Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels

N°12 © Janvier 2011
Le docteur Alexandre Baratta travaille en Unité pour Malades Difciles, en
Maison d’Arrêt et en centre de soins pour toxicomanes. Expert auprès de la
Cour d’appel de Metz, il effectue des missions d’expertise pénale en phase
pré-et post-sentenciel. Auteur de nombreux articles scientiques, il publie
prochainement dans l’Information psychiatrique une étude intitulée « Expertise
post- sentencielle et évaluation du risque de récidive ».
Édité par l’Institut pour la Justice
Association loi 1901
Contacts :
01 70 38 24 07
Evaluation et prise en
charge des délinquants
et criminels sexuels
Dr Alexandre Baratta
Alexandre Baratta, psychiatre, est expert auprès de la cour d’appel de Metz
Avant-propos du Professeur J.P. Olié, membre de l’Académie de Médecine
Résumé
Un quart des délinquants ou criminels sexuels récidivent sur une période de 15 ans. Il est donc
indispensable d’améliorer leur prise en charge judiciaire et sanitaire.
Première priorité : parvenir à une évaluation able du risque de récidive. Notre pays connaît
un retard considérable en la matière. Les expertises psychiatriques sont menées selon
une méthodologie datant du 19ème siècle, alors que des outils d’évaluation modernes et
scientiquement validés sont utilisés chez tous nos voisins européens.
Deuxième priorité : proposer des traitements permettant de réduire le risque de récidive.
encore notre pays fait preuve d’un retard considérable. Dans la grande majorité des cas, des
thérapies non spéciques sont prescrites, alors que leur impact sur la récidive est quasi nulle.
Les thérapies les plus efcaces, qu’elles soient psychothérapiques ou biologiques (« castration
chimiques ») restent marginales.
Toutefois, croire qu’un traitement miracle existe relève de l’utopie. Les meilleurs traitements
disponibles ont une efcacité limitée. Raison pour laquelle l’auteur de violence sexuelle relève
avant tout du judiciaire.
Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels
Études & Analyses Janvier 2011 – Page 3
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS DU PROFESSEUR OLIÉ, MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 5
INTRODUCTION 7
PREMIÈRE PARTIE :
L’ÉVALUATION DE LA DANGEROSITÉ DITE CRIMINOLOGIQUE 9
1. Méthodes d’évaluation 9
2. Recommandations actuelles 15
DEUXIÈME PARTIE :
PRISE EN CHARGE MÉDICALE DES AUTEURS DE VIOLENCE SEXUELLE 19
1. Efcacité des traitements 19
2. Situation actuelle en France 21
3. Recommandations actuelles 24
TROISIÈME PARTIE : RECOMMANDATIONS DE L’AUTEUR 25
1. Concernant les évaluations 25
2. Concernant le traitement 25
CONCLUSION 29
ANNEXES 31
Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels
Études & Analyses Janvier 2011 – Page 5
AVANT-PROPOS DU PROFESSEUR OLIÉ,
MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
Enoncer le pronostic d’une pathologie n’est jamais chose facile :
ce que l’on sait en terme de probabilités statistiques calculées sur
des groupes de malades s’applique mal à l’échelle individuelle.
Cette difculté que tout médecin connaît est encore plus évidente
s’agissant non plus de maladie mais de comportement délinquant.
La dénition de la délinquance est juridique : lorsqu’interrogés,
nous psychiatres devons veiller à ce qu’elle corresponde à un trouble
du comportement, qu’il soit égodystonique ou égosyntonique.
Face à la délinquance doit s’élaborer une clinique capable de
faciliter l’énoncé d’un pronostic et de permettre une stratégie
thérapeutique dont l’efcacité serait démontrée.
Tout comportement est déterminé par une multitude de facteurs,
individuels et contextuels. Les antécédents familiaux ou personnels,
la trajectoire de vie sont de possibles indicateurs d’une probabilité
d’émergence ou ré-émergence d’un comportement. Il est par
exemple établi que les sujets porteurs d’un trouble schizophrénique
ne commettent guère plus d’actes criminels que la population
générale sauf s’ils sont désocialisés, consommateurs de toxiques
tels que le cannabis ou l’alcool et sans traitement médicamenteux
antipsychotique. Ceci devrait orienter les efforts des soignants tout
en indiquant que chacun à sa place doit veiller à éviter l’addition
de tels critères : les soignants, les familles, les responsables sociaux.
Les actes de délinquance sexuelle sont rarement le fait de
grands malades mentaux. Cependant ils sont le plus souvent le
fait de sujets porteurs d’une personnalité mal structurée, habitués
de conduites addictives, souffrant d’un trouble émotionnel…
Ceci justie l’intervention du psychiatre à qui il ne faut cependant
demander que ce qu’il peut apporter. Le psychiatre doit contribuer
à identier ces facteurs de risque que sont addictions, mauvaise
insertion sociale, mauvaise capacité à gérer le stress, trouble de
l’empathie à autrui…
Nous psychiatres devons à l’évidence améliorer nos outils
d’évaluation et de traitement tout en disant bien leurs limites.
Pour l’heure, psychothérapies structurées et hormonothérapie
sont les principaux outils de la médecine face aux conduites de
délinquance sexuelle. Les thérapeutiques hormonales comportent
des effets indésirables tels que le psychiatre ne peut recourir à ce
traitement sans le concours de l’endocrinologue. Il faut aussi que
le délinquant soit capable d’adhérer à un tel programme de soins
Les thérapeutiques psychologiques ont une chance de réussir s’il
existe une coopération entre psychothérapeute et patient mais
aussi représentants de l’autorité judiciaire. Il faut s’éloigner de la
croyance selon laquelle la parole aurait à elle seule une vertu
thérapeutique. Il importe évidemment que le sujet confronté à des
pulsions susceptibles de le mener à la délinquance apprenne à
reconnaître et si possible maîtriser émotions et cognitions pouvant
participer à la mise en acte délinquantielle. Ceci ne saurait être
supposé garant d’une « guérison ».
Nous psychiatres
devons à l’évidence
améliorer nos outils
d’évaluation et de
traitement tout en disant
bien leurs limites. Pour
l’heure, psychothérapies
structurées et
hormonothérapie sont
les principaux outils
de la médecine face
aux conduites de
délinquance sexuelle.
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