(Hetzel 1996, Mermet 1997, Pras 1999)
. C’est cette sophistication des critères
d’achat que révèle Filser
en signalant que les courants actuels de la recherche en
marketing mettent en évidence l’importance de la transformation du statut de
l’acheteur : le consommateur (consumer) étant de plus en plus traité comme un
« magasineur » (shopper).
La conséquence de ce phénomène semble être le déplacement de l’objet d’analyse
du marketing de la consommation vers l’acte d’achat en magasin, révélant en cela
des comportements de la part des consommateurs d’un opportunisme inédit. Le
consommateur occidental chercherait donc à exprimer sa singularité de plus en plus
vindicative (Agamben 1990), voire anti-institutionnelle (Dubet 2002, Renaut 2004)
,
y compris à l’égard des distributeurs (Badot et Cova 2003)
en pratiquant une sorte
d’analyse de la valeur de l’offre et en réclamant de la part des offreurs le « tout pour
rien ».
3.1. Les consommateurs pratiquent une sorte d’analyse de la valeur de
l’offre.
Pour Leclerc
, « les consommateurs s’aperçoivent que les industriels accélèrent
artificiellement le degré d’obsolescence des appareils électroménagers, des voitures,
des appareils photos et même des vêtements ». Selon lui, les consommateurs
occidentaux ressentent, face à ce phénomène, un sentiment de gaspillage, de fausse
innovation, de « gadgétisation » qui se manifeste par la « contestation d’une politique
industrielle qui secrète des besoins factices et génère des surcoûts écologiques et
collectifs désastreux autant qu’inutiles ». Le consommateur tendrait à revenir « à
l’essentiel », aux valeurs classiques et aux produits basiques en délaissant ceux
« dont les valeurs marchandes excèdent les valeurs d’usage, ceux dont les
arguments publicitaires, les emballages cautionnent des prix élevés sans réelle
valeur ajoutée (Leclerc 1994)
». D’autant que, comme l’énonce Loisel
, « le choc
de la désinflation n’est évidement pas pour rien dans cette transformation du
consommateur depuis quinze ans. Pas seulement parce qu’elle rogne ses revenus et
les rend plus incertains mais aussi, parce qu’elle lui ouvre les yeux. Quand tous les
prix montaient, il était difficile de distinguer ceux qui grimpaient plus vite que les
autres. Désormais, avec des étiquettes qui changent moins rapidement, et qui parfois
même affichent des baisses, l’acheteur remarque davantage les variations ».
Pras B, (1999) – ‘’Introduction’’, in Pras, B, ‘’Faire de la recherche en marketing ?’’, Coll. FNEGE, Vuibert,
Paris. De la page 1 à la page 12.
Filser M, (2000) – ‘’Les théories du canal de distribution : le dualisme des paradigmes’’. In Fabbe-Costes N,
Colin J et Paché G. Faire de la recherche en logistique et distribution ?. Collection FNEGE, Vuibert, Paris. De la
page 55 à la page 89.
Dubet F, (2002) – ‘’Le déclin des institutions’’. Collection l’épreuve des faits, Paris. Editions du seuil.
Renaut A, (2004) – ‘’La fin de l’autorité’’. Edition Flammarion, Paris.
Badot O et Cova B, (2003) – ‘’Néo-marketing, 10 ans après : pour une théorie critique de la consommation et
du marketing réenchantés’’. Revue Française du Marketing. De la page 79 à la page 94. Novembre.
Leclerc ME, (1994) – ‘’La fronde des caddies’’. Editions Plon, Paris. de la page 25 à la page 26.
Leclerc ME, (1994) – ‘’La fronde des caddies’’. Editions Plon, Paris. page 26.
Loisel, (1993) – ‘’Le délit d’inflation’’. Collection Optiques Economie, Hatier, Paris. page 59.