N°12 © Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Dr Alexandre Baratta Alexandre Baratta, psychiatre, est expert auprès de la cour d’appel de Metz Avant-propos du Professeur J.P. Olié, membre de l’Académie de Médecine Résumé Un quart des délinquants ou criminels sexuels récidivent sur une période de 15 ans. Il est donc indispensable d’améliorer leur prise en charge judiciaire et sanitaire. Première priorité : parvenir à une évaluation fiable du risque de récidive. Notre pays connaît un retard considérable en la matière. Les expertises psychiatriques sont menées selon une méthodologie datant du 19ème siècle, alors que des outils d’évaluation modernes et scientifiquement validés sont utilisés chez tous nos voisins européens. Deuxième priorité : proposer des traitements permettant de réduire le risque de récidive. Là encore notre pays fait preuve d’un retard considérable. Dans la grande majorité des cas, des thérapies non spécifiques sont prescrites, alors que leur impact sur la récidive est quasi nulle. Les thérapies les plus efficaces, qu’elles soient psychothérapiques ou biologiques (« castration chimiques ») restent marginales. Toutefois, croire qu’un traitement miracle existe relève de l’utopie. Les meilleurs traitements disponibles ont une efficacité limitée. Raison pour laquelle l’auteur de violence sexuelle relève avant tout du judiciaire. Le docteur Alexandre Baratta travaille en Unité pour Malades Difficiles, en Maison d’Arrêt et en centre de soins pour toxicomanes. Expert auprès de la Cour d’appel de Metz, il effectue des missions d’expertise pénale en phase pré-et post-sentenciel. Auteur de nombreux articles scientifiques, il publie prochainement dans l’Information psychiatrique une étude intitulée « Expertise post- sentencielle et évaluation du risque de récidive ». Édité par l’Institut pour la Justice Association loi 1901 Contacts : 01 70 38 24 07 [email protected] Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels SOMMAIRE AVANT-PROPOS DU PROFESSEUR OLIÉ, MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 5 INTRODUCTION7 PREMIÈRE PARTIE : L’ÉVALUATION DE LA DANGEROSITÉ DITE CRIMINOLOGIQUE 9 1. Méthodes d’évaluation 9 2. Recommandations actuelles 15 DEUXIÈME PARTIE : PRISE EN CHARGE MÉDICALE DES AUTEURS DE VIOLENCE SEXUELLE 19 1. Efficacité des traitements 19 2. Situation actuelle en France 21 3. Recommandations actuelles 24 TROISIÈME PARTIE : RECOMMANDATIONS DE L’AUTEUR 25 1. Concernant les évaluations 25 2. Concernant le traitement 25 CONCLUSION 29 ANNEXES31 Études & Analyses Janvier 2011 – Page 3 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels AVANT-PROPOS DU PROFESSEUR OLIÉ, MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE Enoncer le pronostic d’une pathologie n’est jamais chose facile : ce que l’on sait en terme de probabilités statistiques calculées sur des groupes de malades s’applique mal à l’échelle individuelle. Cette difficulté que tout médecin connaît est encore plus évidente s’agissant non plus de maladie mais de comportement délinquant. La définition de la délinquance est juridique : lorsqu’interrogés, nous psychiatres devons veiller à ce qu’elle corresponde à un trouble du comportement, qu’il soit égodystonique ou égosyntonique. Face à la délinquance doit s’élaborer une clinique capable de faciliter l’énoncé d’un pronostic et de permettre une stratégie thérapeutique dont l’efficacité serait démontrée. Tout comportement est déterminé par une multitude de facteurs, individuels et contextuels. Les antécédents familiaux ou personnels, la trajectoire de vie sont de possibles indicateurs d’une probabilité d’émergence ou ré-émergence d’un comportement. Il est par exemple établi que les sujets porteurs d’un trouble schizophrénique ne commettent guère plus d’actes criminels que la population générale sauf s’ils sont désocialisés, consommateurs de toxiques tels que le cannabis ou l’alcool et sans traitement médicamenteux antipsychotique. Ceci devrait orienter les efforts des soignants tout en indiquant que chacun à sa place doit veiller à éviter l’addition de tels critères : les soignants, les familles, les responsables sociaux. Les actes de délinquance sexuelle sont rarement le fait de grands malades mentaux. Cependant ils sont le plus souvent le fait de sujets porteurs d’une personnalité mal structurée, habitués de conduites addictives, souffrant d’un trouble émotionnel… Ceci justifie l’intervention du psychiatre à qui il ne faut cependant demander que ce qu’il peut apporter. Le psychiatre doit contribuer à identifier ces facteurs de risque que sont addictions, mauvaise insertion sociale, mauvaise capacité à gérer le stress, trouble de l’empathie à autrui… Nous psychiatres devons à l’évidence améliorer nos outils d’évaluation et de traitement tout en disant bien leurs limites. Pour l’heure, psychothérapies structurées et hormonothérapie sont les principaux outils de la médecine face aux conduites de délinquance sexuelle. Les thérapeutiques hormonales comportent des effets indésirables tels que le psychiatre ne peut recourir à ce traitement sans le concours de l’endocrinologue. Il faut aussi que le délinquant soit capable d’adhérer à un tel programme de soins Les thérapeutiques psychologiques ont une chance de réussir s’il existe une coopération entre psychothérapeute et patient mais aussi représentants de l’autorité judiciaire. Il faut s’éloigner de la croyance selon laquelle la parole aurait à elle seule une vertu thérapeutique. Il importe évidemment que le sujet confronté à des pulsions susceptibles de le mener à la délinquance apprenne à reconnaître et si possible maîtriser émotions et cognitions pouvant participer à la mise en acte délinquantielle. Ceci ne saurait être supposé garant d’une « guérison ». Études & Analyses Nous psychiatres devons à l’évidence améliorer nos outils d’évaluation et de traitement tout en disant bien leurs limites. Pour l’heure, psychothérapies structurées et hormonothérapie sont les principaux outils de la médecine face aux conduites de délinquance sexuelle. Janvier 2011 – Page 5 Études & Analyses La synthèse ici proposée par notre collègue le Docteur Alexandre Baratta est remarquable de précision et de clarté. Elle doit aider tous ceux qui travaillent dans le champ de la délinquance sexuelle. La synthèse ici proposée par notre collègue le Docteur Alexandre Baratta est remarquable de précision et de clarté. Elle doit aider tous ceux qui travaillent dans le champ de la délinquance sexuelle à mieux éloigner les hypothèses physio ou psychopathologiques affichant indument trop de certitudes. Elle permettra de mieux connaître les conditions de mise en œuvre de réponses utiles à cette dramatique question. J.P. Olié Membre de l’Académie Nationale de Médecine, Chef de service de l’hôpital Sainte-Anne, Médecin expert agréé par la Cour de cassation, Co-auteur du rapport de l’académie de médecine adopté le 8 juin 2010 : « La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels ». Page 6 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels INTRODUCTION La récidive des délinquants et criminels sexuels constitue une préoccupation majeure tant dans le champ pénal que psychiatrique. De récents événements nous démontrent que le sujet est loin d’être réglé. L’affaire Francis Evrard a relançé le débat concernant la récidive des prédateurs pédophiles. Le cas plus récent d’Alain Penin celui des violeurs apparemment inamendables. De tels exemples posent deux questions : les évaluations du risque de récidive pratiquées en France sont-elles fiables – et peuvent-elles l’être ? Les thérapies proposées dans le cadre des injonctions de soins permettent-elles de diminuer le risque de récidive ? La médiatisation des cas extrêmes peut laisser penser que la récidive est un épiphénomène, et ne concerne qu’une minorité de cas. Une telle position révèle pourtant une méconnaissance des études criminologiques internationales. L’une des études faisant autorité en la matière est la méta analyse réalisée par Hanson et Buissière en 1998. Elle porte sur près de 30 000 agresseurs sexuels sur une période de suivi de 5 ans1. Le taux de récidive sexuelle (qu’il s’agisse de pédophiles ou violeurs de femmes adultes) est de 13,4 % à 5 ans. Ce risque de récidive varie en fonction du profil victimologique. Globalement, les agresseurs sexuels d’enfant ont un taux de récidive inférieur à celui des agresseurs sexuels de femme. Proche de 13 % à 5 ans pour les pédophiles, la récidive s’élève à 21 % pour les agresseurs de femmes adultes. Précisons que le taux de récidive est encore plus élevé lorsqu’il est calculée 15 ans après les faits (et non 5 ans seulement). Les mêmes auteurs (Hanson et Buissière) trouvent ainsi un taux de récidive des délinquants sexuels de 24 % à 15 ans, là où ils trouvaient un taux de 14 % environ au bout de 5 ans. La médiatisation des cas extrêmes peut laisser penser que la récidive est un épiphénomène, et ne concerne qu’une minorité de cas. Une telle position révèle pourtant une méconnaissance des études criminologiques internationales. Dans la population même des pédophiles, la récidive dépend du caractère homo ou hétéro sexuel de l’agression. L’étude de Abel et collaborateurs révèle un nombre plus élevé de victimes chez les pédophiles homosexuels. Sur une population de 377 sujets étudiés, les pédophiles hétérosexuels avaient en moyenne 19,8 victimes par sujet; le nombre de victimes moyen pour les pédophiles homosexuels s’élevait à 150,22. Nous constatons que la récidive est loin d’être un épiphénomène. Partant de ces données, nous présentons dans une première partie les différentes méthodes d’évaluation du risque de récidive. Ensuite, nous développerons les différentes thérapies pouvant être mises en œuvre et leur efficacité respective. Enfin, une série de recommandations sera formulée pour améliorer la prise en charge et l’évaluation des agresseurs sexuels. 