Revue Médicale Suisse
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continuellement à l’amélioration de la qualité de ce stage en
s’inspirant des commentaires des étudiants et des tuteurs.
Ce stage est le premier contact pour l’étudiant avec la
médecine de cabinet et souvent le premier contact avec
un vrai patient. Ce stage consiste en quatre demi-journées
où l’étudiant participe à la vie quotidienne d’un médecin de
famille : les consultations variées, prévues ou non, les gestes
techniques, les visites à domicile, les soutiens psychologi-
ques, les entretiens avec les délégués pharmaceutiques,
la gestion du cabinet et des employés, la facturation, etc.
Il s’agit pour le médecin de famille de faire participer
l’étudiant à sa réflexion tant médicale, que relationnelle ou
administrative en cherchant à lui enseigner les prémices de
la médecine clinique tout en lui faisant partager la passion
de ce métier afin de susciter des vocations. C’est un lieu
idéal pour enseigner les spécificités de la médecine de fa-
mille selon les axes proposés par la WONCA*, en particulier
pour permettre aux étudiants de vivre de l’intérieur les
concepts biomédicaux, communicationnels, environnemen-
taux et organisationnels appris à la faculté. A la fin du stage,
les étudiants doivent rédiger un rapport de stage devant
illustrer les compétences du médecin de famille selon les
compétences de la WONCA ; le stage est estimé sur la base
du comportement évalué par le maître de stage et sur la qua-
lité du rapport de stage. Cette évaluation est sanctionnelle.
Nous allons passer en revue ces différentes compéten-
ces décrites par la WONCA (tableau 1) en illustrant les ap-
prentissages faits par des étudiants dans ce domaine sur la
base d’extraits de leurs rapports de stage.
gestion des soins de santé primaire
Le premier objectif est de faire découvrir à l’étudiant la
multitude de pathologies que doit assumer le médecin de
famille. Même s’il ne détient pas toujours le savoir pour as-
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surer seul la prise en charge de toutes les pathologies, le
médecin doit répondre aux attentes du patient sans savoir
encore de quoi il souffre et de quel type de prise en charge
il aura besoin. Le rôle du médecin de famille est donc d’ac-
cueillir le patient quelle que soit sa plainte en utilisant ses
outils de communication pour clarifier le besoin réel du pa-
tient tout en assurant les soins nécessaires concernant les
pathologies chroniques silencieuses.
«Aujourd’hui, nous avons vu quelques patients diffé-
rents que le médecin tuteur connaissait déjà (entorse
de cheville, bilan de santé, œdème des membres infé-
rieurs, douleur de la cheville, lombosciatalgie avec perte
de sensibilité, bilan préopératoire). Dans tous les cas, le
médecin a essayé de comprendre la situation générale
du patient comme être humain dans sa famille avant de
faire un diagnostic. Il a écouté attentivement chaque
personne, les a laissées parler, exprimer ce qu’elles
étaient en train de vivre, leurs angoisses et leurs préoc-
cupations». Silvia Martin Lluesma
«Le cabinet du généraliste est un lieu d’investigation
médicale et de diagnostic des multiples pathologies
rencontrées au cours de la vie et ce de l’adolescence au
plus grand âge. Mais c’est aussi et surtout un espace in-
time où le patient peut parler de lui, de ce qu’il vit en
parallèle de ses affections. Le médecin de premier re-
cours prodigue, outre son éventuel conseil, une oreille
bienveillante et attentive, ce qui en substance est sou-
vent déjà un soulagement». Jessica Vincent
soins centrés sur la personne
Relation-écoute, reformulation-entretien
motivationnel
Il s’agit d’enseigner aux étudiants la façon de développer
une relation de confiance avec le patient afin de devenir
partenaire et d’aider le patient à se prendre en charge. Le
médecin de famille ne peut pas simplement donner des
conseils qui souvent ne seront pas appliqués, mais doit utili-
ser le temps pour construire un lien thérapeutique qui sou-
tiendra le patient dans ses démarches favorisant la santé. Il
s’agit de motiver le patient en valorisant ses compétences
propres, en l’aidant à utiliser ses ressources pour procéder
à des changements de comportement dans sa vie (pour pren-
dre un médicament, arrêter de fumer, contrôler sa glycémie,
par exemple), et ceci en usant des outils de communication
tels que l’écoute active, l’entretien motivationnel, l’empathie.
«La décision de faire un sevrage d’alcool avait déjà été
prise. Dès la première consultation, j’ai compris que la
relation médecin-malade, qui était établie depuis plu-
sieurs mois, serait la base de ce traitement et que sans
cette relation profonde le résultat ne serait pas au rendez-
vous. (…) La doctoresse a énormément laissé la parole
à la patiente. Elle l’a écoutée de manière très attention-
née. (…) Le temps d’écoute active, lors de cette consul-
* Organisation mondiale des médecins de famille (www.globalfamilydoctors.com)
Tableau 1. Compétences fondamentales du médecin
de famille d’après WONCA Europe 20054
• Gestion des soins de santé primaire
Problèmes non sélectionnés, organisation de soins adéquats pour
toute sorte de problèmes
• Soins centrés sur la personne
Adapter les soins au contexte du patient, développer une relation de
confiance et de partenariat par des compétences de communication
adéquates respectant l’autonomie du patient
• Aptitude spécifique à la résolution de problèmes
Adapter le processus de décision à la prévalence et l’incidence de la maladie
dans la communauté, centrer la résolution du problème sur le problème,
répondre à l’urgence, utiliser les examens complémentaires utiles
• Approche globale
Gérer simultanément les problèmes et plaintes multiples, aiguës et
chroniques, appliquer des mesures de prévention et de réhabilitation
• Orientation communautaire
Concilier les besoins individuels avec les besoins et les ressources de
la communauté
• Adoption d’un modèle biopsychosocial
Avoir une approche biopsychosociale tenant compte des dimensions
culturelles et existentielles de l’individu
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