Mirabel-Sarron, C., Siobud-Dorocant, E., Sala, L., Bachelart, M

Communication
Mindfulness based cognitive therapy (MBCT) dans la pre
´vention des
rechutes thymiques chez le patient bipolaire I : une e
´tude pilote
Mindfulness based cognitive therapy (MBCT): A pilot study in bipolar patients
C. Mirabel-Sarron *, E. Siobud Dorocant, L. Sala, M. Bachelart,
J.-D. Guelfi, F. Rouillon
Service du Pr F.-Rouillon, universite
´Paris-VRene
´-Descartes, CMME, 100, rue de la Sante
´, 75014 Paris, France
Re
´sume
´
Plusieurs e
´tudes ont montre
´l’efficacite
´de l’utilisation de la mindfulness based cognitive therapy (MBCT) dans la pre
´vention des rechutes
de
´pressives chez le patient non bipolaire (Segal et al. [2001]), puis d’autres travaux ont explore
´les effets de cette approche sur les ruminations du
sujet de
´pressif (Teasdale [2000] ; Watkins, Teasdale, 2001). Cette e
´tude pilote est la premie
`re qui inclut exclusivement des patients bipolaires I
re
´partis en trois groupes qui ont be
´ne
´ficie
´du programme MBCT en huit se
´ances. Tous ces patients avaient suivi au pre
´alable le programme de
the
´rapie comportementale et cognitive (TCC) de groupe pour bipolaires (mode
`le de Lam). Cette e
´tude clinique et psychologique montre la
faisabilite
´du programme, sa bonne acceptation par les sujets, avec une tendance a
`l’augmentation de la capacite
´de pleine conscience relative a
`
l’assiduite
´de la de
´marche.
#2009 Publie
´par Elsevier Masson SAS.
Mots cle
´s: Bipolarite
´;E
´motions ; Pleine conscience ; Pre
´vention ; Psychothe
´rapie ; Rechute
Abstract
Mindfulness based cognitive therapy (MBCT) is a class-based programm designed for using the prevention of relapse of major depression. Its
aim is to teach to participants to desengage from those cognitive process that may render them vulnerable to future episodes. Hence, a clinical study
was conducted to explore the use of MBCT in bipolar outpatients (bipolar I) who where currently actively depressed or maniac who had not
responsed fully to standart mood regulator treatment. Seventeen Bipolar I outpatients were included after a behaviour and cognitive treaning in
according with Lam’s programm (1999). Three groups were conducted. Thymic symptoms, clinical status and mindfulness habilities were assessed
before and after treatment phase using the Mindful Attention and Awareness Scale and Kentucky Inventory of mindfulness. This study showed that
MBCT was acceptable to these patients, in addition, mindfulness skeels increased during MBCT in a few subjects.
#2009 Published by Elsevier Masson SAS.
Keywords: Bipolar Disorder; Emotion; Mindfulness; Prevention; Psychotherapy; Relapse
1. Introduction
Depuis 1972, date des premiers travaux de Teasdale sur la
de
´pression chronique, les the
´ories cognitives de la de
´pression se
sont de
´veloppe
´es afin de comprendre les strate
´gies cognitives en
jeu dans les rechutes de
´pressives ou dans les de
´pressions
chroniques. Segal et al. [14] proposent une approche the
´rapeu-
tique comple
´mentaire aux the
´rapies cognitives classiques pour
re
´pondre aux dysfonctionnements cognitifs observe
´s chez de tels
patients, la mindfulness based cognitive therapy (MBCT) [15].
Cette approche a e
´te
´propose
´e tout d’abord aux sujets
de
´prime
´sre
´currents en phase de re
´mission, puis a
`des sujets
de
´prime
´s aux sympto
ˆmes re
´siduels. C’est seulement depuis
2007 que la MBCT a e
´te
´propose
´ea
`quelques patients bipolaires
en phase intercritique, toujours au sein de groupes de patients
unipolaires, sans explorer les particularite
´s de leurs re
´ponses.
Annales Me
´dico-Psychologiques 167 (2009) 686–692
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (C. Mirabel-Sarron).
0003-4487/$ – see front matter #2009 Publie
´par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.amp.2009.08.019
2. Les troubles bipolaires : un proble
`me de sante
´
publique
Les troubles bipolaires sont conside
´re
´s parmi les troubles
psychiatriques les plus fre
´quents. Il s’agit de la sixie
`me cause
de handicap mondial. Sa pre
´valence est estime
´ea
`1,2 % de la
population ge
´ne
´rale. Cette fre
´quence du trouble n’est pas
modifie
´e par l’origine ethnoculturelle des patients.
