
Figure 2. Exemple typique
d’une famille prédisposée
au mélanome. Huit malades
sont atteints de mélanome
et trois d’entre eux ont déve-
loppé plusieurs mélanomes.
Le cas index est indiqué par
une flèche, et une mutation
du gène CDKN2A a été iden-
tifiée chez lui. Cette muta-
tion a ensuite été retrouvée
chez plusieurs membres de
la famille (*).
5 mélanomes
*
***
2 mélanomes 2 mélanomes
La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 | 545
Points forts
»Des progrès considérables ont été réalisés dans la génétique du mélanome.
»
Trois gènes majeurs de prédisposition ont été identifiés (CDKN2A, CDK4, BAP1), mais ils concernent
une faible proportion de malades (mélanome familial, mélanome multiple sporadique). Cela a permis de
mettre en place un conseil génétique dans les familles à risque et une surveillance optimale des sujets
porteurs d’une mutation prédisposante.
»De nombreux polymorphismes génétiques augmentant le risque ont aussi été caractérisés, concernant
la majorité des mélanomes, et appartenant principalement à des gènes de pigmentation (récepteur de
type 1 à la mélanocortine, SLC45A2).
»La génétique somatique du mélanome a également énormément progressé. Un élément capital est la
découverte des mutations activatrices de l’oncogène BRAF, ayant permis la mise en œuvre de thérapies
ciblées et révolutionnant le traitement du mélanome métastatique.
Mots-clés
Mélanome
Prédisposition
Progression
CDKN2A
BAP1
MC1R
BRAF
KIT
Highlights
»
Considerable progresses
have been made in melanoma
genetics.
»
Three major susceptibility
genes have been identified
(CDKN2A, CDK4, BAP1), but
which are involved in a small
proportion of patients (familial
melanoma, sporadic multiple
melanoma ). This has allowed
to organize genetic counseling
in at risk families and optimal
monitoring of subjects carrying
a predisposing mutation.
»
Many genetic variants
increasing melanoma risk have
also been characterized. These
variants concern the majority
of sporadic melanomas, and
belong mainly to pigmenta-
tion genes (type 1 melanocortin
receptor, SLC45A2...).
»
Genetic somatic events
melanoma has also consider-
ably progressed. A key factor
was the identification of an
activating mutation in the BRAF
oncogene. This has allowed the
discovery of specific targeted
therapy, and has revolutionized
the treatment of metastatic
melanoma.
Keywords
Melanoma
Predisposition
Progression
CDKN2A
CDK4
BAP1
MC1R
BRAF
KIT
Les exons 1α, 2 et 3 codent pour p16INK4a, tandis
qu’un exon 1 alternatif, l’exon 1β, est transcrit en
utilisant un promoteur différent, épissé aux exons 2
et 3, dans un cadre de lecture différent, permettant
de coder pour la protéine p14ARF (ARF, aussi appelé
p19ARF chez la souris). P16INK4a joue un rôle clé
dans le cycle cellulaire en contrôlant le point de tran-
sition G1-S, par l’intermédiaire de la protéine du réti-
noblastome (PRB). L’autre produit du locus CDKN2A,
p14ARF, agit aussi comme un gène suppresseur de
tumeur. ARF agit notamment via une interaction
avec MDM2, entraînant une stabilisation ainsi qu’une
accumulation de la protéine TP53 et aussi de sa cible
en aval, p21, un inhibiteur non seulement de CDK4
et CDK6, mais aussi des autres CDK (6).
La fréquence des mutations de CDKN2A augmente
avec le nombre d’apparentés atteints et avec la
présence de mélanomes multiples chez le même
patient (figure 2) [7] ainsi que de cas de cancer du
pancréas dans la famille (7, 8). Par opposition, la
prévalence des mutations germinales de CDKN2A
dans la population générale est extrêmement faible.
Dans une étude australienne (état du Queensland),
J. Aitken et al. (9) l’estiment à seulement 0,2 % de
tous les cas de mélanome. La plupart des mutations
affectent également la protéine P14ARF car elles
sont situées dans l’exon 2. Des mutations spécifiques
d’ARF ont également été décrites, certaines associées
à un syndrome particulier, le syndrome mélanome-
astrocytome (OMIM 155755), dans lequel on observe
une co-ségrégation de mélanomes et de tumeurs du
système nerveux central (10).
Mélanome multiple sporadique
Le second groupe de malades porteurs de muta-
tions de CDKN2A est celui des patients atteints de
mélanomes multiples sporadiques. Les résultats de
4 grandes études montrent un taux de mutations
allant de 9 à 15 % (11).
Augmentation du risque d’autres cancers dans les
familles mutées CDKN2A
Il y a clairement un risque accru de cancer du pancréas
dans les familles présentant des mutations de
CDKN2A, avec un risque estimé 22 fois plus élevé
chez les individus porteurs d’une mutation germi-
nale CDKN2A (12). Plusieurs autres groupes ont
rapporté la survenue d’un cancer du pancréas dans
les familles de mélanome mutées (13), et les patients
qui développent à la fois un mélanome et un cancer du
pancréas sont porteurs de mutations de CDKN2A (14).
Un risque accru de cancers du sein, de la prostate,
du côlon, de cancers du poumon et de carcinomes
épidermoïdes (SCC) a été suggéré, mais il n’est pas
établi avec certitude.
Facteurs modifiant la pénétrance des mutations
CDKN2A
Les études épidémiologiques suggèrent que la péné-
trance des mutations de CDKN2A est modifiée par
d’autres facteurs, génétiques ou environnementaux.
Elle a été estimée à 30 % avant l’âge de 50 ans et
à 67 % à l’âge de 80 ans. Cependant, il existe une
disparité géographique, avec un risque de méla-
nome à l’âge de 80 ans de 58 % dans les pays euro-