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QUEL CAPITALISME FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ? ► BASTIEN
La population de la planète augmente et les inégalités de développement suivent le même
rythme : l’homme peut-il diminuer les inégalités sociales et le réchauffement climatique sans
freiner le développement humain ?
L’OUVRAGE
Fitoussi J.-P. et E. Laurent, La nouvelle écologie politique -
Economie et développement humain, La République des
idées, Editions du Seuil, Septembre 2008
LE COMMENTAIRE DE BASTIEN, L2 DROIT À L’UEVE
Cet essai est consacré au développement humain et à la
démocratie comme garants de la réussite sociale écologique.
Peut-on diminuer les inégalités sociales et le réchauffement
climatique sans freiner le développement humain ? Oui,
répondent Fitoussi et Laurent1, en développant la démocratie.
Le système démocratique a fait ses preuves en matière de
droit et libertés fondamentales mais qu’en est-il en matière écologique alors de ces pays
démocratiques que sont l’Inde ou encore les Etats-Unis et qui polluent pour 50% la planète
contre 4% l’Afrique ? La démocratie est-elle vraiment le passage obligé vers l’écologie ? Les
auteurs tranchent pour un oui franc par une promotion sans faille de la démocratie mais si
cela est possible en théorie, trop peu d’exemples pratiques viennent appuyer ce discours
optimiste qui devient par la même difficile à appréhender par un œil peu connaisseur en
sciences économiques.
Cet ouvrage trouve sa légitimité dans le fait qu’il colle parfaitement aux questions actuelles.
La vision de la société et de la place que doit y prendre l’écologie défendue par Fitoussi et
Laurent est clairement marquée à gauche. Il est intéressant de mettre cette vision en relation
avec le programme du Parti Socialiste pour 2012. Parmi les projets prioritaires se trouvent la
mise en place d’une TVA éco-modulable (qui consiste à diminuer la TVA des produits non
polluants et à augmenter celle des produits polluants, le principe pollueur-payeur),
l’orientation vers la pêche et l’agriculture locale et le développement des énergies
renouvelables pour sortir de la dépendance au nucléaire et au pétrole. Ce programme paraît
proche de la ligne de Fitoussi et Laurent en reniant la décroissance mais en croyant à la
solidarité pour rendre le système économique moins polluant.
Au final, cet essai se veut donc enrichissant sur la place prépondérante que prennent les
questions environnementales dans notre société mais il est difficile de suivre un fil directeur
au long de la lecture. On trouve de plus quelques contradictions telles que la négation de
l’Indice de Développement Humain dans le dernier chapitre puis son utilisation comme
source dans une étude annexe. Il aura donc manqué à cet ouvrage une approche plus
concrète des solutions à mettre en place en pratique mais les auteurs ont préféré se placer
du début à la fin d’un point de vue très économique et donc très théorique.
1 Jean-Paul Fitoussi : Professeur d’université à l’institut d’Etudes Politiques de Paris depuis 1982, il est également le président
de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) depuis 1989. Eloi Laurent : Diplômé de Paris IX Dauphine et
de Sciences-po en premier lieu, il est économiste sénior et conseiller scientifique à l’OFCE, le centre de recherche en économie
de Sciences-po. Il fût attaché parlementaire à l’Assemblée Nationale en 1999 et 2000 puis Collaborateur au cabinet du premier
ministre Lionel Jospin de 2000 à 2002.