les morphiniques, c`est pas automatique - chu

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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
« LES MORPHINIQUES,
C’EST PAS AUTOMATIQUE ! »
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
FUMEZ Emeline, HASHOLD Jérémy, PUGIN Christine, SCHMITT Joëlle
Promotion 2012/2015
Formateur de guidance :
Mme SORDET Agnès
2
3
Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
« LES MORPHINIQUES,
C’EST PAS AUTOMATIQUE ! »
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
FUMEZ Emeline, HASHOLD Jérémy, PUGIN Christine, SCHMITT Joëlle
Promotion 2012/2015
Formateur de guidance :
Mme SORDET Agnès
4
« Sois sage, ô ma douleur,
et tiens toi plus tranquille »
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
5
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier Mme Agnès Sordet pour l’écoute et l’attention qu’elle nous a
portées tout au long de notre travail de fin d’étude.
Nous remercions également les infirmières et aides-soignantes pour leur disponibilité et leur
accueil lors des entretiens.
Enfin nous remercions de tout cœur nos familles qui nous ont soutenus et encouragés
durant ces trois années.
6
GLOSSAIRE
AS : Aide-soignant
CETD : Centre d’évaluation et de traitement de la douleur
DE : Diplôme d’état
DPC : Diplôme professionnel continu
ECPA : Echelle comportemental pour personnes âgées
EMCETD : Equipe mobile du centre d’évaluation et de traitement de la douleur
EMSP : Equipe mobile soins palliatifs
EN : Echelle numérique
EVA : Echelle visuelle analogique
EVS : Echelle visuelle simple
HAS : Haute autorité de santé
HPST : Hôpital patient santé territoire
IDE : Infirmier diplômé d’état
INCA : Institut national du cancer
IRM : Imagerie par résonnance magnétique
LI : Libération immédiate
LP : Libération prolongée
OMS : Organisation mondiale de la santé
SP : Soins palliatifs
TENS : Transcutaneous electrical nerve stimulation (stimulation transcutanée)
TILT : Type, intensité, localisation, temporalité de la douleur
TNM : Techniques non médicamenteuses
UE : Unité d’enseignement
7
SOMMAIRE
INTRODUCTION
p09
SITUATION INTERPELLANTE ET QUESTION DE DEPART
p11
1. UNE OU DES DOULEURS ?
p13
1.1. Définition et composantes
p13
1.2. Physiopathologie
p13
1.3. Différents types de douleur et leurs traitements
p14
1.4. L’évaluation
p15
2. LEGISLATION ET ROLE INFIRMIER
p16
2.1. Législation nationale
p16
2.2. Rôle infirmier
p18
3. TECHNIQUES NON MEDICAMENTEUSES ET DOULEUR
3.1. Méthode physique et physiologique
p19
p19
3.1.1. Thermothérapie
p19
3.1.2. Toucher-massage
p19
3.1.3. Ostéopathie
p20
3.1.4. Neurostimulation transcutanée
p20
3.1.5. Acupuncture
p20
3.2. Méthode psychocorporelle
p21
3.2.1. Hypnose et hypnoanalgésie
p21
3.2.2. Sophrologie
p22
3.2.3. Relaxation
p22
4. REALITE DE TERRAIN
p23
4.1. Les douleurs et leur prise en charge
p23
4.2. Les techniques non médicamenteuses utilisées en services
p24
4.3. Les formations aux techniques non médicamenteuses
p25
4.4. Des limites dans l’utilisation des techniques non médicamenteuses
p26
CONCLUSION
p29
BIBLIOGRAPHIE
p31
ANNEXES
p36
8
INTRODUCTION
9
Le cancer est une pathologie dont la prévalence a doublé depuis une trentaine
d’années. Le plan cancer 2014-2019 rapporte qu’en 2012, 355.000 nouveaux cas étaient
diagnostiqués, dont 200.000 hommes et 155.000 femmes (1). Face à cette augmentation du
nombre de cas, la mortalité régresse, ce qui porte à trois millions le nombre de personnes
vivant avec un cancer ou en période de rémission. Deux types de cancer peuvent être
qualifiés de « généraux » car ils sont prévalents aussi bien chez les femmes que chez les
hommes. En revanche, la première cause de cancer reste sexe-dépendante. Ainsi, les
hommes sont affectés par le cancer de la prostate et les femmes par le cancer du sein.
Depuis quelques années la science progresse, les prises en charge et les traitements
ont évolué et permettent de vivre plus longtemps. Malgré ces avancées, il reste une
problématique constamment présente pour les patients : la douleur. En effet, en 2002
Meynadier constatait que 50% à 90% des personnes décédées d’un cancer exprimaient une
douleur et seulement 60% bénéficiaient d’un traitement antalgique adapté (2). Depuis les
années 1990 se développent des textes nationaux ayant pour objectif d’améliorer la prise en
charge de la douleur, aussi bien par les traitements médicamenteux que par les médecines
alternatives. Ainsi, les plans de lutte contre la douleur, les plans cancer et la loi du 5 mars
2002 (relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé) préconisent de
recourir aux techniques non médicamenteuses pour soulager les douleurs, quel que soit sa
nature et son type. Une enquête menée en 2012 sous l’égide de l’Inca permet de dresser le
bilan de la prise en charge de la douleur cancéreuse depuis l’instauration des différentes
législations. Ainsi, 1500 patients atteints d’un cancer, à différents stades, se sont vus
soumettre un questionnaire de satisfaction. Il en ressort que 53% déclarent ressentir des
douleurs mais seulement 5.6% sont totalement soulagés par les antalgiques (3).
Face à ce constat, associé à nos observations lors des stages, nous nous sommes
questionnés sur la prise en charge de la douleur cancéreuse, et plus précisément sur le rôle
propre infirmier dans cette prise en charge.
Pour répondre à cette question nous traiterons dans une première partie de la
physiologie, des composantes et des traitements de la douleur. Dans une seconde partie
nous aborderons la législation relative à la prise en charge de la douleur cancéreuse, plus
particulièrement
le
rôle
infirmier.
Puis,
nous
présenterons
les
techniques
non
médicamenteuses et leur efficacité sur la douleur. Nous terminerons en analysant les
données acquises lors d’entretiens afin de mettre en avant les freins dans l’utilisation des
techniques alternatives pour soulager les douleurs cancéreuses.
10
SITUATION INTERPELLANTE ET QUESTION DE
DEPART
11
Depuis maintenant deux ans et demi, un symptôme inconfortable, la douleur, nous a
interpellés, du fait des conséquences physiques et psychiques qu'il peut entraîner. Ce
symptôme récurent a été omniprésent tout au long de nos différents stages (EHPAD,
traumatologie, soins palliatifs, etc.). Nous avons tous les quatre vécus une situation durant
laquelle nous nous sommes sentis démunis et impuissants face à la douleur physique d’un
patient, malgré les différents traitements antalgiques instaurés (morphiniques, analgésiques).
