recherches d`archéologie aérienne en bourgogne en 1973

RECHERCHES D'ARCHÉOLOGIE AÉRIENNE
EN BOURGOGNE EN 1973-1974 (1)
par M. René GOGUEY
Effectués au départ avec la collaboration de l'Armée de l'Air,
les vols de prospection archéologique ont rassemblé depuis 1959
un énorme dossier photographique sur les sites archéologiques de la
Bourgogne. Mais les découvertes sont loin d'arriver à leur terme.
La richesse de notre région est telle, la conjugaison des paramètres
favorables si diverse que chaque campagne apporte une moisson
nouvelle : en 1973, grâce à des conditions climatiques particu-
lièrement propices et malgré un nombre restreint d'heures de vol,
en 1974 grâce à des heures de vol plus nombreuses qui ont compensé
de médiocres conditions météorologiques.
Éléments de méthodologie.
Ils ont une importance primordiale car une prospection systé-
matique ne peut dépendre du hasard. S'il suffisait de « prendre
l'avion
»
pour voir surgir les plans de villas ou les nécropoles, tous les
sites archéologiques auraient été repérés par les centaines de milliers
de pilotes, navigateurs, passagers qui ont sillonné le ciel de France
depuis la Première Guerre Mondiale. Détecter à vue les traces
anormales dans la végétation, la neige, les labours, les enregistrer
sur les films, les interpréter exige une bonne connaissance de
l'archéologie, de l'aviation et de la photographie. L'expérience
acquise en 15 années de
«
vols archéologiques
»
nous permet mainte-
nant de surmonter toutes les difficultés techniques.
Les avions loués à l'Aéro-Club de la Côte d'Or sont tous à
aile basse et à cockpit fermé. La prise de vues doit être effectuée
en virage serré pour
«
effacer
»
l'aile et sous un angle d'éclairage
exactement calculé pour éviter les reflets du plexiglas. Une telle
manœuvre exécutée à très basse altitude par vent violent et fortes
turbulences ce qui fut souvent le cas en 1974 présente des
risques de
«
décrochage
»
ou de
«
passage sur le dos ». Nous devons
à l'habileté du pilote, Roger Normand, qui nous apporte bénévo-
1. Le bilan sommaire des recherches effectuées en 1972 a été donné dans
Mémoires de la Commission des Antiquités, t. XXVIII, p. 63-68.
80 RENÉ GOGUEY
lement son concours, d'avoir pu mener à bien des séances de photo-
graphie apparemment irréalisables. Mais un avion à aile haute
(type Cessna) spécialement équipé pour la photographie aérienne
réduirait ces risques. Les subventions accordées par le Secrétariat
d'Etat aux Affaires Culturelles ont permis d'effectuer 18 heures de
vol en 1973, 74 heures de vol en 1974. Ceci ne correspondait qu'à
trois jours de recherches intensives en 1973. Mais en 1974 il a été
possible de répartir les vols du 3 mars au 30 août afin d'utiliser
les conditions de recherche les plus diverses : sols labourés (favo-
rables à la détection des cadastres anciens, des plans d'ensemble
de villas comme celles de Longecourt), départ de la végétation au
printemps, colzas en fleurs (qui ont révélé des enclos protohisto-
riques à Genlis), regains de luzernes, sécheresse sur prairies...
Mais les recherches méthodologiques réalisées précédemment2
avaient démontré l'efficacité de la prospection aérienne sur céréales
mûrissantes. Aussi la part la plus intensive de la prospection a-
t-elle été réalisée du 17 juin au
12
juillet, la durée des vols atteignant
6 heures par jour aux moments les plus propices.
