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lement son concours, d'avoir pu mener à bien des séances de photo-
graphie apparemment irréalisables. Mais un avion à aile haute
(type Cessna) spécialement équipé pour la photographie aérienne
réduirait ces risques. Les subventions accordées par le Secrétariat
d'Etat aux Affaires Culturelles ont permis d'effectuer 18 heures de
vol en 1973, 74 heures de vol en 1974. Ceci ne correspondait qu'à
trois jours de recherches intensives en 1973. Mais en 1974 il a été
possible de répartir les vols du 3 mars au 30 août afin d'utiliser
les conditions de recherche les plus diverses : sols labourés (favo-
rables à la détection des cadastres anciens, des plans d'ensemble
de villas comme celles de Longecourt), départ de la végétation au
printemps, colzas en fleurs (qui ont révélé des enclos protohisto-
riques à Genlis), regains de luzernes, sécheresse sur prairies...
Mais les recherches méthodologiques réalisées précédemment2
avaient démontré l'efficacité de la prospection aérienne sur céréales
mûrissantes. Aussi la part la plus intensive de la prospection a-
t-elle été réalisée du 17 juin au
12
juillet, la durée des vols atteignant
6 heures par jour aux moments les plus propices.
Les sites ont été photographiés systématiquement sur film
Kodachrome II sous-exposé avec appareil Nikon et filtre
«
anti-
haze
»
et sur film
«
Ektachrome Infra-Red Aéro
»
(Fausses Couleurs)
avec appareil Zeiss et filtre jaune. Les vues ont été prises simul-
tanément de la place « co-pilote » vers l'avant droit et de la place
arrière droite donnant ainsi, sur deux films différents, des angles
complémentaires. Connaissant par expérience la fugacité des traces
archéologiques visibles à l'oeil, nous avons multiplié les photo-
graphies à des altitudes différentes et à des dates et heures diverses
pour mettre en évidence les vestiges les moins apparents. Une telle
méthode a prouvé son efficacité en 1974 car les pluies de mai-juin
avaient contrarié l'apparition des
«
crops-mark
»
; aussi de nombreux
sites seraient-ils restés invisibles si la prospection s'était limitée à
un survol rapide des zones étudiées. La répétition des vols sur des
sites découverts antérieurement a permis d'autre part d'obtenir
les plans les plus nets et les plus complets, chaque trace atteignant
pendant quelques heures un paroxysme qu'il faut saisir en ce
court délai. Un tel phénomène a pu être observé sur
le
vaste ensemble
monumental de Lux en 1973, sur une villa découverte à Selongey
en 1973, mais plus nettement visible le 9 juillet 1974 à 17 heures
(photo 1).
2.
GOGUEY (R.), De VAviation à
VArchéologie
;
recherches
sur les méthodes
et tes techniques de VArchéologie aérienne, Paris, 1968, p. 5 à 107.