Sources d’information décrites par les patients, et intérêt vis-à-vis de leur pathologie.
Onze des douze patients de l’effectif déclarent poser des questions à leur médecin. Ils
s'intéressent notamment à l'étiologie, à la gravité, au pronostic de la maladie et à la possibilité
de guérison, à la nécessité du traitement, à sa durée, et au retentissement de la maladie sur la
vie professionnelle, sociale, familiale. Les patients se déclarent globalement satisfaits de
l'information fournie et pensent que l'information sur la maladie leur permet de mieux
comprendre leur situation, et les aide dans leur vie quotidienne. Seulement 3 patients
déclarent avoir eu des sources d'information complémentaires. Les sources décrites incluent
les médias, la famille, les amis, le médecin généraliste, les groupes/ associations d'usager des
services de santé mentale, et les programmes psycho éducatifs. Néanmoins, la plupart des
patients de notre étude (11 patients sur 12) souhaiteraient disposer de plus de renseignements.
Représentations des maladies somatiques et psychiatriques chez les patients
Les patients ont en général une image cohérente et claire sur les pathologies
somatiques, même si elle est souvent incomplète. Les patients sont capables d'évaluer leurs
propres connaissances sur les maladies somatiques en précisant avec acuité quels sont les
aspects qui leur sont connus ou moins connus.
La description de la dépression est comparable entre les patients et les témoins.
Néanmoins, les patients se sentent souvent concernés par ce type de souffrance, rapprochant
les épisodes de décompensation de leur passé à des vécus dépressifs. La représentation du
trouble obsessif compulsif est similaire dans les deux groupes, quoique la description soit plus
incomplète et imprécise chez les patients.
Le discours des patients se différencie encore plus de celui des témoins lorsqu’on les
interroge sur la schizophrénie. Leur propos devient moins clair, plus flou et parsemé de
rationalisations morbides, d'explications illogiques et de contradictions. A titre d’exemples,
nous avons ainsi entendu décrire la schizophrénie ou les schizophrènes de la manière
suivante : “c’est un état de confusion dans l’esprit, un dédoublement de la personne, c’est
comme un échec dans la vie, on se reconnaît plus soi-même, ce n’est pas une maladie, c’est
une souffrance affectueuse (sic), c’est passager, mais il n’existe pas de traitement”. Ou
encore : “ ce sont les gens qui entendent des voix, qui s’imaginent des choses qui n’existent
pas. C’est à cause du stress, des conflits. Le sommeil a un rôle important, réparateur
physiquement et moralement. La maladie n’est pas apparente, elle peut être conditionnée, il
peut manquer l’espoir du rêve de la personne ”. Citons encore cet autre exemple encore plus
surprenant : “ J’ai entendu dans un reportage que le football c’est comme la schizophrénie !
Le footballeur ne gagne jamais mais on aime quand même le jeu, j’ai entendu parler de
schizophrénie dans la vie sportive !”.
Représentation de la schizophrénie et des maladies somatiques chez les sujets sains
Les sujets sains ont une acuité scientifique et médicale globale supérieure à celle des
patients atteints de schizophrénie. La quantité et la qualité des informations sur les maladies,
qu’elles soient somatiques ou psychiatriques, est plus complexe et plus complète.
En revanche, la description de la schizophrénie par les sujets sains se caractérise par
un flou conceptuel, un discours assez confus et hésitant, entrecroisé d'ambiguïtés. Les témoins
produisent de cette pathologie une description vague et incomplète, qui contraste avec les
représentations claires, précises et logiques des maladies somatiques. Les représentations de la
schizophrénie dans le groupe des sujets sains tournent de manière générale autour de la folie,
de la perte du contrôle et de la maîtrise de soi, de l'isolement de l'individu dans un monde
irréel et/ou imaginaire, et de la perte du contact avec la réalité. D'autres représentations