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Tout savoir sur la contention
LES D OS S I ERS DU P S Y C H O LOGU E
Définition de la contention :
« La contention physique dite passive est
l’utilisation de tous moyens, méthodes,
matériels ou vêtements qui empêchent ou
limitent les capacités de mobilisation
volontaire de tout ou une partie du corps,
dans le seul but d’obtenir de la sécurité
pour une personne qui présente un com-
portement estimé dangereux ou mal
adapté. » (définition HAS)
1/ Les différents types de contention.
Il existe trois types de contention :
⇒ chimique (psychotropes)
⇒ contraintes physiques
⇒ matériaux et attaches : sangles, gilets,
harnais, ceintures, draps, grenouil-
lères, sécuridraps, moufles, etc…
2/ Les raisons invoquées par les soi-
gnants pour la pose de contention.
La sécurité de la personne soignée
Les situations de crise, le risque de vio-
lence ou d’auto-mutilation, la désorienta-
tion des personnes, les chutes à répétition
sont un premier lot de raisons invoquées.
Mais il y a aussi des raisons médicales
pour pratiquer un examen quand la per-
sonne est agitée ou alcoolisée par
exemple.
Autre raison souvent invoquée : le défaut
de moyens de surveillance du personnel
soignant.
La sécurité de l’entourage
La sécurité de l’entourage est en jeu lors-
qu’il y a un risque infectieux bien sûr
mais aussi lorsque il y a des risques
d’agressions verbales ou physiques des
autres patients ou des proches.
La protection de l’environnement
Car les matériels et les locaux peuvent
être aussi dégradés par les actes violents
des personnes ayant des troubles du
comportement.
La sécurité du personnel et de l’institu-
tion
Dans le pire des cas l’attache peut être
employée comme mesure disciplinaire.
Elle peut aussi être employée pour pré-
server la sécurité judiciaire pour éviter
les plaintes des familles (plainte pour
maltraitance). Enfin elle peut répondre à
une demande de la famille.
3/ Répercussions sur la personne soi-
gnée
Les conséquences somatiques
La contention réduit rapidement l’auto-
nomie ainsi que la liberté de mouvement.
Il y a des risques importants de troubles
trophiques (escarres), des complications
locomotrices (contractures douloureuses,
rétractions…), des conséquences vascu-
laires (plaies, ischémie, œdèmes par
compression du point d’attache). On peut
aussi provoquer des fausses routes avec
leur complications pulmonaires, des
compressions nerveuses, des troubles du
sommeil, de l’anorexie ou de la constipa-
tion, enfin un épuisement.
Les conséquences traumatiques
Les risques de chutes sont majorés par la
contention, beaucoup d’études le mon-
trent. Mais le risque le plus grave est le
risque de strangulation par la contention.
Evidemment il y a aussi le risque
d’asphyxie en cas d’incendie.
Les conséquences psychologiques
La contention augmente les délires, la
confusion et la dépression. Elle provoque
de l’isolement et une détérioration plus
rapide des capacités de raisonnement.
Enfin, on observera une perte des repères
dans l’espace et dans le temps qui s’ins-
talle plus rapidement. L’agressivité se
trouve décuplée. La contention engendre
un sentiment de haine, de culpabilité et
d’humiliation. Enfin elle favorise la dé-
pendance psychologique envers le soi-
gnant avec l’installation progressive
d’une relation d’esclave à maître.
La contention chimique
La contention par des médicaments sou-
vent moins visibles et moins culpabili-
sante pour les soignants n’en a pas moins
des effets secondaires dont il faut tenir
compte (hypotension, délires, dépres-
sion, etc…)
4/ Répercussions sur l’entourage
Vécu positif
La contention rassure les familles et les
proches, elle donne l’impression que les
risques sont moindres, surtout les risques
de chutes. Enfin, elle apaise une certaine
culpabilité. Mais cela reste tout à fait
illusoire...
Vécu négatif
La contention peut aussi provoquer de la
peur pour la famille, un sentiment de
rejet et de mise à distance. Elle fragilise
les liens existants par une perte de con-
fiance vis-à-vis des soignants.
5/ Répercussions chez les soignants
La contention provoque de nombreux
conflits internes chez les soignants : in-
satisfaction, culpabilité, honte, diminu-
tion de l’estime de soi, etc.
Nous pouvons aussi observer une perte
du sens du soin et une modification de la
surveillance. La contention physique
renvoie au soignant une image de
« malade dangereux », la contention chi-
mique de « légume ». Elle donne aussi le
sentiment d’une fausse sécurité qui dimi-
nue la vigilance des soignants.
Enfin la contention peut provoquer des
conflits d’équipe s’il n’y a pas de discus-
sion entre les soignants et qu’un consen-
sus n’est pas établi.
6/ Bénéfices des moyens de contention
Il existe bien sûr quelques bénéfices pour
tout type de contention. Quelquefois, la
contention permet d’assurer simplement
les soins. La contention posturale aussi
permet la rééducation. Enfin, la protec-
tion des autres personnes justifie aussi
souvent la pose d’une contention.
7/ Les différentes études
Les études scientifiques menées autour
de la question de la contention ne dé-
montrent pas d’intérêt pour la conten-
tion. Ne pas mettre de contention ne fait
pas augmenter le risque de chute, car dès
que l’on enlève la contention, le risque
de chute est encore plus important. Il n’y
a pas de gain de temps pour les soignants
car non seulement une personne attachée
réclame plus l’attention de ses soignants,
mais encore elle relève d’une surveil-
lance plus active pour éviter les risques
liés à la contention elle-même. L’immo-
bilisation va entrainer à terme des soins
beaucoup plus lourds.
« La décision de contention se fonde plus
sur une impression de la présence d'un
risque que sur une évaluation précise de
ce risque. Cette perception est certaine-
ment confortée par le sentiment que l’ab-
sence de contention ferait courir un
risque médico-légal au soignant. Prouver
et convaincre que la réduction des con-
tentions ne s’accompagne pas d’une ma-
joration des chutes et des blessures est
donc fondamental pour changer les re-
présentations et les pratiques dans ce
domaine
»
8/ Le point de vue judiciaire
Toute famille peut porter plainte pour
dénoncer les conséquences délétères
d’une contention (chute, strangulation,
etc.). Il n’existe pas vraiment de cadre
légalisant la contention ou en marquant
les limites. S’il peut arriver que les soi-
gnants soient mis en cause, le juge repère
en général les conditions générales de
sécurité, et le caractère prévisible ou non
de l’accident. Il est nécessaire alors
d’établir un rapport circonstancié de l’ac-
cident.