DOSSIER Médicaments L’insuline à portée du médecin généraliste n R. Wakim* J‘ ai été frappé ces dernières années par l’augmentation du nombre de mes diabétiques de type 2. Etaitce lié à un meilleur dépistage de ma part, ou à une augmentation de la prévalence de cette maladie ? S’il est certain que la sensibilisation des médecins et de la population aux campagnes de dépistage, menées par la grande presse, a amélioré le dépistage, il est aussi indéniable que la prévalence du diabète augmente. En effet, selon l’OMS, il y avait 175 millions de diabétiques dans le monde en l’an 2000, et une projection porte le nombre à 300 millions pour l’an 2025. Si, en France, la prévalence était de 3 % de la population en 2000, soit 1,8 million de patients, les prévisions portent le chiffre à 2,5 millions de patients diabétiques en 2025 dont plus de 80 % de type 2 ! Il est indispensable que l’objectif thérapeutique soit de maintenir l’hémoglobine glycosylée inférieure à 7 %, afin de réduire le risque de survenue des complications. Mais, force est de constater que le diabète de type 2 est une maladie évolutive, et qu’apparaît de façon naturelle un échappement au traitement oral après 10 à 15 ans * Médecin généraliste, Paris. d’évolution. Cet échappement sera d’autant plus retardé que l’hyperglycémie sera bien contrôlée. L’ANAES recommande le passage à l’insulinothérapie chez nos diabétiques bénéficiant déjà d’un traitement oral maximal et présentant, pour la troisième fois consécutive, une hémoglobine glycosylée supérieure à 8 ,%. Mais nous nous laissons souvent fléchir par le discours du patient en insistant sur les conseils hygiéno-diététiques et sur la régularité de prise de la bi- ou trithérapie antidiabétique orale. La survenue d’un incident cardiovasculaire rendait l’insulinothérapie inéluctable. Nos patients vivent très mal le caractère punitif et culpabilisant de l’insulinothérapie, probablement en raison de nos propres erreurs de communication : “attention : si vous ne…, on vous mettra à l’insuline”. Nous ne l’intégrions dans notre arsenal thérapeutique que pour traiter le diabète compliqué déjà d’une micro- ou macroangiopathie, et non pour la prévenir ! De plus, l’insulinothérapie était, en pratique, réservée aux endocrinologues et, le plus souvent, mise en route après un séjour à l’hôpital. La prescription depuis quelques années de l’insuline bed time a amorcé le virage et sa démocratisation. L’insuline n’était plus un remplacement du traitement oral, mais une adaptation. Elle se heurtait cependant à quelques problèmes liés à la cinétique de l’insuline injectée. L’année 2003 a vu l’arrivée d’une nouvelle insuline : l’insuline glargine. Il s’agit d’une insuline lente à diffusion homogène sur 24 heures, qui vient en complément du traitement oral déjà instauré, à l’exception de la glitazone (association glitazone et insuline contre-indiquée). Ce côté “thérapeutique complémentaire” devra être inclus dans notre communication afin d’améliorer l’acceptabilité et l’adhésion de nos patients. La prescription d’une injection quotidienne matinale d’une faible dose accroît le sentiment de sécurité pour le médecin. Le traitement peut être réévalué par une glycémie capillaire après 2-3 jours. Bien que sa prescription soit aisée, Il est évident qu’il n’est pas souhaitable de le faire sans une information et une formation dans le cadre d’une coopération médecin généraliste-endocrinologue . Cette collaboration devrait permettre d’évaluer tous les problèmes et la complexité de la maladie et du diabétique lui-même. Les articles publiés dans “Correspondances en médecine” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. © 2000 DaTeBe S.A. Impression : La Touraine Rotos 16-Vincent, 37010 Tours Cedex 1. Dépôt légal : À parution 34 Correspondances en médecine - n° 3-4, vol. IV - juillet-décembre 2003