1 Hanson R.K, Bussière M.T. Predicting relapse: A meta‑analysis of sexual offender recidivism studies. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1998(66), 348‑362 2 Abel G.G., Becker J.V., Mittelman M. et al. Self-reported sex crimes of nonincarcerated paraphilics. J Interpers Violence 1987 (2): 3-25 Études & Analyses Janvier 2011 – Page 7 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels L’ÉVALUATION DE LA DANGEROSITÉ DITE CRIMINOLOGIQUE 1. Méthodes d’évaluation A l’origine, l’expertise psychiatrique judiciaire poursuivait un seul objectif, celui de déterminer si l’auteur d’un crime ou d’un délit était atteint de « démence » au moment des faits. La question de la dangerosité se posait uniquement pour les personnes souffrant de maladie mentale avérée. Seule la dangerosité psychiatrique faisait donc l’objet d’une évaluation. Ce dernier point a été renforcé par la circulaire Chaumié du 12 décembre 1905, qui précisait explicitement que les psychiatres ne devaient se prononcer que sur la dangerosité des malades mentaux. Pour remplir cet objectif demandé par la Justice, l’évaluation clinique par un entretien libre pouvait être une méthodologie suffisante. Une première évolution dans la pratique expertale est identifiée avec les modalités d’application du code de procédure pénale de 1959. Le psychiatre est alors invité à se prononcer sur la dangerosité des personnes expertisées, même en l’absence d’anomalie mentale. Les deux types de dangerosité (psychiatrique et criminologique) doivent donc être évalués par l’expert psychiatre depuis cette date. Cette évolution est confirmée par le nouveau code de procédure pénale entré en vigueur en mars 1993. En l’absence de maladie mentale, l’expert doit s’attacher à identifier les troubles de la personnalité et proposer un pronostic sur l’évolution possible du sujet. Ce qui revient à évaluer le risque de récidive de comportement violent. Dès lors, l’examen clinique libre ne pouvait plus permettre d’évaluer correctement le risque de récidive, et devait laisser la place à une évaluation psycho-criminologique structurée (voir ci-dessous). Une telle démarche était donc attendue implicitement depuis 1993. La loi du 17 juin 1998 a achevé l’évolution en introduisant une nouvelle forme d’expertise psychiatrique, dite expertise de pré-libération conditionnelle. Il s’agit des expertises de dangerosité. La mission de l’expert n’est plus de déceler si l’accusé peut-être pénalement responsable de ses actes, comme en phase pré-sentencielle. La question centrale est celle de l’évaluation du risque de récidive de comportement violent3. Dès lors, la Justice est en droit d’attendre une évaluation fiable, objective, qui ne doit pas être proche du hasard. Pourtant, la méthodologie mise en œuvre par les experts français n’a jamais été adaptée aux besoins de la mission confiée par la Justice. Et ceci malgré l’existence d’outils d’évaluation utilisés chez tous nos voisins européens et validés en langue française. Classiquement, la dangerosité est divisée en deux catégories en France. D’un côté la dangerosité dite psychiatrique correspond 3 Fédération Française de Psychiatrie. Audition Publique. Expertise Psychiatrique Pénale, rapport de la commission d’audition. 25 et 26 janvier 2007, Paris. Études & Analyses La question centrale est celle de l’évaluation du risque de récidive de comportement violent. Dès lors, la Justice est en droit d’attendre une évaluation fiable, objective, qui ne doit pas être proche du hasard. Janvier 2011 – Page 9 Études & Analyses à « un risque de passage à l’acte principalement lié à un trouble mental, et notamment au mécanisme et à la thématique de l’activité délirante »4. Selon cette définition, l’agression est considérée comme la résultante directe d’une maladie mentale. De l’autre, la dangerosité dite criminologique, dont aucune définition univoque n’existe à ce jour. Nous adopterons la définition proposée par Bénézech qui nous apparaît la plus pertinente : « phénomène psychosocial caractérisé par les indices révélateurs de la grande probabilité de commettre une infraction contre les personnes ou les biens »5. Cette conception laisse une place mineure aux maladies mentales, et reconnaît le rôle que peuvent jouer d’autres facteurs (sociologiques, institutionnels). La distinction entre dangerosité psychiatrique et criminologique est toutefois artificielle et archaïque. Afin de faciliter les choses, l’expert doit s’attacher non pas à évaluer les dangerosités mais plutôt à mesurer un risque de récidive violente. La distinction entre dangerosité psychiatrique et criminologique est toutefois artificielle et archaïque. Afin de faciliter les choses, l’expert doit s’attacher non pas à évaluer les dangerosités mais plutôt à mesurer un risque de récidive violente. Historiquement, la première méthode employée est l’évaluation clinique. Une telle évaluation peut être menée par un professionnel de la santé mentale, qu’il soit médecin psychiatre ou psychologue. Cette approche est centrée sur la recherche d’éléments exclusivement cliniques (capacités d’introspection, critique du passage à l’acte), au détriment d’informations à caractère criminologique (facteurs sociaux, institutionnels, judiciaires). La démarche clinique repose sur un entretien libre. Ce qui laisse peu de place aux éléments objectifs, le thérapeute recherchant par définition à nouer une relation intersubjective avec son sujet. Cette méthodologie soulève plusieurs problèmes. En premier lieu, la relation intersubjective nécessite un travail d’interprétation parfois couplé à la mise en oeuvre d’épreuves projectives (test de Rorschach par exemple). Or, ces épreuves projectives n’ont jamais fait l’objet de validation à visée criminologique, c’est-à-dire que leur fiabilité en matière de prédiction de la récidive n’a jamais été établie. Elles peuvent certes avoir un intérêt dans une évaluation au cabinet du psychologue pour identifier des traits de personnalité. Leurs résultats n’ont jamais été corrélés à un risque de récidive particulier. Appliquées à un détenu, les épreuves projectives ne permettent pas de prédire un comportement violent. Ensuite, la démarche du thérapeute est de poser un diagnostic à l’issu de l’entretien. On peut rappeler, même si cela va de soi, que la délinquance n’est pas une catégorie diagnostique, mais un phénomène criminologique qui dépasse largement le cadre psychopathologique. En effet, tous les auteurs de délits violents ne sont pas des malades mentaux, loin s’en faut. De plus, un diagnostic se pose en fonction de cadres nosologiques, c’est-à-dire qu’il convient d’utiliser la même classification des maladies mentales par tous les psychiatres. En théorie, la classification internationale des maladies mentales définie par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) devrait donc être utilisée. Mais 4 Burgelin JF. Santé, justice et dangerosité, pour une meilleure prise en charge de la récidive, juillet 2005. 5 Benezech M. Introduction à l’étude de la dangerosité. In De Baurepaire C ; Bénézech M et Kotteler C. Les dangerosités, paris, John Libbey, 2004, p 15. Page 10 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels en France, l’utilisation de concepts psychanalytiques demeure prédominante tant en psychiatrie générale que dans le contexte des expertises. Or, ces concepts ne possèdent aucun lien théorique avec les comportements délictuels à prédire. Et ils n’ont aucune validité par rapport à la classification internationale des maladies mentales de l’OMS. Ainsi, la méthode basée sur un jugement clinique non structuré est une évaluation subjective, non validée scientifiquement, et fondée sur des corrélations intuitives. Partant de ces constats, plusieurs équipes ont étudié la capacité qu’avaient les experts cliniciens à prédire les comportements violents. L’une des références en la matière reste les travaux de Monahan menés à la fin des années 1970 aux Etats-Unis6. Leurs résultats sont sans appel : l’évaluation des cliniciens n’est exacte qu’une fois sur trois. Le clinicien et le magistrat requérant pouvaient-ils se satisfaire d’évaluations si aléatoires ? Assurément non. D’un point de vue éthique, il n’était plus possible de recommander l’usage d’une technique dont les résultats sont proches du hasard. Ces constats ont donné lieu à de nouvelles recherches dans le domaine de l’évaluation des comportements violents. D’un point de vue méthodologique, l’évaluation de la dangerosité dite criminologique a cédé la place à l’estimation statistique d’un risque de comportement violent. Il n’est donc plus question de tenter de comprendre ou d’expliquer les mécanismes de passage à l’acte. Il s’agit, grâce à des outils nommés « échelles actuarielles », d’identifier des liens statistiques entre plusieurs facteurs (cliniques, mais aussi sociologiques, institutionnels, judiciaires) et un risque de réitération d’un comportement violent. Dans la pratique, l’ensemble de ces échelles a démontré une supériorité par rapport aux évaluations cliniques, avec une valeur prédictive positive jugée comme bonne. Nous pouvons citer deux exemples : l’échelle Violence Risk Apparaisal Guide (VRAG)7, est utilisée pour prédire le risque de violences physiques, tandis que l’échelle Statique-998 est mise en œuvre pour prédire le risque de violence sexuelle. Les paramètres pris en compte dans cette dernière échelle sont résumés dans le tableau 1 (en annexe). Une autre tendance a également vu le jour pour pallier l’inefficacité des évaluations cliniques non structurées. Il s’agit de l’évaluation clinique standardisée. Ce type d’approche permet une évaluation du risque de réitération d’un comportement violent. Il permet également une gestion du risque futur par l’évaluation d’indices cliniques actuels et à venir. L’exemple que l’on peut fournir ici est l’échelle HCR-20, instrument dont la valeur prédictive positive a été validée en 1997 par Il n’est donc plus question de tenter de comprendre ou d’expliquer les mécanismes de passage à l’acte. Il s’agit, grâce à des outils nommés « échelles actuarielles », d’identifier des liens statistiques entre plusieurs facteurs (cliniques, mais aussi sociologiques, institutionnels, judiciaires) et un risque de réitération d’un comportement violent. 