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instance n’a pas de mandat gouvernemental. D’autre part, l’Académie
soutient que les prestations médicales ne devraient être remboursées
que si elles satisfont les critères du triple E :
evidence, ethics and economy
.
Mais la mise en œuvre systématique de cette recommandation nécessite
une vraie politique de santé, de surcroît au niveau fédéral et nous n’en
sommes pas encore là.
Pour l’heure, le médecin demeure donc le principal déterminant des
coûts puisque c’est lui qui décide d’offrir ou non une prestation, aussi bien
à l’hôpital qu’en ambulatoire. Nous sentons-nous responsables de parti-
ciper à la réduction des coûts de la santé ?
Cela fait-il partie de notre rôle ? C’est la
question qui a été posée récemment à un
échantillon de 3897 membres de l’American
Medical Association, toutes spécialités con-
fondues.5 Si plus de la moitié de nos collè-
gues américains estiment que les assureurs,
les hôpitaux, l’industrie pharmaceutique et les patients ont une responsa-
bilité majeure dans la réduction des coûts de la santé, ils sont seulement
36% à penser que leur propre rôle était également important. Renoncer à
prescrire des tests inutiles recueille l’adhésion de 89% des médecins in-
terrogés. En revanche, seuls 15% seraient prêts à renoncer à offrir à certains
patients des prestations très coûteuses au profit d’autres qui pourraient
en bénéficier davantage, même occasionnellement. Il y a fort à parier que
les résultats d’une telle enquête seraient semblables en Suisse, et l’auteur
de ces lignes adhère d’ailleurs entièrement à cette façon de voir : la respon-
sabilité du médecin est d’offrir les meilleurs soins possibles à son patient
dans les limites de ce qu’il peut lui proposer. S’il est le juge du rapport
risque-bénéfice individuel d’une intervention et ne va donc pas nécessai-
rement préconiser le même traitement pour chacun, ce n’est pas à lui de
décider ce que le système de santé a les moyens de payer. Cette évalua-
tion coût-bénéfice revient à d’autres instances, sous peine de jugements
individuels arbitraires qui font un peu frémir.
Médecins, continuons donc à promouvoir activement un système de
santé où le médecin joue pleinement son rôle au service du patient, en
refusant de lui faire courir les risques de tests ou de traitements coûteux
et inutiles, et en le conseillant vis-à-vis de ceux, disponibles, qui ont un
bénéfice potentiel en fonction de son profil de risque. Citoyens, engageons-
nous pour que l’offre de prestations soit établie à un niveau collectif, de
manière juste, sage et transparente, en tenant compte des connaissances
scientifiques et de nos possibilités économiques.
1868 Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
16 octobre 2013
«… ce n’est pas au médecin
de décider ce que le système
de santé a les moyens de
payer …»
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
16 octobre 2013 0
Bibliographie
1 Académie suisse des sciences médicales.
Médecine durable. Feuille de route de l’ASSM.
Bâle : 2012.
2 Foundation of the American Board of Inter-
nal Medicine. Choosing wisely. An initiative of
the ABIM Foundation. Available from : www.
choosingwisely.org
3 National Institute of Health and Care Excel-
lence. NICE «Do not do» recommendations.
Available from : www.nice.org.uk/usingguidance/
donotdorecommendations
4 Swiss Medical Board. Available from : www.
medical-board.ch/
5 Tilburt JC, Wynia MK, Sheeler RD, et al.
Views of US physicians about controlling health
care costs. JAMA 2013;310:380-8.
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