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Le 22 mai dernier, les citoyens et citoyennes suisses plébiscitaient à
plus de 88% l’initiative sur les soins médicaux de base. Rarement,
une votation fédérale avait drainé autant d’avis favorables !
Que faire d’un tel résultat ? Quels scénarios les acteurs de la santé, qu’ils
soient privés ou publics, doivent-ils dès lors privilégier ? Que doivent-ils
anticiper ?
Une récente étude,1 réalisée dans le cadre des «125 ans de la Policlini-
que médicale universitaire» de Lausanne, apporte un éclairage peut-être
utile aux décideurs. Cette étude s’est intéressée aux tendances de fond
en médecine de premier recours
(MPR). Les questions étaient posées
de ma nière à être généralisables à
l’en sem ble des cantons romands,
voire suis ses, et concernaient l’hori-
zon 2025. Réalisée auprès d’une
soixantaine d’experts aux compé-
tences complémentaires (médecins,
chercheurs, parlementaires impliqués dans la politique de santé, pharma-
ciens, infir mier(ère)s…), elle s’est appuyée sur la méthode delphi, reconnue
appropriée pour identifier les évolutions dans des domaines complexes.
Quels sont les scénarios sur lesquels s’accordent ces experts ?
Les principaux résultats montrent que le cabinet médical de demain
sera non seulement composé de plusieurs médecins généralistes (cabinet
de groupe), mais pluridisciplinaire (spécialistes, infirmier(ère)s, physiothé-
rapeutes…) ; les médecins délégueront en effet de nouvelles tâches à
d’autres professionnels de la santé, en particulier les infirmier(ère)s et les
assistantes médicales, même si la pénurie guette également ces professions
de santé ! Pour ces experts, cette évolution ne devrait pas provoquer une
baisse majeure de l’attractivité du métier ; elle doit par contre être antici-
pée et, pourquoi pas, valorisée en mettant en avant la possibilité de faire
une médecine encore plus proche des attentes du patient. Les conséquen-
ces de cette délégation ouvrent la problématique de la responsabilité de
la prise en charge du patient : le débat promet d’être intéressant ! Quant
aux médecins internistes spécialistes, ils devraient eux aussi assumer plus
de tâches de MPR : la problématique des «doubles titres» n’est donc pro-
bablement pas close !
Une augmentation de guidelines est anticipée, mais celles-ci seront non
contraignantes et édictées par des associations professionnelles. L’évolu-
tion technologique (par exemple la télémédecine) ne devrait pas influencer
la relation médecin-patient. En parallèle, les patients seront actifs dans la
gestion de leurs données cliniques et la décision médicale.
Les experts envisagent une résistance politique à une extension des
prestations prises en charge par l’assurance-maladie obligatoire, à l’excep-
tion des dépistages et des vaccins ; pour ces derniers, ils anticipent même
une tendance vers des mesures contraignantes limitant la liberté indivi-
duelle au profit de l’intérêt public.
Après le soutien à la médecine
de base du 22 mai 2014 : quelles sont
les tendances de fond d’ici 2025 ?
«… le cabinet médical de
demain sera non seulement
composé de plusieurs
médecins généralistes, mais
pluridisciplinaire …»
éditorial
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
26 novembre 2014 2235
Editorial
J. Cornuz
Jacques Cornuz
Médecin-chef
Policlinique médicale universitaire
Lausanne
Articles publiés
sous la direction du professeur
1 Les évolutions de la médecine de premier re-
cours dans le canton de Vaud à l’horizon 2025.
Rapport de recherche. Lausanne : PMU et IDHEAP,
ISBN 978-2-940390-66-3.
03_04_38238.indd 1 24.11.14 11:24