6 Monahan J. Predicting violent behavior : an assessment of the clinical techniques. In: Sage and Monahan J, Steadman HJ. Violence and mental disorders: developments in risk and assessment. University of Chicago press, 1996. 7 Harris GT, Rice ME, Quinsey VL. Violent recidivism of mentally disordered offenders: The development of a statistical prediction instrument. Criminal Justice and Behavior, 1993 (20): 315-335. 8 Hanson RK, Thornton D. Statique 99 : une amélioration des évaluations actuarielles du risque chez les déliquants sexuels. Rapport pour spécialistes n°99-02, Ottawa, Solliciteur général du Canada, 1999. Site web : www.sgc.gc.ca Études & Analyses Janvier 2011 – Page 11 Études & Analyses Webster et collaborateurs9. Echelles actuarielles et échelles dynamiques. Deux types de méthodes ont été développés pour une meilleure prédiction de la récidive. La première est la méthode actuarielle, qui est objective et validée statistiquement. Elle est basée sur une combinaison systématique de variables corrélées statistiquement à la récidive. L’objectif n’est pas de comprendre la réalisation d’un comportement violent mais de prédire sa récidive. L’échelle Statique 99 en est le prototype (voir tableau en annexe). Tous les éléments recherchés dans cette échelle sont statistiquement liés à un risque accru de récidive. La limite de cette méthode est son incapacité à prendre en compte l’évolution du délinquant : le score n’est pas modifié par une intervention médicale. Il n’est pas possible d’évaluer l’efficacité des traitements sur le risque de récidive. La seconde approche est basée sur les échelles dynamiques qui supposent la réalisation d’un entretien semi structuré. Son but est l’évaluation du risque de récidive, mais également la gestion du risque futur. L’exemple à citer est l’échelle HCR 20. Aux facteurs passés, l’échelle prend en compte l’état clinique actuel du délinquant et les indices liés au risque futur. Cette méthode permet d’évaluer l’efficacité d’un traitement. Il s’agit d’une méthode située à mi- chemin entre l’évaluation actuarielle et l’entretien clinique non structuré. Sa limite est de donner une estimation du risque de récidive moins précise qu’un outil actuariel à l’occasion d’une rencontre unique, ce qui représente la majorité des cas d’expertise post-sentencielle. Cet outil est plus adapté au suivi du délinquant par une équipe soignante cherchant à évaluer l’efficacité d’une thérapie. Des instruments efficients existent pour évaluer le risque de réitération de comportements violents. Ces méthodes permettent ainsi une uniformisation des évaluations. La plupart des équipes spécialisées outre-atlantique mais aussi européennes l’ont compris. Par conséquent, des instruments efficients existent pour évaluer le risque de réitération de comportements violents. Ces méthodes permettent ainsi une uniformisation des évaluations. La plupart des équipes spécialisées outre-atlantique mais aussi européennes l’ont compris. Une étude menée en 2000 s’intéressait à la diffusion de ces échelles dans les 15 pays de l’Union Européenne10. La plupart des pays européens utilisaient déjà ces instruments. L’évaluation clinique standardisée SVR 20 était employée couramment par 8 pays (Allemagne, Autriche, Danemark, Finlande, Grèce, Pays Bas, Suède notamment). L’échelle actuarielle Statique-99 était mise en œuvre par 4 pays (Angleterre, Irlande, Finlande, Suède). L’évaluation de la psychopathie via une échelle spécifique (la PCL-R de Hare) était employée par 11 pays (dont l’Espagne, la Finlande, l’Autriche, l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, le Danemark). 9 Webster CD, Douglas KS, Eaves D, Hart SD. Assessing risk of violence to others. In: Impulsivity: theory, assessment and treatment. Sous la direction de Webster CD et Jackson MA, 1997. New York : Guilford. 10 D. Giovannangeli, J.P. Cornet, C. Mormont. Etude comparative dans les 15 pays de l’Union Européenne : les méthodes et les techniques d’évaluation de la dangerosité et du risque de récidive des personnes présumées ou avérées délinquants sexuels. Université de Liège, Septembre 2000. Page 12 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels A la même époque, la République Tchèque développait des instruments actuariels spécifiquement adaptés à sa politique de libérations conditionnelles et de peines alternatives, en lien avec l’Angleterre. Evaluation du risque de récidive d’un même détenu par deux experts différents. Mr. X a été condamné à une peine de 15 ans de réclusion criminelle pour des faits de viol sur mineurs de 15 ans. Cinq victimes (4 filles et 1 garçon) ont été identifiées dont les âges s’étalent de 13 à 1 an. Extraits d’une évaluation du risque de récidive d’un même détenu par deux experts différents. La première expertise était conduite selon la méthode traditionnelle, à savoir un entretien libre. En voici une partie du contenu : « Monsieur X se montre coopérant à l’examen, et même un peu anxieux (…). Il se plaint de perte de mémoire et de quelques troubles du sommeil, mais ne souhaiterait plus avoir recours aux médicaments. Le contact est bon. En évoquant les évènements de sa vie et la peine que ses actes ont pu causer à ses parents, il a cependant les larmes aux yeux. L’incarcération lui aurait permis de couper ses conduites toxicomanes et de se réveiller. Il donne l’impression d’une grande douleur et de bien se repentir des évènements, dont il assume l’entière responsabilité. Actuellement, il n’y a pas de signes en faveur d’un risque de récidive. Monsieur X n’est pas susceptible de présenter une dangerosité en milieu libre. » La seconde expertise a été menée selon deux méthodes différentes : en premier lieu une évaluation clinique semi structurée puis une évaluation actuarielle. « La consultation du réquisitoire définitif permet d’identifier un lourd passé judiciaire avec 6 condamnations pour vol avec violence, trafic de stupéfiants, outrage à agent, violence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieur à 8 jours et agressions sexuelles. Depuis l’âge de 24 ans se suivent des relations sexuelles d’un soir, y compris lorsqu’il s’installe en couple avec sa compagne actuelle. La biographie met en évidence une sexualité hétéro sexuelle abondante avec un collectionnisme des conquêtes. Les conséquences de ses passages à l’acte pédophilique sont banalisées, tout comme les violences domestiques dirigées contre sa compagne. La cotation de l’échelle Statique-99 permet de mesurer un score de 6/6. Suivant ce score, Mr X présente un risque élevé de récidive comparativement à d’autres délinquants sexuels adultes de sexe masculin. Les individus ayant ces caractéristiques, en moyenne, présentent une récidive sexuelle de 39% sur une période de 5 ans et de 45% sur une période de 10 ans. Les passages à l’acte sexuels de Mr. X sur des enfants âgés de 1 à 13 ans, et ceci de façon répétée permettent de poser le diagnostic de pédophilie sans ambiguïté. Le profil de pédophilie homosexuelle est un élément de mauvais pronostic. La dangerosité du sujet en milieu libre existe, et n’est pas exclusivement sexuelle. Le risque de récidive est évalué comme élevé. » Études & Analyses Janvier 2011 – Page 13 Études & Analyses La France reste l’une des exceptions en Europe : il s’agit de l’un des derniers pays à pratiquer régulièrement l’évaluation clinique non structurée en matière pénale. Et ceci malgré la démonstration de l’inefficacité d’une telle méthode, dont les estimations sont proches du hasard. En 2000, la France avait déjà accumulé un retard considérable en matière d’évaluation criminologique. Dix ans après, le fossé s’est encore considérablement agrandi. La France reste l’une des exceptions en Europe : il s’agit de l’un des derniers pays à pratiquer régulièrement l’évaluation clinique non structurée en matière pénale. Et ceci malgré la démonstration de l’inefficacité d’une telle méthode, dont les estimations sont proches du hasard. Pourtant des échelles actuarielles validées en langue française sont disponibles depuis plusieurs années. Une étude sur la qualité des expertises de dangerosité menées en France a été réalisée par Baratta et collaborateurs11. Elle s’est attachée à étudier plusieurs caractéristiques : • La cohérence entre les évaluateurs : pour un même détenu, toutes les expertises parviennent-elles aux mêmes conclusions ? • Les critères utilisés pour l’évaluation du risque de récidive. • Les expertises cliniques ont été comparées aux résultats des échelles actuarielles obtenues pour chaque détenu. L’étude a montré que dans 80 % des cas, les experts ne sont pas d’accord entre eux. Les évaluations du risque de récidive sont contradictoires pour un même détenu dans une grande majorité des cas. Par ailleurs, 80 % des expertises sont basées exclusivement sur des marqueurs cliniques, pour la plupart non corrélés à un risque de récidive. Les marqueurs cliniques les plus souvent identifiés sont une personnalité perverse, un déni, une faille narcissique, un clivage, une hypertrophie du Moi. Il est intéressant de relever qu’il s’agit le plus souvent du jargon issu de la psychanalyse. Dans 40 % des cas, les experts n’ont pas relevé des marqueurs de gravité pourtant présents et validés comme tel par les études internationales. Le meilleur exemple à citer est le profil de la victime. Un père incestueux présente un risque de récidive plus faible qu’un pédophile agressant un jeune garçon inconnu. Dans 30 % des expertises, le profil de la victime n’est pourtant pas pris en compte dans l’évaluation du risque de récidive. Il y a concordance entre les expertises cliniques et les échelles actuarielles dans seulement 45 % des expertises, soit moins de la moitié des cas. Dans 7 % des cas, l’expertise clinique surévalue le risque de récidive. Mais dans 16 % des cas, le risque est sousévalué par le clinicien. Dans la majorité des cas, (33 %), il y a une mésestimation du risque: le clinicien se contente simplement de répondre à l’existence d’un risque de récidive, sans en donner une évaluation semi quantitative de type faible- moyen- élevé. De telles conclusions émanant d’experts sont inexploitables par les magistrats. 