L’émotion ou les sensations architecturales et spatiales font partie
de ce qui, dès le plus jeune âge, avive la sensibilité et marque la
mémoire. Faite d’objets visibles, d’échelles éprouvées, d’espaces
parcourus, l’architecture jalonne notre vie quotidienne et, c’est une
évidence, l’affecte ou l’enrichit. Expression particulièrement forte
du jeu social et de la mise en œuvre de techniques, l’architecture
s’inscrit dans un site et un territoire qu’elle qualifie. Monumentale
ou anonyme, elle donne corps à ce qu’on appelle l’urbanisme. En
réponse à une commande et à un programme, elle engendre des
formes, des espaces et une fonctionnalité dont les valeurs plas-
tiques et la portée symbolique constituent des faits culturels
majeurs.
Mais paradoxalement, jusqu’à une période récente, l’école n’a que
faiblement pris en compte toutes ces dimensions dans la formation
générale des élèves. Notre système scolaire a, en effet, trop sou-
vent réduit la sensibilisation à l’architecture à une présentation de
monuments représentatifs des grandes civilisations. C’est pourquoi
on observe aujourd’hui avec intérêt le développement de démarches
pédagogiques qui visent à entrecroiser de manière féconde explo-
ration plastique, analyse des techniques, place dans l’histoire,
enquête sur les conditions de réalisation, attention au développe-
ment urbain, bref à tout ce qui donne forme et sens au bâti.
Il convient de saluer ici la richesse des actions conduites dans ce
domaine par des professeurs appartenant à plusieurs disciplines et
travaillant le plus souvent en équipe dans le cadre de dispositifs
pédagogiques mis en place depuis peu au sein des collèges (« les
parcours diversifiés » et « les travaux croisés » ). Avec le soutien
actif d’une jeune architecte, ces professeurs se sont attachés à
faire découvrir à leurs élèves, selon des cheminements variés et
avec des ambitions différentes, des édifices ou des ensembles
architecturaux de proximité. Et c’est bien à partir d’expériences
comme celles-ci que la formation donnée en collège pourra intég-
rer, de manière volontariste et raisonnée, une approche tout à la
fois sensible et informée des phénomènes architecturaux et urbains.
Déclinaison régionale d’une action lancée et soutenue conjointement
par le ministère de l’éducation nationale et le ministère de la cul-
ture, les initiatives conduites dans l’académie de Besançon doivent
beaucoup à l’implication exemplaire de la cellule d’action culturelle
du rectorat, en partenariat étroit avec la DRAC et les CAUE -plus
particulièrement celui du Doubs qui a assumé une efficace coordi-
nation- et au soutien de multiples acteurs locaux et départemen-
taux. Que tous soient vivement remerciés.
Jean-Louis Langrognet
Inspecteur général de l’Éducation nationale