Nous avons également été témoins de la détresse, de la colère des patients et de
leur entourage face aux douleurs incessantes. Certains sont parfois centrés sur leur douleur,
les empêchant de « vivre ». L’énergie qu’ils mobilisent pour supporter ces douleurs est un
réel frein à leur vie de famille. La douleur omniprésente les rend irritables et les empêche de
profiter de leur entourage.
Certains d’entre nous, au sein de services spécifiques (soins palliatifs, urgences
traumatologiques), ont eu la possibilité de mettre en place des méthodes non
médicamenteuses
efficaces,
telles
que
la
sophrologie,
l’hypnose
ou
encore
la
thermothérapie. Ainsi, lors d’un stage réalisé en service hospitalier, une patiente est
hospitalisée depuis cinq jours pour évaluation des symptômes d’inconfort et adaptation
symptomatique des traitements. La patiente est atteinte d'un cancer du côlon avec des
métastases pulmonaires, hépatiques et osseuses. La douleur est prise en charge par une
PCA de morphine 50mg/jour, avec la possibilité d'effectuer des bolus de 5mg toutes les 15
minutes, dans les cas de pics paroxystiques. Malgré ce traitement antalgique, la patiente
évalue constamment sa douleur à 4/10. Face à cette situation, je me suis senti démuni et
impuissant. En effet, je n’avais aucune solution médicamenteuse à lui proposer. En discutant
avec la patiente, elle m’a expliqué que la thermothérapie (pack chaud) et la sophrologie
proposées dans le service étaient efficaces et palliaient à ses douleurs. Une fois ces
techniques réalisées, la patiente me confirme être beaucoup plus soulagée que la prise
régulière d’antalgiques.
De cette situation interpellante nous avons élaboré notre question de départ :
En quoi dans le rôle propre IDE, la prise en charge non médicamenteuse du patient
adulte souffrant de douleur cancéreuse connaît des résistances dans les services de
soins conventionnels ?
12
DEVELOPPEMENT
13
1. UNE OU DES DOULEURS ?
1.1. Définition et composantes
La douleur est définie par l’Association Internationale d’Etude de la Douleur (IASP)
comme « une expérience désagréable, à la fois sensorielle et émotionnelle, associée à un
dommage tissulaire présent ou potentiel ou simplement décrit en termes d’un tel dommage »
(4)(5). Cette définition démontre que la douleur ne se réduit pas à une simple atteinte
corporelle. Le processus douloureux comprend quatre composantes : sensorielle, affective,
cognitive et comportementale (4).
La
première
composante,
sensori-discriminative,
est
liée
aux
mécanismes
neurophysiologiques de transmission de l’influx nerveux. Ces derniers informent sur les
caractéristiques de la douleur, telles que la localisation, l’intensité, la durée et la qualité. La
composante affectivo-émotionnelle considère à la fois les sensations, les perceptions et les
émotions. Cette composante attribue le caractère désagréable, pénible, insupportable,
agressif. La troisième composante concerne les processus mentaux (cognition) influençant
la perception douloureuse et les comportements. A travers cette composante, la douleur est
vécue différemment selon les expériences antérieures. La dernière composante est relative
aux comportements verbaux (plaintes) et non verbaux (mimiques, postures) réactionnels.
C’est le moyen mis en place par une personne pour communiquer sa douleur à son
entourage et aux soignants.
Ainsi, la douleur débute par une simple sensation physique avant d’atteindre un
certain seuil, propre à chacun, et devenir une émotion. Le qualitatif prend l’ascendant sur le
quantitatif. Se déclenche alors les réactions physiques. La douleur est une atteinte corporelle
perçue, interprétée et exprimée de façon personnelle à laquelle chaque personne confère
une signification.
1.2. Physiopathologie
Dans son ouvrage, Hacpille présente les différentes étapes de transmission de l’influx
nerveux, de la périphérie au cortex cérébral (6) (annexe 1). La première étape est
périphérique.
Les
nocicepteurs
sont
stimulés
par
les
phénomènes
mécaniques
(mécanorécepteurs), thermiques (thermorécepteurs) ou chimiques (chémorécepteurs). Ces
récepteurs possèdent des terminaisons démyélinisées localisées dans la peau, les viscères,
les muscles (6). A ce stade, Marchand parle de « transduction, phénomène par lequel
l’énergie résultant d’un stimulus douloureux est convertie en énergie électrique par les
14
nocicepteurs » (5). Ces derniers sont reliés à la corne dorsale postérieure de la moelle
épinière par des protoneurones (4). Ce niveau médullaire est le lieu du « gate control », qui
inhibe ou active le message douloureux (annexe 2). Si les inhibiteurs (enképhaline,
sérotonine) sont stimulés, la « porte » reste fermée, l’influx nerveux ne peut poursuivre son
trajet, la douleur n’est pas ressentie. Dans le cas contraire, des stimulateurs (substance P)
laissent la « porte » ouverte, il en résulte la « transmission » de l’influx nociceptif de la moelle
jusqu’au cerveau (5)(6). Par la suite, le message suit le faisceau spino-thalamique pour
aboutir au thalamus et le faisceau spino-réticulaire jusqu’à la formation réticulée (6)(7).
Comme l’explique Hacpille, chacune de ces structures cérébrales a son propre rôle. Ainsi, le
mésencéphale (hypothalamus) contrôle les réactions émotionnelles ; le thalamus repère la
localisation, la durée et l’intensité ; et enfin la formation réticulée entraîne la vigilance et la
motricité (6). A ce stade, Marchand parle de « perception des signaux par le cerveau » (5).
Cette ultime étape corticale, aboutie une sensation douloureuse ressentie, perçue, analysée,
à laquelle le corps répond (6).
La sensation douloureuse résulte d’un stimulus nerveux mais également d’un
dysfonctionnement des systèmes inhibiteurs de régulation spinaux et supraspinaux (4). Cette
étape qualifiée de « modulation » survient de la périphérie au cortex (5).
1.3. Différents types de douleur et leurs traitements
De nombreux auteurs s’accordent à dire qu’il existe différentes douleurs,
caractérisées par une durée (aiguë ou chronique) ou un mécanisme (excès de nociception,
neurogène, mixte). Une douleur aiguë résulte d’une cause organique connue et identifiable,
soulagée par les antalgiques. L’OMS définit trois paliers :
-
Palier 1 : antalgiques non opioïdes (Paracétamol, AINS, Aspirine) pour les douleurs
faibles à modérées
-
Palier 2 : opioïdes faibles (Tramadol®, Codéine, AIS) pour les douleurs modérées
-
Palier 3 : opioïdes forts (Morphiniques) pour les douleurs modérées à fortes.
Chaque palier peut être administré seul, en association (palier 1/2 ou 1/3) ou potentialisé par
des co-antalgiques (corticoïde, myorelaxant, biphosphonate). Ces traitements sont
inefficaces sur les douleurs neurogènes, qui résultent d’un dysfonctionnement du système
nerveux central ou périphérique. Les antiépileptiques, antidépresseurs tricycliques ou la
stimulation cutanée sont les mieux adaptés pour soulager ces douleurs.