D’autres perturbations psychologiques y sont associe
´es :
abus de substances, troubles anxieux, troubles de la per-
sonnalite
´... qui concernent 50 a
`70 % des sujets bipolaires.
Ainsi, les intervalles dits « libres » entre les acce
`sde
´pressifs ou
maniaques ne sont pas indemnes de dysfonctionnements
psychologiques.
Dans le but d’ame
´liorer la qualite
´de vie de ces patients, de
diminuer leur taux de rechute, d’augmenter leur observance
me
´dicamenteuse aux thymore
´gulateurs, des aides psycho-
logiques leur sont propose
´es [11,13].
Parmi celles-ci, la de
´marche de the
´rapie comportementale et
cognitive (TCC) a de
´ja
`montre
´largement son efficacite
´
[2,8,12].
3. Qu’est-ce que la de
´marche MBCT ?
C’est le Pr Kabat-Zinn [4] qui a introduit le concept de
mindfulness et l’utilise comme strate
´gie de gestion du stress
dans diffe
´rentes souffrances anxieuses.
La MBCT a e
´te
´mise au point en 2002 par Segal et al. comme
strate
´gie de pre
´vention des rechutes de
´pressives. Cette approche
combine la de
´marche de pleine conscience du Pr Kabat-Zinn
avec des e
´le
´ments issus de la TCC de Beck et al. (1979). Ainsi, le
sujet reconnaı
ˆt, puis se de
´sengage d’un mode de pense
´e principal
caracte
´rise
´par des pense
´es ne
´gatives et des ruminations afin de
pouvoir acce
´der, puis utiliser une nouvelle modalite
´de pense
´es
caracte
´rise
´e par l’acceptation et l’e
´tat d’e
ˆtre.
Ce programme a e
´te
´conc¸u a
`partir du constat qu’en phase de
re
´mission de la de
´pression, les individus connaissent des
monte
´es e
´motionnelles, dont souvent ils n’arrivent pas a
`se
de
´centrer par la pense
´e. La MBCT propose d’autres moyens de
de
´centration e
´motionnelle par la respiration, la pleine
conscience, le stretching,lame
´ditation, l’exposition
e
´motionnelle... Le but de la MBCT est de re
´duire chez le
patient sa re
´activite
´cognitive due a
`l’humeur, qui est un facteur
de risque a
`la rechute de
´pressive.
On peut en conclure qu’aux strate
´gies de de
´centration
spe
´cifiques de la TCC, sont adjointes des techniques de
de
´centration non spe
´cifiques dans l’utilisation du mindfulness
[10].
Ce programme a e
´te
´e
´value
´a
`partir de quelques premie
`res
e
´tudes chez des patients unipolaires en re
´mission [9,16].
Les patients ayant eu au moins trois e
´pisodes de
´pressifs ou
plus ont le plus be
´ne
´ficie
´de la MBCT. Mais ces travaux n’en
sont vraiment qu’a
`leur de
´but et ils sont trop re
´cents pour en
attendre des conclusions de
´finitives [3]. En effet, la fiabilite
´de
ces re
´sultats et des de
´ductions affe
´rentes peut e
ˆtre mise en cause
en raison de conditions de contro
ˆles non satisfaisantes. D’autres
e
´tudes doivent e
ˆtre poursuivies afin de pre
´ciser ces premiers
re
´sultats.
4. E
´tude pilote chez des patients bipolaires en re
´mission
4.1. Hypothe
`ses
L’hypothe
`se ge
´ne
´rale est de ve
´rifier la faisabilite
´d’une
de
´marche MBCT avec un groupe de patients bipolaires I en
re
´mission thymique.
La premie
`re hypothe
`se spe
´cifique est le maintien de la
normothymie apre
`s the
´rapie, pour des patients bipolaires
stabilise
´s.
La seconde hypothe
`se spe
´cifique est que l’entraı
ˆnement
MBCT augmente les capacite
´s de pleine conscience (e
´value
´e
par le questionnaire [Kentucky Inventory of Mindfulness Skills
[KIMS]], qui vise a
`mesurer la capacite
´a
`centrer son attention
et a
`accepter l’expe
´rience du moment pre
´sent).
4.2. Population e
´tudie
´e
Il s’agit de patients bipolaires ayant suivi une TCC de groupe
selon le programme de Lam [6–8] en 20 se
´ances (Tableau 1).
