
1. Introduction
Il est bien connu que l’écart à terme, c’est-à-dire l’écart entre le taux d’intérêt à
long terme et le taux d’intérêt à court terme, est l’un des meilleurs indicateurs simples de
l’activité économique au Canada. Les années 90 ont toutefois permis de soulever un défi
important en ce qui a trait au rôle prédictif de l’écart à terme. De fait, les résultats d’un
modèle indicateur-type laissaient présager un taux de croissance du PIB de 6,5 pour 100
par année, en moyenne, au cours de la période 1992-1998. Or, le taux de croissance
moyen du PIB a plutôt été de 2,7 pour 100 au cours de cette période, et le modèle
indicateur-type a surestimé le taux de croissance de la production au cours de chacune
des années de 1992 à 1998. Un changement de la relation entre l’écart à terme et le taux
de croissance de l’activité économique durant les années 90 apparaît d’ailleurs très
clairement au Graphique 1.
Dans ce travail, nous proposons et nous vérifions empiriquement un certain
nombre d’hypothèses qui pourraient expliquer la diminution de la performance prédictive
récente de l’écart à terme.
Les deux premières hypothèses portent sur des problèmes de mesure de l’écart à
terme. Plus précisément, nous examinons comment, d’une part, la hausse de la prime de
risque incorporée dans le taux d’intérêt à long terme et, d’autre part, le niveau
relativement élevé du taux d’inflation attendu à long terme (par rapport au taux
d’inflation courant), auraient pu contribuer à réduire le pouvoir prédictif de l’écart à
terme au cours des années 90. Dans ces circonstances, un écart à terme positif comme
celui du milieu des années 90 n’indique pas nécessairement des conditions monétaires ou
financières relâchées et, en ce sens, il n’est pas précurseur d’une forte activité
économique. Dans ce travail, nous examinons le rôle prédictif de l’écart à terme après
avoir corrigé le taux d’intérêt à long terme des variations estimées de la prime de risque,
et les taux d’intérêt long et court, de la différence entre les attentes inflationnistes à long
terme et celles à court terme.