La douleur aiguë ne doit pas excéder trois mois, auquel cas elle devient une douleur
chronique. Le syndrome douloureux chronique est complexe car il concerne des paramètres
biologiques, psychologiques et sociaux. La douleur persiste malgré les antalgiques et
devient omniprésente dans la vie des patients. L’altération de la qualité de vie peut être
15
qualifiée de « dépersonnalisation » (4). Elle entraîne une perte d’autonomie et une
souffrance émotionnelle (8). De ce fait, la prise en charge doit être globale pour soulager la
douleur physique tout en diminuant le ressenti moral.
Concernant les douleurs cancéreuses, l’Inca explique que les cellules tumorales sont
dépourvues de nerf, la tumeur n’induit donc pas en elle-même de douleur. Ce sont
l’expansion et les métastases qui provoquent des douleurs (3). Ces dernières peuvent être :
-
« mécaniques » : la tumeur empêche le fonctionnement habituel d’un organe ; les
métastases osseuses rendent certains mouvements douloureux.
-
« inflammatoires » : la tumeur envahit un tissu entraînant une réaction inflammatoire
car elle est perçue comme un corps étranger.
-
« neuropathique » : compression du système nerveux, de la moelle épinière, des
lobes cervicaux par la tumeur ou les métastases (8).
La douleur peut avoir une signification particulière : récidive ou aggravation de la maladie (8).
Les examens à visée diagnostic, les soins et les effets indésirables de certains traitements
engendrent également des douleurs, qui peuvent devenir chroniques (8).
1.4. L’évaluation
Afin que la douleur soit évaluée de façon optimale, le soignant doit prendre en
considération le type de douleur et les capacités d’auto-évaluation du patient. Le ressenti du
patient doit être le plus clairement et fidèlement exprimé. Pour cela, il existe de nombreuses
échelles d’évaluation validées et préconisées par la Haute Autorité de Santé (HAS). Quelque
soit l’outil d’évaluation certains critères sont communs. Ils sont repris par l’acronyme TILT,
qui permet d’évaluer le Type de douleur, l’Intensité, la Localisation et la Temporalité.
D’autres critères sont spécifiques à chaque type d’échelle d’évaluation.
Lorsque le patient est cortiqué et communiquant, l’OMS recommande l’utilisation des
échelles d’auto-évaluation unidimensionnelles ou multidimensionnelles (9). Ces outils sont
adaptés pour les douleurs aiguës car elles évaluent la douleur de façon quantitative. Trois
échelles sont validées par l’OMS: l’échelle verbale simple (EVS), l’échelle numérique (EN),
l’échelle visuelle analogique (EVA) (9). Les échelles d’autoévaluation multidimensionnelles,
dont le Questionnaire Douleur Saint-Antoine (annexe 3), sont des formulaires qualitatifs
ayant pour but d’évaluer le retentissement de la douleur dans la vie quotidienne.
Auprès des personnes non communicantes, du fait d’un trouble neurologique ou d’un
trouble de la communication verbale, les échelles d’hétéro-évaluation sont recommandées.
L’évaluation est alors réalisée par les soignants à l’aide d’échelles comportementales, qui
sont spécifiques à la douleur aiguë ou à la douleur chronique. Deux échelles concernent
16
l’évaluation de douleurs chroniques : échelle Doloplus 2 et échelle comportementale
d’évaluation de la douleur pour la personne âgée (ECPA) (9). L’échelle Algoplus est
spécifique aux douleurs aiguës.
La douleur est une sensation physique, émotive et sensorielle qui peut être régulée
au niveau médullaire et cérébral. Le principal moyen de prise en charge est médicamenteux.
Cependant, du fait des composantes affectives et émotives nous pouvons mettre en avant
que d’autres méthodes sont plus appropriées pour agir sur ces composantes (chapitre 3 :
techniques non médicamenteuses). Au préalable du traitement, l’évaluation tient une place
primordiale car elle définit le type de douleur et l’intensité, qui sont les critères retenus pour
le choix du traitement. Nous avons présenté les différents outils d’évaluation, mais nous
retiendrons l’échelle Algoplus et Doloplus qui prennent en considération des critères
permettant d’évaluer le retentissement de la douleur dans la vie quotidienne.
2. LEGISLATION ET ROLE INFIRMIER
2.1. Législation nationale
Le premier programme de lutte contre la douleur a été initié dès 1998 par le
secrétaire d’Etat à la santé de l’époque (Bernard Kouchner). Ce dernier considère la prise en
charge de la douleur comme une priorité pour tout professionnel de santé. Les trois axes du
programme avaient pour objectif d’améliorer la qualité des soins. Ils concernent :
-
« La prise en compte de la demande du patient
-
Le développement de la lutte contre la douleur dans les structures de santé et les
réseaux de soin
-
L’information et la formation des professionnels de santé, pour mieux évaluer et
traiter la douleur » (10).
A partir de cette période, la considération de la prise en charge de la douleur sera
omniprésente dans les textes législatifs. Ainsi, la loi du 5 mars 2002 relative aux droits des
malades et à la qualité du système de santé rappelle que « toute personne a le droit de
recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance
prévenue, évaluée, prise en compte et traitée » (11). La lutte contre la douleur est même
devenue un des cent objectifs de santé publique depuis l’élaboration de la loi du 9 août 2004
(12). Une étape supplémentaire est franchie dans la prise en charge de la douleur avec la
publication du premier plan cancer (2003-2007). La mesure 42 prévoit « d’accroître les
possibilités pour les patients de bénéficier de soins de support, en particulier prise en compte
de la douleur et soutien psychologique et social » (13). Les soins de support comportent les
17
techniques non médicamenteuses. Cette mesure est été reprise dans les différents plans
cancer qui ont suivis. Ainsi, l’objectif 7 du second plan cancer (2009-2013) préconise une
prise en charge globale de la douleur et personnalisée pour chaque patient (14). La mesure
19, quant à elle, a pour objectif de « renforcer la qualité des prises en charge pour tous les
malades atteints de cancer » (14). D’après cette mesure les soins de support doivent être
privilégiés et l’accès aux mesures transversales (soins de supports, techniques non
médicamenteuses) favorisé (3). Le troisième plan cancer (2014-2019) reprend cette
préconisation dans la mesure 7.3 : « tous les patients qui le nécessitent doivent pouvoir
accéder à des soins de support adéquats (traitement de la douleur, conseils diététiques,
soutien psychologique, accompagnement social, soins palliatifs, etc.), y compris lors des
prises en charge à domicile » (15). Selon l’actuel plan cancer, le recours aux soins de
support permettrait d’améliorer la qualité de vie. C’est pourquoi, la mesure 7.13 est
consacrée au développement de méthode d’information au travers de la plateforme
d’information « santé cancer info » (15). Les données relatives aux cancers, à leurs prises en
charge et aux soins de supports devraient être accessibles aux patients, à leurs proches et
aux professionnels.