11 Baratta A., Morali A., Halleguen O., Expertise post-sentencielle et évaluation du risque de récidive sexuelle. A propos d’une étude réalisée en région Alsace. A paraître. Page 14 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels La fragilité de l’évaluation clinique non standardisée : le cas Alain PENIN Meurtrier présumé d’une jeune femme à Marcq-en-Baroeul, Alain PENIN avait déjà été condamné par les Assises à 10 ans de réclusion criminelle pour viol. Avant de bénéficier de sa libération conditionnelle, il avait fait l’objet d’expertises psychiatriques « parfois contradictoires, attestant de la difficulté d’analyser des personnalités aussi complexes que la sienne12». A la question de la récidive, le premier expert avait éludé la question du risque de récidive en le jugeant « difficilement appréciable ». Le second a estimé ce risque limité sinon nul sur la base d’un entretien clinique non structuré : « le risque, s’il existe, de récidive reste limité ». Les critères retenus par le psychiatre en faveur d’un risque faible de récidive sont des éléments cliniques n’ayant par ailleurs jamais été validés comme tels dans la littérature internationale : « il est capable de reconnaître ses torts et d’avoir une culpabilité importante (…). Il regrette son geste et ne comprend encore que difficilement les motivations ». La reconnaissance des faits et l’expression de remords n’ont jamais été corrélés statistiquement à un risque plus faible de récidive. 2. Recommandations actuelles La singularité française en matière d’expertise explique le positionnement de nombreux responsables politiques en faveur d’une évolution des pratiques en France. En 2005 déjà, Jean-François Burgelin déposait un rapport intitulé « Santé, justice et dangerosité, pour une meilleure prise en charge de la récidive ». Il préconisait le développement d’une discipline inexistante en France, la psychocriminologie, ainsi que le développement de méthodes adaptées à l’évaluation du risque de récidive : « Pour que la France soit en mesure de développer cette discipline autonome (la psychocriminologie), à l’instar des pays anglo-saxons qui ont procédé à des analyses et élaboré des outils d’évaluation de la dangerosité des auteurs d’infraction pénale, il apparaît nécessaire à la commission d’approfondir les recherches sur 3 sujets essentiels : La singularité française en matière d’expertise explique le positionnement de nombreux responsables politiques en faveur d’une évolution des pratiques en France. 1. Les indicateurs de toutes les formes de dangerosité 2. L’évaluation de ces dangerosités 3. Les modalités de prise en charge pluridisciplinaire des individus qui présentent ces caractéristiques ». En 2006, Jean-Paul Garraud, député de la Gironde, remet son rapport « Réponses à la dangerosité » au Premier ministre13. Il propose explicitement le développement des outils actuariels pour évaluer au mieux la dangerosité criminologique. Il préconise également la création d’une « école de formation des experts » placée sous l’autorité du ministre de la justice, dispensant des enseignements de méthodologie de l’expertise judiciaire : « A l’exception de l’outil 12 Tomasovitch G. Comment les psychiatres ont analysé le cas Alain Penin. L’Actu, dimanche 19 septembre 2010, p 04-05. 13 Garraud JP. Réponses à la dangerosité (novembre 2006). Voir aussi le rapport d’information du Sénat sur les mesures de sûreté concernant les personnes dangereuses (juin 2006). Études & Analyses Janvier 2011 – Page 15 Études & Analyses QIPAAS, la majorité des experts français n’utilisent aucun outil actuariel au soutien des examens cliniques traditionnels. En la matière, la France présente un retard certain auquel il convient de remédier ». La préconisation numéro 9 du rapport conclut à la nécessité de « développer et soutenir des recherches menées conjointement par des universitaires et des professionnels aux fins d’élaborer des outils actuariels d’évaluation de la dangerosité criminologique pouvant être utilisés au soutien d’un examen clinique ». Enfin, en 2008, le premier président de la Cour de Cassation Vincent Lamanda remet son rapport au Président de la République. Il y dénonce la non adaptation de l’expertise psychiatrique classique dans l’évaluation de la dangerosité criminologique. Enfin, en 2008, le premier président de la Cour de Cassation Vincent Lamanda remet son rapport au Président de la République. Il y dénonce la non adaptation de l’expertise psychiatrique classique dans l’évaluation de la dangerosité criminologique. Raison pour laquelle son auteur recommande une formation des experts français en criminologie avec utilisation des échelles actuarielles. Les faiblesses de l’évaluation de la dangerosité criminologique : le rapport Lamanda14 « Aujourd’hui, s’il est possible d’apprécier la dangerosité pénitentiaire ou psychiatrique, en revanche, la dangerosité criminologique, c’està-dire, la probabilité que présente un individu de commettre une infraction, apparaît mal appréhendée en France ». « Faute d’avoir été validés au plan national, des outils d’analyse et d’évaluation multifactoriels, tels l’Historical Clinical Risk (HCR–20), l’entretien d’évaluation du processus de passage à l’acte (l’E.E.P.P.A), l’entretien exploratoire de la cinétique des crimes violents (E.E.C.C.V) ne sont pas utilisés par l’institution judiciaire française pour apprécier la dangerosité criminologique ». « Il n’est pas non plus fait référence aux grilles d’analyse actuarielle, par exemple le Violence Risk Appraisal Guide (V.R.A.G), qui définissent une probabilité statistique ». Depuis 2005, une évolution des pratiques expertales françaises est demandée par les politiques. Demandes parlementaires restées sans suite, puisqu’en pratique l’évaluation clinique non structurée reste la méthode pratiquée majoritairement. Pourtant, plusieurs spécialistes en psychiatrie criminelle et médico-légale ont publié des articles rappelant les limites de ces méthodes. Senon et collaborateurs soulignaient récemment que « La France ne pourra pas rester une exception en ce qui concerne l’évaluation de la dangerosité ou plutôt du risque de violence… »15. De son côté, Archer préconisait l’abandon de l’évaluation clinique et des méthodes projectives au profit des outils actuariels16. Enfin, Benezech et collaborateurs aboutissaient au même constat : « Une des carences les plus évidentes à nos yeux 14 Lamanda, Vincent, 2008, « Amoindrir les risques de récidive criminelle des condamnés dangereux », Paris : Présidence de la République. 15 Senon JL, Voyer M, Paillard C, Jaafari N. Dangerosité criminologique : données contextuelles, enjeux cliniques et expertaux. L’information psychiatrique, 2009 ; 85 : 719-725. 16 Archer E. L’expertise psychiatrique de préliberation conditionnelle. Annales Médico Psychologiques, 2006 ; 164 : 857-863. Page 16 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels du système répressif français est l’absence de méthode d’évaluation codifiée des auteurs d’actes criminels majeurs…Continuer à privilégier les classiques expertises psychologiques et psychiatriques aux dépens des méthodes et instruments de mesure modernes est une conduite archaïque reflétant la méconnaissance des pouvoirs publics en matière d’évolution des sciences criminelles »17. Ces nombreuses préconisations parlementaires et médicales ne sont finalement pas restées lettre morte. Courant 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) a édité des recommandations de bonne pratique concernant la prise en charge des auteurs d’agression sexuelle à l’encontre de mineurs de moins de 15 ans. Le volet de l’évaluation est abordé, avec comme préconisation le recours aux échelles actuarielles. L’annexe 3 jointe au guide des recommandations présente une liste non exhaustive des outils standardisés18. Dans cette liste figure l’évaluation de la psychopathie par l’échelle Psychopathy Check-List Revised (PCL-R) de Hare, les échelles statiques (VRAG, SORAG), et les évaluations cliniques standardisées (HCR20, SVR20). Une nouvelle étape vient d’être franchie en date du 8 juin 201019. L’Académie de Médecine a remis un rapport décisif en faveur de l’utilisation des échelles actuarielles et ceci de façon systématique dans l’évaluation du risque de récidive : « L’efficacité relative de ces approches a fait l’objet de nombreuses études. Hanson et Morton-Bourgon (2008) ont effectué une métaanalyse comparative des diverses méthodes en utilisant 118 études différentes qui comportaient un total de 45.398 sujets. Ces auteurs ont observé que les méthodes actuarielles étaient les plus efficaces dans la prévision de la récidive …». La première recommandation de l’Académie de Médecine est donc la suivante : « En fonction de ces difficultés et des données précédemment exposées, l’Académie de Médecine formule les recommandations suivantes : 1) Améliorer la pratique des expertises de dangerosité des criminels sexuels en enseignant et en diffusant les méthodes actuarielles. Informer les magistrats et le public en général, du caractère très imparfait des prévisions, même quand l’expertise a utilisé les meilleurs instruments actuellement disponibles… » Une nouvelle étape vient d’être franchie en date du 8 juin 2010. L’Académie de Médecine a remis un rapport décisif en faveur de l’utilisation des échelles actuarielles et ceci de façon systématique dans l’évaluation du risque de récidive : L’Académie de Médecine entérine donc les précédentes recommandations parlementaires et médicales, en confirmant la nécessité d’abandonner l’évaluation clinique non structurée au profit des méthodes validées sur des bases scientifiques. 