Ces hommes et femmes ont souhaite
´volontairement participer
a
`la the
´rapie MBCT dans l’objectif de mieux ge
´rer encore leurs
fluctuations e
´motionnelles.
Tous les patients poursuivent depuis plus d’une anne
´eun
traitement thymore
´gulateur, avec une bonne compliance
Tableau 1
Programme de Lam et al. (1999) [16].
20 se
´ances de groupe
E
´TAPE 1 e
´ducative : se
´ances 1 a
`5
Le trouble bipolaire et ses traitements
Construction de l’alliance the
´rapeutique
Rappels sur la de
´marche comportementale
Identification des cognitions, e
´motions et comportements
Structuration des entretiens, de
´finition de l’agenda
De
´finition des ta
ˆches a
`domicile
Questionnaires d’autoe
´valuation
Construction progressive de la life-shart
De
´finition individuelle des proble
`mes et des objectifs
E
´TAPE 2 techniques comportementales et cognitives : se
´ances 6 a
`16
Auto-enregistrement de l’humeur et des activite
´s quotidiennes
Identification des fluctuations de l’humeur normale, des aspects de la
personnalite
´et de l’humeur pathologique
Mise en relation de la modification de l’humeur avec les cognitions et avec le
taux d’activite
´
Apprentissage a
`la relaxation si activite
´augmente
´e
De
´finition de ta
ˆches gradue
´es si activite
´diminue
´e
Contre-argumentation des cognitions : alternatives de pense
´es, examen de
l’e
´vidence
Identification des sche
´mas cognitifs
Reformulation des sche
´mas
E
´TAPE 3 consolidation : se
´ances 17 a
`20
Ve
´rification de l’utilisation de toutes les techniques comportementales et
cognitives
Re
´gularite
´du style de vie. Identification des stigmas et leurs conse
´quences
personnelles
Identification des facteurs pre
´ce
´dant les rechutes sur la life-shart
C. Mirabel-Sarron et al. / Annales Me
´dico-Psychologiques 167 (2009) 686692 687
(ve
´rification des taux plasmatiques), ils ont un psychiatre
re
´fe
´rent et ne pre
´sentent pas de conduites addictives
invalidantes.
Sont exclus de cette e
´tude uniquement les malades dont
l’e
´tat de
´pressif ou maniaque est juge
´trop se
´ve
`re.
4.3. E
´valuation
Trois groupes ont e
´te
´e
´value
´s(Tableau 2).
Le premier groupe a e
´te
´un groupe de faisabilite
´permettant
de stabiliser la me
´thode the
´rapeutique du fait de l’inexistence
de groupe MBCT pour patients bipolaires.
Les deux autres groupes ont fait l’objet d’une e
´valuation
syste
´matise
´e avant et apre
`s les huit se
´ances de MBCT.
Une e
´valuation clinique et psychologique se de
´roule huit
jours avant le de
´but du groupe, elle comprend un entretien
clinique et la passation d’e
´chelles et de questionnaires par un
e
´valuateur externe inde
´pendant des deux the
´rapeutes.
4.4. E
´chelles
Les e
´chelles utilise
´es ont e
´te
´:
la Hamilton Anxiety Rating Scale (HARS) (Hamilton, 1959) :
compose
´e de 14 items ;
la mini international neuropsychiatric interview (MINI) de
Sheehan et al., 1998 ;
le BDI 13 : (Beck Depression Inventory) de Beck, 1961 ;
le BAI (Inventaire de Beck pour l’anxie
´te
´de Beck et Steer) de
1990 ; il comprend 21 items ;
le State Trait Anxiety Inventory YA et YB : (STAI) forme Y de
Spielberger, 1983 ;
l’e
´chelle d’Affirmation de Soi de Rathus ;
la Rosenberg Self Esteem Scale (SES) de Rosenberg, 1965 :
questionnaire en dix items ;
la Dysfunctional Attitude Scale (DAS) de Weissman et Beck,
1980, compose
´e de 40 items.
Des autoquestionnaires de pleine conscience ont e
´te
´traduits
en langue franc¸aise, mais n’ont pas e
´te
´valide
´s (les Annexes 1 et
2en pre
´sentent des extraits).
La Mindfulness Attention Awareness Scale (MAA) de
Brown et Ryan mesure la compe
´tence de l’individu d’e
ˆtre en
pleine conscience dans l’expe
´rience du moment pre
´sent
(questionnaire de 15 items).