Les sites ont été photographiés systématiquement sur film
Kodachrome II sous-exposé avec appareil Nikon et filtre
«
anti-
haze
»
et sur film
«
Ektachrome Infra-Red Aéro
»
(Fausses Couleurs)
avec appareil Zeiss et filtre jaune. Les vues ont été prises simul-
tanément de la place « co-pilote » vers l'avant droit et de la place
arrière droite donnant ainsi, sur deux films différents, des angles
complémentaires. Connaissant par expérience la fugacité des traces
archéologiques visibles à l'oeil, nous avons multiplié les photo-
graphies à des altitudes différentes et à des dates et heures diverses
pour mettre en évidence les vestiges les moins apparents. Une telle
méthode a prouvé son efficacité en 1974 car les pluies de mai-juin
avaient contrarié l'apparition des
«
crops-mark
»
; aussi de nombreux
sites seraient-ils restés invisibles si la prospection s'était limitée à
un survol rapide des zones étudiées. La répétition des vols sur des
sites découverts antérieurement a permis d'autre part d'obtenir
les plans les plus nets et les plus complets, chaque trace atteignant
pendant quelques heures un paroxysme qu'il faut saisir en ce
court délai. Un tel phénomène a pu être observé sur
le
vaste ensemble
monumental de Lux en 1973, sur une villa découverte à Selongey
en 1973, mais plus nettement visible le 9 juillet 1974 à 17 heures
(photo 1).
2.
GOGUEY (R.), De VAviation à
VArchéologie
;
recherches
sur les méthodes
et tes techniques de VArchéologie aérienne, Paris, 1968, p. 5 à 107.
ARCHEOLOGIE AERIENNE81
ta
i
o
82 RENÉ GOGUEY
Les recherches
ont
porté
sur
quatre types d'objectifs
:
quadrillage systématique
des
régions géologiquement favo-
rables
(en
particulier, couloir
de la
Saône
à
substrat
de
gravier
lacustre quaternaire) ;
exploration des abords des grands axes de circulation terrestres
(voies antiques) ou fluviaux (vallées des cours d'eau navigables dans
l'Antiquité)
;
étude complémentaire
des
grands sites archéologiques
de la
région (tels Alésia, Mirebeau, Les Bolards, Mâlain...)
;
essai d'extension des recherches dans
le
bassin de
la
Loire sur
les sites de
la
Nièvre définis par M. Devauges, directeur des Anti-
quités Historiques de Bourgogne.
L'exploration
de la
plaine dijonnaise, très riche
en
sites archéo-
logiques, était entravée
par les
interdictions
de
survol dans l'axe
des pistes de l'Aérodrome de Longvic. L'appui du Colonel Mahlberg,
commandant
la
Base Aérienne 102, nous
a
permis d'effectuer cette
exploration
à
bord d'un avion relié par radio
à la
tour de contrôle.
Des sites protohistoriques
et
gallo-romains d'une grande impor-
tance ont ainsi pu être photographiés sans accident
à
proximité des
pistes.
Recherches
sur les
sites protohistoriques.
De nombreux enclos protohistoriques ont été découverts
en
1973
et 1974. Les plus importants concernent Vix (nouvel enclos carré
au pied
du
mont Lassois), Mosson (grand enclos carré), Cerilly
(tumulus arasé probable), Lux (enclos circulaire), Gevrey-Chambertin
(2 gisements complexes
à
enclos circulaires
et
elliptiques
:
photo 2),
Rouvres-en-Plaine (nombreux enclos circulaires dont
l'un
avec
fosse centrale très nette
:
photo
3),
Gerland (enclos circulaire
et
enclos carré), Quémigny-Poisot (avec tache centrale).
La vallée
de la
Tille
s'est
révélée particulièrement riche
en
sites
protohistoriques
s les
premières campagnes
de
prospection.
De nouvelles séries d'enclos ont été détectées au sud de Magny-sur-
Tille,
au
nord
de
Genlis (enclos dans.les fleurs
de
colzas),
à Lon-
geault
et
Pluvault (enclos
à
fossé double
et à
fossé simple).
L'infra-rouge
a
permis de préciser des détails
du
site de Beaune-
Est (13 enclos carrés
et un
enclos circulaire
à
double fossé) menacé
par l'extension des gravières
et
de
la
zone industrielle.
Recherches
sur les
camps anciens.
De nombreux camps quadrangulaires protégés
par un
fossé
et
un
«
vallum »
de
terre
ont été
découverts dans
la
plaine
de la
ARCHEOLOGIE AERIENNE83
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