.ftJH
endt
jeudi
26
janvier
2012
La
Place
Bea
uv
au
veut
réfo
rmer
le
CFCM
,
fragil
isé
par
ses
divisions internes
Le
ministère
de
l'intérieur s'est lan
cé
dans un chantier
de
refonte
des
statuts du Co
nseil
francais du
culte musulman, afin
de
garantir
un
m
eill
eur pluralisme au sein
de
cette insta
nce
cr
éée en
2'
00
3
Le
pr
ésident du
CFCM,
M
ohammed
Moussaoui
(4
'
en
partant
de
la
droite),lors d
'un
conseil d'
administ
ra
ti
on, le 19
juin
20 11.
LA
H
CËN
E
ABIB/S
I
GNATU
R
ES
D epuis près de dix ans, les
ministres de l'intérieur suc-
cessifs
(Nic
olas Sarkozy,
Dominique de Villepin, Michèle
Alliot-Marie, Brice H
or
tefeux,
Claude Guéant) se so
nt
a
pp
li
qués
à faire naître, puis à faire vivre le
Conseil français du culte
musu
l-
man
(CFCM)
, une instan
ce
censée
faire émerger
et
représenter
un
«is
lam
de
France"· La
période
ac
tu
e
ll
e ne déroge pas à la règle.
Une f
01
s encore,
il
semble qu'
il
faille «sauver le
CFC
M », englué
dans une crise de représentativ
it
é
inégalée.
Lors
des dernières élec-
tions de juin2
0ll
, l'entente forcée
entre
les membres f
ondateurs
du
conseil, réunis
en
2003 p
ar
la
volonté
de M. Sarkozy, a éclaté.
L'Union des organisations islami-
ques de France
(UOJF
), proche des
Frères musulmans, a boycotté le
scrutin. Tout comme
la
Fé
dérati
on
de la Grande Mosquée de Paris de
Dalil Boubakeur, proche de
l'Al
gé-
rie-qui a néanmoins conservé
un
pied dans
la
structure
.
Fa
ute de
combatt
ants,
la
mise a
été
raflée
par le Rassemblement des musul-
man
s de France
(RMF)
, une fédéra-
tion proche du Maroc.
Six mois plus tard et alors
qu
e
tout le
monde
s'acc
or
de à trouver
ce
tte
situation
peu digne d'une
représentation
dém
ocrati
qu
e, le
ministère de J'intérieur est re
tour
-
né au
charbon
. Avec la v
olont
é
........
d'
about
ir avant la présidentielle.
La
mission
de 2
01
2
consiste
à
accompagner le
CFCM
dans
une
ré
forme de ses statuts et de ses cri-
tères de
repr
és
entation
, a
ujour
-
d'
hui
un
i
quement
fondés
sur
la
surface des
li
eux de
culte
. Des
arrangements complexes, faits de
«pondération "· de «présidence
tournante"
et
de «
collég
iali
té"
so
nt
en
passe d'ê
tr
e c
onclu
s pour
garantir
<<
un
plus grand pluralis-
me
>>
dans
le
s instances
du
consei
l.
«
Il
s'agit de
cas
s
er
l'hégémonie
des
Maro
cains et
de
Jaire
revenir l
es
A
lg
é
rien
s
dan
s
le
jeu
,
en
redonnant
à
la
Mosqu
ée
de
Pari
s
la
pl
ace
cen-
trale
qu
'
elle
pense être la sienne
dans
l'i
slam de
France
"•
résume
brut
alement
un
bon
connaisseur
du
dossier,
dont
le
ton
illustre la
lassitude d'
un
certain nombre d'ac-
te
ur
s face à cet incessant chantier.
L'avenir dira si
ce
volontarisme
convaincra les fidèles
musulmans
qu
e Je CF
CM
est désormais davan-
tage à Jepr i
mag
e.
Plusieurs élé-
ments
pe
rmettent
d'
en
douter
: le
refus de
l'
UOJ
F de réi
nt
égrer le pro-
ce
ssus
pr
ivera Je
CFCM
d'
une
par
-
tie de s
on
hypoth
ét
ique légitimi-
té. L'
imp
ortan
ce accordée
au
x
grandes fédération
s,
proches des
Etats d'origine (Algérie, Maroc, Tur-
qui
e)
handicape
durablement
l'
émergen
ce
des
mo
s
qu
ées « indé-
pendantes»
et
freine l'implication
des
jeun
es
pr
a
tiquant
s,
globale-
ment
moins marqués par
le
s natio-
nalismes.
Ces
derniers, actifs dans
l'affirmation de l'islam de France,
commencent
à utiliser des canaux
qui échappent
aux
structures offi-
cielles. Un des principaux acte
ur
s
musulman
s de la
réf
orm
e en
cours reconnaît lui-mê
me
qu
e«
la
prépondé
rance
de
s fédératio
ns
li
ées aux pays d'origine peut ê
tre
problématique à
lon
g terme,
vu
l'
évolution
de
l'islam
en
France
"·
L'importance
accordée aux grandes
fédérations handicape
l'
émergence
des
mosqu
ées
« indépendantes »
A J'origine,
le
CFCM
devait aussi,
selon les souhaits de ses ·prom
o-
teurs, modérer les courants de«
l'is-
lam épicé" évoqué en 2005 par
M. Sarkozy. La dema
nd
e,
le
22
jan-
vier, de
Cl
aude
Gu
éant, ministre de
l'inté
ri
eur
,d'expuls
er
vers sa Tuni-
sie
natal
e J'
im
am Moh
ammed
Hammami
, responsable his
tor
i-
que
du
Tabligh,
un
mouvement
conservateur
membre
f
ond
a
teur
du
CFCM
accusé de
pr
êches radi-
c
aux
et
antisémites, t
endr
ait
à
prouver
que la « notabilisati
on
»
de certains responsables religieux
n'a pas suffi à déradicaliserune par-
t
ie
d'entre
eux
.
Le
CFCM
nouvelle
versi
on
, c
on
cocté avec l'intérieur,
devrait obliger ses membres à s'en-
gag
er
à partager les valeurs républi-
c
ai
nes telles que l'égalité hommes-
-
femm
es ou la laïcit
é.
situati
on
actuelle du
CFCM
souligne
Je
paradoxe d' ;proces-
sus qui devait faire de
ce
conseill'in-
carnation de «l'islam de Fran
ce))
en
construction depuis les années
199
0.
Po
urtant, malgré ses faibles-
ses congénitales
et
son adéquation
relative à la réalité socio-religieuse
de J'islam de France,
Je
CFCM
est
désormais inscrit dans le paysage
institutionnel aux côtés des repré-
sentants des autres cultes,
et
sem
-
ble là
pour
durer
.
La
présence
d'aumôniers dans l'armée et! es pri-
s
on
s, principal fait d'a
rmes
du
C
FCM
,
est
désormais acquise.
La
présence de son président, Moham-
med Moussaoui mercredi 25 jan-
vier,
aux
vœux
du
président de
la
République
aux
représentants des
cultes,
en
témoigne aussi.
Comme nous l'indiquait récem-
m
ent
M. Guéant
:«
Le
CFCM
a
l'im
-
mense avantage d'exister. A
plu-
sieurs
repri
s
es
,
il
a dit
ce
qu
'ilfal/ait
d
ir
e, marquant
sa
préoccupation
pour
la
paix
civile
."
Au
détriment
peut-être de sa
préoccupation
pour
la
gestion
du
culte, où l'atten-
dai
ent
plutôt les fidèles.•
ST1iPHANIE LE
BARS