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Le développement durable comme compromis
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Tiré de: Le développement durable comme compromis, Corinne Gendron, ISBN 2-7605-1412-9 • D1412N
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Face à cette crise multidimensionnelle, les sociétés ont commencé
à se mobiliser à partir des années 1970. Le coup d’envoi a été donné
par la première grande conférence sur l’environnement à Stockholm et
la publication du controversé
Halte à la croissance
du Club de Rome
(aussi connu sous le nom de rapport Meadows, 1972). La même année
était mis sur pied le Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE), dont le siège social est à Nairobi. Au cours des décennies qui
suivent, les conventions internationales se multiplient : la Convention
internationale sur le commerce international des espèces menacées
(aussi connue sous le nom de CITES, 1973), le Protocole de Montréal
sur la protection de la couche d’ozone (1987), la Convention de Bâle
sur les mouvements transfrontaliers de déchets (1989), suivie en 1991
par un accord spécifique à l’Afrique (la Convention de Bamako). En
1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement
publie le désormais célèbre rapport Brundtland (1987), qui sera suivi
par la Conférence de Rio en 1992. Celle-ci s’avère un grand moment
de mobilisation autour des questions environnementales avec la signa-
ture de la Convention sur la diversité biologique, celle de 40 traités
parallèles sur l’environnement et le développement, et l’adoption du
programme Action 21.
Si la crise environnementale a pu paraître localisée à ses débuts,
alors que l’on s’inquiétait surtout de l’effet de certains produits toxiques
utilisés à des fins précises (dont le problème de la couche d’ozone peut
être un exemple), elle se présente aujourd’hui comme une crise globale
et structurelle. C’est-à-dire que les bouleversements écologiques que
connaît actuellement la planète sont d’une ampleur telle qu’ils réactua-
lisent certaines questions philosophiques fondamentales (Lipietz, 1999)
et forcent la remise en question de notions telles que le progrès, le
bien-être ou les besoins. Ce faisant, la crise environnementale ques-
tionne l’organisation sociale et interpelle par le fait même les acteurs
sociaux, qui doivent se positionner par rapport à elle. Mais elle met en
question aussi en priorité le système économique caractéristique des
sociétés industrielles, le modèle de développement et les modes de
gouvernance aux échelles nationale et internationale.
À partir des années 1980, on peut affirmer que la protection de
l’environnement est reconnue comme un problème majeur par la plu-
part des acteurs sociaux. Même les dirigeants d’entreprise, qui avaient
gardé une attitude de dénégation, commencent à s’intéresser à la ques-
tion (Duclos, 1991). À la fin des années 1980 émerge un véritable courant
de pensée alliant l’entreprise et l’environnement. Plusieurs dirigeants-