Correspondances en médecine - n° 3-4, vol. IV - juillet-décembre 2003
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DOSSIER Médicaments
ai été frappé ces dernières années
par l’augmentation du nombre de
mes diabétiques de type 2. Etait-
ce lié à un meilleur dépistage de ma part,
ou à une augmentation de la prévalence de
cette maladie ?
S’il est certain que la sensibilisation des
médecins et de la population aux cam-
pagnes de dépistage, menées par la grande
presse, a amélioré le dépistage, il est aussi
indéniable que la prévalence du diabète
augmente. En effet, selon l’OMS, il y avait
175 millions de diabétiques dans le monde
en l’an 2000, et une projection porte le
nombre à 300 millions pour l’an 2025. Si,
en France, la prévalence était de 3 % de la
population en 2000, soit 1,8 million de
patients, les prévisions portent le chiffre à
2,5 millions de patients diabétiques en 2025
dont plus de 80 % de type 2 !
Il est indispensable que l’objectif thérapeu-
tique soit de maintenir l’hémoglobine gly-
cosylée inférieure à 7 %, afin de réduire le
risque de survenue des complications.
Mais, force est de constater que le diabète
de type 2 est une maladie évolutive, et
qu’apparaît de façon naturelle un échappe-
ment au traitement oral après 10 à 15 ans
d’évolution. Cet échappement sera d’au-
tant plus retardé que l’hyperglycémie sera
bien contrôlée.
L’ANAES recommande le passage à l’insulino-
thérapie chez nos diabétiques bénéficiant
déjà d’un traitement oral maximal et pré-
sentant, pour la troisième fois consécutive,
une hémoglobine glycosylée supérieure à
8,%.
Mais nous nous laissons souvent fléchir
par le discours du patient en insistant sur
les conseils hygiéno-diététiques et sur la
régularité de prise de la bi- ou trithérapie
antidiabétique orale. La survenue d’un inci-
dent cardiovasculaire rendait l’insulino-
thérapie inéluctable.
Nos patients vivent très mal le caractère
punitif et culpabilisant de l’insulinothéra-
pie, probablement en raison de nos
propres erreurs de communication : “atten-
tion : si vous ne…, on vous mettra à l’insu-
line”. Nous ne l’intégrions dans notre arse-
nal thérapeutique que pour traiter le
diabète compliqué déjà d’une micro- ou
macroangiopathie, et non pour la prévenir !
De plus, l’insulinothérapie était, en pra-
tique, réservée aux endocrinologues et, le
plus souvent, mise en route après un
séjour à l’hôpital.
La prescription depuis quelques années de
l’insuline bed time a amorcé le virage et sa
démocratisation. L’insuline n’était plus un
remplacement du traitement oral, mais une
adaptation. Elle se heurtait cependant à
quelques problèmes liés à la cinétique de
l’insuline injectée.
L’année 2003 a vu l’arrivée d’une nouvelle
insuline : l’insuline glargine. Il s’agit d’une
insuline lente à diffusion homogène sur
24 heures, qui vient en complément du
traitement oral déjà instauré, à l’exception
de la glitazone (association glitazone et
insuline contre-indiquée).
Ce côté “thérapeutique complémentaire
devra être inclus dans notre communica-
tion afin d’améliorer l’acceptabilité et
l’adhésion de nos patients.
La prescription d’une injection quotidienne
matinale d’une faible dose accroît le senti-
ment de sécurité pour le médecin. Le traite-
ment peut être réévalué par une glycémie
capillaire après 2-3 jours.
Bien que sa prescription soit aisée, Il est
évident qu’il n’est pas souhaitable de le
faire sans une information et une formation
dans le cadre d’une coopération médecin
généraliste-endocrinologue . Cette collabo-
ration devrait permettre d’évaluer tous les
problèmes et la complexité de la maladie et
du diabétique lui-même.
L’insuline à portée
du médecin généraliste
n
n
R. Wakim*
J
* Médecin généraliste, Paris.
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