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86 chirurgie thoracique et cardio-Vasculaire - 2013 ; 17(2) : 83-87
expérience initiale de remplacement valvulaire aortique par minithoracotomie antérieure droite
Le temps de clampage moyen en cas de remplacement valvu-
laire aortique sans geste associé était de 91,1 +/- 29,5 min et le
temps de CEC de 123,6 +/- 56 min.
Une prothèse mécanique (Regent, St. Jude Medical, Minnea-
polis, États-Unis) a été implantée chez 10 patients (20 %) et
une prothèse biologique (Magna Ease, Carpentier-Edwards
ou Mitroflow, Sorin ou Solo, Sorin ou Trifecta, St. Jude Me-
dical) chez 40 patients (80 %).
La prothèse a été suturée par un surjet suspendu dans 14 cas
(28 %) comme traditionnellement dans notre équipe, par des
points séparés en U pledgetés dans 23 cas (46 %) essentielle-
ment au début de la série et pour les anneaux très calcifiés,
un surjet direct dans 10 cas (valves stentless), et des points
séparés non pledgetés dans 3 cas (6 %) pour les petits anneaux
(valves 19). La valve était suturée par défaut en surjet et avec
des points séparés si l’anneau était très calcifié.
La canulation a été réalisée par voie percutanée chez 8 pa-
tients (16 %), avec fermeture par le système Prostar et par
abord direct de l’artère et de la veine fémorale au scarpa droit
par une incision d’environ 3 cm chez les 42 autres patients.
Un remplacement d’aorte ascendante associé a été réalisé
chez 6 patients (12 %). Deux patients ont eu une résection
anastomose d’aorte ascendante et un patient une résection
segmentaire. Trois patients (6 %) ont eu une aortoplastie
d’élargissement.
Les autres gestes associés ont été une fermeture de foramen
ovale perméable dans 2 cas (4 %).
3. RÉSULTATS
Les suites opératoires sont représentées dans le tableau 3.
La mortalité hospitalière était de 4 % (2 patients). Un pa-
tient est décédé suite à des complications hémorragiques sur
l’anneau aortique et un patient est décédé de défaillance du
ventricule droit par probable dissection de l’artère coronaire
droite par la canule de cardioplégie sélective.
Les complications liées à la canulation fémorale ont été :
2 complications hémorragiques nécessitant une réfection de
trépied fémoral et un pontage fémorofémoral chez les pa-
tients avec canulation percutanée et une dissection type B sur
le point de canulation découverte à 2 mois sur claudication
de membre inférieur chez un patient canulé par abord direct.
Les autres complications ont été : une insuffisance tricuspi-
dienne nécessitant une reprise chirurgicale par minithoraco-
tomie vidéo-assistée, un chylothorax, un AVC régressif, une
reprise pour fuite paravalvulaire (à 1 mois, par la même voie
d’abord) et une défaillance cardiaque suite à un problème de
protection myocardique (Custodiol en normothermie). Il n’y
pas eu de cas d’infection de la cicatrice.
Une conversion en sternotomie a été nécessaire chez un pa-
tient en raison d’une rupture de l’anneau aortique. Onze pa-
tients (22 %) ont nécessité une transfusion.
La durée moyenne de séjour en réanimation a été de 2,6 jours
+/- 2,2 et la durée moyenne de séjour hospitalier de 9,3 jours
+/- 5,8. Trente-deux patients (64 %) sont sortis à domicile, 10
patients (20 %) sont sortis dans un autre centre hospitalier et 6
patients (12 %) sont sortis en centre de rééducation.
4. DISCUSSION
La minithoracotomie droite est maintenant bien répandue
pour la chirurgie mitrale mais cette approche est plus récente
et moins répandue pour la chirurgie de la valve aortique.
La plupart des équipes réalisant cette voie d’abord font un
scanner préopératoire pour localiser l’espace intercostal qui
offrira la meilleure exposition et pour vérifier la position de
l’aorte par rapport à la partie médiane du sternum [5,6]. Nous
ne réalisons pas de scanner systématique, la voie d’abord étant
choisie sur des repères anatomiques dans notre série (distance
entre la clavicule et le rebord de la dernière côte, à ¼ de la cla-
vicule et ¾ de la dernière côte). En cas de remplacement isolé
de la valve aortique, le troisième espace intercostal sera plus
approprié, alors qu’en cas de remplacement de l’aorte ascen-
dante associé, on privilégiera le deuxième espace intercostal.
Nous mettons en place la CEC par voie fémorofémorale.
Certaines équipes mettent une CEC aortofémorale [6,8-9]
cependant la canule artérielle prend de la place au niveau du
champ opératoire qui est déjà réduit. L’utilisation de l’ETO
diminue le risque de fausse route de la canule veineuse et de
dissection artérielle. Un écho-Doppler artériel préopératoire
est réalisé pour limiter les risques liés à la canulation.
Au début de notre expérience, nous réalisions une cardioplé-
gie au sang champ toutes les 20 minutes avec perfusion sélec-
tive dans les ostias coronariens. Cependant, la perfusion de
cardioplégie dans l’ostium coronaire droit pouvait s’avérer fas-
tidieuse et a été responsable d’une dissection de la coronaire
droite chez un patient. Nous avons ensuite changé de cadio-
plégie pour une cristalloïde froide (Custodiol) ne nécessitant
plus d’injection sélective dans les ostia coronariens. Cette car-
dioplégie doit se faire sous contrôle de la pression d’injection
et sous hypothermie modérée (32-33 °C).
La plupart des équipes utilisent une cardioplégie au Custo-
diol en une seule injection dans l’aorte ascendante pour cette
voie d’abord [6,8,10]. Glauber et al. [10] utilisent une cardio-
plégie chaude dans les ostias coronariens ou par une canule
rétrograde placée sous contrôle ETO uniquement en cas d’in-
suffisance aortique significative.
Nous utilisons pour le clampage aortique un clamp trans-
thoracique de Chitwood, de la même manière que dans la
chirurgie mitrale par minithoracotomie, l’incision étant réuti-
lisée pour passer le drain thoracique en fin d’intervention. La
plupart des équipes utilisent un clamp aortique flexible [6, 8,
9, 10] (Cygnet Cross Clamp, Novare Surgical Systems, Cuper-
tino, Californie, États-Unis), cependant celui-ci sort par la
cicatrice et prend de la place au niveau du champ opératoire.
Plusieurs études comparant la sternotomie classique à la mi-
nithoracotomie droite ont montré une réduction des compli-
cations postopératoires par voie mini-invasive.
Glauber a comparé de manière rétrospective une série de
192 patients opérés par minithoracotomie à une série de 336
patients opérés par sternotomie classique [10]. Ses résultats
montrent une incidence plus faible d’ACFA postopératoire
par minithoracotomie, ainsi que moins de transfusion san-
guine, une durée de ventilation plus courte et une durée de
séjour plus courte, la mortalité n’étant pas différente dans les
2 groupes mais les temps de CEC et de clampage étaient plus
élevés par thoracotomie.
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