L’utilisation des méthodes non pharmacologiques est une priorité pour le troisième
plan de lutte contre la douleur (2006-2010). L’objectif 8 vise à « améliorer les connaissances
sur les méthodes non médicamenteuses de prise en charge des douleurs », notamment en
développant la recherche sur les méthodes non pharmacologiques listées dans le plan (16).
D’après ce plan, les TNM sont reconnues comme efficaces aussi bien par les professionnels
que par les usagers. Elles représentent une alternative efficiente aux traitements
médicamenteux dans le soulagement des douleurs. Ce même plan prévoit la création des
Comités de lutte contre la douleur (Clud), qui doivent être mis en place dans les différents
établissements de santé et où les IDE doivent représenter 30% à 50% du comité.
Ces préconisations des plans nationaux gouvernementaux sont reprises par la Haute
Autorité de Santé (HAS) qui consacre un chapitre à la prise en charge de la douleur (critère
12a) dans le manuel de certification des établissements de santé. Les établissements de
santé doivent « améliorer la formation pratique initiale et continue des professionnels de
santé ; améliorer les modalités de traitement médicamenteux et d’utilisation des méthodes
non pharmacologiques pour une prise en charge de qualité ; structurer la filière de soins de
la douleur » (17). Concrètement, cela se traduit au sein des centres hospitaliers par
l’instauration du Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur (CETD) qui est en
charge des actes techniques, des essais cliniques de nouvelles techniques et des
traitements médicamenteux.
18
2.2. Rôle infirmier
L’infirmier a un rôle primordial dans la prise en charge de la douleur par sa proximité
avec le patient. Les rôles propres infirmiers et les rôles sur prescription sont définis par le
décret de compétences du 31 juillet 2009 :
-
Article R4311-2, alinéa 5 : participation des infirmiers à l’évaluation, au soulagement
et au traitement de la douleur et de la détresse physique et psychique des
personnes ».
-
Article R4311-5, alinéa 19 : recueil d’observation de toute nature susceptible de
concourir à la connaissance de l’état de santé de la personne […] dont évaluation de
la douleur.
-
Article R4311-8 : l’infirmier est habilité à entreprendre et à adapter les traitements
antalgiques dans le cadre de protocoles préétablis, écrits, datés et signés par un
médecin (18).
L’infirmier « référent douleur » a un rôle législativement établi afin d’optimiser la prise en
charge de la douleur au sein du service par la mise en place de protocoles (19).
Deux plans douleur abordent le rôle des infirmiers dans la prise en charge de la
douleur. Le deuxième plan 2002-2005 prévoyait « le renforcement du rôle infirmier dans la
prise en charge de la douleur et le renforcement de l’information et de la formation des
professionnels de santé » (20). Ces dispositions ont été reprises par le plan 2006-2010 qui
prévoyait également le renforcement de la formation pratique initiale et continue des
professionnels de santé (19). Nous remarquons que les TNM sont désormais abordées au
sein des IFSI. Ainsi, une initiation aux pratiques des touchers-massages est dispensée au
semestre 1, un cours traite des médecines douces au semestre 5, l’UE optionnelle du
semestre 6 (trois d’entre nous ont pu y participer) aborde les médecines alternatives. De
même,
la
formation
professionnelle
continue
évolue
et
prend
en
compte
les
recommandations relatives aux TNM. Ainsi, grâce au DPC (Développement Professionnel
Continu) chaque professionnel de santé doit, conformément à l’article 59 de la loi HPST du
21 juillet 2009, suivre une formation annuelle. Depuis quelques années les thématiques de
ces formations concernent les TNM (exemple : formation hypnoanalgésie du CHRU de
Besançon) (21).
Pour conclure, la lutte contre la douleur est un objectif de santé publique qui est
légiféré depuis 1998. Depuis quelques années, les plans cancer et ceux de lutte contre la
douleur préconisent l’utilisation des techniques non médicamenteuses. Le plan 2006-2010
19
reconnaît l’efficacité des méthodes physiques et comportementales et encourage leur
utilisation par tout professionnel formé (16). L’IDE a pour rôle propre l’évaluation de la
douleur et la mise en pratique des TNM, à condition d’avoir reçu une formation.
3. TECHNIQUES NON MEDICAMENTEUSES ET DOULEUR
Les techniques non médicamenteuses, médecines parallèles, douces ou alternatives,
sont complémentaires des traitements. En aucun cas elles ne doivent se substituer aux
moyens médicamenteux et chirurgicaux qui restent la solution privilégiée en milieu
hospitalier. Ces TNM agissent sur les composantes affectives, sensorielles et cognitives de
la douleur. Elles permettent d’éviter l’augmentation des doses, de diminuer les effets
indésirables (4), de réduire le stress et l’angoisse associés à la sensation douloureuse (22).
Nous avons identifié deux types de méthodes, dont nous allons présenter succinctement
chaque technique.
3.1. Méthodes physiques et physiologiques
Ces méthodes ont comme point commun d’utiliser un moyen physique directement
sur les fibres nerveuses afin d’inhiber l’influx nerveux (23).
3.1.1. Thermothérapie
Cette technique consiste à soulager la douleur par des sources de chaleur : lampes
infrarouge, coussins thermiques, physiopacks ou encore bouillottes. Le simple fait de mettre
les mains sous l’eau chaude atténue les douleurs articulaires (24). La chaleur induit une
vasodilatation locale, qui peut être sédative dans différents type de douleur : chroniques,
musculaires, articulaires et les séquelles traumatiques.
La thermothérapie par les sources froides (coldpack, bains, serviettes) entraîne un effet
vasoconstricteur qui diminue la sensibilité et l’inflammation. Cette méthode convient plus
particulièrement pour les douleurs aiguës, type fractures, arthrose (4).
La thermothérapie est contre indiquée chez les personnes ayant des troubles de la
sensibilité, liée au risque de brûlure.
20
3.1.2. Toucher-massages
Le massage est défini comme « toute manœuvre externe, réalisée sur les tissus,
dans un but thérapeutique ou non, de façon manuelle ou par l'intermédiaire d'appareils
autres que les appareils d'électrothérapie, avec ou sans l'aide de produits, qui comporte une
mobilisation ou une stimulation méthodique, mécanique ou réflexe de ces tissus » (25). Le
fondateur de l’école du toucher-massage apporte une précision : « C’est un art défini avant
tout, comme une intention bienveillante qui prend forme grâce au toucher et à
l’enchainement des gestes sur tout ou partie du corps, qui permet de détendre, relaxer,
remettre en forme, rassurer, communiquer ou simplement procurer du bien-être, agréable à
recevoir et qui plus est à pratiquer » (26).
