
Journal Identification = PNV Article Identification = 0457 Date: March 12, 2014 Time: 2:37 pm
H. Michelon, et al.
marché pharmaceutique franc¸ais n’a cessé d’augmenter
(taux de croissance moyen annuel de 8,8 % par an contre
4,5 % par an pour les pharmacies d’officine) [4].
En Ile de France, 0,5 milliard d’euros de médicaments
prescrits par les médecins hospitaliers sont dispensés aux
malades hospitalisés [4]. Une somme comparable (506
millions) correspond à des médicaments prescrits par des
médecins hospitaliers de l’AP-HP (Assistance Publique -
Hôpitaux de Paris) mais dispensés aux patients ambu-
latoires par les pharmacies de ville. Il peut s’agir de
prescriptions réalisées aux urgences, en polyclinique, en
consultation externe ou lors de la sortie des patients, après
une hospitalisation traditionnelle, de jour, ou de semaine.
Bien qu’elles soient toutes issues de l’hôpital, ces prescrip-
tions dispensées par les pharmacies de ville suivent, de fait,
les règles de substitution pour les médicaments génériques
accordées aux pharmaciens d’officine selon l’article L.5125-
23 du Code de la santé publique (CSP) [5]. Le montant des
dépenses (hors taxe) correspondant à des médicaments
génériques remboursables s’élève en France à 2 milliards
d’euros en 2009 dont 93 millions pour le marché hospitalier
[4]. Le médicament générique d’une spécialité de référence
(princeps) est un médicament qui a la même composi-
tion qualitative et quantitative en principe actif, la même
forme pharmaceutique et dont la bioéquivalence avec le
princeps a été démontrée par des études de biodisponi-
bilité appropriées (article L.5121-1 du CSP) [6]. Ayant les
mêmes exigences de qualité, de sécurité et d’efficacité,
le médicament générique représente un axe fort dans la
régulation des dépenses des médicaments. En effet, du fait
d’un développement moins coûteux (données non cliniques
et cliniques disponibles dans le domaine public), le dossier
d’Autorisation de mise sur le marché est moins onéreux,
ce qui explique un prix public de vente en moyenne 30 %
moins cher que celui du princeps.
La maîtrise médicalisée des prescriptions hospitalières
dispensées en ville, dont un des volets est l’utilisation
des médicaments génériques - soit par la prescription en
Dénomination commune internationale (DCI) (obligation de
délivrer en générique si possibilité), soit par la prescription
dans le répertoire des médicaments génériques de l’ANSM
(autorisant la substitution par le pharmacien) - constitue
un enjeu majeur d’économie de santé publique. Depuis
2006, l’Assurance-maladie a donc une attention croissante
pour ces prescriptions hospitalières délivrées en ville via
la signature de conventions de partenariats avec les éta-
blissements de santé dont l’AP-HP, afin de développer la
prescription de médicaments en DCI ou au sein du réper-
toire de l’ANSM, par les médecins hospitaliers. Au-delà
d’une dynamique de maîtrise médicalisée de l’évolution
des dépenses de santé, ces partenariats s’inscrivent dans
une démarche d’amélioration de la qualité des soins, de
promotion du bon usage et de sécurisation du circuit du
médicament.
Cependant, et malgré des efforts constants, force est
de constater aujourd’hui que les pharmacies de ville d’Ile
de France, ont moins tendance à substituer les médica-
ments génériques lorsqu’ils sont issus d’une prescription
hospitalière (61 % de substitutions), alors qu’ils les substi-
tuent plus facilement (70 % de substitution) quand ils sont
prescrits sur une ordonnance issue d’un médecin de ville.
À titre d’exemple, sur l’année 2009 à l’échelle du Groupe
hospitalier Pitié-Salpêtrière (AP-HP), sur 656 537 boîtes de
médicaments prescrites, 61,2 % ont été délivrées en géné-
riques au sein du répertoire. Pour les ordonnances issues
de l’AP-HP un taux de substitution identique aux taux obser-
vés pour les ordonnances de ville permettrait de faire une
économie pour la sécurité sociale de l’ordre de 5 millions
d’euros par an.
Face à de tels constats et dans la poursuite des actions
de maîtrise des dépenses médicalisées en partenariat avec
le service médical de Paris (Assurance-maladie), nous avons
souhaité, au sein de notre établissement (Groupe hospi-
talier Pitié-Salpêtrière, AP-HP), sensibiliser les médecins
prescripteurs (médecins seniors et internes en médecine)
sur cet enjeu et évaluer l’impact d’une intervention phar-
maceutique d’information auprès des médecins sur la
proportion des médicaments génériques prescrits lors de
la sortie d’hospitalisation.
Cette étude a été réalisée dans le service de gériatrie du
groupe hospitalier en raison d’une forte intégration des phar-
maciens (seniors, internes, étudiants en pharmacie) dans
ce service clinique (analyse pharmaceutique des prescrip-
tions, participation aux visites médicales, information aux
professionnels de santé sur le médicament) et d’une forte
implication des gériatres sur le thème de la qualité de pres-
cription et de la réduction des dépenses de santé.
Méthodes
Il s’agit d’une étude prospective de type avant/après une
intervention pharmaceutique réalisée de décembre 2010 à
mai 2011 dans le service clinique de gériatrie du groupe
hospitalier Pitié-Salpêtrière (AP-HP).
L’intervention, organisée par le service de pharmacie,
en partenariat avec le service médical de Paris (Assurance-
maladie), avait pour but de sensibiliser les médecins sur les
enjeux de la maîtrise médicalisée des prescriptions hospita-
lières exécutées en ville et de rappeler les différents outils
14 Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦1, mars 2014
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