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Chargés mi-mars d’organiser une « consultation nationale », les préfets ont provoqué,
chacun dans leur département, « une ou plusieurs réunions », y conviant les membres des
conseils régionaux du culte musulman, « des dirigeants de mosquée » et « des personnalités
marquantes de confession musulmane, religieuses ou non », précisait la circulaire signée du
ministre de l’intérieur.
L’instance de dialogue réunie aujourd’hui à Paris est le fruit de ces rencontres : qu’ils soient
membres du CFCM ou de la société civile, les participants représenteront presque tous les
courants de l’islam, des soufis aux salafistes, en passant par les Frères musulmans – pourtant
critiqués à plusieurs reprises par Manuel Valls – ou le mouvement prosélyte du Tabligh.
« Cette réunion aura le mérite de réunir ces groupes qui ne se parlent pas entre eux »,
estime l’historien Rachid Benzine, qui a décliné l’invitation mais voit cette instance « comme
une sorte de think tank » susceptible d’apporter des « éléments de réponse ». Ahmed Miktar,
imam à Villeneuve-d’Ascq (Nord), salue, lui, l’invitation lancée aux « théologiens,
enseignants de religion et imams à plein temps ». Alors qu’ils étaient marginalisés au sein du
CFCM, rappelle-t-il, ce sont eux qui « accompagnent réellement la communauté au
quotidien et agissent sur la vision que les fidèles ont de l’islam ».
Atelier sur l’« islamophobie »
Tout comme les invités, les thèmes choisis reflètent eux aussi les rencontres organisées par
les préfectures : en témoigne la présence d’un atelier sur l’« islamophobie », réclamé avec
insistance par les musulmans, et l’absence en revanche de la « radicalisation », sur lesquels
les préfets avaient pourtant été invités à « sonder (leurs) interlocuteurs ».
Ce dernier thème pourrait toutefois figurer au menu des prochaines rencontres, promet le
ministère de l’intérieur. Il devrait, en tout état de cause, sous-tendre « le travail de toutes les
commissions », prévoit Abdelali Mamoun.
Quelles seront les suites de cette instance aux effectifs pléthoriques ? C’est toute la question.
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qui conclura la journée, pourrait annoncer une
« méthodologie » de travail. « Ce qui va sortir ne sera pas forcément révolutionnaire »,
prévient déjà le nouveau président du CFCM, Anouar Kbibech, président du Rassemblement
des musulmans de France (proche du Maroc).
Ce dernier compte surtout rester « vigilant » sur le fait que cette nouvelle instance ne
devienne pas « l’alternative des pouvoirs publics pour avancer ». Le temps qui reste au
gouvernement pour parvenir à des résultats est compté. « Cette instance arrive en fin de
mandat », regrette un autre participant, convaincu que cette lancinante question de la
structuration d’un « islam de France » nécessiterait un investissement de long terme.