Le toucher-massage agit sur les systèmes de contrôle de la douleur (gate control) en
diminuant l’activation des récepteurs nociceptifs (27). De plus, la pression liée au massage
favorise la libération d’endorphine et la sécrétion de sérotonine/ocytocine, qui ont un effet
antalgique naturel (28). Les effleurages et les pressions glissées provoquent une
vasodilatation et par conséquent une détente musculaire par sédation locale, qui associée
aux exercices de respiration induisent un relâchement musculaire (29). La seconde action de
cette méthode est psychologique. Le toucher est une façon de percevoir l’angoisse,
l’appréhension, à travers la peau car le patient ne s’exprime pas toujours (27). Le patient
ressent un sentiment de sécurité et de soutien (29).
3.1.3. L’ostéopathie
Cette médecine manuelle repose sur l’idée que tous les systèmes du corps humain
fonctionnent
en
synergie.
Tout
déséquilibre physiologique
entraîne
une
réponse
compensatrice provoquant dysfonctionnements et symptômes douloureux. L’objectif est
alors de rétablir l’équilibre entre les systèmes. Pour cela l’ostéopathe agit manuellement sur
les structures ou tissus en perte de mobilité (tendons, ligaments, périoste, glandes,
enveloppes et cloisons internes des organes) (30).
3.1.4. Neurostimulation transcutanée
Cette technique peut être utilisée pour les douleurs aiguës ou chroniques, plus ou
moins étendues. Elle pallie les mécanismes inhibiteurs défaillants en produisant un courant
électrique qui masque la douleur (31).
21
3.1.5. Acupuncture
Il s’agit d’une technique traditionnelle chinoise basée sur la croyance d’une énergie
vitale circulant dans l’organisme par des méridiens reliés aux organes et fonctions vitales. Le
choix des points d’acupuncture dépend des symptômes et de la partie du corps atteinte.
L’introduction des aiguilles entraîne une sédation locale par libération d’endorphines
(opiacés endogènes) et activation des contrôles inhibiteurs (4).
3.2. Méthodes psychocorporelles
Le soignant a comme rôle d’accompagner le patient pour développer « l’interaction
corps-mental » en jouant sur la respiration, l’imaginaire et le relâchement musculaire (23). La
douleur ne prend alors plus toute la place dans le corps et l’esprit du patient (4).
3.2.1. Hypnose et hypnoanalgésie
L’hypnose est définie comme l’ « état d’activation cérébrale spécifique, état de
conscience modifié et particulier» (31). Etymologiquement, ce terme vient du grec
« hypnos » signifiant « sommeil » (4). Il s’agit d’un travail de suggestion, d’attention sélective
et de profonde relaxation mentale dont l’objectif est d’atténuer la douleur (31). Pour que la
séance soit efficace, le patient doit être réceptif et l’environnement calme, sécurisant. Le
soignant doit parler sur un ton calme, posé, continu avec un vocabulaire imagé et affirmatif.
La relation soignant/soigné doit être une relation de confiance où le soignant fait preuve
d’empathie, d’écoute et de disponibilité (8)(31). Barbier explique l’importance de stimuler et
recentrer l’imaginaire sur des choses positives et agréables. Le soignant doit accompagner
le patient jusqu’au lâcher-prise en favorisant les zones cérébrales consacrées à l’intuition et
à la création, au détriment de la rationalisation (32).
Dans la prise en charge de la douleur, l’hypnoanalgésie est particulièrement indiquée.
Les ressources et perceptions du patient sont mobilisées pour détourner son attention du
message douloureux ou en modifier la perception (31). L’objectif est d’induire la focalisation
du patient sur lui-même afin qu’il trouve seul ses ressources intérieures (33). Dans les
douleurs chroniques, l’objectif est de diminuer la fréquence et l’intensité des pics
paroxystiques (33).
22
L’efficacité de cette technique a été prouvée scientifiquement par l’imagerie (Pet-scan
et IRM), qui confirme que les zones cérébrales fronto-cingulaires, sollicitées par les
morphiniques, le sont également par l’hypnose (33).
3.2.2. Sophrologie
Le mot sophrologie vient de trois mots grecs : « sos » signifiant exempt de maladie,
« phren » désignant le diaphragme, l’âme affective et par extension, esprit-conscience et
enfin « logos » = science, étude, discours. La sophrologie fut développée dans les années
1960 par un neurologue-psychiatre espagnol, Alfonso Caycedo (34). Le Dr Natalia Caycedo,
médecin psychiatre en donne la définition suivante : « c'est un entraînement psychophysique de la conscience, basé sur la perception positive de notre monde intérieur ainsi
que sur notre relation positive avec le monde extérieur ». Son fondateur s'est d'ailleurs
beaucoup inspiré de ses voyages en Orient, où il découvrit le yoga, le bouddhisme.
Différentes études ont mis en avant trois effets de la sophrologie sur le corps et
l’esprit. Tout d’abord des effets physiologiques avec un relâchement musculaire, une
diminution du tonus corporel et tendineux, provoqués par des exercices de respiration et de
visualisation. Puis, des exercices de concentration induisent des effets neurophysiologiques
avec une modification du niveau de conscience. Des effets psychologiques sont également
présents et se traduisent par une régression somatique, temporelle et une hyperconscience
de Soi (35).
3.2.3. Relaxation
Il n’existe pas de définition normalisée de la relaxation. Geissmann et Durand De
Boussingen la décrivent comme « une tentative de se libérer physiquement, moralement,
intellectuellement et affectivement d’une contrainte » (24). Les différentes définitions
supposent toutes l’atténuation d’agents stressants par l’accession à un état de bienêtre. Il
existe trois classifications : méthodes actives, passives et méditatives (24).
Le chef de file des méthodes actives est Jacobson. Cette méthode s’appuie sur
l’existence d’un lien très étroit entre la tension musculaire et l’état psychoaffectif. Elle exploite
une alternance de contractions et de relâchements de certains groupes musculaires pour
parvenir à l’état de détente et de relaxation musculaire souhaité. Les méthodes passives,
généralement dérivées du training autogène de Schultz, consistent en la recherche de
sensations corporelles (chaleur et lourdeur). En ce qui concerne les méthodes méditatives,
la concentration est basée sur un mot, un son, une image, une visualisation. Elles visent à
23
atténuer les contraintes de la réalité en faisant appel aux ressources de l’imaginaire et du
rêve éveillé (24).
Nous constatons qu’il existe un large panel de TNM qui agissent aussi bien sur la
douleur physique, le bien-être psychique et la qualité de vie (8). Ces techniques peuvent être
mises en pratique sur rôle propre, à condition d’être formé. La relation soignant/soigné doit
être une relation de confiance et de réassurance pour le patient. Malgré la liberté de mise en
pratique, les TNM restent mal connues, peu enseignées et sous-utilisées (23). Par exemple,
au CHU de Strasbourg l’hypnose à été instaurée en chirurgie pédiatrique mais elle est loin
d’être acceptée et reconnue par les professionnels (36).
4. REALITE DE TERRAIN
Nous avons réalisé des entretiens auprès d’IDE et d’AS exerçant en milieu hospitalier
et privé afin de confronter les prises en charge des douleurs cancéreuses. Nous espérions
ainsi identifier des disparités d’exercices et les expliquer.