Pour chaque mise en situation, le sujet doit indiquer a
`quelle
fre
´quence se produit cette expe
´rience individuelle.
Les e
´tudes me
´trologiques montrent une validite
´et une
corre
´lation discriminante avec le Neo Pi-R, avec le BDI,
l’e
´chelle de Rosenberg (SEI) et les questionnaires de
M. Spielberger, le Questionnaire de Kentucky (KIMS),
autoquestionnaire de 39 items qui vise a
`mesurer la capacite
´
a
`centrer son attention et a
`accepter l’expe
´rience du moment
pre
´sent [...][1].
Les auteurs distinguent quatre habilete
´s de « pleine
conscience » :
Observance : la capacite
´a
`observer des phe
´nome
`nes
internes (cognitions, sensations physiques) ou des phe
´nome
`nes
externes (odeurs, sons).
Description : capacite
´du sujet a
`de
´crire, a
`e
´tiqueter ce qu’il a
observe
´.
Activation de la conscience de soi :e
ˆtre pleinement actif et
engage
´dans l’observation de soi.
Acceptation ou e
´vitement de tout jugement : accepter la
re
´alite
´telle quelle est, sans chercher a
`lui e
´chapper ou a
`l’e
´viter.
4.5. De
´roulement de l’e
´tude
Un entretien avec chaque patient pre
´cisait l’a
ˆge de de
´but au
premier e
´pisode, le nombre d’e
´pisodes, ainsi que le nombre
d’hospitalisations. L’e
´valuation clinique et psychologique
pre
´ce
´dait le de
´but de la the
´rapie MBCT de groupe.
Tous les patients ont suivi le programme MBCT ame
´nage
´
pour patients bipolaires a
`raison d’une se
´ance de deux heures
par semaine (ame
´nagement conc¸u en collaboration avec le
Pr Segal qui consiste en une re
´duction de moitie
´du temps des
pratiques the
´rapeutiques formelles : me
´ditation...).
Les patients ont e
´te
´re
´e
´value
´s au terme de leurs huit se
´ances
de the
´rapie (a
`deux mois environ).
Les donne
´es ont e
´te
´traite
´es a
`l’aide du logiciel Statistica.
Un tde Student pour groupes inde
´pendants a permis de
pre
´ciser l’e
´volution clinique et psychologique pour chacun des
deux groupes.
5. Re
´sultats
5.1. Re
´sultats cliniques
Les trois groupes de Mindfulness constituent un e
´chantillon
de 17 sujets dont 12 femmes et cinq hommes, soit 70,6 % de
femmes et 29,4 % d’hommes.
La moyenne d’a
ˆge est de 48,5 9,07 ans.
Sept sujets sont ce
´libataires (41,2 %), cinq sont marie
´s
(29,4 %), quatre sont se
´pare
´s ou divorce
´s (23,5 %) et un vit en
concubinage (5,9 %).
Sur le plan professionnel, dix sont en activite
´(58,8 %), cinq
en interruption de travail (29,4 %), un est a
`la retraite (5,9 %) et
un autre en demande de pre
´retraite (5,9 %).
Tableau 2
Description de la population des trois groupes.
Groupe Sexe A
ˆge moyen A
ˆge de de
´but des troubles
1 quatre femmes, deux hommes 53 ans 5,44 23 ans 13,3
2 quatre femmes, un homme 53 ans 8,91 18,4 ans 8,1
3 quatre femmes, deux hommes 40,2 ans 6,5 20,5 ans 6
C. Mirabel-Sarron et al. / Annales Me
´dico-Psychologiques 167 (2009) 686692688
L’a
ˆge moyen de de
´but des troubles est de 20,8 9,3 ans.
Le nombre moyen d’e
´pisodes de
´pressifs est de 9,6 9,5. Le
nombre moyen d’e
´pisodes maniaques est de 7,4 9.
En ce qui concerne la me
´dication, quatre sujets prennent du
Lithium (23,5 %) et 13 un autre thymore
´gulateur (76,5 %).
Le nombre moyen d’hospitalisations est de 3,1 2,9.
Le nombre moyen de tentatives de suicide est de 0,9 0,9.
