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LA GESTION DURABLE DES
RESSOURCES : UN VERITABLE DEFI
POUR LA CHINE
UNE EAU MAL REPARTIE, SUJETTE AU GASPILLAGE ET A LA POLLUTION
Alors que la Chine concentre plus de 20 % de la population mondiale, elle ne
dispose que de 7 % des réserves mondiales d’eau douce de la planète1. Or ces
réserves diminuent d’année en année sous l’effet de la croissance
démographique, de l’urbanisation et du changement climatique. La Chine toute
entière se retrouvera bientôt dans le groupe des pays ayant des difficultés pour
s’approvisionner en eau potable. Plus de 90% de ses cours d’eau, y compris le
fleuve Jaune, sont asséchés une partie de l’année. Comparée à 1950, la superficie
des lacs chinois a ainsi diminué de 15% et celle des marais naturels de 26%1. On
estime que plus de 400 villes chinoises (sur près de 660) sont aujourd’hui
affectées par des pénuries en eau2. Et ce phénomène s’amplifie du fait de
l’urbanisation galopante : en 2018, on estime que 60% des Chinois vivront en
milieu urbain contre seulement 36% en 2001.
Cette rareté de la ressource est accentuée par son inégale répartition sur le
territoire. En effet, si la Chine du Sud concentre 80% des ressources en eau et
55% de la population du pays, la Chine du Nord quant-à-elle possède moins de
15% de l’eau disponible alors qu’elle concentre 45% de la population chinoise1.
Les statistiques montrent en particulier que certaines provinces du Nord disposent
de moins de 500 m3 d’eau par habitant et par an, ce qui les place bien en-deçà du
seuil de stress hydrique et au même niveau que des pays comme l’Algérie (478 m3
d’eau par habitant et par an) et Djibouti (475 m3 d’eau par habitant et par an).
Un autre facteur amplifie ce phénomène : l’utilisation des ressources en eau par
l’agriculture et l’industrie, qui reste caractérisée par de fortes pertes. En 2015, la
consommation d’eau du secteur agricole devrait représenter 57,5% de la demande
en eau douce consommée en Chine, avec 385 milliards de m3. Cette demande
devrait atteindre 420 milliards de m3 en 2030. Le développement de nouvelles
techniques d’irrigation plus économes en eau est donc primordial pour remplacer
progressivement le système traditionnel d’irrigation, par inondation, qui entraîne la
perte de presque 50% de l’eau utilisée, soit par infiltration, soit par évaporation.
L’augmentation de la population et la croissance économique et industrielle de ces
dernières années ont par ailleurs engendré une hausse de la production des eaux
usées municipales et industrielles, nécessitant la construction de nouvelles
stations d’assainissement et la mise à niveau des installations existantes. On
1Source:LarevueMondeChinois(automne2008)
2SelonleMinistèrechinoisdesRessourcesenEau