4.1. Les douleurs et leur prise en charge
Au sein des services interviewés les douleurs résultent des mobilisations, des soins,
de la localisation et de l’évolution de la tumeur, des effets indésirables des traitements
(chimiothérapie, radiothérapie), des examens, des chirurgies. Au sein de la structure privée,
les douleurs résultent des métastases qui entraînent des compressions médullaires. Les
métastases
osseuses
rendent
les
patients
hyperalgiques.
Quelques
douleurs
neuropathiques sont présentes dans les quatre services hospitaliers mais en faible
proportion.
En ce qui concerne l’évaluation, les échelles d’autoévaluation unidimensionnelles
sont l’outil privilégié par les cinq services. Les soignants utilisent préférentiellement : EVA,
EN, TILT et EVS aux soins palliatifs. Au sein de la MDV l’évaluation est spécifique et
adaptée à chaque patient. L’observation et l’écoute quotidiennes par les soignants est l’outil
le mieux adapté. Les échelles multidimensionnelles, telles que l’échelle d’Edmonton et le
questionnaire d’évaluation global (annexe 4), sont utilisées dans les services spécifiques
(SP, CETD, Maison de vie). Ces services ont également recourt aux échelles d’hétéroévaluation, avec l’échelle Algoplus, Doloplus. Les soins palliatifs utilisent également l’échelle
ECPA. En oncologie, l’hétéro-évaluation est rarement utilisée, malgré la recommandation de
l’EMSP à l’utilisation du questionnaire de Saint Antoine et de l’échelle Algoplus.
24
Dans les cinq services la prise en charge de la douleur reste principalement
médicamenteuse. Le palier trois est le plus utilisé par les cinq services. Lorsqu’il s’avère
inefficace, les médecins procèdent à une augmentation des doses, à un changement de
molécule, à une association LP/LI ou antalgiques/anxiolytiques. Dans les situations de non
soulagement malgré les traitements, les services demandent conseil à l’EMSP ou à celle du
CETD. Des spécificités de prise en charge existent aux CETD avec l’utilisation de perfusion
de Kétamine, ainsi que des patchs de Qutenza. Nous remarquons un dysfonctionnement en
oncologie vis-à-vis des recommandations de l’OMS. En effet, le recours direct à
l’administration en intraveineux de paliers trois (PCA de morphiniques), sans titration
préalable, est courant.
4.2. Les techniques non médicamenteuses utilisées en service
A travers les cinq services interviewés nous remarquons que les TNM sont utilisées
quotidiennement dans trois services (SP, CETD, oncologie). Les soignants de ces services
utilisent la relation d’aide, la sophrologie, l’hypnose et les touchers-massages. Des
techniques supplémentaires, telles que la thermothérapie, les changements de position, la
musicothérapie sont utilisées aux soins palliatifs. Les soignants du CETD ont un rôle
formateur qui permet aux patients de pratiquer l’autohypnose et l’autorelaxation. De plus, les
patients sortant sont systématiquement informés sur d’autres méthodes, telles que
l’ostéopathie, le yoga, le chikung, le shiatsu, la kinésithérapie qu’ils peuvent pratiquer dès
leur retour à domicile en accord avec le médecin. Du fait de l’utilisation quotidienne de
différentes TNM, le CETD et les soins palliatifs sont des sources de soutien pour les autres
services. Leurs équipes mobiles interviennent régulièrement pour des conseils ou des mises
en pratique de séances, en fonction des demandes des professionnels. En effet, nous
remarquons que certains services ont peu recours aux TNM. Par exemple, en pneumologie
les soignants pratiquent uniquement les changements de position et les matelas à air.
Nous remarquons que dans le domaine privé, les TNM sont également utilisées
(relation d’aide, sophrologie, toucher-massage, kinésithérapie). Cependant, ce sont des
professionnels extérieurs salariés par la structure qui les pratiquent. Les IDE et AS ont
recours uniquement à la relation d’aide.
Pour conclure, ni l’année d’obtention du DE ni l’ancienneté n’influencent l’utilisation
des techniques non médicamenteuses. En revanche, comme le souligne l’IDE n°4, le type de
service dans lequel les soignants travaillent, favorise ou non la mise en place de ces
techniques. Cette IDE dit « ma vision a changé sur la prise en charge de la douleur depuis
que j’ai travaillé aux soins palliatifs, puis au centre d’évaluation et de traitement de la
douleur. Dans ces services spécifiques le patient est pris en charge dans sa globalité ce qui
25
favorise une meilleure évaluation de la douleur ». Nous remarquons que le CETD et les
soins palliatifs sont les services où les TNM sont le plus utilisées et diversifiées, aussi bien
par les IDE que les médecins. Chaque soignant interviewé en reconnaît l’efficacité, plus ou
moins durable pour le patient. De même, tous s’accordent à dire que ces techniques doivent
être proposées en complément de traitements médicamenteux.
4.3. Les formations aux TNM
Le CHRU propose des formations internes concernant la douleur. Quatre infirmières
ont suivi celle relative à la prise en charge de la douleur. Cette formation est dispensée sur
quatre jours et aborde la définition, la physiologie, la prise en charge médicamenteuses et un
atelier sur la prise en charge non médicale pendant les soins (un atelier d’1/2 journée).
La seconde formation interne proposée traite de l’hypnoanalgésie. Elle se déroule
également sur quatre jours, dont deux jours de théorie et deux jours de mise en pratique.
Deux des IDE interviewées, IDE n°3 et n°4 (oncologie et CETD) l’ont suivie et souhaitent
renforcer leurs connaissances et leur pratique au travers d’une formation extérieure au
CHRU à leurs frais. L’IDE n°4 semble fortement investie dans l’utilisation des TNM, elle a
suivi de sa propre initiative et à ses frais une formation sur la relaxation à Lyon. Cette
formation, reconnue par le CHRU et les professionnels du service, lui permet de pratiquer la
relaxation sans contraintes. Une de ses collègues a suivi une formation sur la
neurostimulation médullaire. De même, un médecin et une psychologue de ce service
(CETD) ont suivi une formation sur l’hypnose et la mettent en pratique.
Une AS d’oncologie, du fait de ses convictions personnelles, a suivi une formation sur
le reiki. Elle le pratique en service avec l’accord de sa cadre. Elle utilise également
quotidiennement les touchers-massages qui sont appréciés par les patients. L’IDE n°2,
diplômée sous le nouveau référentiel infirmier (2009), a été initiée aux touchers-massages
durant le semestre un.
La seule structure privée que nous avons interviewée fait appel à des professionnels
diplômés aux TNM (sophrologie, massages). Ces derniers, salariés de la structure,
interviennent une fois par semaine. Les autres membres de l’équipe (IDE, AS, AMP) ne sont
pas encore formés à ces techniques, mais certains émettent le souhait de suivre les
formations proposées par le CHRU (accompagnement en fin de vie, prise en charge de la
douleur, hypnoanalgésie). Ils utilisent quotidiennement la relation d’aide et l’écoute active.