17 Bénézech M, Pham TH, Le Bihan P. Les nouvelles dispositions concernant les criminels malades mentaux dans la loi du 25 février 2008 relative à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental : une nécessaire évaluation du risque criminel. Annales Médico Psychologiques, 2009 ; 167 : 39-50. 18 Haute Autorité de Santé. Prise en charge des auteurs d’agression sexuelle à l’encontre de mineurs de moins de 15 ans. Recommandations de bonne pratique, Juillet 2009, Paris. 19 Milgrom E, Bouchard P, Olié JP. La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels. 2010, Rapport de l’Académie de Médecine, Paris. Études & Analyses Janvier 2011 – Page 17 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels PRISE EN CHARGE MÉDICALE DES AUTEURS DE VIOLENCE SEXUELLE 1. Efficacité des traitements Après le volet consacré à l’évaluation des délinquants sexuels, nous nous interrogeons à présent sur l’impact des différentes modalités de soins proposés à cette population. L’objectif d’une telle prise en charge est la réduction du risque de récidive, ce qui signifie qu’un traitement jugé efficace doit entraîner une diminution de cette récidive. Les deux grandes options thérapeutiques sont, d’une part les psychothérapies, et d’autre part les traitements médicamenteux de type anti-hormonaux. Plusieurs études portant sur l’efficacité des traitements psychologiques non spécialisés auprès d’agresseurs sexuels ont été effectuées. Une psychothérapie non spécialisée se caractérise généralement par des entretiens libres : le thérapeute laisse libre cours au discours du patient, se contentant de l’aiguiller par moment. Les évaluations de cette méthodologie ont toutes abouti aux mêmes résultats: aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les groupes de sujets traités et non traités en termes de récidive. Le taux de récidive, générale et sexuelle, est donc identique, que le sujet bénéficie ou non d’un suivi psychothérapique classique20 21 22 23. L’inefficacité de ces thérapies dans la réduction de la récidive sexuelle est donc une donnée connue depuis maintenant une vingtaine d’années au niveau international. Des efforts considérables ont été faits pour promouvoir le développement de méthodes visant à pallier l’inefficacité des psychothérapies classiques en matière de récidive pédophilique. La plupart des thérapies spécialisées font appel aux techniques dites cognitivo-comportementales (TCC). Pour ces psychothérapies, les études réalisées confirment une efficacité au moins partielle : elles entraînent une diminution significative de la récidive sexuelle. La première évaluation, réalisée par Hanson et collaborateurs en 2002 portait sur 43 études, correspondant à 9454 patients24. Le taux de récidive sexuelle moyen pour un sujet pédophile était de 12,3% à 10 ans. Cette méta-analyse a confirmé l’absence d’efficacité des psychothérapies classiques (à orientation analytique ou de soutien) Le taux de récidive, générale et sexuelle, est donc identique, que le sujet bénéficie ou non d’un suivi psychothérapique classique. L’inefficacité de ces thérapies dans la réduction de la récidive sexuelle est donc une donnée connue depuis maintenant une vingtaine d’années au niveau international. 20 Davidson P. Outcome data for a penitentiary-based treatment program for sex offenders. Conference on the Assessment and Treatment of the Sex Offender, Kingston, Ontario. 21 Florida Department of Health and Rehabilitative services. Status of the sex offender treatment programs, fiscal year 1983-84, Annual report to the Florida Legislature, Alcohol, Drug Abuse and mental Health Program Office, Tampa, 1984. 22 Frisbie L.V. Another look at sex offenders in California, 1969, Mental Health Research Monograph N° 12, Sacramento, CA, California, Department of mental Hygiene. 23 Furby L., Weinrott M.R., Blackshaw L. Sex offender recidivism. Psychological Bulletin, 1989 (105): 3-30. 24 Hanson K.R., Gordon A., Harris A.J. et al. First report of the collaborative outcome data project on the effectiveness of psychological treatment for sex offenders. Sex Abuse 2002(14): 195-197. Études & Analyses Janvier 2011 – Page 19 Études & Analyses s’agissant du taux de récidive : celui-ci restait stable à 17,4%. En revanche, le taux de récidive ne s’élevait qu’à 9,9% dans le groupe de patients traités par TCC. Une nouvelle méta-analyse réalisée en 2008, portant sur un total de 22181 sujets répartis au travers de 80 études a confirmé les résultats précédents25. Schmucker et collaborateurs confirment que seule la TCC a démontré un impact modéré mais positif sur la réduction du taux de récidive sexuelle des pédophiles par rapport aux psychothérapies dites classiques. En France, seule une minorité d’équipes pénitentiaires propose des TCC spécialisées. Il s’agit de psychiatres et psychologues spécialement formés, dispensant leurs soins auprès de détenus. Mais à leur sortie de prison, ces patients sont ensuite orientés vers une filière de soin non formée, proposant des psychothérapies sans résultat en termes de réduction du risque de récidive. Parallèlement aux psychothérapies, l’autre forme de traitement principal est le traitement médicamenteux. En France, seules deux molécules ont l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans l’indication des troubles de l’attirance sexuelle (paraphilie). Parallèlement aux psychothérapies, l’autre forme de traitement principal est le traitement médicamenteux. En France, seules deux molécules ont l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans l’indication des troubles de l’attirance sexuelle (paraphilie): il s’agit de l’Androcur ® et du Salvacyl LP ®. L’AMM de l’Androcur ® dans cette indication date de juillet 2005 et précise qu’il doit être prescrit pour la « réduction des pulsions sexuelles dans les paraphilies en association à une prise en charge psychothérapeutique ». L’AMM du Salvacyl LP ® est plus récente, puisque datant d’août 2007. Ce traitement est utilisé sous forme injectable. Il est « indiqué pour la réduction majeure et réversible des taux de testostérone afin de diminuer les pulsions sexuelles chez l’homme adulte ayant des déviances sexuelles sévères. Le traitement doit être associé à une psychothérapie dans le but de diminuer le comportement sexuel déviant ». Ces deux options thérapeutiques permettent de diminuer la libido des délinquants sexuels, mais ne modifient en rien leur déviance sexuelle. Les effets de ces traitements sont par ailleurs réversibles dès leur arrêt. L’Androcur ® est un dérivé progestatif. Cette molécule exerce son action en réduisant la production de testostérone. Les deux premières études princeps validant son efficacité datent des années 1970. Une première étude portait sur 110 délinquants sexuels traités par Androcur ® sur une période de plusieurs mois. Dans 80% des cas, les pulsions sexuelles étaient réduites26. La seconde étude porte sur 350 patients traités pendant 3 ans. La réduction des pulsions a pu être obtenue pour 89% des patients. Au total, 4 études contrôlées en double aveugle versus placebo ont démontré une efficacité de l’Androcur ® pour diminuer les pulsions sexuelles sur une population de délinquants sexuels27. Toutefois plusieurs équipes ont rapporté des cas de sujets résistants à ce traitement. Ce qui a conduit à la recherche d’autres thérapies hormonales plus efficaces. Il s’agit des analogues de la 25 Schmucker M., Losel F. Does sexual offender treatment work ? A systematic review of outcome evaluations. Psicothema 2008(20): 10-19. 26 Laschet U, Laschet T. Psychopharmacotherapy of sex offenders with Cyproterone Acetate in Neuro-psycho-pharmakologie 4, vol 2: 99-104; 1971. 27 Mothes B, Lehnert J, Samimi F et al. Klinische Prufung von Cyproteronacetat bei Sexualdeviationen-Gesamtauswertung. In Schering Symposium über Sexualdeviationen und ihre medikamentose Behandlung, Berlin, Live Sci Monogr (Raspé G, ed) 1971: 65-87. Page 20 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels gonadolibérine (ou GnRH), classe à laquelle appartient le Salvacyl LP ®. Cette molécule agit en inhibant la sécrétion des hormones LH et FSH directement au niveau de l’hypophyse. Avec comme conséquence un effondrement des taux de testostérone et une chute de la libido. La première étude validant l’efficacité de cette classe pharmacologique a été conduite en France. Ce traitement a réduit les troubles sexuels de 6 patients qui étaient initialement résistants à l’Androcur ®28. D’autres études sont venues étayer ce premier résultat29 30 31 32. Une efficacité en termes de réduction des pulsions sexuelles était rapportée, avec un bon profil de tolérance, les effets indésirables rapportés étant rarissimes. Enfin, une étude récente s’est attachée à comparer le traitement de deux groupes de pédophiles. L’un d’eux bénéficiait d’une psychothérapie seule de type TCC, l’autre d’une association TCCcastration chimique par analogue GnRH. Le groupe recevant l’association TCC- analogue GnRH présentait les meilleurs résultats en terme de diminution des pulsions sexuelles. Les TCC, l’Androcur ® et le Salvacyl LP ® ont démontré leur efficacité en termes de réduction du risque de récidive. Mais si le risque de récidive peut être considérablement réduit, il n’est jamais supprimé. Ce qui signifie qu’une récidive est toujours possible sous traitement chimique correctement conduit. Aujourd’hui, le traitement le plus efficace en termes de réduction du risque de récidive est l’association TCC- castration chimique par Salvacyl. Pourtant, sur le terrain, seule une minorité de patients français bénéficie d’un traitement par les freinateurs de la libido. Il s’agit d’une option thérapeutique rarement mise en œuvre du fait d’une absence de formation des équipes de secteur. 