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24 DÉCEMBRE 2014
de croisière est ramenée à 7 ou 8% et le FMI retient pour cette
économie une croissance se stabilisant autour des 5,5% lorsqu’elle
atteindra l’âge adulte. « Il s’agit d’un changement de cap auquel
nous sommes encore peu habitués », souligne Francis Généreux.
POINTS CHAUDS
Pour l’heure, le gouvernement chinois
multiplie les manœuvres visant à contrôler
la décélération observée avec, pour cible, une
progression du PIB de 7,5% cette année,
stimulée surtout par la consommation.
Sur le plan conjoncturel, Pékin tente
d’endiguer les effets d’un refroidissement
prononcé du marché immobilier après des
années de surchauffe. Les prix descendent
et l’activité de vente se contracte dans un
secteur pouvant accaparer jusqu’à 30% de
l’économie réelle si l’on inclut dans le calcul
le segment construction.
Autre point chaud: l’excroissance de la
finance de l’ombre, sous l’essor d’un système bancaire parallèle
plutôt florissant. Selon les estimations, la Chine affiche un taux
record d’endettement privé qui, en excluant le secteur financier,
oscille autour de 180% du PIB. Et à l’instar de nombreux pays
émergents, la Chine se retrouve en situation de surinvestissement,
avec un taux d’investissement moyen atteignant 50% du PIB, ce
qui n’est pas sans alimenter les bulles spéculatives.
« Il n’y a cependant pas lieu de s’inquiéter outre mesure pour
le secteur bancaire chinois. Les cinq plus grosses banques, qui
accaparent 75% de la capitalisation et des prêts bancaires, sont
détenues par le gouvernement. Et leurs livres comptables ne
renfermeraient pas une proportion importante de prêts non
performants. L’inquiétude viendrait plutôt des petites banques »,
commente Marco Lettieri, qui retient également que l’influence
des « banques de l’ombre » a été passablement réduite.
Francis Généreux souligne, pour sa part, que l’action menée
par le gouvernement chinois pour assainir le marché du crédit n’est
pas très claire, compte tenu de l’absence de statistiques fiables. Il
croit cependant que l’étiquette de « dopée au crédit » accolée à
l’économie chinoise est démesurée. « Un redressement est
en cours. Le processus n’est pas facile, il connaît des ratés
mais, au final, la demande interne s’améliore. »
RIGIDITÉ POLITIQUE
Sur le plan structurel, l’économie chinoise est confrontée à des
enjeux environnementaux majeurs et au phénomène du vieillis-
sement de sa population, amplifié par sa politique de natalité. La
question environnementale demeure toutefois source d’occasions
d’investissement alors que les effets du choc démographique pres-
senti sont atténués par un accroissement notoire de l’espérance de
vie et un enrichissement de la population chinoise.
La Chine doit cependant poursuivre ses
réformes, orienter son économie vers plus d’ouver-
ture et moins de protectionnisme avec, à la clé,
une politique de change axée sur la convertibilité.
Sans oublier une inadéquation entre une économie
se modernisant et un système politique encore
hermétique, ce qu’est venue illustrer la « crise » de
Hong Kong. Les manifestations dans l’ancienne
colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997,
traduisent une volonté de protéger certains acquis,
mais elles témoignent également de l’existence
de problèmes de long terme liés à la rigidité poli-
tique en Chine, commente Francis Généreux.
« L’avènement d’une économie développée et l’émergence d’une
classe moyenne ne sont pas sans être accompagnés de demandes
politiques allant vers plus de démocratie et davantage de justice
sociale », soutient-il.
Les défis sont bien réels. Or, « malgré des vents contraires, la
Chine a assez d’élan pour rester celle, parmi les grandes écono-
mies, qui croîtra le plus vite pendant quelques années encore »,
écrivent les analystes de la Financière Banque Nationale dans
une note mensuelle d’analyse parue en septembre 2014.
CONNEXION HONG KONG-SHANGHAI
Cela étant, n’entre pas qui veut sur le marché boursier chinois.
Du moins, l’accès est restreint et plutôt indirect. La manière
traditionnelle dont un particulier peut s’y engager consiste à s’en
remettre aux fonds d’investissement, aux fonds négociés en Bourse
(FNB), la plupart retenant une approche indicielle, ou à faire appel
aux American Deposit Receipt (ADR), ces certificats négociables
étant une voie privilégiée par les entreprises étrangères désirant
s’inscrire à la cote aux États-Unis, énumère Marco Lettieri.
Francis Généreux
«
Le FNB reste
encore le meilleur
outil pour investir
dans ce marché. »
– Serge Pépin
EN PLEINE TRANSITION
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