Si nous revenons plus en de
´tail sur ces trois groupes, nous
constatons :
trois groupes homoge
`nes sur le plan de la re
´partition des
sexes, de la dure
´e de l’e
´volution de la maladie, du diagnostic
de la maladie (tous diagnostique
´s bipolaires de type I), la
seule diffe
´rence statistique apparaissant entre la moyenne
d’a
ˆge entre le groupe 2 et le groupe 3 significativement plus
jeune (p. inf. 0,02) ;
tous ces patients sont donc caracte
´rise
´s par une longue
e
´volution des troubles, la prise d’un traitement thymo-
re
´gulateur (compliance ve
´rifie
´e par les dosages plasmatiques)
et des fluctuations e
´motionnelles encore invalidantes ;
tous pre
´sentent au moins un trouble pathologique de la
personnalite
´documente
´par une psychome
´trie le plus souvent
et dont les dimensions de personnalite
´ont e
´te
´appre
´hende
´es
par le TCI de Cloninger dont nous ne rapporterons pas ici les
re
´sultats ;
le Mini rapporte une comorbidite
´anxieuse e
´galement
comparable : dans le groupe 1, quatre phobiques sociaux
et deux troubles anxieux ge
´ne
´ralise
´s (TAG) ; dans le second
groupe, deux phobiques sociaux et deux TAG et, enfin, pour
le groupe 3, trois phobiques sociaux et trois sujets TAG.
5.2. Re
´sultats psychologiques
Le premier groupe de MBCT visait a
`observer la faisabilite
´
de l’instruction de la pleine conscience chez des patients
bipolaires I qui pre
´sentaient, par ailleurs, un ensemble de
comorbidite
´s.
Les six patients volontaires du premier groupe ont assiste
´a
`
toutes les se
´ances. Ils e
´taient participatifs pendant toutes les
approches enseigne
´es et interactifs quant au partage de
l’expe
´rience e
´motionnelle. Ces patients ont pu identifier de
`s
le premier exercice dit « du grain de raisin » leur impatience,
leur de
´couverte d’e
ˆtre tre
`s difficilement et de manie
`re
extre
ˆmement fugace dans le temps pre
´sent.
Les participants du groupe 2 ont e
´te
´e
´galement tre
`s pre
´sents
aux se
´ances, tre
`s engage
´s (nombreux e
´changes pendant et en
dehors des se
´ances : te
´le
´chargements internet et de leurs
expe
´riences individuelles) ; en revanche, le troisie
`me groupe a
e
´te
´particulie
`rement plus instable : un seul des six participants a
suivi les huit se
´ances, un autre s’est absente
´une fois alors que
deux ne sont venus pour diverses raisons qu’a
`cinq se
´ances et
qu’un sujet n’a suivi que quatre des enseignements sur huit. Les
quatre sujets les plus absents e
´taient deux femmes et deux
hommes, les plus jeunes du groupe.
Les quelques diffe
´rences cliniques indiquent, d’une part, que
les patients les plus a
ˆge
´s sont les plus assidus au training des
huit se
´ances, avec pour hypothe
`ses qu’ils recherchent des
outils, des de
´marches pour aller mieux et que leur niveau de
motivation est probablement supe
´rieur.
5.2.1. Re
´sultats psychologiques avant traitement
L’e
´valuation clinique et psychologique ne rapporte aucune
souffrance de
´pressive ni maniaque significative.
5.2.2. Re
´sultats psychologiques apre
`s MBCT
Ces re
´sultats seront pre
´sente
´s sur deux groupes, soit un total
de 12 sujets. Compte tenu de la diffe
´rence significative des deux
groupes en termes d’a
ˆge (p. inf. 0,02), nous serons oblige
´sde
pre
´senter les re
´sultats se
´pare
´ment.
Concernant les e
´chelles et questionnaires d’appre
´ciation de
la de
´pression, de la manie et de l’anxie
´te
´, il n’existe aucune
diffe
´rence significative avant et apre
`s traitement MBCT, tous
les patients e
´tant euthymiques avant de de
´marrer la the
´rapie.
Nous n’observons e
´galement aucune diffe
´rence significative
sur les questionnaires cognitifs dont la DAS, donc pas de
diminution de la re
´activite
´cognitive au retest a
`deux mois.
Concernant les deux autoquestionnaires MAS et Kentucky,
il n’existe pas non plus de diffe
´rence significative avant et
apre
`s.
Si nous regardons de plus pre
`s les re
´sultats obtenus par
chacun des patients, nous constatons des re
´sultats tre
`s
he
´te
´roge
`nes : environ quatre patients sur six ame
´liorent leurs
scores KIM apre
`s l’enseignement MBCT. En revanche, les
patients qui seront les plus absents sont ceux qui ont un score
KIM le plus bas, toujours infe
´rieur a
`25.