2. Situation actuelle en France En France, les soins s’inscrivent le plus souvent dans le cadre d’une injonction de soins, après avoir effectué une peine de prison. Le condamné est invité à choisir un médecin ou un psychologue traitant, sous le contrôle d’un médecin coordonnateur. Aujourd’hui, le traitement le plus efficace en termes de réduction du risque de récidive est l’association TCCcastration chimique par Salvacyl. Pourtant, sur le terrain, seule une minorité de patients français bénéficie d’un traitement par les freinateurs de la libido. Contrairement aux soins proposés aux toxicomanes, il n’y a pas de circuit spécialisé et identifié comme tel dans les soins ambulatoires des délinquants sexuels. Les soins sont donc dispensés indifféremment par les équipes de secteur en Centre Médico-Psychologique (CMP) 28 Thibaut F, Cordier B, Kuhn JM. Effect of a long-lasting gonadotrophin hormone-releasing agonist in sex cases of severe male paraphilia. Acta Psychiatr Scand 1993(87): 445-450. 29 Krueger RB, Kaplan MS. Depot-leuprolide acetate for treatment of paraphilias: a report of twelve cases. Arch Sex Behav 2001(30): 409-422. 30 Rosler A, Witztum E. Treatment of men wtih a long-lasting analogue of gonadotrophin-releasing hormone. New Engl J Med. 1998(338):416-422. 31 Saleh FM, Niel T, Fishman M. Treatment of juvenile paraphilia with leuprolide acetate : a preliminary case report series. J Forensic Sci, 2004(49):1343-1348. 32 Schober J.M., Kuhn P.J., Kovacs P.G. et al. Leuprolide acetate suppresses pedophilic urges and arousability. Arch Sex Behav 2005(34): 691-705. Études & Analyses Janvier 2011 – Page 21 Études & Analyses ou dans les cabinets privés. Les psychothérapies non spécifiques et d’inspiration psychanalytiques sont la principale modalité de soins proposés en France. En effet, les psychiatres et psychologues n’intervenant pas en milieu pénitentiaire n’ont aucune formation à la prise en charge de cette patientelle particulière. Les psychothérapies non spécifiques et d’inspiration psychanalytiques sont la principale modalité de soins proposés en France. En effet, les psychiatres et psychologues n’intervenant pas en milieu pénitentiaire n’ont aucune formation à la prise en charge de cette patientelle particulière. De rares études concernant les soins des auteurs de violence sexuelle ont été publiées. Une première étude s’intéresse aux patients en obligations de soins33. En tout, 19% de ces patients étaient adressés pour infraction sexuelle. Leur suivi était assuré par des équipes de secteur (en CMP) non formées à la prise en charge des délinquants sexuels. Seule une infime fraction d’entre eux (1,9%) a été orientée vers un centre spécialisé dans les troubles des conduites sexuelles. Une seconde étude portait sur une population similaire34. La proportion des agresseurs sexuels était de 33%. Cette étude mettait en lumière une méconnaissance totale du cadre juridique des soins relatif aux auteurs de violence sexuelle. Les auteurs réalisent un amalgame entre le cadre de l’obligation de soins et celui de l’injonction de soins, chacun des deux termes étant utilisé indifféremment. Il s’agit en effet de 2 régimes de soins très différents : 1. L’obligation de soins, prévue par l’article 132-45 du code pénal, est mise en oeuvre sans procédure particulière. Il s’agit d’une mesure générale applicable avant ou après la condamnation pénale. Cette mesure est non spécifique à la délinquance sexuelle et aucune relation entre les autorités judiciaires et sanitaires n’est prévue. Aucune expertise psychiatrique préalable n’est nécessaire pour la mettre en œuvre. Le seul contrôle que le juge peut en avoir se base sur la simple remise d’un certificat médical, sans aucune autre information. 2. L’injonction de soins, créée par la loi du 17 juin 1998 relative au suivi socio-judiciaire, est applicable lorsque le suivi socio-judiciaire est encouru et lorsqu’une expertise médicale conclut à la possibilité de soins, dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve, d’une libération conditionnelle, d’une surveillance judiciaire ou d’une surveillance de sûreté. Elle fait intervenir le médecin coordonnateur en application des dispositions de l’article L. 3711-1 du code de la santé publique. L’expertise médicale préalable est nécessaire pour l’ordonner ou la prononcer et la supprimer. Cette procédure fait intervenir le médecin coordonnateur qui informe le juge des soins en cours et de leur intérêt. Une troisième étude s’est focalisée sur une population de pédophiles extra-familiaux en injonction de soins dans le département d’Indre-etLoire34. Cette étude révèle que la totalité des sujets étaient suivis par des 33 Arena G., Marette F. Enquête sur les obligations de soins en Seine-Saint-Denis EPS de Ville-Evrard. L’Information Psychiatrique, 2007 (83) : 23-28. 34 Gaillard-Janin N. Enquête sur les sujets ayant été suivis en obligation de soins durant l’année 2005 au centre Philippe-Paumelle. L’Information Psychiatrique, 2007 (83): 29-34. 35 Auger G, El Hage W, Boussy M, Cano J, Camus V, Gaillard P. Evaluation du dispositif d’injonction de soins pour les auteurs de violences sexuelles en Indre-et-Loire (France). Annales Médico Psychologiques, 2010 ; 168(6) : 462-466. Page 22 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels équipes non spécialisées. Les soins étaient de ce fait non spécifiques. Ils consistaient en une psychothérapie simple pour 14 patients sur 16. Seuls 2 patients bénéficiaient d’un antidépresseur à visée d’inhibition de la libido, traitement qui n’a jamais eu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans cette indication. Le traitement freinateur de la libido (castration chimique) n’a été proposé à aucun d’entre eux. Enfin, une dernière étude a été réalisée sur l’injonction de soins dans les régions Alsace et Lorraine par Baratta et collaborateurs36. Une problématique pédophilique concerne 83% des patients en injonction de soins dans ces 2 régions. La totalité d’entre eux étaient suivis par des équipes non spécialisées : psychiatres ou psychologues libéraux ou de secteurs (CMP). Le traitement consistait en une psychothérapie simple sans traitement pharmacologique dans 66 % des cas. Deux sujets étaient traités par antidépresseur à visée d’inhibition de la libido. Un patient condamné pour exhibitionnisme était traité par acétate de cyprotérone (Androcur ®). Un patient souffrant d’un retard mental, condamné pour agression sexuelle sur majeur était traité par analogue de la gonadolibérine (Enantone®). Dans la population étudiée, aucun des sujets condamnés pour des actes pédophiliques (qu’il s’agisse d’agressions sexuelles ou de viols) ne bénéficiaient d’un traitement par castration chimique. A la lumière de ces quelques études, nous pouvons conclure que les traitements proposés aux délinquants sexuels en France ne sont pas de nature à réduire le risque de récidive. La faiblesse des protocoles des injonctions de soin en France : le cas Alain PENIN Le 30 septembre 2009, Alain PENIN bénéficie d’une libération conditionnelle. Cet aménagement de peine s’accompagne d’un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins. Un médecin coordonnateur fait le lien entre l’équipe soignante et le JAP. Ce médecin signalait dans un rapport au JAP en date du 28 avril 2010 « Alain PENIN (…) a réalisé une évolution positive de son existence, ce qui réduit le risque de récidive. » A la lumière de ces quelques études, nous pouvons conclure que les traitements proposés aux délinquants sexuels en France ne sont pas de nature à réduire le risque de récidive. Les soins étaient dispensés par le Centre Médico Psychologique (CMP) de Tourcoing. Ils consistaient en un groupe de parole, animé non pas par un psychiatre ou un psychologue, mais par un infirmier psychiatrique. Si un tel suivi peut présenter un intérêt pour des patients souffrant de troubles mentaux « classiques », il est évident qu’il n’est pas de nature à réduire le risque de récidive des agresseurs sexuels. Par ailleurs, il ne bénéficiait pas d’un traitement freinateur de la libido qui aurait pu avoir un impact positif sur l’intensité de ses pulsions sexuelles. Le 5 septembre 2010, Alain PENIN récidive : il viole et tue Natacha MOUGEL. 