1 La greffe, une technique singulière
Une greffe d’organes restera toujours unique dans le
champ de la médecine en ce sens qu’elle suppose pour
exister, qu’une personne, décédée ou vivante, fasse don
d’un organe et qu’une autre en ayant besoin, reçoive un tel
cadeau.
Le patient greffé doit-il ressentir
les mêmes obligations morales vis-
à-vis de l’observance thérapeutique
que tout patient suivant un traitement
chronique ?
Aucun patient n’est “responsable” de sa maladie
et le comportement que l’on adopte par rapport
aux exigences d’un traitement chronique refl ète
la manière dont on a pu accepter sa maladie et
ses contraintes.
2 Que nous dit la loi ?
Pour plus de 90% des cas, le donneur
est une personne décédée. En 1976, la
loi Caillavet a fait de tous des donneurs
potentiels, au nom d’une société solidaire
(c’est le consentement présumé). Elle a
aussi affirmé que le don d’organes se
devait d’être un acte gratuit et anonyme.
Nous sommes tous des donneurs ou des receveurs
potentiels. Par conséquent, un sens social a été attribué
au don d’organes permettant, au-delà de la mort, de pouvoir
offrir une chance de vie à d’autres, expression même de
la générosité et de la solidarité.
La révision des lois de Bioéthique du 27/09/1994 puis du
06/08/2004 et du 07/07/2011 sont venues renforcer le cadre
juridique du don d’organes.
Dans le cas des donneurs anonymes
Le législateur a pris conscience de la nécessité d’exprimer
une reconnaissance collective aux donneurs d’organes.
La loi de bioéthique de 2004 prévoit la création de “lieux de
mémoires” au sein des établissements hospitaliers autorisés
à prélever. Ils se matérialisent en général sous la forme
d’arbres plantés en hommage aux donneurs. Par ailleurs,
la journée nationale de réfl exion sur le don d’organes du 22
juin revêt un nouvel aspect : le remerciement aux donneurs
et à leur famille.
Pour le patient transplanté, les questions
relatives au donneur “anonyme” sont
très rares ou très ponctuelles. Très vite,
il semble que la volonté de ne pas
savoir corresponde à la meilleure
façon de s’adapter à la greffe ; ce que
reconnaissent la plupart des greffés.
En revanche, certains souhaitent
remercier la famille et leur dire que “l’être
qu’ils ont perdu continue à vivre en eux”.
3 Le don du vivant
Un proche peut donner un rein, une partie de son foie
ou un lobe pulmonaire (plus rare).
La révision de la loi en 2011 a
encore modifi é les modalités du
don du vivant. Ainsi, à ce jour,
il faut justifi er “d’un lien affectif
étroit et stable de plus de deux
ans”, qu’il y ait un lien de parenté
ou non entre le receveur et le
donneur.
Ce don est “gratuit” pour éviter les conséquences néfastes
d’une commercialisation ; des “riches” malades pouvant
“acheter” un organe de personnes “pauvres” en bonne
santé.
Néanmoins, il est important que la société reconnaisse, dans
ce geste, une dimension altruiste où une personne, malgré
le risque qu’elle prend pour sa propre santé, va se séparer
d’un de ses organes pour un autre.
4 Savoir accepter et reconnaître le don
Que le donneur soit anonyme ou connu, le receveur sait
qu’il reçoit un “don” et se sent toujours d’une manière ou
d’une autre redevable d’une “dette” envers celui ou celle
qui donne. Traditionnellement, le vrai don n’attend rien en
retour.
Dans la pratique, il ne s’agit pas de se sentir
constamment redevable de ce donneur anonyme ou
connu. Les donneurs vivants trouvent dans ce geste, une
manière de sauver leur proche malade tout en renforçant
leur lien affectif.
Bien vivre une greffe suppose donc que vous ayez, à
votre façon, accepté cette reconnaissance à l’égard du
donneur. Si l’organe étranger est si bien intégré, c’est que
l’on en a un besoin vital, et ceci est un moteur puissant
chez tout être humain.
5 Pouvoir dire merci
La façon de dire merci la plus évidente et
indispensable consiste à prendre soin de son
greffon, si précieux, en suivant rigoureusement les
contraintes thérapeutiques qu’implique la transplantation
(traitements médicamenteux, analyses de sang, examens
divers, consultations régulières, etc.). De même, la
reconnaissance peut s’exprimer à l’égard de l’équipe
de transplantation, qui a rendu possible cette greffe et
reste garante de sa longévité.
Parfois, certains patients se sentent poussés à s’engager
dans le militantisme ou une action associative pour
se rendre utile, ou encore à faire de la compétition
sportive pour montrer à tous, le plein bénéfi ce de la
greffe.
Sachez que vous avez la possibilité d’adresser
un courrier de remerciement anonyme
à la famille de votre donneur. Il suffi t de
l’envoyer à l’Agence de la biomédecine
de votre région qui, après s’être assurée
qu’il ne contient aucune donnée relative à
votre identité, le transmettra au service de
coordination ayant effectué le prélèvement.
• www.agence-biomedecine.fr
Dans tous les cas, “chacun son style”, pour-
rait-on dire. Cela dépend de votre personnalité.
Pour le patient transplanté, les questions Pour le patient transplanté, les questions
relatives au donneur “anonyme” sont
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