En analysant les données obtenues lors des entretiens nous constatons que dans les
cinq services interviewés, quatre IDE, une AS, une psychologue et un médecin ont suivi des
formations sur les TNM. Lorsque les formations traitent de sujets spécifiques, les
26
professionnels
s’orientent
vers
des
organismes
extérieurs.
Cela
montre
une
méconnaissance du diplôme personnalisé continu. En effet, les accès aux formations
internes au CHRU restent influencés par les besoins des services et limités pour des raisons
budgétaires. Au sein de la structure privée, les TNM sont utilisées régulièrement. Cependant,
elles sont pratiquées par des professionnels extérieurs formés. Le service des soins palliatifs
a développé depuis de nombreuses années les TNM, qui sont mises en pratique plus
particulièrement par les IDE et AS qui ne sont pas forcément formés mais initiés par leurs
collègues.
4.4. Des limites dans l’utilisation des TNM
Le principal frein concerne un manque de personnel associé à un manque de temps
pour l’évaluation de la douleur et la mise en pratique des TNM, comme l’ont mis en avant
quatre services (SP, CETD, oncologie et pneumologie). Par exemple, dans le service de
pneumologie, l’IDE dédiée initialement à la prise en charge des patients en situation
palliative n’a en réalité qu’un rôle administratif.
Le second frein identifié, relatif au manque de formation et d’information, est repris
par quatre services (MDV, SP, CETD et pneumologie). Ainsi, chaque soignant interviewé
explique que selon eux les TNM sont peu utilisées car il n’y a, à ce jour, que peu/pas de
preuves scientifiques relatives à leur efficacité. La méconnaissance des techniques et le
manque d’habitude de la pratique freinent l’adhésion de certains médecins, qui ne désirent
pas être formés aux TNM. Par exemple, en pneumologie certains soignants pensent que les
TNM ne sont pas adaptées pour soulager les douleurs cancéreuses. De ce fait, les soignants
du milieu hospitalier restent axés sur les thérapeutiques médicamenteuses. Les TNM ne
sont alors qu’un support complémentaire dans la prise en charge de la douleur. De plus,
comme l’explique l’IDE n°3, les médecins du service restent dans une optique curative.
Le troisième frein identifié concerne le patient. Selon les IDE n°1, 2 et 5 l’adhésion et
la réceptivité du patient sont indispensables à la réussite des TNM. Certains patients sont
même demandeurs car ils s’informent par eux-mêmes, selon les IDE n°2 et 5. Ces IDE
remarquent que l’âge du patient influence sur leur volonté de recourir aux TNM. L’IDE n°2
met en avant les difficultés pour les patients les plus âgés à se relaxer du fait de leur
habitude de vie passée.
Le quatrième facteur est relatif à la relation soignant/soigné. Ainsi, les IDE n°1 et 5
font état d’un manque de prise en charge globale du patient par certains services, dont les
soignants remettraient en cause la douleur exprimée par les patients. Les IDE n°2 et 3
27
démontrent une relation asymétrique entre les médecins et leurs patients, « les médecins ont
la connaissance, donc les patients leur font confiance, les écoutent et n’expriment pas leur
douleur devant eux ».
Le cinquième frein est mis en avant par les IDE n°2 et 3, qui déplorent un manque de
communication au sein de l’équipe. L’IDE et l’AS n°3 disent ne pas être assez écoutées par
les médecins, alors qu’elles sont quotidiennement au contact des patients et de leur douleur.
Elles font également part du problème de l’environnement (chambre double) qui ne permet
pas la mise en place de certaines TNM (hypnose, sophrologie).
Pour conclure, nous constatons que la mise en place des différentes TNM rencontre
des freins, aussi bien dans les mentalités que dans l’organisation institutionnelle.
28
CONCLUSION
29
La douleur est une sensation qui naît d’une atteinte corporelle mais dont les
composantes affectives et émotionnelles entrent en jeu pour aboutir à une sensation. Il
existe des régulateurs naturels au niveau médullaire et cérébral. Cependant, il arrive que ces
systèmes dysfonctionnent et que le stimulus nociceptif parvienne jusqu’au cortex cérébral.
Dès lors, des moyens doivent être mis en place pour inhiber ce message nociceptif.
L’évaluation de la douleur doit être précise afin d’adapter au mieux le traitement antalgique.
Pour cela des échelles d’évaluation sont préconisées par l’OMS. Les échelles
multidimensionnelles sont les plus adaptées car elles considèrent le retentissement de la
douleur dans la vie quotidienne du patient. D’après les interviews réalisées auprès d’IDE et
d’AS exerçant en service hospitaliers et privés, nous remarquons que cette évaluation pose
des problèmes et reste la plupart du temps trop superficielle, ce qui impacte sur l’utilisation à
bon escient des antalgiques. D’ailleurs, les patients atteints de cancer avouent parfois restés
algiques malgré les nombreux traitements antalgiques et co-antalgiques existants.
Pour pallier ces déficiences de prise en charge de la douleur cancéreuse, des
préconisations gouvernementales sont instaurées dès les années 1990. Le recours aux
soins de support, dont les TNM, est plus spécifiquement mis en avant depuis le premier plan
cancer (2003-2007) et le plan de lutte contre la douleur de 2006-2010. Dès lors, les TNM
sont reconnues comme aidant à soulager les douleurs, notamment en agissant sur l’affect
des patients. Le troisième plan de lutte contre la douleur présente ces TNM et explique que
tout professionnel formé doit les mettre en application. Cependant, malgré ces textes, le
recours aux TNM reste peu ancré dans les différents services de soins conventionnels. Cette
situation peut s’expliquer par le fait que certains soignants sont plus sensibilisés à la douleur
et aux TNM car ils se retrouvent régulièrement confrontés aux impasses thérapeutiques. De
plus, nombre de professionnels expliquent que le temps manque en service pour évaluer la
douleur, alors la mise en place de méthodes non pharmacologiques chronophages restent
inenvisageables. D’autres améliorations sont à apporter pour faire évoluer les mentalités, les
habitudes et les organisations de travail. Espérons que la preuve scientifique de l’efficacité
de l’hypnose permettra à cette méthode de se développer au sein de centre hospitalier et de
faire évoluer la considération des TNM, afin d’adopter progressivement une nouvelle
philosophie de soins (37) en prenant en compte le patient dans sa globalité (38).
30
PROBLEMATIQUE
31
Tout au long de notre formation, nous nous sommes tous les quatre sentis démunis
face à des patients algiques. Certains ont constaté le bénéfice des TNM sur les douleurs,
alors que d’autres ne les ont jamais vu appliquées. Pourquoi tous les services ne les utilisent
pas, alors que depuis 12 ans le recours aux soins de support est préconisé par des textes
nationaux ? Ainsi, le premier plan cancer (2003-2007) aborde pour la première fois les soins
de supports dans la prise de la douleur. De même, la formation aux techniques alternatives
est recommandée par ces mêmes textes. Les établissements de santé sont concernés, à la
fois par la formation et l’utilisation des TNM, du fait de la certification de l’HAS. Malgré cela,
nous remarquons que sur le terrain, les TNM sont peu utilisées et peu de formations
spécifiques sont proposées.