36 Baratta A., Morali A., Halleguen O., La mise en application de l’injonction de soin en 2010. A propos d’une étude réalisée en régions Alsace-Lorraine. A paraître. Études & Analyses Janvier 2011 – Page 23 Études & Analyses 3. Recommandations actuelles La première recommandation médicale date de 2001. Il s’agit de la 5ème Conférence de consensus de la Fédération Française de Psychiatrie consacrée aux psychopathologies et traitements actuels des auteurs d’agressions sexuelles. Cette conférence de consensus est donc antérieure aux AMM délivrées à l’Androcur ® et au Salvacyl LP ® dans leurs indications respectives de castration chimique. Pourtant elle s’intéressait déjà à cette problématique : « Pour les experts, les antiandrogènes sont particulièrement indiqués chez les hommes pédophiles multirécidivistes (en particulier homosexuels) et chez les hommes pédophiles profondément immatures ou déficients intellectuels. La littérature rappelle qu’ils ne changent pas l’orientation sexuelle…Ils comportent des effets secondaires généralement rares (gynécomastie, cytolyse hépatique) ou peu gênants, le principal effet à dépister et à prévenir est la déminéralisation osseuse ». La recommandation numéro 7 était donc naturellement « Les chimiothérapies devraient pouvoir sortir du stade expérimental et bénéficier du cadre légal de l’AMM ». Chose faite 4 ans après pour l’Androcur ® et 6 ans après pour le Salvacyl LP ®. Plus récemment, la Haute Autorité de Santé (HAS) a édité les recommandations de bonne pratique concernant la prise en charge des auteurs d’agression sexuelle à l’encontre de mineurs de moins de 15 ans37. Un chapitre est consacré aux traitements freinateurs de la libido. Les recommandations précisent notamment à leur sujet : « La population concernée est une population restreinte, environ 10 à 15 % des sujets ayant commis un acte sexuel inapproprié. Il s’agit en particulier : des pédophiles « sévères » (c’est-à-dire ayant un risque important de passage à l’acte ou de violence) ; et des violeurs récidivistes avec comportement prédateur. Le traitement par voie intramusculaire est indiqué en cas de mauvaise observance d’un traitement antiandrogène par voie orale ». Un algorithme de prise en charge est proposé en fonction du profil psycho-criminologique du patient ainsi qu’en fonction de son risque de récidive. Six niveaux thérapeutiques sont donc définis, correspondant à des degrés de gravité croissant (tableau en annexe). Penser qu’une récidive est peu probable au motif qu’un agresseur sexuel bénéficie d’une injonction de soins est une erreur dangereuse, comme le souligne la deuxième recommandation de l’Académie de Médecine Enfin l’Académie de Médecine a rappelé un élément important dans ses dernières recommandations de juin 201038. Elle pointe du doigt l’efficacité partielle des différentes thérapeutiques existantes, qu’il s’agisse de psychothérapie spécialisée ou de traitements antihormonaux. Penser qu’une récidive est peu probable au motif qu’un agresseur sexuel bénéficie d’une injonction de soins est une erreur dangereuse, comme le souligne la deuxième recommandation de l’Académie de Médecine : « Définir une politique qui ne soit pas uniquement basée sur des moyens médicaux. Les traitements à visée hormonale ou psychologique ayant une efficacité très partielle et quelquefois des effets secondaires marquants ne peuvent être le seul outil d’une politique de prévention de la récidive ». 37 Haute Autorité de Santé. Prise en charge des auteurs d’agression sexuelle à l’encontre de mineurs de moins de 15 ans. Recommandations de bonne pratique, Juillet 2009, Paris. 38 Milgrom E, Bouchard P, Olié JP. La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels. 2010, Rapport de l’Académie de Médecine, Paris. Page 24 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels RECOMMANDATIONS DE L’AUTEUR 1. Concernant les évaluations En premier lieu, les expertises de dangerosité devraient inclure obligatoirement, en plus d’une évaluation clinique, une évaluation actuarielle. Le Juge d’application des peines nomme un expert judiciaire pour l’éclairer sur une situation donnée avant de prendre une décision. Le magistrat ne peut donc se satisfaire d’une évaluation clinique dont on sait par ailleurs que les conclusions sont proches du hasard. Or, les outils d’évaluation du risque validés en langue française existent depuis une dizaine d’années. La mission de l’expertise postsentencielle devrait donc comporter obligatoirement une évaluation actuarielle au minimum. Dans l’idéal, elle pourrait être complétée par une évaluation clinique semi-structurée telle l’échelle HCR 20. Si un rapport d’expertise devait être rendu sur la base d’une grille de lecture uniquement psychiatrique, sans mise en œuvre des instruments adaptés, le Juge d’application des peines devrait le considérer comme non éclairant. Le magistrat devrait considérer que l’expert n’a pas répondu à la question posée, à savoir l’évaluation du risque de récidive. De ce fait aucune conclusion ne pourrait être tirée d’un tel rapport d’expertise. Aucune formation aux méthodes actuarielles n’existe en France. Il est donc nécessaire de former les psychiatres et psychologues réalisant des expertises pénales à ces méthodes. Il s’agirait d’inclure ces enseignements obligatoires en formation initiale dans le cadre des Diplômes d’Université de psychiatrie légale dispensés par certaines universités. Cette formation doit aussi s’inclure en formation continue via la Compagnie Nationale des Experts Judiciaires. Ces compagnies organisent des sessions de formation pour les experts inscrits sur les listes des Cour d’Appel. Dans cette perspective, des partenariats avec la Belgique et le Canada devraient être créés, ces deux pays utilisant des échelles validées en langue française. L’Etat devrait se fixer comme objectif qu’aucune libération conditionnelle ne soit possible sans que la juridiction d’application des peines ne dispose d’une évaluation actuarielle du risque de dangerosité. A court terme, il pourrait être opportun de contraindre les commissions pluridisciplinaires des mesures de sûreté (qui se prononcent notamment sur les libérations conditionnelles des condamnés à perpétuité) d’assortir leur avis d’une évaluation actuarielle de la dangerosité du condamné. A moyen terme, on pourrait envisager d’exclure des expertises post-sentencielles les experts non formés aux échelles actuarielles. 2. Concernant le traitement L’Etat devrait se fixer comme objectif qu’aucune libération conditionnelle ne soit possible sans que la juridiction d’application des peines ne dispose d’une évaluation actuarielle du risque de dangerosité. L’urgence est d’abandonner les traitements n’ayant aucune incidence sur le risque de récidive, c’est-à-dire la psychothérapie Études & Analyses Janvier 2011 – Page 25 Études & Analyses non spécialisée. On pourrait envisager de créer une filière de soins comparable à celle qui existe déjà pour la toxicomanie : une filière en milieu carcéral en formant les psychiatres et psychologues travaillant en SMPR à cette prise en charge. Il s’agirait également de poursuivre la politique du gouvernement en créant des Centres de détention ou des Maisons centrales spécialisés dans l’accueil des auteurs de violences sexuelles. Mais une filière est aussi nécessaire en milieu ambulatoire. Les psychiatres et psychologues de secteur (CMP) et libéraux n’ont aucune formation, voire se désintéressent de cette problématique. Les équipes pluridisciplinaires travaillant en SMPR ou dans les Centres de détention devraient par conséquent pouvoir intervenir dans des CMP spécialisés en ville pour la prise en charge des délinquants en milieu libre. Ainsi les injonctions de soins seraient assurées par une même équipe parfaitement formée. Les traitements pharmacologiques, notamment de type freinateur de la libido ne doivent pas rester une exception. Ils concernent aujourd’hui une minorité des délinquants sexuels (moins de 5 % des cas dans l’étude la plus récente) Les traitements pharmacologiques, notamment de type freinateur de la libido ne doivent pas rester une exception. Ils concernent aujourd’hui une minorité des délinquants sexuels (moins de 5% des cas dans l’étude la plus récente menée par l’équipe de Baratta et collaborateurs39). Il conviendrait à ce sujet de respecter l’algorithme de la prise en charge des agresseurs sexuels mis au point par le Professeur Thibaut40 (voir en annexe). Il paraît nécessaire de former les équipes soignantes à l’utilisation des traitements freinateurs de la libido qui restent faciles d’emploi. Une meilleure connaissance de cette classe thérapeutique doit être obtenue non seulement auprès des psychiatres, mais également du grand public. Il faut rappeler qu’il ne s’agit aucunement d’un traitement irréversible et que le terme de castration n’est pas adapté. Dans l’idéal, la prise en charge des auteurs de violence doit comporter une psychothérapie de type TCC dans tous les cas, associée à un traitement freinateur de la libido selon le profil psychocriminologique du sujet (voir algorithme décisionnel). Toutefois, il ne faut pas attendre de miracles des soins spécialisés. Une récidive est toujours possible sous traitement correctement suivi. C’est pourquoi l’évaluation du risque de récidive est si importante. En cas de risque de récidive important malgré un traitement approprié, ou si le délinquant ne se soumet pas aux soins, un internement à l’issue de la peine de prison doit pouvoir être possible. Il s’agirait de placer le détenu dans une structure de type Centre de défense sociale (CDS). Une telle possibilité existe en Belgique : un internement en CDS peut être ordonné si, à l’issue d’une peine privative de liberté, la réintégration dans la société s’avère impossible ou lorsque le comportement en liberté révèle un danger pour la société. Il en va 39 Baratta A., Morali A., Halleguen O., La mise en application de l’injonction de soin en 2010. A propos d’une étude réalisée en régions Alsace-Lorraine. A paraître. 