La sous-e
´chelle conscience de soi pre
´sente des scores
effondre
´s pour les patients les moins observants (absence a
`trois
se
´ances). En revanche, les scores « acceptation sans jugement »
sont extre
ˆmement e
´leve
´s chez ces 12 patients.
6. Discussion
Cette premie
`re expe
´rience avec des patients bipolaires
euthymiques sous thymore
´gulateurs est un ve
´ritable succe
`s
quant a
`la faisabilite
´de la the
´rapie.
Nous avons ainsi confirme
´notre premie
`re hypothe
`se de
pouvoir apprendre a
`des patients bipolaires des strate
´gies de
de
´centration comple
´mentaires a
`celles de la the
´rapie cognitive.
Cette faisabilite
´avait e
´te
´confirme
´eenpremierparKanny
et Williams en 2007 qui ont conduit une the
´rapie MBCT en
huit se
´ances chez 50 patients de
´prime
´s symptomatiques
malgre
´le traitement antide
´presseur, cinq de ces patients
pre
´sentant un trouble bipolaire. Les mesures effectue
´es
consistaient en une mesure de l’acceptabilite
´de la the
´rapie
et l’e
´volution du score au BDI. Parmi les cinq patients
bipolaires, le BDI ne s’ame
´liorait pas significativement, sauf
pour le plus de
´prime
´d’entre eux, sans que la re
´duction
n’atteigne les 50 %. Il montrait que ces cinq patients
bipolaires en souffrance de
´pressive mode
´re
´e avaient pu suivre
l’enseignement MBCT classique pendant les huit se
´ances de
deux heures.
L’ensemble des patients avait be
´ne
´ficie
´e
´galement d’une
prise en charge de TCC dans l’anne
´e qui pre
´ce
´dait
l’enseignement MBCT.
C. Mirabel-Sarron et al. / Annales Me
´dico-Psychologiques 167 (2009) 686692 689
L’e
´tude la plus re
´cente de Williams et al. [16] compare deux
groupes de patients randomise
´s comprenant chacun des patients
unipolaires en re
´mission : 24 en MBCT et 27 en liste d’attente et
des patients bipolaires stabilise
´s (neuf dans le groupe MBCT et
huit en liste d’attente) ; 21 unipolaires et sept bipolaires seront
re
´e
´value
´sa
`un mois.
Les deux groupes diminuent significativement leur souf-
france de
´pressive e
´value
´e par le BDI comparativement au
groupe contro
ˆle et le sous-groupe de patients bipolaires
diminue significativement sa souffrance anxieuse e
´value
´e par
le BAI toujours comparativement au groupe contro
ˆle et non pas
par rapport a
`eux-me
ˆmes.
Ces re
´sultats montrent l’originalite
´de notre travail car les
deux expe
´riences pre
´ce
´dentes regroupaient 10 % de patients
bipolaires avec 90 % de patients unipolaires en re
´mission [5,16].
Sur le plan psychologique, nous obtenons les me
ˆmes
re
´sultats psychologiques, a
`savoir aucune ame
´lioration du BDI
ou du BAI avant et apre
`s groupe, leur diffe
´rentiel ne se faisant
que par rapport a
`un groupe contro
ˆle (liste d’attente) que nous
n’avons pas.
Notre hypothe
`se concernant l’ame
´lioration des capacite
´sde
pleine conscience apre
`s l’enseignement MBCT n’est que tre
`s
partiellement confirme
´eetme
´rite une autre me
´thode d’investi-
gation.
7. Conclusions
Cette e
´tude pilote exploratoire objective la faisabilite
´d’une
de
´marche MBCT chez des patients bipolaires I en phase
euthymique, mais qui connaissent encore des « hauts et bas »
invalidants dans leur vie quotidienne et dont le tableau clinique
associe de nombreuses comorbidite
´s actives.
La combinaison des deux approches TCC classique et
MBCT a pour but de re
´duire chez le patient la re
´activite
´
cognitive due a
`l’humeur, qui est un facteur de risque a
`la
rechute de
´pressive ou a
`la re
´currence des e
´pisodes. Si nous
n’avons pas pu objectiver de diffe
´rences importantes a
`court
terme, nous nous proposons de re
´e
´valuer ces patients plus
tardivement afin d’estimer l’impact de cet apprentissage sur
leur re
´activite
´cognitive.
Conflits d’inte
´re
ˆts
Aucun.
C. Mirabel-Sarron et al. / Annales Me
´dico-Psychologiques 167 (2009) 686692690
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