temps et par la même voie d’abord de
réaliser la neurolyse à la fois splanchni-
que et cœliaque [1]. L’abord par voie
rétropéritonéale postéro-latérale a l’avan-
tage d’éviter le passage à travers un
organe creux digestif. L’utilisation d’une
aiguille fine de calibre inférieur à 22
Gauge autorise un passage sans grand
danger dans la majorité des organes
abdominaux (dans notre cas, l’estomac et
le pancréas) à l’exception du colon qu’il
est préférable d’éviter à cause des risques
septiques non négligeables [9]. Entre des
mains entraînées et en l’absence des
contre-indications habituelles [1], ce pas-
sage transaortique de l’aiguille permet la
neurolyse, au cours de la même procé-
dure, du plexus solaire et des nerfs splan-
chniques [12]. Dans nos régions où les
patients consultent tardivement et où les
tumeurs sont souvent diagnostiquées à
un stade avancé, la prise en charge de la
douleur solaire constitue un problème de
pratique quotidienne. Les médications
antalgiques et surtout opiacées ne sont
pas toujours faciles à obtenir et parfois
leur coût peut devenir rapidement prohi-
bitif. Devant les moyens limités des
patients en Afrique et les risques d’une
mauvaise observance du traitement, la
neurolyse est un recours appréciable, soit
comme adjuvant thérapeutique, soit
comme traitement isolé. Elle ne permet
pas toujours un sevrage complet des
antalgiques, mais elle améliore l’analgésie
induite par l’utilisation des morphiniques
et réduit de façon significative leur poso-
logie [13]. Un effet antalgique significatif
immédiat et à moyen terme a été observé
chez 87 % à 93 % des cancéreux selon les
séries [4, 5]. Dans une méta-analyse
concernant 1 145 patients ayant subi une
neurolyse cœliaque pour des douleurs
solaires d’origine néoplasique, Eisenberg
et al. [4] ont montré une sédation com-
plète de la douleur pendant au moins
deux semaines chez 89 % des patients,
une persistance totale ou partielle des
effets antalgiques chez 90 % d’entre eux
après 3 mois et, jusqu’au décès, dans
70 % à 90 % des cas. De plus, la neurolyse
percutanée chimique qui est relativement
peu coûteuse [10, 11] présente plusieurs
autres avantages : hospitalisation de
courte durée, procédure rapide réalisée
sous anesthésie locale, répétition facile-
ment acceptée par les patients en cas
d’épuisement de l’effet antalgique [13].
Les complications digestives, vasculaires
et neurologiques rapportées dans la litté-
rature sont rares [1, 4]. Bien que notre
travail n’ait concerné qu’un seul patient,
nous pensons que la diffusion récente des
appareils scanographiques et une bonne
maîtrise des techniques de neurolyse per-
cutanée peuvent aider à améliorer vala-
blement la survie des patients oncologi-
ques pour lesquels un traitement curatif
n’est plus indiqué. D’autres travaux
seront utiles pour mieux préciser ces
aspects et pour évaluer les enjeux psy-
choculturels que peut poser pareil geste
de médecine palliative, dans un contexte
socioculturel traditionnel où la symboli-
que de pénétration du corps par un objet
pointu peut être chargée de représenta-
tions insoupçonnées par l’opérateur et
son équipe (sortilège utilisé par des enne-
mis ou par des esprits malveillants pour
donner la mort...).
Conclusion
La neurolyse cœliaque et splanchnique
sous contrôle scanographique est une
alternative thérapeutique intéressante au
cours des douleurs solaires néoplasiques.
C’est une technique ambulatoire simple,
peu coûteuse, peu invasive et efficace qui
s’applique bien aux situations classique-
ment rencontrées dans le contexte tropi-
cal. Les charges financières, éléments non
négligeables dans les pays en développe-
ment, peuvent être ainsi réduites tant
pour l’hôpital que pour le patient ■
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Cahiers Santé vol. 15, n° 2, avril-mai-juin 2005 107
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