40 Thibaut F. et al. And the WFSBP Task Force on Pharmacological treatment of paraphilias. World Journal of Biological Psychiatry, in press 2010. Page 26 – Janvier 2011 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels de même en Suisse, où l’article 64 du Code Pénal prévoit une mesure d’internement pour les auteurs d’infractions particulièrement graves si les conditions suivantes sont respectées : Si, au regard des caractéristiques de la personnalité de l’auteur, des circonstances dans lesquelles il a commis l’infraction, il est sérieusement à craindre qu’il commette d’autres infractions du même genre. Si, en raison d’un grave trouble mental clinique et récurrent en relation avec l’infraction, il est sérieusement à craindre que l’auteur ne commette d’autres infractions du même genre et que le traitement institutionnel semble voué à l’échec. Depuis 2008, le juge suisse peut ordonner l’internement à vie du délinquant si « il est fortement probable que l’auteur commette à nouveau un de ces crimes » ou si « l’auteur est qualifié de durablement non amendable dans la mesure où la thérapie semble, à longue échéance, vouée à l’échec ». En France, la loi du 25 février 2008 a créé un dispositif intitulé « rétention de sûreté ». Toutefois, ce dispositif présente le défaut majeur de n’être accessible qu’aux criminels condamnés à une peine supérieure ou égale à 15 ans de prison. Ce qui exclut un certain nombre de profils extrêmement dangereux qui n’ont pas (encore) commis de crime suffisamment grave pour être condamnés à une telle peine. Études & Analyses En France, la loi du 25 février 2008 a créé un dispositif intitulé « rétention de sûreté ». Janvier 2011 – Page 27 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels CONCLUSION La présente étude permet de cerner toute la difficulté des interactions entre le domaine sanitaire et judiciaire en France. La première attente de la justice concerne l’évaluation du risque de récidive de la part des psychiatres. Or, la plupart d’entre eux n’ont aucune formation aux méthodes psycho-criminologiques. De ce fait les évaluations fournies ne sont pas de nature à éclairer la justice. Dans ce domaine la France a accumulé un retard considérable par rapport à la plupart des pays européens. Ces derniers ont développé de concert politique de libération conditionnelle et évaluations standardisées. Concernant le volet de la prise en charge sanitaire, un retard similaire est également constaté. Encore une fois, un défaut de formation des soignants explique cette situation singulière. Dans une grande majorité des cas, les thérapies mises en oeuvre restent sans effet sur le risque de récidive. Nous sommes face à une situation de coquille vide. La justice attend du domaine du sanitaire des résultats qui ne peuvent être garantis. Et pourtant, des thérapies efficaces existent et peuvent être mises en œuvre, à condition toutefois d’y être formé. Mais il serait dangereux d’attendre des psychiatres des soins garantissant la neutralisation des agresseurs sexuels, malgré le recours aux meilleurs outils existants. Le risque zéro n’existe pas. A ce jour, la seule alternative pouvant garantir l’absence de récidive reste l’enfermement. Ce qui peut justifier pour certains criminels particulièrement dangereux des peines de rétention de sûreté à l’issue de leur incarcération. Études & Analyses Mais il serait dangereux d’attendre des psychiatres des soins garantissant la neutralisation des agresseurs sexuels, malgré le recours aux meilleurs outils existants. Le risque zéro n’existe pas. Janvier 2011 – Page 29 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels ANNEXES Tableau 1 : liste non exhaustive des principales échelles d’évaluation du risque de récidive. Instruments statiques (échelles actuarielles) VRAG SORAG Statique-99 VASOR Récidive violence générale Récidive violence sexuelle Récidive violence sexuelle Récidive violence sexuelle Instruments cliniques structurés (échelles dynamiques) HCR-20 SVR-20 Stable-2000 Acute VRS Récidive violence générale Récidive violence sexuelle Récidive violence sexuelle Récidive violence sexuelle Récidive violence sexuelle Tableau 2 : éléments pris en compte dans la cotation de la Statique 99 1) Age au moment du délit 2) Capacité à vivre en couple pendant au moins 2 ans 3) Antécédents d’infractions avec violences non sexuelles 4) Antécédents d’infractions sexuelles antérieures (accusations et/ou condamnations) 5) Nombre de condamnations antérieures 6) Condamnations pour infractions sexuelles sans contact 7) Existence d’une victime sexuelle extra familiale 8) Existence d’une victime sexuelle inconnue 9) Existence d’une victime sexuelle de sexe masculin Études & Analyses Janvier 2011 – Page 31 Études & Analyses Tableau 3 : Algorithme de la prise en charge médicamenteuse des auteurs d’agression sexuelle (d’après Thibaut F. et al. And the WFSBP Task Force on Pharmacological treatment of paraphilias. World Journal of Biological Psychiatry, in press 2010). Niveaux Objectifs et indications Traitements et posologies Niveau 1 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; pas d’impact du traitement sur l’activité sexuelle conventionnelle et sur le désir sexuel - Psychothérapie (utiliser TCC si thérapeute formé) afin de prévenir les récidives Niveau 2 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; impact mineur du traitement sur l’activité sexuelle conventionnelle et sur le désir sexuel - Absence de résultats satisfaisants avec le niveau 1 - Peut être utilisé dans tous les cas modérés de paraphilies associés à un risque faible d’agression sexuelle (ex. exhibitionnisme sans risque de viol ou pédophilie) - Psychothérapie (TCC si possible) - IRS (hors AMM) sous réserve d’utiliser des doses comparables à celles prescrites dans le trouble obsessionnel compulsif (ex. fluoxétine 40 à 60 mg/j ou paroxétine 40 mg/j) Niveau 3 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; avec pour effet secondaire une réduction modérée de l’activité et du désir sexuels - Absence de résultats avec le niveau 2 en prescription de 4-6 semaines d’IRS à dose élevée - Paraphilie avec caresses mais sans pénétration - Fantasmes sexuels inappropriés sans sadisme sexuel - Psychothérapie (TCC si possible) - Ajouter à l’IRS une faible dose d’antiandrogène (ex. acétate de cyprotérone 50-100 mg/j per os) Niveau 4 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; avec pour effet secondaire une réduction importante de l’activité et du désir sexuels - Absence de résultats satisfaisants avec le niveau 3 - Risque modéré, ou dans certains cas plus élevé, de violence sexuelle (paraphilies sévères avec notamment des caresses inopportunes et un nombre limité de victimes) - Bonne observance du traitement, sinon passer au niveau 5 - Psychothérapie (TCC si possible) - Dose standard d’acétate de cyprotérone : 200- 300 mg/j per os - Si présence d’anxiété, de dépression ou de troubles obsessionnels compulsifs associés, un IRS peut être associé à l’antiandrogène Niveau 5 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; avec pour effet secondaire une disparition quasi complète de l’activité et du désir sexuels - Risque élevé de violence sexuelle et cas de paraphilies sévères - Fantasmes sexuels inappropriés ou comportement sexuel sadique ou violence sexuelle - Mauvaise observance ou résultats non satisfaisants obtenus avec le niveau 4 - Psychothérapie (TCC si possible) - Analogue de la GnRH à longue durée d’action (c’est-à-dire Decapeptyl ®) : 11,25 mg tous les 3 mois par voie intramusculaire. Niveau 6 - Objectifs : contrôle des fantasmes sexuels inappropriés, des compulsions et des comportements sexuels inappropriés ; avec pour effet secondaire une disparition complète de l’activité et du désir sexuels - Pas de résultats satisfaisants obtenus avec le niveau 5 - Les cas les plus sévères de paraphilies Page 32 – Janvier 2011 - Psychothérapie (TCC si possible) - Prescrire l’acétate de cyprotérone (50200 mg/j per os) en association avec un analogue de la GnRH - Un IRS peut également être associé Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels Études & Analyses DERNIÈRES PARUTIONS N°1 Réformer la procédure pénale : Audition devant la Commission Léger par Stéphane Maitre, avocat au barreau de Paris N°2 Le projet de loi pénitentiaire : Une dangereuse révolution par Xavier Bebin, criminologue, délégué général de l’Institut pour la Justice et Stéphane Maitre, avocat au barreau de Paris N°3 Récidive et dangerosité : La rétention de sûreté, et après ? par Xavier Bebin, criminologue, délégué général de l’Institut pour la Justice, Stéphane Maitre, avocat au barreau de Paris et Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue N°4 Humanisme, dignité de la personne et droits des détenus par Stamatios Tzitzis, philosophe, directeur adjoint de l’Institut de Criminologie de Paris N°5 Le crime incestueux : Une spécificité à identifier et à reconnaître par Xavier Bebin, criminologue, délégué général de l’Institut pour la Justice N°6Proposition de réforme de l’expertise psychiatrique et de l’expertise psychologique judiciaires par Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue N°7 L’inexécution des peines de prison : Pourquoi tant de peines inexécutées ? Quelles solutions ? par Xavier Bebin, criminologue, délégué général de l’Institut pour la Justice N°8 Le coût du crime et de la délinquance par Jacques Bichot, économiste, professeur émérite de l’Université Lyon III Jean Moulin N°10 Le droit d’appel de la victime en matière pénale Rapport du groupe de réflexion institué par l’Institut pour la Justice N°11 Maladie mentale, troubles de la personnalité et dangerosité par Xavier Bebin, criminologue, délégué général de l’Institut pour la Justice N°12 Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels par le Dr Alexandre Baratta, psychiatre, expert auprès de la cour d’appel de Metz À PARAÎTRE N°13 La peine et son application : une justice aux deux visages ? Actes du colloque du 8 octobre 2009 à l’Assemblée nationale Les études et analyses de l’Institut pour la Justice, réalisées par des experts du champ pénal, ont vocation à éclairer le débat public sur les enjeux relatifs à la Justice pénale. Contacts : Les opinions exprimées dans ces études sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de l’association. Retrouvez l’ensemble des publications de l’Institut pour la Justice sur le site www.publications-justice.fr + 33 (0)1 70 38 24 07 Email : [email protected] Édité par l’Institut pour la Justice - Association loi 1901 - 140 bis, rue de Rennes - 75006 PARIS - www.institutpourlajustice.com