218Diabète & Obésité • Juin 2011 • vol. 6 • numéro 50
CLINIQUE
méthode pédagogique adap-
tée aux capacités de chacun en
n’oubliant pas que si le calcul
des glucides fait partie des ou-
tils proposés lors de l’IF, l’IF n’est
pas le calcul des glucides.
COMMENT ?
LE CADRE
Il est souvent difficile de conju-
guer l’approche individuelle du
patient avec la prise en charge
en groupe. Pour cette raison il
nous apparaît peu adapté d’ac-
cueillir plus de 6 patients par
session. L’approche individuelle
présente l’avantage d’être extrê-
mement personnalisée mais elle
nécessite beaucoup de temps
pour les soignants et limite par-
fois la richesse des acquisitions
que les interactions de groupe
peuvent générer. Conjuguer les
2 types d’approches au cours de
nos sessions d’IF nous paraît né-
cessaire.
Nous proposons l’IF sous forme
de séances de groupe de 4 à
6 patients, soit lors d’une hospi-
talisation de 5 jours, soit en 5 HDJ
au rythme d’une par semaine.
Pour les sessions en hospitalisa-
tion, il n’existe pas d’unité de se-
maine et les patients sont donc
programmés en unité conven-
tionnelle.
Dans notre expérience, nous
n’avons pas démontré la supé-
riorité de la prise en charge lors
d’une hospitalisation conven-
tionnelle sur la prise en charge
en ambulatoire. Nous mainte-
nons donc les deux modes de
déroulement pour offrir au pa-
tient en fonction de son travail
ou de ses activités, le choix de
l’une ou ou de l’autre des op-
tions.
LE CONTENU
L’objectif des séances d’IF est de
permettre à chaque patient d’ac-
quérir le savoir et le savoir-faire
pour reproduire au mieux la sé-
crétion physiologique de l’insu-
line avec son propre traitement
dans sa propre vie. L’ensemble
du programme est ainsi élaboré
autour des 3 rôles de l’insuline :
vivre, manger et corriger. Paral-
lèlement il est important de sou-
ligner aux patients les limites et
imperfections de son traitement
pour qu’il puisse apprendre à le
corriger. D’après le Pr Grimaldi,
l’IF a pour but « d’apprendre au
patient à tirer avec un mauvais
arc et de mauvaises flèches pour
atteindre le centre de la cible »,
ce qui illustre très bien les im-
perfections du traitement par
voie sous-cutanée et déculpabi-
lise les patients qui ont tous une
fois au moins obtenu des résul-
tats glycémiques bien en deçà
de l’effort fourni. A la lumière
de nos objectifs pédagogiques,
il apparaît évident que 5 jours
d’apprentissage ne peuvent
suffire à une personne atteinte
d’une maladie chronique qui
plus est avec un traitement très
imparfait.
Nous avons donc repensé notre
approche de l’IF comme le
B.A.BA du traitement intensi-
fié et l’avons rebaptisé « Pro-
gramme d’apprentissage du trai-
tement insulinique intensifié »
(Tab. 1)
. D’autres types d’appren-
tissage et d’éducation thérapeu-
tique doivent être créés pour ré-
pondre aux besoins des patients
notamment sur le savoir-être.
L’IF n’est pas une mode et en-
core moins une méthode mira-
culeuse ou recette, elle s’inscrit
dans l’accompagnement guidé
de nos patients et peut être pro-
posée à tout ceux bénéficiant
d’un traitement basal-bolus.
L’APPORT DES OUTILS
TECHNOLOGIQUES
❚Les pompes
Le traitement proposé pour l’IF
doit permettre de mimer au
mieux la sécrétion physiologique
du pancréas. A ce titre, le traite-
ment par pompe externe et de
surcroît le traitement par pompe
implantée avec diffusion intra-
péritonéale de l’insuline sont pro-
bablement les traitements les plus
indiqués. Le Dr Elisa Sarde dans sa
thèse de médecine a montré que
des patients traités par pompe à
infusion sous-cutanée d’insuline
(n = 46) tendaient (de façon sta-
tistiquement non significative) à
avoir une HbA1c plus basse que
les patients traités par multi-injec-
tions (n = 91) 1 an après avoir bé-
néficié de l’IF au sein de notre ser-
vice. Par ailleurs, 8 patients sous
pompe implantée ayant bénéficié
de l’IF dans le service ont amélioré
significativement leur HbA1c et
cela sur 2 années (8,1 ± 1,7 avant vs
6,6 ± 0,5 2 ans après). A la lumière
de ces résultats d’autres études
sont et doivent être menées, mais
l’association de la pompe et de l’IF
constitue le traitement de choix
pour le patient du diabétique de
type 1.
❚Les Holters glycémiques
Grâce à l’enregistrement conti-
nu des glycémies tout au long
du nycthémère, la lecture des
courbes glycémiques permet de
confronter les résultats à ceux
d’une courbe physiologique at-
tendue et de proposer des correc-
tions adaptées. Avec le Dr Laure
Rocher, nous avons tout d’abord
utilisé cet outil lors des sessions
en HDJ comme recueil des gly-
cémies lors du jeûne à domicile.
Depuis quelques mois nous l’uti-
lisons également entre la qua-
trième et la cinquième session