, le traitement de l’obé-
sité réduirait l’hyperactivité vésicale chez un grand
nombre de patientes (jusqu’à 80 % des patientes dans
une étude récente après chirurgie de l’obésité)
[11]
.
Les données sont encore fragmentaires ; elles traitent
principalement des symptômes d’incontinence à l’effort,
mais l’amélioration d’une hyperactivité vésicale réfrac-
taire semble également réaliste
(12)
.
La hantise de tout praticien qui prend en charge ces
patients (comme d’ailleurs les “syndromes de vessie
douloureuse”) est de méconnaître le diagnostic d’une
tumeur de vessie. Il existe peu de littérature sur la
fréquence du diagnostic dans la population consul-
tant pour une hyperactivité vésicale. Un article récent
montre une fréquence de 0,006 %. Ces données
semblent cohérentes avec les chiffres avancés par les
centres spécialisés dans la prise en charge de l’hyper-
activité vésicale. Il nous semble logique que, lors du
diagnostic du caractère “réfractaire” de l’hyper activité
vésicale, une cystoscopie et/ou une cytologie urinaire
soit recommandée, pour éviter un éventuel retard à la
prise en charge. De même, une TDM de contrôle ou
une échographie à la recherche de lithiases urétérales
“bloquées” dans la paroi intra murale de la vessie et
agissant comme une épine irritative peut être discutée.
Troisième étape :
bilan spécifi que del’hyperactivité
vésicale idiopathique
L’échographie vésicale et rénale est souvent demandée
de principe chez les patients consultant pour hyper-
activité vésicale. L’absence de résidu postmictionnel
est évidemment importante et est à rechercher sys-
tématiquement. L’absence d’anomalie du haut appa-
reil urinaire est également importante à connaître,
même si, dans ce contexte, on dépistera plutôt des
pathologies intercurrentes que le retentissement d’une
hyperactivité détrusorienne idiopathique. L’estimation
par échographie de l’épaisseur de la paroi vésicale
semble un sujet inépuisable de discussions dans la
littérature internationale. Il est cependant assez clair
que l’intérêt pronostique de ce type d’anomalie dans
le contexte de l’hyperactivité vésicale réfractaire idio-
pathique est, au mieux, modeste
(13)
.
Le bilan urodynamique reste aujourd’hui un examen
important à ce stade de la prise en charge. Il est certain
que ce test n’a pas la valeur de la biopsie dans la prise
en charge du cancer. La plupart des auteurs s’accordent
aujourd’hui à réduire la place de l’urodynamique dans la
prise en charge de l’incontinence urinaire d’effort
(14)
.
Dans l’hyperactivité vésicale réfractaire, il paraît impor-
tant d’avoir une vision objective du comportement de
la vessie, qui pourrait permettre de déterminer des
sous-groupes de patients à prendre en charge de façon
différente
(15)
. Il faut en revanche prendre cet examen
avec le recul nécessaire, compte tenu de sa variabilité
intra-individuelle
(16)
.
L’apport de marqueurs urinaires ou sanguins, comme le
NGF, pour l’analyse de l’hyperactivité vésicale réfractaire
idiopathique, laisse encore plus dubitatif. Les données
actuelles ne permettent pas de conclure, notamment
concernant la sensibilité, la spécifi cité, le coût et, fi na-
lement, le service médical rendu au patient
(17)
.
Conclusion
La stratégie diagnostique dans la prise en charge
de l’hyperactivité vésicale réfractaire se fonde sur la
volonté d’exclure les causes facilement traitables, mais
aussi d’évaluer les symptômes gênant le patient pour
déterminer ensuite la stratégie d’évaluation et de trai-
tement la mieux adaptée.