Nous nous interrogeons sur les causes de cette faible utilisation des TNM : les
soignants sont-ils informés ? En effet, il est prouvé scientifiquement que les méthodes non
médicamenteuses physiques agissent sur les fibres nerveuses (gate control) pour détourner
le message nociceptif. De plus, elles permettent la libération de substances inhibitrices
endogènes (endorphines, sérotonine). Les méthodes psychocorporelles ont quant à elles
une action sur les composantes affectives, émotionnelles et sensorielles de la douleur. Ces
mécanismes d’actions sont souvent méconnus par les soignants qui n’apprécient pas assez
les patients dans leur globalité. En effet, ils considèrent la plupart du temps, uniquement la
composante physique de la douleur. Ainsi, l’évaluation de la douleur reste problématique car
malgré les nombreux outils préconisés par l’OMS, seules les échelles numériques
unidimensionnelles sont utilisées sur le terrain. Pourquoi des échelles plus adaptées à
l’évaluation globale de la douleur ne sont-elles pas généralisées ? Pourtant, le rôle propre
infirmier est d’évaluer et de prendre en charge la douleur. D’ailleurs, une infirmière référente
douleur doit être présente dans chaque service hospitalier. Son rôle est d’assurer la mise en
place
d’outils
d’évaluation
et
de
prise
en
charge,
médicamenteuses
et
non
médicamenteuses, adaptés. Elle doit également former les professionnels paramédicaux. De
quelle façon, une IDE référente douleur n’ayant que peu de connaissances sur l’existence
des TNM peut-elle former d’autres soignants à la prise en charge non médicamenteuses de
la douleur ? Cette lacune pourrait être améliorée par la mise en place de formations
spécifiques, qui permettraient aux IDE d’utiliser les TNM sur leur rôle propre.
De ces constats découle notre problématique :
Pourquoi les IDE en service hospitaliers n’utilisent que rarement les TNM sur leur rôle
propre, malgré les recommandations nationales et l’explication de leurs mécanismes
d’action pour soulager les douleurs cancéreuses ?
32
BIBLIOGRAPHIE
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de bénéficier de soins de support, en particulier prise en compte de la douleur et soutien
psychologique et social.
14 : Deuxième plan cancer 2009-2013. Mesure 19.1 Généraliser l’accès aux mesures
transversales.
15 : Troisième plan cancer 2014-2019. Action 7.3 : Permettre à chacun de disposer de
programmes personnalisés de soins et de l’après-cancer prenant en compte l'ensemble de
34
ses besoins et Action 7.13 : Rendre accessible aux malades et aux proches une information
adaptée.
16 : Troisième plan douleur 2006-2010. Priorité 3, objectif 8, mesure 20. Consulté le 21
février 2015.
17 :
HAS.
Manuel
de
certification,
critère
12a.
www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/.../manuel_v2010_janvier2014.pdf. (Consulté le 21 février 2015).
18 :
Décret
de
compétences
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www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/arrete_du_31_juillet_2009.pdf. (Consulté le 28 février 2015).
19 : SERRIE Alain. L’infirmier acteur de la lutte anti-douleur. In Revue de l’infirmière, n°132,
juillet-août 2007. p14
20 :
Deuxième
plan
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2002-2005.
www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/programme_lutte_douleur_2002-05.pdf. (Consulté le 28 février
2015).
21 : Article 59 de la loi HPST du 21 juillet 2009 relatif au DPC. http://www.hassante.fr/portail/jcms/c_758816/fr/loi-relative-au-dispositif-de-dpc. (Consulté le 31 mars 2015).
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23 : THIBAULT P, FOURNIVAL N. Dossier : douleurs et moyens non pharmacologiques. In :
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24 : MARCHAND Serge. Le phénomène de la douleur : comprendre pour soigner. Ed :
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Article
du
3
du
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(Consulté
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36 : DE BELLEIX E. Pédiatrie : l’hypnose contre la douleur. In : L’infirmière magazine, n°307,
septembre 2012. p12
37 : Reportage de l’émission « 66 minutes » diffusées le dimanche 4 janvier 2015 sur M6
38 : PUCCINI Ariane. Hypnose médicale. La parenthèse anti-douleur. In : Actusoins, n°143,
juillet-août 2014. pp46-48
36
ANNEXES
37
Annexe 1 : Schéma du trajet du message nociceptif.
http://imagesbiogeolfxm.free.fr
38
Annexe 2 : Schéma de la théorie du « gate control »
Melzack & Wall, 1965
39
Annexe 3 : Questionnaire de Saint Antoine
40
Service de soins palliatifs, CHRU Besançon
Annexe 4 : Echelle d’évaluation du centre d’évaluation et de traitement de la douleur
41
42
43
44
Service CETD CHRU Besançon.
45
Pain due to cancer and the alternative medicines
In France, from 1980's to 2012, the proportion of cancer increased by 355,000 new
cases. Cancer often causes chronic pains. According to an investigation, nowadays, 5,6% of
the patient are relieved by medicines. During our internship, we saw nurses who used
alternative medicines that reduce pain.
The aim of our work is to detect obstacles to the generalization of alternative
medicines.
In order to investigate the question, we interviewed nurses who take care of patients
with cancer pain. Moreover, we confronted our researches to the reality.
The result showed that the alternative medicines act on the emotional and cognitive
components of pain. Same official texts advocate the use of relaxation and distraction.
Unfortunately, nurses haven't got time to practice them. Other obstacles are the lack of
information and knowledge.
Key words : pain, cancer, alternative medicines, own role
La douleur cancéreuse et les médecines alternatives
En France, de 1980 à 2012, la proportion de cancer a augmentée de 355 000
nouveaux cas. Le cancer cause souvent des douleurs chroniques. Selon une enquête, de
nos jours, 5,6% des patients sont soulagés par les traitements médicamenteux. Durant nos
stages, nous avons côtoyé des infirmières utilisant les médecines alternatives pour soulager
la douleur.
Le but de notre travail est de détecter les freins à la généralisation de ces médecines
alternatives.
Pour répondre à la question, nous avons interviewé des infirmières qui s'occupent de
patient atteints de douleurs cancéreuses. De plus, nous avons confronté nos recherches à la
réalité.
Le résultat a montré que les médecines alternatives agissent sur les composantes
émotionnelles et cognitives de la douleur. Plusieurs textes officiels préconisent l'utilisation de
la relaxation et de la distraction. Malheureusement, les infirmières n'ont pas le temps de les
utiliser. Les autres obstacles sont le manque d'informations et la méconnaissance.
Mots clef : douleur, cancer, techniques non médicamenteuses, rôle propre
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