1. Exprimer f (x)en fonction de x ∈[0,1].
Notons (Ω,A,P) l’espace probabilisé sous-jacent à l’expérience, Ml’événement
que l’individu dépisté est atteint de la maladie et Tl’événement que l’individu
dépisté a un résultat positif au test.
Par hypothèse, x=P(M), α=P(Tc|M)=2% et β=P(T|Mc)=1%.
La formule de Bayes montre que
f(x)=P(M|T)=
P(T|M)P(M)
P(T|M)P(M)+P(T|Mc)P(Mc)=(1−α)x
(1−α)x+β(1−x).
2. On considère que le test est fiable lorsque la probabilité qu’un individu ayant un
test positif soit malade est supérieure à 95%. Le test est-il fiable si la proportion
d’individus atteints de la maladie est de 5%? À partir de quelle valeur de la pro-
portion d’individus atteints de la maladie le test est-il fiable?
On vérifie aisément que fest une application strictement croissante de [0,1]
sur lui-même avec f(0) =0 et f(1) =1. La fiabilité du test est déterminée par le
niveau maximal γde faux positifs.
Le test est donc fiable si et seulement si f(x)Ê1−γ⇔xÊxγoù
xγ=β(1−γ)
β(1−γ)+(1−α)γ.
Ici, γ=5% et xγ=95
95+5.98 =19
19+98 =19
117 ≃16,23%.
La proportion minimale de la population atteinte, à partir de laquelle le test peut
être considéré comme fiable, s’élève donc à 16,23%.
Comme x=5%, le test en question n’est évidemment pas fiable.
COMMENTAIRE. Ce résultat peut surprendre : l’usage d’un test sanguin semble to-
talement inutile. Ici, le très haut niveau de faux positifs découle de la très faible oc-
currence de la maladie. Le calcul montre qu’il est illusoire d’effectuer un test sanguin
sur la totalité de la population si la maladie ne concerne qu’une fraction trop faible
de la population. C’est une des raisons principales pour lesquelles il est impératif de
cibler les sous-populations les plus exposées à la maladie et d’intensifier une infor-
mation et une éducation à la santé. Bien entendu, l’usage (sérieux et responsable)
des probabilités est un outil majeur des sciences médicales.
2 Indépendance
La notion d’indépendance probabiliste est, malgré l’extrême simplicité de sa défi-
nition, l’une des idées mathématiques les plus présentes mais aussi les plus subtiles.
2.1 Indépendance de deux événements
Au paragraphe précédent, on a défini la notion de probabilité conditionnelle pour
tenir compte de l’information a priori dont pourrait disposer le modélisateur. Ce-
pendant, sur un espace probabilisé (Ω,A,P), la probabilité conditionnelle d’un évé-
nement A∈Asachant B∈Apourrait ne pas être modifiée par la connaissance de
B:P(A|B)=P(A), autrement dit : P(A∩B)=P(A)P(B). C’est la notion même d’in-
dépendance de deux événements. D’où la :
Définition 2.1.1. Soit (Ω,A,P)un espace probabilisé. Deux événements A ∈Aet B ∈
Asont indépendants pour la probabilité Pou P-indépendants si et seulement si :
P(A∩B)=P(A)P(B).
Exemple 2.1.2. Considérons le lancer de deux dés parfaits et distinguables (l’un est
vert, l’autre rouge). L’espace des possibles Ωest donc l’ensemble des couples formés
d’entiers compris entre 1 et 6 : Ω=(N∗
6)2. Les deux dés étant parfaits, on choisit sur
l’espace probabilisable fini (Ω,P(Ω)) la mesure de probabilité uniforme : si ω∈Ω,
P({ω}) =1/36.
Notons Al’événement «le dé vert donne 2 »et Skl’événement «la somme des
deux chiffres vaut k ». Clairement, A={(2,l)|l∈N∗
6} et P(A)=1/6. De même, S6=
{(1,5),(2,4),(3,3),(4,2),(5,1)} et S7={(1,6),(2,5),(3,4),(4,3),(5,2),(6,1)}.
On en déduit que P(A|S6)=#(S6∩A)/#(S6)=1/5 et P(A|S7)=#(S7∩A)/#(S7)=
1/6. Aet S7sont donc P-indépendants mais Aet S6ne le sont pas.
Remarque 2.1.3. Considérons deux événements A∈Aet B∈A.
Si P(B)=0, comme A∩B⊆B,P(A∩B)ÉP(B)=0 et P(A∩B)=0=P(A)P(B).
Autrement dit, si l’un des deux événements Aou Best de P-probabilité nulle, Aet B
sont P-indépendants.
Supposons maintenant que P(B)>0. Alors, Aet Bsont P-indépendants si et seule-
ment si P(A|B)=P(A).
La théorie de l’information fournit ainsi une interprétation à la notion d’indépen-
dance : deux événements sont indépendants sous une probabilité Psi l’information
fournie par le premier événement ne donne aucune information sur le deuxième évé-
nement, ces informations étant mesurés par P. En voici une illustration quasi évi-
dente.
Considérons le tirage d’une boule prise dans une urne qui contient deux boules,
une rouge et une noire. Si on réalise l’expérience sans remettre la boule tirée dans
l’urne, et que la première boule tirée est rouge, on peut déduire de cette information
que la deuxième boule tirée est noire et ne peut être rouge. Les deux événements R1et
R2ne sont donc pas indépendants. Si on remet la première boule dans l’urne avant un
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